Une tribune de Pascal Nègre dans une phase de respiration démocratique au Parlement européen touchant au droit d’auteur… Une intervention classique, où on aurait anticipé sans mal le sens de sa prose. Sauf que l’intéressé fait état de ses inquiétudes, d’une crainte de « censure aveugle, automatique, systématique ». Pas moins.
Souvenez-vous. En 2007, aux prémices d’Hadopi, Pascal Nègre, en roue libre, ne voulait s'interdire aucun sujet, même ceux faits de gros rouge qui tache. « À un moment donné, il faut un vrai débat » nous expliquait-il sous les dorures de la Rue de Valois avant de rêver de filtrage des contenus par les fournisseurs d’accès, de radars pour alpaguer les internautes... L’artillerie lourde, mode Grosse Bertha. « Ce sont là des vraies questions. C’est aujourd’hui trop facile de pirater », s’énervait-il face à un Internet baignant dans la vague P2P.
Pour ses positions, le président de la Société civile des producteurs phonographiques, numéro un d'Universal Music France avait été quelques années plus tôt couronné d’un délicieux Big Brother Awards. En 2003, ce prestigieux prix lui fut remis pour avoir exigé, dixit les organisateurs, « que la loi oblige les fournisseurs à dénoncer les "pirates" ainsi qu’à filtrer et censurer les contenus, le tout sans intervention judiciaire ».
Depuis, le personnage a quelque peu changé de cap professionnel. Il fut viré par Vincent Bolloré en 2016 comme un malpropre. Depuis juin de la même année, il anime « Pascal Nègre fait ses numéros » sur RFM, où il accueille chaque week-end des personnalités du monde de la musique. Difficile de changer de came lorsqu’on est accro.
Comment débarquer dans une soirée vegan avec une côte de bœuf
Les débats actuels autour du projet de directive, derrière lesquels les sociétés de gestion collective et syndicats font bloc, lui ont finalement donné l’opportunité de prendre une petite revanche. Celle d’endosser le rôle de l'intrus débarquant à une soirée vegan entre amis, avec sous le bras une côte de bœuf sanguinolante.
Dans cette tribune au Monde, sa plume acerbe est trempée dans la bile de l’article 13. « Cet article, dans sa rédaction actuelle, impose à toute plate-forme de détecter et de bloquer systématiquement toute mise en ligne par un utilisateur d’un contenu potentiellement protégé par le droit d’auteur (pas uniquement de la musique), sauf lorsqu’un accord de licence a auparavant été conclu avec l’ayant droit ou ses représentants », résume-t-il.
À ses yeux, nouvelle version, ce mécanisme risque de générer une « censure aveugle, automatique et systématique ». Une direction qu’il juge aujourd'hui inopportune, dangereuse, inutile puisque le piratage serait en déclin.
Des barrières juridiques contre l'avènement de nouveaux artistes
Déjà, se souvient-il, la gestion des contenus existe déjà sur YouTube avec Content ID. N’importe quel ayant droit peut donc bloquer un contenu, ou partager sa monétisation. Ensuite, « avant d’être une star, un artiste commence comme un amateur éclairé en mettant en ligne sa création afin de voir les réactions du public et de commencer à créer sa communauté de fans ». L'exemple tout trouvé : Kendji Girac, dont la popularité a débuté avec une simple reprise de Maitre Gims à la guitare, sur la plateforme chère à Google.
Pour Nègre, « il ne faut surtout pas de barrières juridiques qui à terme pourraient trop compliquer voir empêcher ces premiers pas artistiques d’être exposés. Sinon tout le processus de création permettant l’émergence de la prochaine génération d’artistes sera mis à mal ».
Pascal Nègre, Julia Reda et Jérémie Zimmerman ont-ils passé des vacances ensemble non loin de Fessenheim ? Plutôt qu'une industrialisation du filtrage, obstacle aux jeunes pousses, il demande au contraire à ce que l’on tire parti « de l’opportunité d’Internet ». « La rémunération des artistes est un sujet qui me tient à cœur. Notre industrie n’est pas figée et je sais que certains défenseurs de l’article 13 sont bien intentionnés. Mais cet article ne permettrait pas d’aller de l’avant, au contraire, il nous ferait reculer. »
Quand Rogard moque les divisions, Nègre multiplie les baffes
Sa tribune a jeté un petit froid sous les dorures uniformes des ayants droit. L’inévitable Pascal Rogard, directeur de la SACD, a évidemment été de son petit commentaire piquant : « Ce qu’il y a de bien avec le monde de la musique c’est l’unité de la profession. On s’attend à toutes positions et on [n’] est jamais déçu. Bon vent aux uns et aux autres ». Ce à quoi, le viré d’Universal en 2016, revanchard en 2018, a rétorqué : « On prend exemple avec le cinéma et la chronologie des médias ». Un thème qui patine depuis des années où les professionnels du secteur se déchirent pour des histoires de gros sous…
Commentaires (77)
Retournement de veste … Le mec va là où le vent souffle, et surtout là où il y a du pognon à prendre.
