Les députés s’attaquent à la zoopornographie en ligne
Niche ta mère
Le 16 décembre 2020 à 14h45
8 min
Droit
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Cirques itinérants et delphinariums, exhibition d’animaux sauvages à la TV, montreurs d’ours...Les groupes LREM, MoDem et Agir Ensemble viennent de déposer une proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale. Parmi les dispositions, l’une s’attaque aussi à la zoophilie en ligne.
« Nous entendons, à travers cette proposition de loi, répondre aux aspirations de nos concitoyens, en introduisant dans le droit français de nouvelles dispositions visant à relever le seuil actuel de la protection animale ». Voilà comment ces députés introduisent leur texte relatif à la condition animale.
Cette étape législative intervient à la suite d’une mission confiée au député LREM Loïc Dombreval en décembre 2019. Elle s’inscrit également dans la ligne des revendications de l’association Animal Cross. L’article 11, qui s’attaque à la zoopornographie en ligne est d’ailleurs directement inspirée des travaux qu’elle avait intégrés dans son rapport (attention, contenus très explicites), présentées dans nos colonnes en février 2020.
« Nous avons l’espoir qu’un texte sorte dans la deuxième partie de l’année » nous confiait alors Benoit Thomé, président d’Animal Cross, laquelle ne cesse de dénoncer « les souffrances physiques et psychologiques causées aux animaux par les prédateurs zoophiles ».
Contre la zoophilie, que prévoit la proposition de loi portée par la majorité, et donc qui a toutes les chances d’être adoptée ?
Un arsenal de nouvelles mesures
L’article 11 de la proposition vient déjà modifier deux articles du Code pénal, le L. 227‑23 et le L. 227‑24. Le premier réprime aujourd’hui la diffusion, fixation, l’enregistrement ou la transmission de l’image d’un mineur lorsque ces formats présentent un caractère pornographique.
Le second sanctionne lui de trois ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende le fait de diffuser un contenu violent ou pornographique dès lors que ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur.
Demain, l’une est l’autre de ces infractions vaudront aussi lorsque ces contenus sont zoopornographiques, quand bien même lorsque le site dispose d’un « disclaimer » reposant sur une déclaration de majorité.
Un corpus
Un nouvel article 521‑3 est également programmé, toujours dans le Code pénal. Il permettra notamment de frapper toute la chaîne concernée, de la prise d’image à sa détention en passant par son exploitation ou sa consultation en ligne.
C’est par exemple le fait, en vue de sa diffusion, d’enregistrer ou transmettre l’image zoopornographique d’un animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité qui est frappé. Ces infractions seront punies de quatre ans d’emprisonnement et 60 000 euros d’amende.
Même régime lorsque ces images seront offertes, rendues disponibles, diffusées en ligne, importées ou exportées. Mieux, si ces contenus sont diffusés sur un site Internet ouvert à tous (« un public non déterminé ») alors le quantum sera d’un maximum de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.
Le texte ne fait pas l’impasse sur un nouveau délit de consultation. Le fait de consulter habituellement (ou en contrepartie d’un paiement) un site mettant à disposition des images ou vidéos zoopornographiques entraînera une amende pouvant atteindre 3 000 euros. Même peine s’agissant du fait d’acquérir ou de détenir ces fichiers.
Cette proposition de loi sera examinée le 26 janvier en séance publique. Elle viendra épauler l’article déjà prévu dans le Code pénal, jugé insuffisant car ne visant que le fait d'exercer des sévices de nature sexuelle envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité.
La satisfaction de l'association Animal Cross
« C’est le texte le plus complet qui n’ait jamais été en France. Il intègre la protection des images, la diffusion, l’hébergement et même la consultation. C’est assez remarquable » applaudit Benoît Thomé, joint par Next INpact.
Le président de l’association Animal Cross note qu’avec de tels quantums des peines, le matériel des auteurs pourra être plus facilement saisi et les possibilités d’investigation seront supérieures. « Autre point, la proposition de loi modifie les articles 227 - 23 et 227 - 24 du Code pénal en assimilant la zoopornographie à la pornographie. En tant que tel, cela nous permettra de protéger également les enfants contre ces contenus ».
