Trahi par la géolocalisation de sa voiture, un salarié obtient réparation
Tomtom et nana
Le 19 septembre 2013 à 13h20
5 min
Droit
Droit
Pour pouvoir utiliser le dispositif de géolocalisation d’un véhicule professionnel afin de prouver qu’un employé n’était pas là où il était censé se trouver, il faut premièrement que celui-ci en soit informé. Voilà en substance la leçon délivrée par la cour d’appel de Lyon dans une décision rendue le 13 mars dernier.
Le 7 juin 2010, presque quatre ans jour pour jour après avoir été embauché en CDI, John S. reçoit une lettre recommandée lui signifiant son licenciement pour faute. « Par votre comportement indiscipliné qui vous a conduit le 9 mars 2010 à vous soustraire pendant deux heures (de 22h49 à 00h35 le 10 mars 2010) de votre tour de service pour quitter, sans autorisation de votre hiérarchie, votre secteur d’intervention pour vous rendre dans le local technique dédié aux équipes d’intervention du tunnel de la Croix rousse, vous avez commis un grave manquement incompatible avec la poursuite de votre contrat de travail » annonce alors l’employeur à cet agent de sécurité, âgé de 29 ans au moment des faits.
Cette décision s’avère cependant consécutive à d’autres remontrances à l’égard du salarié : un avertissement pour absence injustifiée en mai 2007, plus différents rappels à l’ordre (utilisation à des fins personnelles de véhicules de la société, absence de poste, et même « non respect du règlement intérieur et de la charte informatique avec la présence de fichiers illicites sous [sa] session »). Le salarié se voit ainsi remercié, mais doit encore travailler deux mois afin de respecter le préavis prévu dans ce type de procédure.
Le salarié trahi par le dispositif de géolocalisation de son véhicule
Problème : l’employeur a réussi à savoir que John S. n’avait pas respecté son tour de service du fait du système de géolocalisation installé sur son véhicule professionnel. Dès la fin du mois de juin, l’employé saisit les prud’hommes pour faire reconnaître l’illicéité d’un tel mode de preuve, en ce que les institutions représentatives du personnel, de même que sa propre personne, n’avaient pas été informées et consultées préalablement à l’instauration du fameux dispositif.
Autre chose : l’affaire se corse quelques semaines plus tard, lorsque l’employeur met fin au préavis du salarié pour faute lourde cette fois. À l’appui d’un constat d’huissier, il affirme que John S. a créé un site Internet dénigrant l’entreprise, lequel est accessible via des liens publiés sur la page Facebook de l’employé mais aussi depuis Google. « Le contenu de ce site à caractère insultant et malveillant porte manifestement atteinte à l’image et à la réputation de l’entreprise » explique alors le patron dans un second courrier.
Dans un arrêt rendu le 13 mars dernier (reproduit ci-dessous), la cour d’appel de Lyon a donc dû trancher sur les deux aspects du litige : la licéité du système de géolocalisation et le site Internet créé par le salarié.
S’agissant du dispositif de géolocalisation du salarié, les juges ont conclu qu’il ne pouvait pas servir à « fliquer » l’employé. En effet, dans une note de service présentée fin 2006 à l’attention des agents de sécurité, l’employeur explique les raisons de l’installation de ce système : « quantifier les interventions par type et connaître les délais et temps d’intervention sur événement », « établir des tableaux de bord de nos activités, et en cas de désaccord avec nos clients, apporter un avis contradictoire, notamment sur nos délais d’intervention ». De fait, l’employeur fait seulement référence à la mise en place de ce système dans un but commercial et statistique, mais n’évoque absolument pas le suivi de l’activité des employés de la société. Conclusion de la cour d’appel : l’entreprise a ainsi opéré « un détournement de finalité au regard de celle qui avait été portée à la connaissance du salarié ». Le licenciement est de ce point de vue privé de cause réelle et sérieuse, conduisant au passage les juges à ordonner au patron de verser 6 000 euros d’indemnités à son ex-employé.