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À gerber
Ah ah ! Pascal Negre.
Je me souviens d’une réunion à l’époque pré Hadopi, Chirac président, Sarkosi à l’intérieur, où il y ‘avait Christophe Espern (Coucou Christophe) qui expliquait combien Hadopi serait un échec. J’avais -essayé de- dialoguer calmement avec Pascal Negre qui pestait contre le téléchargement illégal argumentant que un téléchargement c’était un CD volé.
Il m’avait dit, en filant une métaphore avec les radars automatiques qui se mettaient en place à l’époque :
Si je dois devenir le Sarkozi de l’internet, je le ferais
Donc bon. Lire cette news a comme un parfum suave à mes oreilles…
Edit : mise en page
Je suis limite à hurler de rire la
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Difficile de changer de cam lorsqu’on est accro
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excellent
( la cote de boeuf sanguinolente chez les vegans n’est pas mal non plus
Je pense à une illumination tardive ou, plus vicieux, un troll destiné à voir les réactions.
on croit rêver !
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il dit exactement l’inverse d’AV. !!!
À ses yeux, nouvelle version, ce mécanisme risque de générer une « censure aveugle,
automatique et systématique ». Une direction qu’il juge aujourd’hui inopportune, dangereuse, i
nutile puisque le piratage serait en déclin.
ou…
Plutôt qu’une industrialisation du filtrage, obstacle aux jeunes pousses, il demande au contraire
à ce que l’on tire parti « de l’opportunité d’Internet ». « La rémunération des artistes est un sujet
qui me tient à cœur. N
Pascal Nègre, Julia Reda et Jérémie Zimmerman ont-ils passé des vacances ensemble non loin de Fessenheim ?
Vraiment, ce n’est pas bien de faire ça, NXI.
Comme si la mésinformation n’était pas suffisante dans ce domaine…
Tiens il revient lui ? Il se positionne au cas où le poste au MiniCul se libèrerait ? (comme Duflot qui est ressorti du formol quand Hulot a démissionné…)
Là je crois qu’on peut dire que la fin du monde arrive, les étoiles vont tomber du ciel, chiens et chats coucher ensemble… le jugement dernier quoi… Pascal Nègre a défendu les intermédiaires techniques et avec la liberté d’expression sur le net !
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Sans Commentaire …
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Faut mieux lire ca que d’être aveugle !!!
Et demain t’as Bill Gates qui craint déclare craindre un monopole sur les systèmes d’exploitations sur les PC de bureau. Pire, il annoncera redouter que ces OS soient vendus de force avec le matériel.
Ça me paraît un peu fumeux ta théorie…
Déjà, “payé une fortune à rien faire”, ça existe dans quelques rares cas, mais d’une part je ne sais pas à quel poste tu penses, ensuite vu qu’il est dans le privé, je me demande où, et qui aurait intérêt à lui donner un tel poste.
Maintenant que Pascal Nègre défend les artistes et que les artistes n’ont plus autant besoin des distributeurs pour exister grâce aux plateformes des internets, l’ancien responsable d’un des 4 distributeurs mondiaux qui avait peur de se faire croquer par l’un des 3 autres change de point de vue… Comme dit Framasoft “la route est longue mais la voie est libre”, Pascal Nègre dirait “la route est sinueuse mais la voie prospère”.
Je ne suis pas sûr que tu as compris ce que je reprochais à la phrase indiquée.
(rien de grave)
Pascal serait passé à l’ennemi ? Serais-je tombé dans un univers parallèle ?
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Si les c0ns (et ceux qui ont une certaine visibilité) se mettent à défendre les libertés sur le net, on ne va pas les en empêcher. ;)
J’ai sûrement pas compris, mais ce n’était pas l’objet de mon intervention. J’ai cité ces 2 commentaires parce qu’ils citaient eux-même des traits d’esprits issus de l’article de Next inpact. Je souhaitais seulement dire que j’apprécie quand les journalistes jouent avec les mots et les situations : ça provoque toujours des réactions diverses, c’est divertissant, et ça m’aide à prendre du recul sur les choses.
Je ne crois pas que Cécile Duflot cherchait un poste de ministre sous la présidence Macron. Ce sont les révélations de Nicolas Hulot sur le fonctionnement du gouvernement et son appel à une prise de conscience collective face à “l’urgence écologique” qui ont réveillé plusieurs ONG et associations (ou alors j’ai rien compris aux intentions spécifiques de Cécile Duflot et il faut m’expliquer).
