Les cyberharceleurs de Brigitte Macron plaident l’humour et la liberté d’expression
Weaponized transphobia
Au tribunal, les internautes ayant fait circuler la thèse de la transidentité de Brigitte Macron plaident l'« esprit Charlie » et la liberté d'expression. Ce type de théorie est régulièrement utilisé pour attaquer des femmes proches du pouvoir.
Le 29 octobre à 11h52
4 min
Droit
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Dix personnes étaient jugées ces 27 et 28 octobre pour avoir cyberharcelé Brigitte Macron, l’accusant, entre autres, de mentir sur son genre et assimilant son écart d’âge avec celui d’Emmanuel Macron à de la pédophilie. Âgés de 41 à 60 ans, les prévenus étaient huit hommes et deux femmes.
Des peines allant de 3 à 12 mois, avec des amendes susceptibles de monter jusqu’à 8 000 euros ont été requises contre eux, les plus lourdes visant Aurélien Poirson-Atlan, publicitaire de 41 ans, connu sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de Zoé Sagan, ainsi que la médium connue sous le pseudo d’Amandine Roy et le galeriste Bertrand Scholler (plus de 100 000 abonnés sur X), décrits comme « instigateurs » de la thèse de la transidentité de Brigitte Macron.
Le délibéré sera rendu le 5 janvier 2026.
Les accusés plaident l’« esprit Charlie »
Ce procès est le résultat d’une série de plaintes déposées le 27 août 2024 par l’épouse du président de la République. Celles-ci avaient mené à une série d’interpellations en décembre 2024 et février 2025 par la brigade de la répression de la délinquance contre la personne (BRDP) – celle des profils les plus « virulents », selon un rapport de police consulté par Le Monde.
Au tribunal, tous les accusés ont minimisé les faits. Informaticien, Jérôme A. plaide n’avoir qu'un « petit compte Twitter de 90 abonnés ». Jean-Christophe D. évoque des publications « parodiques ». On cite l’ « humour » et l’ « esprit Charlie », relate Franceinfo.
Autrice d’une vidéo virale selon laquelle Brigitte Macron n’aurait jamais existé et son frère Jean-Michel Trogneux aurait pris son identité, la médium Delphine J., connue sous le pseudonyme d’Amandine Roy, se déclare même harcelée en tant que « femme anatomique », par opposition aux femmes trans.
Habitué des thèses complotistes, visé par plusieurs plaintes, Aurélien Poirson-Atlan a de son côté donné une conférence de presse improvisée dans laquelle il a nié avoir participé à toute forme de cyberharcèlement et qualifié le procès d'attaque contre la liberté d’expression. Il avait diffusé la thèse de la transidentité de l’épouse du président alors que son compte X était suivi par plus de 200 000 personnes (le compte a depuis été suspendu).
À la barre, Tiphaine Auzière, l’une des filles de Brigitte Macron, témoigne de son côté de la « dégradation des conditions de vie » de sa mère. Dénonçant la « haine » qui vise l'épouse du Président, elle précise que cette dernière est désormais sur le « qui-vive » en permanence.
Attaque récurrente contre les femmes proches du pouvoir
Jouant à la fois sur des ressorts transphobes et misogynes, la suspicion de transidentité est un récit utilisé de manière récurrente dans les campagnes de désinformation. Michelle Obama, Kamala Harris ou encore Kate Middleton ont été visées par le même type de campagnes de « transvestigation », comme les nomment leurs auteurs, c’est-à-dire des mobilisations collectives autour d’une même thèse fausse, qui se traduit ici par du cyberharcèlement.
En juillet 2025, le couple Macron a déposé plainte devant un tribunal du Delaware, aux États-Unis, contre l’influenceuse d’extrême droite Candace Owens, qui a donné un écho international aux fausses allégations concernant Brigitte Macron.
En février, un couple de quadragénaires qui avait affublé cette dernière d’un prénom masculin dans leur déclaration d’impôts a été relaxé. Le fait que ce prénom se retrouve visible dans l’espace personnel de l’épouse du chef de l’État était le résultat d’un bug du système informatique de la Direction générale des Finances publiques dont le couple ne pouvait avoir connaissance, a tranché le tribunal correctionnel.
Les cyberharceleurs de Brigitte Macron plaident l’humour et la liberté d’expression
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Les accusés plaident l’« esprit Charlie »
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Attaque récurrente contre les femmes proches du pouvoir
Commentaires (20)
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Abonnez-vousLe 29/10/2025 à 12h14
La liberté d'expression à bon dos quand même, on pourrait croire que la diffamation est autorisée.
Le 29/10/2025 à 12h19
Le 29/10/2025 à 12h29
Le 29/10/2025 à 13h41
Il y a une semaine 1/2 je dirais même qu'on avait pas vu tel trafic depuis fort longtemps et nocturne inclus. Les riverains des axes d'approche de Velizy peuvent tous en attester.
La macronie aime visiblement s'envoyer en l'air...
Le 29/10/2025 à 14h36
Le 29/10/2025 à 14h41
Le truc des impôts a fait le lien entre leur déclaration fantaisiste et l'identité de Brigitte Macron et a modifié les prénoms de Brigitte Macron sur son espace personnel des impôts.
Le 29/10/2025 à 15h30
Le 30/10/2025 à 15h57
C'est juste hallucinant que le système informatique des impôts ait pu permettre qu'une telle modification se fasse ! Quelque part, ça fait peur ! (je suis plutôt d'accord avec le tribunal, je ne crois pas que quiconque de normalement constitué aurait pu penser à un exploit pareil).
Modifié le 29/10/2025 à 12h31
Le 29/10/2025 à 13h47
Quand on prends les autres pour des crétins il serait utile d'avoir soit même un peu d'imagination sur les conséquences plausibles de ce qu'on propose quand même...
Le 29/10/2025 à 14h22
Le 29/10/2025 à 14h33
Le 29/10/2025 à 13h19
...disent tous les bullys, un classique
Le 29/10/2025 à 13h39
Le truc c'est que leur liberté d'expression n'empêche pas les plaignants de faire valoir eux aussi leurs droits.
En l'occurrence, leur droit de porter plainte pour cyberharcèlement.
Modifié le 29/10/2025 à 13h50
La liberté d'expression n'a jamais dédouané d'être responsable de ses paroles, l'humour non plus. J'espère que le jugement le rappellera assez fort pour servir d'exemple, on a hélas bien besoin de ce genre de rappel en ce moment.
Le 29/10/2025 à 15h27
Comme quoi la connerie n'a pas d'âge...
Le 29/10/2025 à 16h58
Le 29/10/2025 à 18h16
Le 29/10/2025 à 20h39
Le 30/10/2025 à 11h33
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