Le salarié n’a cependant pas obtenu gain de cause au sujet de son site Internet. En effet, aux yeux des juges, celui-ci contenait bel et bien « des propos dénigrants [dépassant] le cadre normal de la liberté d’expression et [constituant] un abus dudit droit ». Et pour cause : les magistrats ont relevé que ce site perso, hébergé chez Free, pouvait « faire penser à un site officiel », d’autant plus qu’il était directement accessible via un moteur de recherche en tapant le nom de l’entreprise en question. Sur ce site, se trouvaient différentes pages, dont une intitulée « politique » et sur laquelle apparaissait un lapin chantant une chanson paillarde. « Un autre onglet « FAUX » conduit à un écran sur lequel figure un texte indiquant que les agents de sécurité [de la société] ne participent pas aux exercices de sécurité » a également retenu la cour d’appel. Si les juges ont estimé que ces faits ne caractérisaient pas une intention de nuire à l’employeur - ce qui aurait été une faute lourde - cela constituait malgré tout selon eux « une faute grave justifiant la fin immédiate du préavis et le non-paiement des jours de la partie restant à couvrir ».
Trahi par la géolocalisation de sa voiture, un salarié obtient réparation
-
Le salarié trahi par le dispositif de géolocalisation de son véhicule
Commentaires (68)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 19/09/2013 à 13h22
Tu m’etonnes que la criminalité reparte en fleche. Les coupables sont systematiquement protégés par des constorsions du systeme…
Le 19/09/2013 à 13h25
Le 19/09/2013 à 13h25
Le 19/09/2013 à 13h26
Concernant la partie flicage, que ce soit d’un GPS, téléphone ou outil informatique, la jurisprudence est constante : c’est illégal si le salarié n’en est pas préalablement informé, individuellement et via les IRP. Donc ça ne peut certainement pas servir à justifier un licenciement.
Le 19/09/2013 à 13h28
donc si on voit sur une caméra de vidéosurveillance un employé faire n’importe quoi, il ne peut être viré si on ne les a pas spécifiquement prévenus que les images pouvaient être utilisées contre eux en cas d’abus, et qu’on a juste indiqué que c’était “pour la sécurité” ?
étrange, quand même …
Le 19/09/2013 à 13h29
Faute à l’employeur, ils aurait du dire dés le début que sa servirait à les tracer, et il aurait gagner le procès.
Le 19/09/2013 à 13h30
Le 19/09/2013 à 13h31
Le 19/09/2013 à 13h35
Le 19/09/2013 à 13h35
Le 19/09/2013 à 13h37
Le 19/09/2013 à 13h41
Le 19/09/2013 à 13h44
Ca me fait toujours penser (désolé pour ceux qui l’ont déjà lu) au mec qui livre des voitures : il faisait le plein de la voiture qu’il livrait + se prenait un bidon pour son usage personnel au passage. Le patron qui finit par s’en apercevoir, prend un détective privé pour être sûr de lui => totalement illégal. Alors comment fait le patron : il n’a pas le droit de suivre l’employé sans le prévenir (donc t’imagines bien que l’employé “model” va oublier de prendre son petit jerrycan ce jour là), faut qu’il le prenne en flagrant délit en passant par là par hasard quoi ou qu’un de ses collègues le dénonce. Autant dire laisse tomber => comment le patron fait pour virer ce voleur?
Alors je suis d’accord que l’employeur n’a pas à nous filmer à notre insu à notre poste de travail, mais bon parfois ça donne des situations nawak.
J’aimerais des règles certes mais plus intelligentes. Genre que le patron puisse demander aux autorités avec justificatif le droit d’obtenir des preuves, sur une période là encore acceptée par les autorités en vu d’un licenciement. S’il ne parvient pas à obtenir les preuves, avantage employé, s’il les a, avantage patron.
Un truc encadré pour éviter les abus mais qui permet de se débarrasser d’un employé malhonnête.
Là c’est fort, le mec a reçu plusieurs blâmes, il en rajoute et il se prend 6k€ d’indemnité… c’est un peu n’importe quoi…ça te dégoûte d’être un employé honnête…
Le 19/09/2013 à 13h48
Le 19/09/2013 à 13h51
En general quand tu as deja reçu des lettres rommandées et des remontrances de ton employeur, tu te tiens a carreau… tu t’amuses pas a t’absenter pour aller tirer ton coup chez ta copine pendent tes heures de travail… tu sais que ton employeur a deja un oeil sur toi..
le mec il se fait licencier parce qu’il fait de la merde mais a le droit a 6000€ dans sa poche alors qu’un ouvrier qui a bossé des années dans une boite qui fait faillite a juste ses yeux pour pleurer.
Le 19/09/2013 à 13h56
Le 19/09/2013 à 14h48
La décision de justice est pour une fois je trouve bien dosée, dans le sens ou l’entreprise a abusée de ses droits pour prouver la faute de l’employé.
