Ces entreprises qui plient sous la pression populaire
Et surtout du portefeuille
Le 22 juin 2013 à 08h10
6 min
Économie
Économie
Cette semaine, Microsoft s’est illustré en faisant machine arrière sur sa Xbox One. Adieu la connexion toutes les 24 h, les limitations sur les partages de jeux et les zones territoriales. Ce retournement de veste suite à la vindicte populaire n’est toutefois pas une anomalie dans le secteur high-tech. Petit rappel historique.
Apeuré par une possible claque face à la PlayStation 4 en fin d’année, Microsoft n’a donc pris qu’une poignée de jours après l’E3 pour revoir sa stratégie. Car les concessions annoncées cette semaine impliquent bien un léger changement stratégique. En réalisant ces modifications, Microsoft a aussi mis fin à la possibilité de jouer sans disque ou encore de jouer sur d’autres consoles via son compte. En somme, en supprimant des défauts, Redmond a aussi éradiqué des qualités. Mais il est probable que ces dernières n’avaient pas assez de poids face aux défauts qu’elles engendraient.
Ce revirement relativement rapide n’est pas le premier du genre. Rien que cette année, les pirouettes de très grandes sociétés issues de l’informatique, d’internet et du monde du jeu vidéo ont été nombreuses, toujours suite à une pression que l’on peut décrire comme populaire. Voici un compendium sur le sujet :
Microsoft : outre la polémique Xbox One, Redmond a aussi rebroussé chemin sur le transfert de licence d’Office 2013 sur un autre PC, ceci il y a quelques mois à peine, et à nouveau suite aux nombreux retours des clients. Plus loin dans le passé, en 2006, Microsoft n’a pas hésité à modifier sa politique de licence (trop restrictives) pour Windows Vista afin de plaire au plus grand nombre. À ce sujet, il ne serait d’ailleurs pas étonnant que Windows 8.1 signe des revirements importants par rapport à Windows 8.
Le mea culpa de Tim Cook au sujet de Plans l'an passé.
Apple : considéré à tort ou à raison comme une entreprise qui impose sa loi, la Pomme sait aussi faire amende honorable quand il le faut. Tim Cook n’a-t-il pas fait son mea culpa au sujet de Plans, en présentant ses excuses et en avouant à demi-mot l’infériorité de son application par rapport à la concurrence ? Un peu plus tard, fin 2012, l’Américain a annoncé son intention de se passer de l’écolabel EPEAT, avant de faire machine arrière au bout de quelques jours à peine. Dans un tout autre style, en 2010, la Pomme n’a pas hésité à abandonner toutes ses restrictions sur les outils de développement pour iOS. Cette même année, Steve Jobs, peu coutumier du fait, s’est même excusé pour avoir banni de l’App Store une application conçue par Mark Fiore, caricaturiste ayant reçu le prix Pulitzer.
Facebook : si la jeune société fait régulièrement l’objet de critiques à chaque modification d’interface ou de ses règles, au point de rendre banales ces protestations, il arrive tout de même au réseau social de faire volte-face. En décembre dernier, Instagram, alors propriété de Facebook, a fait grand bruit en modifiant ses règles d'utilisation. La tempête médiatique a été telle que la société est rapidement revenue sur ses pas. En 2009, toujours au sujet de ses conditions d'utilisation, Mark Zuckerberg lui-même a expliqué sa décision de revenir en arrière suite aux protestations. Deux ans plus tard, bis repetita, cette fois tout juste trois jours après avoir permis aux développeurs de collecter des données sensibles, Facebook fit de nouveau un pas en arrière.
Google : assez peu habitué à faire des concessions et à annuler ses décisions, quitte à se confronter à des pays voire des continents entiers, Google n'est pas du genre à faire machine arrière. Cela arrive malgré tout quelques rares fois. Par exemple, il y a une poignée de semaines, le géant du Web a totalement retourné sa veste au sujet de CalDAV suite aux protestations de nombreux développeurs. En janvier dernier, après avoir annoncé en décembre son intention d'abandonner en partie Exchange ActiveSync, Google a concédé un (très léger) recul en faveur des Windows phones, repoussant de quelques mois l'échéance. D'une manière plus tranchée, en 2010, après avoir testé durant à peine quelques heures un fond d'écran sur sa fameuse page d'accueil, un sacrilège pour bien des visiteurs du moteur de recherche, Google a très rapidement annulé l'expérience suite aux protestations massives de ses utilisateurs.