« Cela met aussi un terme à un certain flou en la matière », estime Benoit Thomé, regrettant les hésitations jurisprudentielles pour assimiler ces deux secteurs. Cette porte législative ouverte, le représentant d’Animal Cross regarde désormais avec intérêt la réforme actuelle du Digital Services Act, pour porter ce sujet à l’échelle européenne.
Des regrets
Un regret néanmoins, l’absence de disposition pour cibler plus directement les petites annonces. De plus, manque à l’appel un autre point, celui relatif à la définition des sévices de nature sexuelle sur les animaux. Dans son rapport de février 2020, l’association plaidait pour une telle précision législative « pour inclure, de manière explicite, ce qui correspondrait chez l’homme à viol et agression sexuelle ».
En d’autres termes, selon elle, « la pénétration de l’animal, par toute manière, inclut la fellation de l’animal, et la pénétration sexuelle commise par l’animal sur un être humain, les jeux sexuels où les animaux lèchent les parties génitales des êtres humains, devraient par les juges être assimilées aux "sévices sexuels" au sens de l’article 521 - 1 du Code pénal ».
Elle recommandait de définir ces sévices envers un animal comme :
- « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, ou sur la personne de l’auteur sans nécessaire condition de violence, contrainte, menace ou surprise » ou
- « tout acte à caractère sexuel sans pénétration, de quelque nature qu’il soit, commis sur un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, ou sur la personne de l’auteur sans nécessaire condition de violence, contrainte, menace ou surprise ».
« L’animal est un être vulnérable. En tant que telle, la question du consentement ne se pose pas. Il est complètement sous la domination du majeur. Il est donc important de changer de définition », nous commente aujourd'hui le président d’Animal Cross. Il nous révèle que le ministère de la Justice aurait bloqué une telle définition, possiblement pour préserver des actes comme l’insémination artificielle.
Des sites déjà déréférencés, mais pas toujours
Remarquons que la proposition de loi ne contient aucune mesure sur le déréférencement de ces contenus. En juillet dernier, l’association avait néanmoins salué une « première victoire » suite au déréférencement par Google d’une première liste de sites zoophiles.
Microsoft France, propriétaire de Bing n’avait pas alors répondu à ses demandes. « De manière curieuse, Microsoft ne s’applique pas son propre Code de conduite qui demande de ne pas utiliser ses propres services pour partager du contenu inapproprié, dont les contenus avec "bestialité" ».
Du côté des hébergeurs, OVH avait au même moment finalement fermé huit sites zoopornographiques et le belge Cyber Technology, trois autres. Problème, soulevait-elle dans un autre communiqué, beaucoup d’autres hébergeurs « ne sont pas identifiables car (…) sont répertoriés sous la société-écran Cloudflare. »
Cinq mois plus tard, la situation a évolué. Benoît Thomé salue la réactivité de deux hébergeurs, le belge Cyber Technology et OnLine SAS, la filiale d’Illiad. « Ils n’ont pas eu besoin de changement législatif pour que cesse l’hébergement de sites zoopornographiques. Cela s’est fait en quelques heures ».
En bas du classement, il épingle OVH, qui avait certes retiré lui aussi des sites, mais qui ont depuis réapparu dans son paysage. Cinq mois plus tard, Google n’a toujours pas déréférencé la deuxième liste de sites qui lui avait été adressée. Et Bing n’a toujours pas répondu à ses missives. « On est dans l’hypocrisie la plus totale » regrette Benoit Thomé, le doigt sur les conditions générales du moteur cher à Microsoft.
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Des sites déjà déréférencés, mais pas toujours
Commentaires (47)
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Abonnez-vousLe 16/12/2020 à 14h54
Merci pour cette illustration et le sous-titre
Le 16/12/2020 à 15h12
Quid de l’insémination artificiel des vaches et des jumeaux ?