Et d’un autre coté, elle justifie le licenciement en validant la plainte de l’entreprise.
Le 19/09/2013 à 14h50
Le 19/09/2013 à 15h07
Encore un garé devant le blue oyster bar
Le 19/09/2013 à 15h09
Le 19/09/2013 à 15h19
Sur ce site, se trouvaient différentes pages, dont une intitulée « politique » et sur laquelle apparaissait un lapin chantant une chanson paillarde.
…
Si les juges ont estimé que ces faits ne caractérisaient pas une intention de nuire à l’employeur - ce qui aurait été une faute lourde - cela constituait malgré tout selon eux « une faute grave de goût justifiant la fin immédiate du préavis et le non-paiement des jours de la partie restant à couvrir, nan mais sans dec un lapin qui chante … et pourquoi pas des gif animés sur fond flashy pendant qu’on y est ?».
" />
Le 19/09/2013 à 15h19
en fait pour la géolocalisation, c’est même plus subtil que cela car en plus de prévenir les salariés (individuellement) et les RP, il faut aussi déposer un dossier à la CNIL expliquant ce qu’on compte faire avec et qu’elle le valide.
Le 19/09/2013 à 15h20
Le 19/09/2013 à 15h22
Le 19/09/2013 à 15h38
donc si on voit sur une caméra de vidéosurveillance un employé faire n’importe quoi, il ne peut être viré si on ne les a pas spécifiquement prévenus que les images pouvaient être utilisées contre eux en cas d’abus, et qu’on a juste indiqué que c’était “pour la sécurité” ?
L’employeur a, à sa disposition, de nombreux outils qui lui permettent de contrôler son personnel, mais il à l’obligation de signaler à ses employés quelles sont ces méthodes. L’employé doit être conscient et doit être a même de dire si il l’accepte ou pas ces conditions.
Après dans ce cas précis de l’article, le mec ce fait licencier après 4 ans, car c’est éclipsé 2heures. C’est insignifiant et surtout totalement isolé. C’est visiblement plus un prétexte pour le dégager.
Par contre il y a déjà eut jurisprudence sur les véhicules de fonction, où un employeur peut demander à l’utilisateur de justifier un écart de kilométrage estimé anormalement élevé ou de justifier du caractère professionnel de sa position géographique lors d’un sinistre.
Le 19/09/2013 à 16h03
Le 19/09/2013 à 16h04
Le 19/09/2013 à 16h07
Le 19/09/2013 à 16h11
Le 19/09/2013 à 16h20
Le 19/09/2013 à 16h31
Le 19/09/2013 à 16h45
Le 19/09/2013 à 16h59
Pardon ? Un salarié qui se barre deux heures pour aller faire on ne sait quoi au lieu de son boulot c’est insignifiant ? Ben voyons ! Non, c’est une faute grave justifiant un licenciement, n’importe quel juge le reconnaîtra et heureusement.
Tu vas me dire que toi en tant que salarié t’es jamais arrivé en retard ou que tu n’es jamais parti du boulot en avance en x années de boulot? (gamin malade, à aller chercher en urgence a l’ecole, problème familiale). Je comprend ton point de vue, mais je ne suis pas spécialement adepte du une erreur dehors!.
Qu’une faute grave soit sanctionnée c’est une chose, mais qu’un mec qui se barre 2h sans explication alors qu’en 4 ans, il a bossé 1540 heures au minimum (35h par semaine sur 44 semaines), excuse moi de trouver cela un poil abusif.
Cette personne ne peut pas justifier ces 2 heures? Tu lui retires une journée de boulot pour cause personnelle. Quand il en aura marre de perdre de la thunes il réfléchira.
Kikilancelot, t’inquiete pas que le branleurs comme tu dis, tu manqueras pas d’autres moyens pour le choper.
Le 19/09/2013 à 17h02
Le mec se tire pendant deux heures de son poste, il travaille dans la sécurité comme indiqué dans l’article donc sa présence est impérative.
Mais malgré la preuve manifeste, le type s’en sort avec des thunes en plus, bizarre que certains n’appliquent pas la même méticulosité pour l’apport de la preuve quand il s’agit ni plus ni moins que d’attaquer un pays souverain, là, les gesticulations et les doigts pointés suffisent, on vit vraiment dans un monde de tarés.
