Un sénateur dépose une loi pour interdire les machines à voter
Kaltenbach to the future
Le 23 juillet 2014 à 13h09
6 min
Droit
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Alors qu’une députée a récemment suggéré au gouvernement d’interdire le vote électronique, un sénateur appartenant à la majorité socialiste vient de déposer une proposition de loi visant à supprimer le recours aux machines à voter en France. Depuis 2007, il existe un moratoire qui empêche toute nouvelle commune d’opter pour de tels dispositifs, mais l’élu voudrait que la soixantaine de villes utilisant encore ces appareils soient contraintes de les abandonner.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela fait plus de 45 ans que le vote par machine est autorisé en France. Initialement, cette possibilité était offerte uniquement aux communes de plus de 30 000 habitants, avant d’être élargie en 2005 à toutes celles d’au moins 3 501 habitants. Si ces machines ont naturellement évolué avec le développement des technologies, le principe est resté globalement identique : l’électeur, au lieu de mettre son enveloppe dans l’urne, sélectionne sur un appareil la liste ou le candidat sur lequel il a décidé de porter son choix.
Selon un récent rapport sénatorial (PDF), il y avait en 2007 très exactement 87 communes qui étaient ainsi autorisées à utiliser des machines à voter, et ce à destination de 1,5 million d’électeurs. Sauf que différents incidents survenus cette année d’élections présidentielle et législatives sont venus émailler le développement des machines à voter : écarts entre le nombre d’émargements et de votes notamment, sans parler du coût élevé des machines (achat, entretien,...) ou du temps d’attente parfois très long pour les utiliser.
L'élu s'attaque à la soixantaine de communes qui votent encore grâce aux machines
Tant et si bien que le gouvernement a décidé cette année-là, sur recommandation d’un groupe de travail spécialement chargé de la question, de ne plus accorder aux communes de nouvelle autorisation pour l’utilisation de machines à voter. Suite à ce moratoire datant de 2007, seules 64 villes utilisaient cette technique de vote en 2012 (pour 1,1 million d’électeurs concernés).
Mais aujourd’hui, le sénateur Philippe Kaltenbach voudrait bien que les pouvoirs publics parachèvent ce mouvement en supprimant totalement la possibilité pour les communes de recourir aux machines à voter. Un peu moins de sept ans après la mise en œuvre du moratoire, l’élu socialiste estime en effet qu’il y a « un moment où il faut quand même trancher ». Autrement dit : doit-on continuer d’autoriser certaines communes à utiliser cette technique de vote en dépit de l'interdiction de fait à l'égard des autres villes, ou bien doit-on y mettre un terme ?
Vous l'aurez compris, Philippe Kaltenbach plaide donc pour la seconde solution. Il a ainsi déposé une proposition de loi en ce sens au Sénat, dont l’article unique vise à abroger l’article 57 - 1 du Code électoral. « Depuis 2007, il y a un moratoire et différents rapports qui concluent quand même que ce n'est pas la panacée, loin de là ! » fait ainsi valoir le parlementaire, contacté par Next INpact. « Je suis dans un département, les Hauts-de-Seine, où il y a 11 communes sur 36 (donc à peu près le tiers de l'électorat) qui utilisent ces machines à voter et les oppositions sont très très remontées contre ces machines. »
Un vote qui n'est pas fiable, peu démocratique et sans impact sur la participation
Les motifs de mécontentement s’avèrent effectivement très nombreux selon Philippe Kaltenbach : « Parce qu'il y a toujours une suspicion, parce qu’il y a toujours des difficultés techniques, parce que tous les avantages qui avaient été vendus à l'origine par les fabricants de ces machines se révèlent être des écrans de fumée... Ça ne coûte pas moins cher, loin de là, ça n'est pas plus écologique, loin de là, et il n'y a pas plus de participation des citoyens dans les villes avec ces machines à voter ! Ça créée un climat de suspicion, de contestation, et puis surtout les citoyens ne sont plus maîtres du processus électoral puisqu'il n'y a pas de bureau de vote qui contrôle, de dépouillement citoyen des résultats des urnes, ce qui fait que le citoyen est un peu écarté aussi du processus démocratique. »
Par contre, le parlementaire ne propose pas de s’attaquer au vote par Internet, qui est proposé aujourd’hui aux Français de l’étranger dans le cadre de certaines élections seulement (législatives notamment). « Pour les gens qui sont loin, ça ne me dérange pas. Ce n’est pas un problème d'Internet, c'est un problème de machine » rétorque Philippe Kaltenbach lorsqu’on l’interroge à ce sujet.