Ah ce n’est pas sexuelle donc ça passe…
Le 16/12/2020 à 16h04
what ? vaches et jumeaux… ????? Un cross-over bovin-humain ??
Le 16/12/2020 à 15h14
Fermeture à venir pour CorneHub et YouPorc.
Bref, juste pour dire que ça n’empêchera pas le darknet, le p2p et les sites tordus mais ça en limitera la diffusion.
Un bon point en soit, si des moyens sont mis derrière et si on en arrive pas à des absurdités comme bannir les films et séries qui intègrent un animal comme personnage genre Lassie, Beethoven (ou Roger Rabbit ) sous prétexte d’exploitation animale.
Le 16/12/2020 à 15h16
[La] société-écran Cloudflare
répond aux demandes d’identifier l’hébergeur d’un site. C’est ensuite à l’hébergeur de contacter Cloudflare pour faire le lien.Le 16/12/2020 à 15h17
Mais laisse les Bogdanov tranquilles. Ils ont rien à voir dans l’histoire!
Le 16/12/2020 à 16h32
Ils ont auditionné des animaux pour savoir ce qu’ils en pensaient ?
Le 16/12/2020 à 16h33
Est-ce que ça inclus le furry ?
Le 17/12/2020 à 14h14
Tu fais ce que tu veux avec un ou une furry, c’est pas précisé.
Le 16/12/2020 à 16h37
Ils ont du volontairement chercher les sites , perso n’en ait jamais vu, de tel site.
Espérons que les animes japonnais ne compte pas, voir le film de La Belle et la bête de Disney.
Le 16/12/2020 à 17h51
“Cirques itinérants et delphinariums, exhibition d’animaux sauvages à la TV, montreurs d’ours…Les groupes LREM, MoDem et Agir Ensemble”
Au début, je pensais que ça ne parlait que de l’Assemblée Nationale
Le 17/12/2020 à 10h24
Au début, je pensais que ça ne parlait que de l’Assemblée Nationale
moi, aussi !!!
(ça leur va bien)
Le 16/12/2020 à 18h25
Le 16/12/2020 à 18h27
Ces singes de l’assemblée nationale auraient ils peur que ça nous donne des idées ?
Le 16/12/2020 à 18h31
S’ils pouvaient aussi faire une loi contre les chats qui viennent se coller voire se poser sur nous quand on dort et contre les chiens qui viennent renifler l’entre-jambe quand on est tranquille sur le canapé, ce sera parfait…
Le 16/12/2020 à 18h55
Problèmes de bourges….. Si ton logement n’était pas surchauffé, tu serais content que les chats viennent te rechauffer, si tu n’avais pas de canapé tu ne rallerais pas après le chien, si tu n’avais pas d’argent en trop tu n’aurais pas d’animaux de compagnie…..
Donc oui ce sont des lois prioritaires
Le 16/12/2020 à 20h07
“We did guys, zoophilia is no more”.
Le 16/12/2020 à 20h13
Sale temps pour les sodomites de diptères.
Le 17/12/2020 à 20h36
Ces politiques ne réalisent-ils donc pas qu’ils se condamnent eux même à l’abstinence ferme et définitive ?
Le 16/12/2020 à 20h16
“vaches et chevaux” je suppose ? Se relire c’est le bien, surtout quand on tape sur un téléphone.
Le 16/12/2020 à 20h41
« juments », j’imagine.
Le 17/12/2020 à 07h53
Effectivement “juments” le mal des gros doigts ….(et la correction automatiques des tél) :-)
Le 16/12/2020 à 22h43
Est-ce qu’on a encore le droit de dire le mot “singe” ?
Le 16/12/2020 à 23h21
Ah ben oui, ça fait plus de lettres qui correspondent.
Le 17/12/2020 à 06h20
Attention, tu vas invoquer Nadine Morano
Sinon si le gouvernement s’occupait de respecter les droits de l’homme avant ceux des animaux ça serait un bon début.