Electronic Arts : en ce mois de mai, le fameux éditeur de jeux vidéo a réalisé deux belles volte-face. La première a concerné le fameux Online Pass, code qui gênait le marché de l'occasion. Il a enfin été supprimé, pour le bonheur de bien des joueurs. Quelques jours plus tard, après avoir annoncé délaisser la Wii U, EA a rapidement rétro-pédalé pour affirmer le contraire. Dans le passé, EA a aussi fait de nombreuses marches arrière en matière de DRM, notamment au sujet de Spore en 2008 ou encore des Sims 3 en 2009. Concernant les DRM, EA n'est d'ailleurs pas le seul à être concerné par les volte-face, Ubisoft étant aussi coutumier du fait.
Les exemples sont nombreux et nous pourrions continuer encore longtemps. S'il est vrai qu'au niveau politique, les marches arrière sont rares, pour les entreprises, le portefeuille a une puissance non négligeable, tout comme l'image. En cas de « bad buzz » trop important, revenir sur une décision arrive donc parfois. Néanmoins, nous ne sommes pas dans un monde de bisounours. Non seulement ce type de rétro-pédalage est loin d'être automatique (ce qui peut se comprendre), mais ils sont évidemment réalisés uniquement pour le bien de l'entreprise, et non du public. Et assez régulièrement, ces marches arrière ne sont que temporaires et il n'est pas rare que le problème ressurgisse quelques mois ou années plus tard, à une période moins houleuse où le public sera moins enclin à protester. Rester vigilant de façon constante est ainsi la seule solution adéquate. Comme en politique finalement.
Commentaires (69)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 22/06/2013 à 08h23
A quand les consommateurs qui donneront des ordres aux entreprises…
Le 22/06/2013 à 08h29
Tu en as 4 exemples là-dessus.
Le 22/06/2013 à 08h32
Ce que je retiens surtout, c’est que ces entreprises tentent de plus en plus de faire passer des choses en force, avant de finalement reculer …. mais pour mieux essayer un peu plus tard.
Parce qu’avec un peu de patience, ça finira bien par passer ." />
Le 22/06/2013 à 08h34
À ce sujet, il ne serait d’ailleurs pas étonnant que Windows 8.1 signe des revirements importants par rapport à Windows 8.
C’est beau de réver. Je ne crois pas que remettre un bouton windows qui pointe vers le start screen ne soit un revirement important. Sur tout ce qu’on a vu pour le moment Microsoft continue de miser sur modern UI. Je ne vois aucun recul sur ce coup pour Microsoft. Au contraire ils persistent dans cette idée.
Le 22/06/2013 à 08h40
Le 22/06/2013 à 08h42
La pression populaire…. Mhhhhhh.
La peur de ne pas gagner suffisamment de pognon, oui, pour le dire comme c’est vraiment.
Le 22/06/2013 à 08h44
Le 22/06/2013 à 08h44
Comme toutes les promesses des politiques
PS3 accepte Linux et puis basta ! (un exemple pris au hasard)
Quand on nourrit les virus, ils sont moins méchants, vers une symbiose dans le temps ? " />
Le 22/06/2013 à 08h53
Le 22/06/2013 à 08h56
Le sous titre résume bien.
Le 22/06/2013 à 09h01
Apparemment le revirement de Microsoft sur la XBOX One a eu un effet immédiat : les précommandes de cette console sont remontées en flèche, passant même devant la PS4 chez Amazon.co.uk. Comme quoi ces restrictions (connexion permanente, etc.) étaient bien la raison principale de la mauvaise réputation de cette console.
Personnellement je ne pense pas que c’était «trop tôt pour offrir de telles fonctionnalités», comme certains le disent. Avoir la possibilité de se connecter, c’est aujourd’hui indispensable. Obliger à être connecté tout le temps, par contre, ça sera vu encore un petit bout de temps comme une contrainte , et non comme une «fonctionnalité».
Tim Cook n’a-t-il pas fait son mea culpa au sujet de Plans, en présentant ses excuses et en avouant à demi-mot l’infériorité de son application par rapport à la concurrence ?