Pourtant, l’on retiendra que si le récent rapport des sénateurs Anziani et Lefèvre en arrivait à la conclusion qu’il fallait « régler le sort des machines à voter », les deux parlementaires n’allaient pas jusqu’à demander une interdiction systématique des fameuses machines. Tout en prônant un maintien du moratoire en vigueur depuis 2007, ils recommandaient toutefois la mise en place de contraintes supplémentaires pour l’utilisation de ces appareils (interdiction de certaines machines, présence obligatoire de commissions de contrôle, suppression des aides financières de l’État...), dont on devinait qu’elles n’avaient que pour but de pousser les communes à abandonner ce type de dispositif.
Vers une mise en oeuvre d'ici aux élections de 2015 ?
Mais cette proposition de loi a-t-elle une chance d’obtenir un créneau parlementaire, prérequis à l’examen de tout texte devant le Palais du Luxembourg ? Philippe Kaltenbach se dit confiant : « J'ai bon espoir de faire voter cette proposition » assure-t-il. Son objectif ? « Arriver à la faire voter d'ici un an et demi », c’est-à-dire avant les prochaines élections (les départementales). Et si aucune niche n’était disponible, le sénateur explique que l’article unique de sa proposition de loi pourrait faire l’objet d’un amendement sur un texte électoral.
Un sénateur dépose une loi pour interdire les machines à voter
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L'élu s'attaque à la soixantaine de communes qui votent encore grâce aux machines
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Un vote qui n'est pas fiable, peu démocratique et sans impact sur la participation
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Vers une mise en oeuvre d'ici aux élections de 2015 ?
Commentaires (59)
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Abonnez-vousLe 23/07/2014 à 13h17
La machine législative à remonter le temps est en route, mais il serai pas trop de deux pour l’aventure.
Le 23/07/2014 à 13h17
Surtout quand on sait qu’à une certaine élection, les machines à voter étaient gérées par le ministère du candidat élu à la présidentielle… " />
Le 23/07/2014 à 13h23
C’est vrai, après tout il a raison, on peut pas faire voter les morts avec ces p*\(ù\)s de machines a voter ou sortir des bulletins de ses chaussettes….
Le 23/07/2014 à 13h24
Le 23/07/2014 à 13h27
Tout à fait pour l’interdiction des machines de vote " />
Le 23/07/2014 à 13h28
Le 23/07/2014 à 13h33
Il y a peux de chance que ça passe mais je suis aussi pour la suppression des machines a voter électronique.
Le 23/07/2014 à 13h34
Kaltenbach, ce n’est pas lui qui a plein de casseroles aux fessses ? Sénateur et ancien maire PS de Clamart (92) ?
En matière de fraude/corruption, il ferait mieux de faire profil bas meme si l’idée est bonne au demeurant " />
Le 23/07/2014 à 13h35
Le vote par machine à voter et ce qu’il y a de plus fiable. Au moins on est sûr d’avoir les résultats auquels s’attendent les sondages.
Encore un sénateur qui refuse de vivre avec son temps… " />
Le 23/07/2014 à 13h37
Le 23/07/2014 à 13h45
Le 23/07/2014 à 13h46
Le 23/07/2014 à 13h49
Le 23/07/2014 à 13h52
Le 23/07/2014 à 13h53
Le 23/07/2014 à 13h55
Ce que j’aimerai bien voir c’est de belles machines à écran tactiles avec un visuel préparé par les partis. Une fois le choix fait, la machine à voter imprime un bulletin et l’électeur n’a plus qu’à le glisser dans une enveloppe après avoir vérifié qu’il correspond bien à son choix.
On évite ainsi les problèmes d’impression de bulletin : trop ou pas assez, trop de couleurs/surface imprimée etc car la machine imprimera un bulletin le plus simple possible avec pourquoi pas des symboles/couleurs permettant une plus grand facilité au dépouillement, sans avoir à reprendre le visuel du parti choisi.
Voilà, c’est beau de rêver :)
Le 24/07/2014 à 05h55
Le 24/07/2014 à 08h30
Le 24/07/2014 à 10h49
Le 24/07/2014 à 11h50
Le 24/07/2014 à 17h47
Tes multiples associations vont pouvoir vérifier que toutes les machines dans tous les burreaux de vote ont les bon programmes et les bonnes puces?
Le 25/07/2014 à 02h40
Encore la ceux la… la canicule 2014 semblait bien parti pourtant…" />
" />" />
Le 25/07/2014 à 09h37
Le 25/07/2014 à 12h58
… et je n’ai jamais dit que le contrôle devait se limiter aux associations citoyennes ; je dis juste que pour garantir la confiance il est nécessaire et indispensable que de telles structures aient libre accès au truc.