On remarquera également que cette loi permettra de condamner la diffusion d’images prises dans les abattoirs par des assos comme L234…
Le 17/12/2020 à 07h12
Et les enculeurs de mouches ils risquent quelque chose ?
Le 17/12/2020 à 07h28
pour le sous titre
Le 17/12/2020 à 08h10
Moi je trouve que quand un chien se balade avec une mini jupe tard le soir il l’a bien cherché parfois.
Le 17/12/2020 à 08h28
Mensonge éhonté : ils aspirent à ce qu’on leur foute la paix et qu’on punisse sévèrement l’introduction non consentie de législation s’agenouillant devant les diktats de lobbyistes, ONG, groupes de pression et autres activistes ultraminoritaires qui sapent les fondements de la société.
Le 17/12/2020 à 09h05
moi qui croyait qu’un numéro vert pour les victimes suffisait ?
Le 17/12/2020 à 09h25
Ah, voilà, je me demandais aussi comment ces députés si occupés avaient le temps de traiter ce sujet. Donc , là, le but est bien d’éviter des L234, et le reste n’est que de l’emballage pour éviter de trop en parler.
Du coup on comprends mieux.
Le 17/12/2020 à 09h49
L214, pas 234.
Mais oui, c’est évident que même si ce n’était pas ça le but caché de ce projet de loi, en pratique on peut parier que c’est principalement pour cela que la loi sera utilisée.
Le 17/12/2020 à 09h31
Ça dépend de l’animal Le FigaroAvec un chat ou un tigre, ça doit être plus sportif
Le 17/12/2020 à 09h49
Vous vous rendez compte des problèmes que cette loi va occasionner dans la légion ?
–> [] très très loin à vitesse supra-luminique
Le 17/12/2020 à 10h36
Ils ont tout le temps du monde, notre gouvernement gouverne et légifère tout seul en ce moment.
Le 17/12/2020 à 11h32
Au moins, on sait quels sites ils fréquentent et pourquoi ils n’ont aucune empathie.
Le 17/12/2020 à 11h57
Que dire d’autre à part que l’enfer est pavés de bonnes attentions.
Le problème de fond n’est pas la “zoophilie” mais la souffrance animal.
Mais notre société pour ne pas dire note espèce c’est développée par l’exploitation animale que se soit pour sa garde (félinités et canidés) Le transport et l’activité de force, (équidés, bovins, camélidé) , nourritures et autres (les précédent + caprins, léporidés((lapins)) etc.)
Donc en comparaisons, l’aspect sexuel de leur exploitation pourrait passer comme tertiaires.
En définitive, je n’est pas de réponse, j’en donne ma langue au chat,.. Et non ce n’est pas sexuel
Le 17/12/2020 à 13h16
Donc ‘cule un mouton’ va être interdit comme étant une incitation à l’exploitation animale ?
Le 17/12/2020 à 16h22
Et que ferait un légionnaire sans sa chèvre…
Ni les catgirl.
Mais a priori, monsieur esclave étant un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, ça semble le concerner.
Le 17/12/2020 à 17h44
Ou un Corse sans son mouton…
Le 17/12/2020 à 20h27
Et pourtant, quant à passer à la casserole, si on leur demandait leur avis, beaucoup préféreraient le procédé non culinaire.
Le 17/12/2020 à 20h39
Le 18/12/2020 à 09h38
Le 18/12/2020 à 10h08
Le 19/12/2020 à 11h40
Bonne question.
(J’allais la faire celle-là, mais comme j’arrive trop tard…)
Le 22/12/2020 à 16h18
Ah, on me chuchotte dans l’oreillette que Benoit Thomé, le président de l’asso Animal Cross, qui porte la loi, aurait envoyé une dickpic à une ado de 15 ans !
https://www.sudouest.fr/2020/10/10/le-corbeau-denonce-un-riverain-pervers-7946040-4344.php
Twitter
Le 22/12/2020 à 17h39
Pas de quoi faire un scandale, les jeunes de nos jours se disent bonjour comme ça.
Par contre il aurait envoyé la photo à un chien, là c’était la peine de mort.