Batman généré par IA : Warner Bros attaque Midjourney pour violation de droits d’auteur
Je te croyais plus fort que ça Batman
Warner Bros, détenteur des droits de licences telles que Batman, Superman, Flash, Tom et Jerry ou Scooby-Doo, attaque à son tour l'éditeur Midjourney d'IA générative en justice devant une cour de Californie. Le studio hollywoodien l'accuse de permettre la création, et le téléchargement, d'images ou de séquences animées qui exploitent sa propriété intellectuelle.
Le 05 septembre à 16h51
5 min
Droit
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Un Joker sardonique, des portraits de Bugs Bunny ou Daffy Duck, ou des mises en scène du Batman dessinées dans le plus pur style des comics DC Studio : les captures d'écran comparatives fournies par Warner Bros Discovery dans sa plainte semblent particulièrement éloquentes.
Partant du principe que cette ressemblance manifeste constitue une violation de sa propriété intellectuelle, le groupe américain vient d'initier une procédure en justice à l'encontre de Midjourney, éditeur de l'IA générative dédiée à l'image du même nom.
Pour Warner, Midjourney aurait pu, ou plutôt dû, bloquer
La plainte, déposée jeudi 4 septembre devant un tribunal de Californie, cherche à faire valoir que Midjourney viole sciemment les droits d'auteur de Warner Bros en commercialisant un service permettant de générer des copies des créations dont il détient les droits. Le studio avance une circonstance aggravante : Midjourney est également accusé d'utiliser la propriété intellectuelle de Warner pour assurer la promotion de ses offres.




Warner Bros Discovery fait par ailleurs valoir que Midjourney aurait pu, ou plutôt dû, exclure de ses données d'entraînement les œuvres de son catalogue. Le plaignant dispose aussi que Midjourney est en mesure de contrôler les requêtes soumises par ses utilisateurs pour filtrer ou bloquer celles qui relèvent d'une violation du droit d'auteur, de la même façon que l'IA générative le fait sur les contenus violents, sexuels ou malveillants.
« La popularité et le succès économique de Midjourney sont directement liés à la popularité de son Service et à sa capacité à reproduire, afficher et exécuter publiquement, ainsi qu'à créer des dérivés des Œuvres protégées par le droit d'auteur de Warner Bros. Discovery », argue encore le studio après avoir évoqué la croissance de Midjourney, passé, selon le plaignant, de 200 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2023 à plus de 300 millions de dollars en 2024, avec 21 millions d'abonnés en septembre 2024.
Sur la base de ces arguments, Warner réclame sans surprise des dommages et intérêts, ainsi qu'une injonction visant à mettre fin à ces supposées violations. Sa plainte et les arguments invoqués s'inscrivent dans la droite lignée de la procédure déjà initiée par Universal et Disney à l'encontre de Midjourney en juin dernier.
Midjourney invite à ne pas lire le droit d'auteur de façon trop stricte
Début 2024, Next révélait déjà la propension qu'avait Midjourney à générer des images calquées sur des personnages, des univers ou des marques existants. L'entreprise peut-elle ignorer la question ? Elle ne s'est pour l'instant pas exprimée publiquement sur les plaintes déposées à son encontre.
En remontant le dossier judiciaire de la plainte déposée en juin dernier par Disney, on trouve cependant, en date du 6 août 2025, une réponse écrite de Midjourney adressée à la cour, qui donne à voir quelques-uns des éléments de défense dont la startup fera usage en cas de procès. Et sans surprise, c'est en grande partie derrière la logique de « fair use » que se retranche Midjourney, jurisprudence à l'appui :
« Le droit d'auteur ne confère pas un contrôle absolu sur l'utilisation des œuvres protégées. Le monopole limité accordé par le droit d'auteur doit céder la place à l'usage équitable [fair use, NDR], qui protège les intérêts publics opposés à la libre circulation des idées et de l'information. Entraîner un modèle d'IA générative à comprendre des concepts en extrayant des informations statistiques intégrées dans des œuvres protégées constitue un usage équitable fondamentalement transformateur – une décision largement soutenue par les tribunaux qui ont examiné la question. »
L'éditeur fait également valoir que ses conditions d'utilisation interdisent la violation de droits d'auteur, et affirme ne pas être en mesure de présupposer ou de savoir si une image particulière porte atteinte aux droits d'auteur « en l'absence d'avis du titulaire du droit d'auteur et d'informations sur l'utilisation de l'image ».
Midjourney estime ainsi que les plaignants auraient pu, et dû, en passer par le circuit de notice and takedown (procédure de notification et de retrait de contenu illicite) mis en place conformément aux exigences du Digital Millennium Copyright Act (DMCA).
Batman généré par IA : Warner Bros attaque Midjourney pour violation de droits d’auteur
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Pour Warner, Midjourney aurait pu, ou plutôt dû, bloquer
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Midjourney invite à ne pas lire le droit d'auteur de façon trop stricte
Commentaires (20)
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Abonnez-vousLe 05/09/2025 à 18h10
Le 05/09/2025 à 19h30
Je ne pensais pas voir un jour cette réplique. Merci Next !!