Le 29/07/2014 à 10h43
Le 23/07/2014 à 14h36
Le 23/07/2014 à 14h48
Je vote sur une machine, je suis carrément pour revenir au vote papier.
Lors de leur installation dans ma ville, un vote (papier !) avait été organisé devant la mairie, pour que les citoyens puissent indiquer leur choix. Le résultat était (de mémoire) dans les 90% en faveur du vote papier.
Mais depuis rien n’a changé, le maire a été réélu, donc la ville garde les machines, malgré leur coût prohibitif, car revenir en arrière serait un signe d’échec. Les arguments avancés ? Temps de dépouillement très rapide (chouette, on est parmi les premiers à avoir un résultat " />), et ville à la pointe du progrès technique (re-" />)
En plus des problèmes qu’on connaît tous sur la sincérité du vote, il faut savoir que cela crée des files d’attente immenses aux bureaux de vote, malgré une faible participation. Il y a 1 seule machine par bureau, et il y a régulièrement des personnes qui n’arrivent pas à l’utiliser. Le président du bureau doit donc sans arrêt venir leur expliquer, mais il doit s’écarter lors du choix, et rebelote “ça marche pas”. Donc on poireaute, avec qu’avec 4 ou 5 isoloirs ça serait plié en quelques minutes.
Son objectif ? « Arriver à la faire voter d’ici un an et demi », c’est-à-dire avant les prochaines élections (les départementales).
Un an et demi pour essayer de faire passer le vote ? Mais pourquoi ça serait si long ? Les conseils généraux vont disparaître, donc ça serait plutôt pour les régionales, si elles sont repoussées à 2016, ça laisse encore plus de temps pour faire passer le texte, je l’espère…
Le 23/07/2014 à 14h59
Et non, il y aura encore au moins un scrutin concernant les élections départementales. ;)
Le 23/07/2014 à 15h13
Le 23/07/2014 à 15h53
eh ben chez moi c’est électronique aussi.
je sais pas pourquoi, peut-être le fait qu’on était fiers d’être pilotes?
" /> " />
enfin, avec une députée rapporteuse de la LPM je vais même pas dépenser 10 minutes de ma vie pour tenter de lui en toucher un mot.
on est mieux en terrasse." />
et pour ceux qui disent qu’il y a des fraudes avec le vote papier: justement, ça prouve bien qu’on les détecte, les fraudes. " />
Le 23/07/2014 à 15h53
Bah… pourquoi interdire?
Au contraire, en ajoutant quelques obligations techniques (code ouvert, exécutable non compilé, …) et citoyennes (contrôle «libre» des machines avant et pendant le vote, contrôle qui peut alors être effectué par des associations…), je suis plutôt favorable aux machines et autres votes «dématérialisés».
Les machines sont plus fiables que l’humain.
Du moment que le peuple a un contrôle absolu sur l’outil, épargnons nous la complexité et la faillibilité des bureaux de vote.
Cette proposition m’a tout l’air démagogique et/ou rétrograde.
Le 23/07/2014 à 16h01
Le 23/07/2014 à 16h14
Le 23/07/2014 à 16h14
Au contraire, en ajoutant quelques obligations techniques (code ouvert, exécutable non compilé, …) et citoyennes (contrôle «libre» des machines avant et pendant le vote, contrôle qui peut alors être effectué par des associations…), je suis plutôt favorable aux machines et autres votes «dématérialisés».
Je vais passer pour un vieux con rétrograde mais je prend une urne française.
http://www.agir-chateau-thierry.fr/wp-content/uploads/2012/01/Urne-%C3%A9lectora…
N’importe qu’elle citoyen peux auditer cette magnifique machine.
Pour auditer le code des machines de vote ,il doit déjà y a voir moins de monde. Et je parle même pas de vérifier que c’est le bon code dans la machine. D’ailleurs peux tu expliquer le contrôle au cours du vote?
Pour moi passer au vote par machine électronique c’est passé d’un système qui certes n’est pas parfais mais permet assez facilement un contrôle citoyens alors qu’avec la machine électronique seul une faible proportion “d’expert’” pourrons le contrôler.
