Disney et Universal attaquent Midjourney en justice pour violation du Copyright
Hollywood contre-attaque

La plainte des deux studios est la première engageant la bataille entre Hollywood et les entreprises d'IA générative. Disney et Universal poursuivent Midjourney pour infractions directes et indirectes au copyright.
Le 12 juin à 14h00
4 min
Droit
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Mercredi 10 juin, les deux studios hollywoodiens ont déposé plainte contre Midjourney. Alors que les entreprises d'IA générative étaient jusque-là plutôt attaquées par des éditeurs de livres ou de médias comme le New York Times, cette plainte les fait entrer dans une autre dimension.
« Le site de Midjourney affiche des centaines, voire des milliers, d'images générées par son service d'images à la demande de ses abonnés qui portent atteinte aux droits des plaignants », affirme les deux studios dans leur plainte [PDF] repérée par Variety.
En janvier 2024, Next montrait déjà que Midjourney recrache des images Pixar et d’œuvres protégées, parfois sans qu’on le lui demande. Midjourney nous avait proposé des images de trois personnages dont les droits appartiennent à Disney et aux studios Pixar (propriété de Disney) : Wall-E et Woody et Buzz l’Éclair de Toy Story. Évidemment, les studios hollywoodiens l'ont, eux aussi, repéré.
De Hulk à la princesse Elsa en passant par les Simpsons
Après plus d'un an et demi à fourbir leurs armes juridiques, Disney et Universal ont donc déposé plainte. Dans le document, on peut voir des comparaisons d'images entre ce qui est généré par l'outil de MidJourney et des extraits de différents films. Notamment, on peut y voir des personnages de l'univers Marvel (racheté par Disney) comme Deadpool et Wolverine, Iron Man, Spider-Man, Hulk. Mais aussi des images dérivées de la saga Star Wars avec Darth Vader, Yoda, R2-D2, C-3PO et Chewbacca. Des personnages de dessins animés Disney comme la princesse Elsa et Olaf, Simba du Roi Lion, les Simpson (dans le giron de Pixar) ou Buzz l'éclair. Des images de la franchise Dragons de DreamWorks (propriété d'Universal), de Shrek d'Universal et des Minions d'Illumination (racheté par Universal) font aussi partie du lot.






« Le comportement de Midjourney détourne la propriété intellectuelle de Disney et d'Universal et menace de bouleverser les incitations fondamentales de la loi américaine sur le Copyright, qui sont à la base du leadership américain dans les domaines du cinéma, de la télévision et d'autres arts créatifs », affirme la plainte.
Contrefaçon « calculée et délibérée »
« La contrefaçon de Midjourney est calculée et délibérée », affirment même les deux studios. « Les plaignants ont demandé à Midjourney de cesser de violer le copyright de leurs œuvres et, au minimum, d'adopter des mesures technologiques, que d'autres services d'IA ont mises en œuvre pour empêcher la génération de matériel contrefait », ajoutent-ils.
Rappelons quand même que Midjourney n'est pas la seule entreprise d'IA générative à jouer ce petit jeu. OpenAI s'est, par exemple, servi massivement du style du réalisateur anti-IA Miyazaki pour la promotion de ses modèles.
Les deux studios hollywoodiens affirment que « Midjourney, qui a attiré des millions d'abonnés et a gagné 300 millions de dollars rien que l'année dernière, se concentre sur ses propres résultats et ignore les demandes des plaignants ». Disney et Universal ont envoyé des mises en demeure à l'entreprise d'IA générative mais n'ont reçu aucune réponse.
Ils demandent des dommages-intérêts sans pour autant en spécifier le montant, mais aussi une « injonction préliminaire et/ou permanente » empêchant Midjourney de violer ou de distribuer leurs œuvres copyrightées.
« Nous sommes convaincus des promesses de la technologie de l'intelligence artificielle et optimistes quant à la façon dont elle peut être utilisée de manière responsable en tant qu'outil pour faire progresser la créativité humaine », a déclaré Horacio Gutierrez, directeur juridique de Disney, au New York Times, ajoutant « mais le piratage reste le piratage, et le fait qu'il soit effectué par une société d'IA ne le rend pas moins contrefaisant ».
Disney et Universal attaquent Midjourney en justice pour violation du Copyright
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De Hulk à la princesse Elsa en passant par les Simpsons
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Contrefaçon « calculée et délibérée »
Commentaires (17)
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Abonnez-vousLe 12/06/2025 à 14h08
Ils auraient envoyé les Stormtroopers, ça n'aurait inquiété personne.