C’est justement un contre-exemple : certes il a fait des excuses, mais Apple n’a pas fait marche arrière pour autant, ils utilisent toujours Plans.
Le 22/06/2013 à 09h02
Pour la xbox one j’ai expliqué mon point de vue précédemment. Quand ils ont conçu la xbox one ils avaient plusieurs scénarios différents. Ils ont testé le public pour savoir si certains trucs passeraient. Je crois que Microsoft a déjà fait ça par le passé. Vous croyiez vraiment que ms puisse changer une stratégie de ce genre en une semaine. Ils ont conclu avant des contrats avec les éditeurs ou cela devait être spécifié. Ils auraient du aussi changer une grosse quantité de code au dernier moment.
Quand on écoutait Microsoft on voyait que la communication était plus que confuse,eux même avaient pas l’air de le savoir.
Je ne pense pas qu’ils sont revenus en arrière ils nous ont juste tester sur des choses qui n’étaient pas encore décidé.
Le 22/06/2013 à 09h08
Le 22/06/2013 à 09h08
Dans cette affaire Microsoft a surtout prouvé que ce sont de vrais buses en communication. la on a atteint le summum. " /> Je pense qu’il y a des mecs qui mériteraient d’ être virés..
Le 22/06/2013 à 09h09
Le 22/06/2013 à 09h23
Le 22/06/2013 à 09h25
Le 22/06/2013 à 12h49
Le 22/06/2013 à 13h04
Donc, il y a des gens qui ont dépensé de l’énergie pour le fond d’écran de Google juste parce que ça choquait leur petit confort personnel, et ils n’ont rien fait pour des questions de société comme les brevets ou les conditions de travail (je ne dis pas que le même nombre de plainte aurait eu le même effet, mais je doute que le nombre de plaintes ait été le même).
Le pire, c’est que ces gens sont sans doute fiers de ce qu’ils ont réussi à faire alors qu’ils devraient être honteux du choix de leur priorité.
Le 22/06/2013 à 13h28
On quitte l’informatique mais l’exemple le plus célèbre de rétro-pédalage industriel reste quand même celui de Coca-Cola et sa nouvelle recette dans les 80’s.
Le 22/06/2013 à 13h36
Le 22/06/2013 à 14h54
Windows 8.1 mon bouton démarrer et enfin de retour :d !
A quand les gouvernements qui plient sous la pression populaire ? " />
Par ma femme je suis lié de manière éternelle à la communauté lobby gay de 0.00001% qui prône le mariage pour tous…. quand même! " />
Le 22/06/2013 à 15h11
Mouais. Et quand toutes les entreprises d’un secteur ont les mêmes pratiques, il n’y a plus de pression du portefeuille possible. Genre transmettre les infos des clients aux services secrets.
Le 22/06/2013 à 15h31
Il s’agit ici plus de rares exceptions que de la règle générale. Dans ce cas, les causes sont-elles bien celles que vous identifiez ?
Il semble bien que l’intérêt de ces sociétés est de commercialiser des produits désirables, de fait il semble que ce soit rarement le produit qui soit mis en cause, mais plutôt son écosystème, issu de la volonté de contrôler sa part de marché d’une manière ou d’une autre.
Or, arrivé a ce point, et considérant qu’il s’agit bien d’exceptions, ce revirement n’illustre t’il pas plutôt l’état actuel du marché dans son ensemble ? : en quasi situation d’oligopole et se dirigeant lentement vers des monopoles de fait, réalisant de plus en plus souvent a imposer leur vues.
La montée en puissance de l’information, et sa rapide diffusion, n’enraye que les projets présentés longtemps a l’avance. Du coup le “devoir de vigilance” tombe un peu a l’eau… parce qu’il est complexe, rarement opérant, et ne contribue pas nécessairement un réel contre pouvoir (ex: simcity 2013). C’est trop tard…
Le 22/06/2013 à 20h34
Les exemples sont nombreux et nous pourrions continuer encore longtemps.
On n’en doute pas, ça semble même devenir une spécialité le remplissage d’édito avec un inventaire à la Prévert où le quantitatif semble chercher à masquer l’absence de qualitatif.