Le 19/09/2013 à 17h31
Le 19/09/2013 à 17h58
Ca me fera tjrs marrer, le mec fait pas son taff pour lequel il est payé, et en plus il est pas coupable, vive la justice en France., ya des baffes qui se perdent " />
Le 19/09/2013 à 18h16
Le 19/09/2013 à 18h20
A part ça, je trouve que ça fait cher payé pour un employé au dossier des irrégularités bien garni… Pas étonnant que l’emploi chute. Un intérimaire qui pique de l’essence c’est facile à gérer, il suffit de ne pas l’embaucher en fin de contrat et d’en prendre un autre.
Le 19/09/2013 à 18h43
Le 19/09/2013 à 18h58
Le 19/09/2013 à 19h42
Le 19/09/2013 à 20h04
Bah quand un huissier fait une constatation ce n’est pas toujours signifié préalablement à la personne visée.
La constatation d’insultes sur le Net par exemple, bah l’huissier il se connecte au site web, note ce qu’il observe puis classe les documents qu’il a établi. La personne visée par la procédure n’est pas au courant à ce moment là.
Là je pense qu’il doit être possible de mandater un huissier pour suivre l’employé jusqu’à la station, afin qu’il constate les faits sur place.
Le 19/09/2013 à 21h12
Le 19/09/2013 à 23h58
Le 20/09/2013 à 04h28
Le 20/09/2013 à 06h45
Le 20/09/2013 à 08h50
Petit fail => il reste une occurrence non masquée de l’entreprise condamnée à la fin du pdf de l’arrêt de la cour d’appel " />
Le 20/09/2013 à 10h53
J’aime bien ce genre de débats entre les “pro-libertés”, les “pro-loi”, les “pro-cas-par-cas”. C’est toujours enrichissant (ceci n’est pas un troll).
Personnellement, je pense que le patron méritait de payer. L’employé méritait de se faire virer… Mais je ne trouve pas normal que l’argent de l’amende du patron aille à l’employé. J’aurais trouvé plus juste que l’état récupère le pactole (au moins dans ce cas où l’employé N’EST PAS innocent) " />
Le 20/09/2013 à 14h07
Ça donne pas envie de bosser dans cette boîte et ça donne pas envie de connaître cette employer (ni de l’avoir dans sa boîte). " />" />" />
Le 20/09/2013 à 21h25
Le 22/09/2013 à 09h15
Un casseur de banque identifié par la camera de surveillance pourra ainsi invalider son identification car il n’aura pas été prévenu auparavant que la caméra de surveillance pourra être utilisée à des fins de reconnaissance faciale…
Le 22/09/2013 à 09h18
Le 19/09/2013 à 13h58
Ils auraient dû installer directement un système d’explosion activable dès que l’employé sort de sa zone. Pas de procès, pas de preuve, pas de problème " />
Le 19/09/2013 à 13h58
Le 19/09/2013 à 14h00
Le 19/09/2013 à 14h00
Le 19/09/2013 à 14h03
Le 19/09/2013 à 14h04
Le 19/09/2013 à 14h04
Le 19/09/2013 à 14h11
Le 19/09/2013 à 14h16
Le 19/09/2013 à 14h21
L’usage d’un brouilleur GPS est -il légal en France ?
Le 19/09/2013 à 14h23
Le 19/09/2013 à 14h23
Autant je troue que le flicage par géoloc, c’est un peu dégueu, autant j’aimerai pas bosser avec un mec qui se prend des journée perso sans prévenir personne, qui DL du pron au taff et qui en plus se permet de balancer sur mon boulot…
Le 19/09/2013 à 14h26
Le 19/09/2013 à 14h29
Et après on s’étonne que plus personne ne veut monter des boites en France !!! C’est du grand n’importe quoi, et en plus on lui donne 6.000€ au bout! Ok pour le GPS c’est vrai que l’employé doit être prévenu qu’il est surveillé, bien ou pas bien, en tout cas ça a toujours été comme ça.
Par contre je ne sais pas comment le juge trouve que monter un site pour dénigrer l’entreprise ou on travaille n’as pas pour but de nuire cette dernière ! " /> Il faut arrêter le gars il dit que les agents de sécurité ne suivent pas les exercices de sécurité, personnellement je suis un client potentiel et je vois ça, ça ne me donnera pas envie de sous traiter avec cette boite pour assurer les rondes, les interventions en cas de casse etc… Et j’imagines que le type a du se lâcher sur le site… Pour moi c’est préjudiciable pour l’entreprise et constitue une faute lourde.
Le 19/09/2013 à 14h30
Le 19/09/2013 à 14h35