Les prévisions de vente du BlackBerry Z10 en chute libre

Le renouvellement tant attendu des BlackBerry a eu lieu le mois dernier et le Z10 a apporté un sang frais à la firme canadienne qui en avait grand besoin. Alors que la majorité des critiques semble positive, certains analystes revoient à la baisse les estimations de vente. Raisons invoquées : des stocks limités et un lancement américain différé.

Z10 : BlackBerry s'attaque directement au haut de gamme 

Le BlackBerry Z10 a été présenté le mois dernier et est vente depuis ce mois-ci. Pour rappel, ce téléphone entièrement tactile se base sur un écran de 4,2 pouces affichant une définition de 1280 x 768 pixels. Il est animé par une puce double-cœur OMAP 4470 de Texas Instruments soutenu par 2 Go de mémoire vive. On y trouve 16 Go de stockage qui peuvent être étendus par une carte mémoire d’un maximum de 32 Go. Appareil photo 8 mégapixels, port USB, port HDMI, Wi-Fi, Bluetooth et puce NFC complètent le tableau.

Le Z10 était particulièrement attendu car il renouvelle intégralement l’offre de BlackBerry (anciennement RIM). Il doit ainsi redorer le blason d’un nom devenu synonyme de manque d’innovation. Matériel nettement plus puissant et système d’exploitation neuf couplé à de grandes ambitions sur le parc applicatif : le succès devait être au rendez-vous. D’ailleurs, certaines analyses prévoyaient des ventes allant d’un à deux millions d’unités durant le premier trimestre. Ceci en tenant compte d’une disponibilité partielle et d’une première moitié de trimestre déjà envolée.

Des prévisions de vente en baisse de 83 % 

C’était le cas notamment de l’analyste T. Michael Walkey du cabinet Canaccord Genuity. Dans ses premières estimations, il prévoyait qu’environ 1,75 million de BlackBerry Z10 seraient vendus durant le premier trimestre. Il s’est cependant ravisé, et la nouvelle version du rapport est plutôt brutale : seules 300 000 unités seraient réellement vendues d’ici la fin du mois prochain.

Pourquoi une telle chute dans les chiffres ? Walkey s’en explique dans une note envoyée aux investisseurs : « Nos enquêtes globales après le récent lancement du BlackBerry Z10 indiquent des ventes initiales mitigées, ainsi que des stocks initiaux limités, raison des pénuries après lancement dans certaines boutiques des opérateurs plutôt qu’une demande écrasante ». Et donc de se raviser et de revoir le chiffre prévisionnel avec une baisse de 83 %.

Marché américain : un vrai problème 

Plus spécifiquement, Walkey explique que le BlackBerry Z10 n’arrivera pas aux États-Unis avant la mi-mars. Si le Canada dispose déjà d’unités en vente avec l’Europe, le marché américain reste crucial, ne serait-ce que pour s’y montrer réellement. Autre problème pour l’analyste : les prix pratiqués par les opérateurs, même après subvention, ne sont pas meilleurs que pour d’autres smartphones haut de gamme concurrents, notamment ceux de Samsung et d'Apple. Enfin, la fenêtre de tir pour le BlackBerry Z10 aux États-Unis est celle du Galaxy SIV de Samsung, ce qui devrait perturber sa visibilité.

Le marché américain semble en fait particulièrement problématique. T. Michael Walkey casse ainsi l’enthousiasme de Thorsten Heins qui avait annoncé à plusieurs reprises que les opérateurs de téléphonie mobile étaient particulièrement motivés par le système BlackBerry 10. Selon l’analyste, seul T-Mobile prépare actuellement le lancement du Z10 chez l’Oncle Sam. Sprint, de son côté, ne prévoirait pour l’instant que de commercialiser le Q10, c’est-à-dire le prochain modèle équipé d’un véritable clavier physique.

La visibilité face à Android et iOS 

Globalement, Walkey estime que les commandes réalisées par les opérateurs seront « prudentes ». Quand bien même le smartphone ne manque pas d’atouts, la concurrence est féroce et ne faiblit jamais. Des modèles Android et Windows Phone continueront notamment à arriver, et un nouvel iPhone sera présenté tôt ou tard. En jouant directement dans la cour des smartphones haut de gamme, BlackBerry se retrouve devant une interrogation simple : quitte à investir une somme parfois conséquente, les clients préfèreront-ils abandonner ce qu’ils connaissent sous Android et iOS pour se tourner vers une plateforme qui doit encore faire ses preuves ?

Il sera intéressant de vérifier la situation dans quelques mois. La place du troisième dans la course aux smartphones revient actuellement à Microsoft. Mais avec une part de marché mondiale de seulement 2,4 % (chiffres IDC), BlackBerry peut toujours créer la surprise et prendre la troisième place du podium.