Le 22/06/2013 à 22h07
Le 22/06/2013 à 22h46
Le 23/06/2013 à 07h10
Le 23/06/2013 à 07h42
Ces entreprises qui plient sous la pression populaire
c’est ce gouvernement de nases qui devrait plier " />
Le 23/06/2013 à 08h51
Le 23/06/2013 à 09h01
Le 23/06/2013 à 09h19
Le 23/06/2013 à 10h32
Le 22/06/2013 à 09h25
Le 22/06/2013 à 09h27
C’est peut être pas si con ce qu’a fait Microsoft et c’était même peut être prévu depuis des mois.
Bizarrement en politique ça fonctionne pareil et ça passe toujours aussi facilement.
Le 22/06/2013 à 09h33
Pour Vista il y a eu aussi une euthanasie précoce " />
Le 22/06/2013 à 09h34
Le 22/06/2013 à 09h48
La boîte qui remplit la machine à café au boulot a cédé :
Lorsque le “long sucré” est passé à 50cts, on a arrêté d’en prendre.
Ils sont revenus à 40cts.
Le 22/06/2013 à 09h56
Je pense que pour Sony et Microsoft, les 2 avaient les mêmes objectifs et contraintes (connections, occasion etc…).
Malheur au premier qui a tiré (Microsoft), Sony a sûrement revu sa copie au vu du tollé provoqué.
Donc ce sont 2 boîtes qui ont cédé face au public.
A moins que Sony ait bluffé/joué l’intox pendant le développement de leur machine.
Le 22/06/2013 à 10h06
Le 22/06/2013 à 10h09
Le 22/06/2013 à 10h14
Le 22/06/2013 à 10h15
Le 22/06/2013 à 10h29
Le 22/06/2013 à 10h50
Le 22/06/2013 à 10h56
Une petite planche sur le sujet… Ctrl+alt+del comic
Le 22/06/2013 à 11h43
Le 22/06/2013 à 11h52
Le 22/06/2013 à 12h42
Le 23/06/2013 à 10h50
Le 23/06/2013 à 11h42
Le 23/06/2013 à 13h54
Le 23/06/2013 à 14h40
Le 23/06/2013 à 14h43
Le 23/06/2013 à 17h56
Le 23/06/2013 à 18h31
Le 23/06/2013 à 19h40
Quand je vois certains commentaires dire
Le 23/06/2013 à 21h41
du pipo.
Ils attendent que les consoles se vendent pour remettre leur DRM à la con (cf disparition de LInux avec la PS3)
Le 23/06/2013 à 22h14
Le 24/06/2013 à 07h54
fermer la porte , ils essayent de rentre par la fenêtre.
tant que les ayant droit de tout poils n’auront pas obtenus ce qu’ils veulent ; c’est a dire enfermer les consommateurs dans un marcher totalement verrouiller , ils continueront a essayer de le faire , cela que ce soit les logiciels, la musique, le cinéma.
en ce rebellant les consommateurs montrent de plus en plus leur déterminations de ne plus ce faire avoir comme des moutons .
cela doit être maintenant la norme , l’industriel propose et c’est le consommateur qui dispose et non une imposition de force pour le consommateur .
Le 24/06/2013 à 10h00
Le 24/06/2013 à 11h26
Le 24/06/2013 à 11h29
Le 24/06/2013 à 12h12
Merci pour le Brazo.
Je te rejoins sur le fait que les instances politiques en tant que régulateur ne font plus leur boulot.
Ce que je voulais dire en revanche, c’est qu’indépendamment des contraintes que peuvent poser les gouvernements, un chef d’entreprise qui cherche juste à défendre “les intérêts” de son entreprise sans comprendre le contexte économique, politique et culturel dans lequel son entreprise vit n’aura pas la vision nécessaire pour la faire évoluer dans le “bon” sens (le sens qui lui assure les meilleures chances de survie).
Ex les ayants droits qui s’évertuent à vouloir diaboliser le téléchargement illégal (= jugement moral complètement inadapté) au lieu de chercher à comprendre l’évolution de la culture de consommation et s’y rallier.
Ce sujet est d’ailleurs une belle illustration d’ailleurs de ce que tu constates (incapacité du pouvoir politique à écouter le peuple pour réellement traiter le sujet). " />
Le 24/06/2013 à 13h29
Le 24/06/2013 à 14h16
Le 25/06/2013 à 11h33
Le 25/06/2013 à 11h44
Le 25/06/2013 à 13h22