Le 12/06/2025 à 14h25
Le 12/06/2025 à 14h55
Un peu comme des Vogons en matière de tir. Par contre, pour la bureaucratie, les Vogons sont redoutables
Le 12/06/2025 à 14h34
Le 12/06/2025 à 14h16
Le 12/06/2025 à 15h24
Surtout de la part de dysney !
Modifié le 12/06/2025 à 15h48
Le 12/06/2025 à 17h27
Le 12/06/2025 à 18h03
D'après ce texte, le problème n'est pas que ca "recombine" et que le résultat final est trop ressemblant à une image sous copyright Disney.
Le problème cité c'est qu'avec un prompt "Yoda with lightsaber, IMAX" on peut obtenir des copies d'images sous copyright Disney. Exactement comme avec Google.
Le 12/06/2025 à 16h47
En source de revenue complémentaire pour next vous devriez mettre en vente certain poster de notre bon @Flock
Perso je me prendrais bien quelque displate ou équivalent pour mon bureau
Le 12/06/2025 à 17h01
Là c'est midjourney qui est sous le feu mais il va y avoir la même chose pour la musique, les romans, bientôt pourquoi pas les BD et/ou les films.
Je vois très bien dans quelques temps l'IA "pondre" des planches de BD dans le même univers qu'une série existante, même après la mort des auteurs.
Et si midjourney tombe , il y aura 100 sites web qui vont prendre le relais, dont en chine (et en Asie en général), ou dans des pays "non-coopératifs" voire qui ont ouvertement intérêt à nuire aux USA .
C'est une forme de "fake" finalement, et on voit aujourd'hui que ce sont pas les lois qui changent quelque chose au niveau mondial (voir les fakenews, les sites d'info "générés par IA", ou encore les fake-nudes). A part la formation & l'éducation, à l'heure actuelle je vois pas trop ce qu'il est possible de faire.
Modifié le 13/06/2025 à 15h24
- quelques accords seront signés pour éviter des procès avec les sociétés qui ont les moyens de faire peur,
- les sociétés d'IA vont continuer à piller à tout va,
- les artistes, blogueurs, journalistes, et autres créateurs "faibles" juridiquement n'auront que leurs yeux pour pleurer,
- madame Michu sera par contre toujours considérée comme une dangereuse terroriste à abattre si elle stream ou torrent le même contenu pompé par les sociétés d'IA. Mais au moins elle pourra générer une image de Yoda allant aux toilettes et elle sera contente.
Modifié le 12/06/2025 à 17h17
En droit US, on ne peut pas copyright un style. Par contre, les personnages de Disney sont sous copyright et leur reproduction est, en principe, interdite sans autorisation ou en dehors d'un cadre privé (il me semble qu'ils ont des droits de citation, parodie, etc comme en France).
Typiquement, il existe plusieurs cas de personnages de cartoons montrant un canard qui parle : Duffy Duck, Donald Duck, Howard the Duck, etc.. Copyrighter "un canard anthropomorphe qui parle" n'est pas possible aux USA. C'est la composante (il y a un terme précis, mais il m'a échappé) du personnage qui définie son unicité qui est sous copyright : le plumage noir de Daffy, la vareuse de marin de Donald, quant à Howard il porte un costume cravate en général et il fume, Picsou avec sa veste et son haut-de-forme, etc..
Le 16/06/2025 à 09h26
Le 16/06/2025 à 11h02
Un autre truc me vient (ça doit être la frénésie du lundi) : les studios ne veulent pas voir leurs images générées par les IA mais eux-mêmes utiliseront très probablement l'IA pour réduire le coût de leur dessins-animés de plus en plus mauvais et en produire encore plus pour noyer les gosses sous la médiocrité.
Ça ne concerne que les particuliers : en quoi ça fait du mal à ces studios que des gens qui s'ennuient perdent leur temps Ghibliser leurs photos de famille ?
Le 16/06/2025 à 13h44
Et si c'est toi qui fait générer par Suno tes propres musiques, je ne vois pas en quoi ce serait une violation de droit d'auteur. Ça serait valide si c'était une autre personne qui le ferait dans ton accord.
Les outils ne sont que des outils. Ils ne génèrent pas spontanément des contenus violant potentiellement le droit d'auteur. C'est aussi une nuance à avoir : c'est l'usage qui est problématique (mais aussi la question des données d'entraînement pour les USA, le fair use pour ce cas n'étant pas tranché. Dans l'UE, c'est déjà cadré).
Le 18/06/2025 à 11h43