Le 23/07/2014 à 16h59
Je suis pour le vote électronique mais paradoxalement je suis d’accord. " /> La classe politique (France et autres pays inclus) a prouvé durant toutes ces années qu’elle était incapable de pondre l’ébauche d’une solution propre ou progressive (vote en ligne via plugin Java périmé obligatoire, LAWL !)… Il vaut mieux en effet qu’ils se retirent explicitement et définitivement le droit d’y avoir recours. Il faudrait même qu’ils s’interdisent de légiférer sur toute forme de technologie (Hadopi, LOUL !), ça serait mieux pour le pays. Et aussi de voter des lois de ‘simplification’, et des ‘nouvelles’ lois doublons également tiens.
En fait le mieux serait peut-être qu’ils s’interdisent de changer les textes de loi… " />
Le 23/07/2014 à 17h13
Le 23/07/2014 à 18h46
Le 23/07/2014 à 19h38
tant qu’on y est on peu interdire le droit de vote aussi vu ce a quoi ca sert.
sinon dans ma commune on vote “electronique” et j’en suis ravi… bien plus pratique…
Le 23/07/2014 à 20h34
Le 23/07/2014 à 21h08
Une soixantaine de communes seulement ? Ben j’ai gagné le gros lot alors parce que j’y ai droit, je pensais qu’il y en avait beaucoup plus. Aucun impact sur la participation ? Ça me découragerait d’aller voter (encore plus) sachant que de toute façon c’est la machine qui décide du résultat, mon vote n’y changera rien, elle peut être programmée pour le compter ou pas et je ne peux pas le savoir.
En tout cas ce serait étonnant que cette loi passe, je ne m’attendais pas à un peu de positif dans ce carnage politique. De toute façon vu comme ils se torchent avec nos avis, le mieux c’est qu’on se passe du leur également et qu’on organise nous-mêmes nos référendums et nos lois.
Le 24/07/2014 à 01h32
Le 23/07/2014 à 13h55
Le 23/07/2014 à 13h57
Le 23/07/2014 à 14h00
Le 23/07/2014 à 14h01
Le 23/07/2014 à 14h05
Mince, j’avais oublié que mon 2nd degré n’est jamais compris…
Bref, je m’occupe des machines à voter sur ma commune, je sais tout le monde n’est pas intègre comme moi, mes machines on les pirate pas et je mets quiconque au défis d’essayer, mon pc de dépouillement ne va pas sur le net…
Après vous pourrez toujours trouver toutes les vidéos que vous voulez sur le net, les machines sur le net ne sont pas celles utilisées en dépouillement réel.
Je crois en la fiabilité du système que nous possédons, libre aux biens pensants de contester, c’est dans la nature des français.
Le 23/07/2014 à 14h06
Le 23/07/2014 à 14h08
“Un vote qui n’est pas fiable, peu démocratique et sans impact sur la participation”
Parce que les votes papier sont plus fiables ? il y a pourtant chaque fois des problèmes et des annulations de certains bureaux de votes. Et puis avec le papier, de toute façon ça fini ensuite au ministère par des chiffres informatiques, donc au final, l’informatique on n’y échappe pas.
Peu démocratique … je ne vois pas pourquoi, le support papier est juste cangé en support informatique. Le votant a toujours le choix de son vote.
Sans impact sur la participation … certes mais ça n’a pas d’impact négatif non plus. donc où est le problème ?
Qu’on interdie de voter par internet, chez soi, c’est logique, mais un tel systeme de votation par machine, en bureau de vote, je ne voit pas où est le problème. Ca évite les comptages et recomptage, les bulletins grifonés, là au moins on a les résultat immédiatement.
Le 23/07/2014 à 14h12
Le 23/07/2014 à 14h12
Le 23/07/2014 à 14h18
Le 23/07/2014 à 14h19
Le 23/07/2014 à 14h19
Le 23/07/2014 à 14h24
Le 23/07/2014 à 14h26
Très bonne proposition, les machines électroniques pour le vote, c’est le mal.
Il n’y a aucun moyen d’être sur que ton vote est bien pris en compte :
Pour cela, il faudrait avoir accès aux sources de la machine et être certain que ce sont bien celles-ci qui sont sur la machine (chose totalement impossible). Pour les même raison, impossible de garantir l’anonymat du vote.
Alors qu’avec une urne et des bulletins, rien ne vous empêche de rester pour le dépouillement et s’assurer qu’il n’y a pas de fraude.
Le 23/07/2014 à 14h29
Le 23/07/2014 à 14h30
ils ont du regarder la saison 1 de Scandal " />
Le 23/07/2014 à 13h15
Je vote pour cette loi! " />
Le 23/07/2014 à 13h15
Très bonne idée… A commencer par les installations électroniques de vote de l’Assemblée Nationale et du Sénat.
Ca évitera d’avoir 60 votes pour 43 parlementaires présents.