Le 06/09/2025 à 12h30
Qu´un outil permette de dessiner quelque chose de connu et possédé par quelqu'un, ça ne devrait pas être un problème. C´est seulement l´éventuel usage commercial par ladite personne qui devrait l´être. Alors en quoi ça concerne Midjourney?
J´en viens à imaginer Warner porter plainte contre Instagram si un utilisateur poste sur son compte une photo d´un tag de Batman ou d´un nuage ressemblant à Scoobidoo.
Les ayant-droits, arrêtez d´être constamment détestables et lâchez nous un peu la grappe.
Modifié le 06/09/2025 à 12h48
Le 06/09/2025 à 13h11
Pour le moment, on n'en sait rien.
Le 08/09/2025 à 09h41
Les gens deviennent procéduriers de nos jours.... :(
Le 06/09/2025 à 13h30
Je ne crois pas que Midjourney fasse de l´argent sur un Batman en train de se tripoter les tetons (Joël si tu nous lis...).
Le 06/09/2025 à 15h01
On va l'écrire clairement Midjourney a crée un outil PAYANT en l'entrainant à partir de modèles avec propriétés intellectuelles.
Tu peux essayer de le tourner dans tous les sens que tu veux, c'est de l'utilisation d'oeuvres sous copyright à caractère financier.
Le 06/09/2025 à 16h31
Mais, et j´ai peut-être mal compris, j´ai l´impression que Warner n´attaque pas sur "vous avez utilisé nos licences pour entraîner votre modèle". Là c´est "tout le monde peut générer des illustrations de nos IP." C´est pas du tout le même problème.
Je comprends effectivement plus la perspective présentée par @SebGF mais là encore, ça paraît pas si simple que ça. Donc la réponse de la justice sera intéressante.
(Je précise que je ne suis pas du tout un défenseur de Midjourney. Je suis juste perturbé par les arguments de l´attaque tels que je les comprends.)
Modifié le 06/09/2025 à 14h22
Les modèles de diffusion changent un peu la donne, parce que là ils automatisent la génération d'oeuvre sous droit d'auteur sans l'autorisation des ayants droits.
Ici, le problème c'est pas le fait de reproduire un personnage sous droit d'auteur, mais la capacité à pouvoir le faire d'une manière automatisée et sans aucune intervention humaine autre que "génère moi Batman à cheval sur une batlicorne".
Résultat, j'ai eu envie de le faire. Les meilleurs 6 centimes dépensés de ma vie.
Grosso merdo Midjourney et ses équivalents sont des potentielles machines à générer de la contrefaçon en masse avec très peu d'intervention, et ça dérange un peu.
Le 06/09/2025 à 14h33
Le 06/09/2025 à 15h49
(et oui, je mentionne le prix parce que je préfère passer par les API des modèles hébergés par Infomaniak. Fun fact : ça revient moins cher à l'usage qu'un abo Mistral par exemple, sauf à la tabasser comme un malade)
Le 06/09/2025 à 16h33
Après... Est-ce condamnable en soi? Wait & see.
Le 06/09/2025 à 17h20
Mais quand on voit que Anthropic a dégainé la carte du 1.5 milliards de dollars pour tenter d'apaiser les plaintes qui lui sont adressées, ça montre que ces entreprises ne sont pas très à l'aise quant à la légalité de leur activité au regard du droit d'auteur.
Modifié le 08/09/2025 à 10h17
1) le juge a séparé en 2 cas. Les livres achetés par Anthropic en disant que c'était du faire use
2) pour les livres non achetés par Anthropic, il fallait un procès à part et c'est sur ce point qu'ils on fait un accord sur la base de 3 $ par livre (ou autres œuvres) sous copyrights mais utilisé sans droit. La somme d'1,5 milliards de $ peut être revue à la hausse s'il y a plus de 500 000 œuvres piratées.
On peut donc considérer que pour ce qui est entraîné sur des œuvres non piratées (achetées ou mises à disposition du public légalement), c'est du fair use, par contre, l'utilisation de bibliothèques d'œuvres piratées compilées pour entraîner les IA, c'est interdit.
Ça me semble assez équilibré comme position et dans l'esprit de la jurisprudence US sur le Copyright.
Il reste à trancher sur le cas des œuvres mise à disposition du public mais pour lesquelles les détenteurs de droits ne veulent pas qu'elles servent à l'entraînement des IA.
Édit : la somme semble énorme, mais ça ne fait que 3 $ de dommages et intérêts par œuvre piratée, ce qui n'est pas disproportionné par rapport au prix d'un livre.Je ne sais plus calculer ni lire ! 3000 $ par œuvre ça semble au contraire très cher. Ça leur aurait coûté moins cher de les acheter.Le 06/09/2025 à 20h23
Le 06/09/2025 à 15h52
Modifié le 06/09/2025 à 16h22
Le 06/09/2025 à 18h23
Le 08/09/2025 à 09h57
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