Mais j’avais plus ou moins compris qu’il y avait un reproche de votre part, le nucléaire étant l’un de vos nombreux chevaux de bataille dans le fil de commentaires de Next inpact (oui je lis vos commentaires depuis plusieurs mois, et figurez-vous que je mémorise ce que je lis quasi quotidiennement sur Next inpact).
Il a vu la lumière? Wow.
Ah, ce bon Pascal ! Toujours le mot pour rire ! Il n’y a pas à dire la “profession” doit se sentir à l’aise avec un gugusse pareil; il ne reste plus qu’à Pagny de rapatrier la collecte de ses droits d’auteurs en France et tout va rentrer dans l’ordre!
Vous voyez ça ne sert à rien de désespérer.
Merci, je connais le CV de Cécile Duflot… Je voulais dire que Nicolas Hulot a expliqué son expérience récente au sein du gouvernement Philippe/Macron et la réalité de leur engagement pour la transition écologique. Ce que connaît et à fait Cécile Duflot au Gouvernement, il y plusieurs années, n’est pas le sujet. Mais merci pour votre opinion à son sujet et au sujet de l’immobilier en France.
“leur Digue”* commençant à céder “certains” (coucou P.N. )
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sentant le vent tourner, prennent les devant (et, se positionnent) !
* Culturelle (Had…)
Pitoyable
Je vais faire le rabat joie mais je ne trouve pas qu’il se renie, il est justement dans une nuance intéressante.
Je ne partage pas son idée quant à la façon de produire de la “culture” qui selon moi engraisse trop d’intermédiaires et concentre trop l’argent dans les mains des gens à la mode au détriment de la variété et la qualité mais il n’en est pas illogique ou à retourner sa veste pour autant.
Pour moi il reste dans une logique cohérente : il faut protéger les locomotives de l’industrie du piratage mais pas que ça nuise à l’émergence des nouveaux qui ne pourraient plus publier de reprises ou sampler et qui sont les locomotives de demain.
Il est dans la même logique que les licences éducation des éditeurs logiciels par ex.
Ca marche plutôt en pratique.
Surprenant, probablement opportuniste mais toujours bon à prendre.
La preuve, cela fait un article.
Cécile Duflot est directrice générale de l’ONG Oxfam France et associée dans l’hébergeur informatique Octopuce.
Je souris de ton expression “un de vos nombreux chevaux de bataille”, qui n’est pas mal trouvée.
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Oui moi aussi je lis tes commentaires (sur pas mal de sujets je les apprécie) ; je dis “tu” car ici on a tendance à se tutoyer entre commentateurs.
ce mécanisme risque de générer une « censure aveugle, automatique et systématique »
Je dirais plutôt :
ce mécanisme risque de dégénérer en une « censure aveugle, automatique et systématique »
Je ne sais pas pourquoi cette lubie et cette émotion à propos de Cécile Duflot (2e personne qui vient me parler d’elle). J’en ai simplement parlé pour répondre à un commentaire qui semblait dire que Cécile Duflot intervenait dans les médias pour prendre une place de ministre, ce qui n’a pas l’air d’être le cas. Typiquement, je n’ai pas d’accouitance avec cette personne.
J’espère que tu lui rayes sa Merco tous les jours à cet immonde propriétaire d’appartements.
Je suis sûr qu’il se baigne dans une montagne de pièces et prend des bains de sang de jeunes vierges.
(cette haine caricaturale des personnes qui gagnent bien leur vie est franchement stupide…)
Moi non plus…
Perso j’ai un niveau de vie confortable (un poil au dessus de la moyenne de salaires des cadres) et je me suis cassé le cul pour l’avoir.
Y’en a qui se plaignent et d’autres qui cherchent des solutions. Moi, j’ai fait mon choix.
Du coup, tu me donnera ton adresse pour les bain de sang de jeunes vierges.
Je n’arrive pas a trouver un fournisseur fiable : /
J’ai arrêté, même en Thailande ça devient difficile à trouver.
Et en plus ça tache les sièges de la Merco.
Et je ne regarde pas la vie des autres, la mienne me suffit largement. ……
en effet, il faudrait se satisfaire de SA VIE, car bcp. de problèmes viennent de là
(jalousie, convoitise, etc…), mais il y-a des gens “qui ont des problèmes avec EUX-MÊMES”* !
* mal dans leurs-peaux
Mon père a travaillé au SMIC toute sa vie, ma mère ne travaillait pas, et mon frère et moi avons été à l’école/collège/lycée à 30km du patelin. (je te laisse faire le calcul sur le coût kilométrique)
Et pourtant, je m’en suis sorti sans chouiner.
Je ne conteste pas tes 2 phrases.
Je contestais une certaine vision et expression, que j’avais mise en italique en la citant.