Connexion
Abonnez-vous

Stop Killing Games : la pétition atteint le million de signatures, et maintenant ?

Laissez-nous jouer !

Stop Killing Games : la pétition atteint le million de signatures, et maintenant ?

La pétition Stop Killing Games, qui cherche à interpeller la Commission européenne sur la question des éditeurs de jeux vidéo qui n'assurent pas la pérennité de leurs titres, a dépassé jeudi le seuil cible du million de signatures. Ce cap ouvre la voie à un processus d'examen au terme duquel Bruxelles devra décider de l'éventuelle action à entreprendre.

Le 04 juillet à 12h02

Ce devait être le chant du cygne, mais l'appel a finalement galvanisé les troupes : la pétition Stop Killing Games a franchi jeudi, en fin d'après-midi, le cap du million de signatures, alors que le recueil reste possible jusqu'au 31 juillet. Ce seuil du million n'a pas qu'une valeur symbolique : c'est lui qui, dans le processus d'« initiative citoyenne européenne », valide que l'objet de la pétition recueille un assentiment populaire suffisamment important pour que la Commission européenne soit officiellement saisie du sujet.

Vendredi vers 11h30, le décompte affichait 1,084 million de signatures

Une réponse sous six mois

Maintenant que ce cap est atteint, quelle est la suite ? Le processus officiel prévoit que l'initiative qui a recueilli le soutien d'au moins un million de personnes, avec un nombre plancher de signatures dans au moins sept pays de l'Union européenne, donne lieu à une présentation formelle devant des membres de la Commission européenne.

« Il s'agit d'une discussion structurée sur le contenu de l’initiative, visant à permettre à la Commission de comprendre clairement ses objectifs (et d'obtenir les éventuelles clarifications nécessaires) avant qu'elle prépare sa réponse », explique Bruxelles.

L'exécutif européen dispose ensuite d'un délai de six mois pour produire une réponse, dont la teneur n'est pas garantie : c'est en fonction de son examen que la Commission décide si et comment il est de son ressort d'intervenir sur le sujet.

En cas de conclusion favorable à une réponse législative, le dossier emprunte alors le circuit traditionnel : la Commission mène des travaux préparatoires (consultations publiques, analyses d'impact, etc.), puis présente une proposition législative au Parlement et au Conseil, qui doivent l'approuver pour que la loi devienne applicable. Cette option n'est cependant pas la seule envisageable.

« [La Commission] n’est pas tenue de proposer un acte législatif en réponse à une telle initiative : elle peut décider d’autres types de suivi, par exemple des actions non législatives ou la mise en œuvre de la législation existante. Quelle que soit la décision prise par la Commission en réponse aux demandes d’une initiative, elle en expliquera clairement les raisons. »

C'est cette incertitude quant aux suites que pourrait donner l'Europe à l'initiative, qui justifie selon ses partisans une forme de flou dans la formulation de la pétition.

« La formulation de l'Initiative citoyenne européenne est très intentionnelle et est destinée à résoudre le problème de la destruction des jeux vidéo, tout en restant suffisamment flexible pour donner aux éditeurs et développeurs autant de liberté que possible. Si l'initiative est adoptée, c'est la Commission européenne qui décide des termes finaux, pas nous. À la lumière de cela, il est préférable de garder la demande aussi simple que possible pour minimiser tout risque d'interprétation erronée. Non seulement les spécificités peuvent être ignorées par la Commission européenne, mais plus elles sont nombreuses, plus elles peuvent détourner l'attention du problème principal, qui est celui des jeux vidéo vendus intentionnellement détruits. »

La mobilisation se poursuit

Techniquement, la pétition n'est pas encore validée : il faut encore que les signatures recueillies via l'outil central de la Commission européenne soient vérifiées, l'objectif étant bien sûr de prévenir un bourrage des urnes virtuel. Pour ce faire, Bruxelles fait appel à une autorité nationale dans chacun des États membres, à qui les signatures sont envoyées, de façon chiffrée, pour contrôle. En France, c'est au Bureau des élections politiques de l'une des directions du ministère de l'Intérieur qu'incombe cette tâche. C'est cette étape de vérification qui justifie que la pétition demande, outre l'identité du signataire, une adresse postale.

Problème : l'engouement massif suscité par la pétition ces derniers jours pourrait avoir incité des internautes à multiplier les signatures. Une fraction du million déjà recueilli pourrait ainsi se voir invalidée. Sur le salon Discord dédié à l'initiative, les organisateurs invitent donc leurs soutiens à ne pas lever le pied sur la mobilisation, et à viser au moins 1,5 million de signatures avant la date butoir.

« Nous l'avons fait ! (...) mais notre tâche n'est pas achevée. Par sécurité, nous avons besoin de pousser pour 500 000 signatures supplémentaire... »

Hébergées sur un site satellite de l'initiative, les courbes qui retracent l'évolution du volume de signatures, pays par pays, au fil du temps, montrent une première vague d'accélération à partir du 23 juin, suivie d'un second mouvement nettement amplifié à partir du 1er juillet, auquel le soutien de PewDiePie (youtubeur spécialisé dans le jeu vidéo, fort de plus de 110 millions d'abonnés) n'est sans doute pas étranger. Au 4 juillet, l'Allemagne figure en tête de la mobilisation, avec 221 000 signatures, devant la Pologne (115 000) et la France (106 000).

Évolution du nombre de signatures enregistrées par pays sur les trente derniers jours

Jeudi après-midi, la page dédiée à l'enregistrement des soutiens à la pétition a par ailleurs souffert d'un accès très ralenti, voire indisponible par moments, ce que son instigateur, Ross Scott, a attribué à des tentatives de déni de service distribué, sans que la véracité d'une attaque coordonnée ait été démontrée depuis. Il appelle désormais ses soutiens à ne pas relâcher la mobilisation, et signale dans le même temps que l'initiative Stop Killing Games a également franchi une étape significative au Royaume-Uni. La pétition nationale visant à faire étudier le sujet de la fin de vie des jeux vidéo par le Parlement britannique a, elle aussi, largement dépassé le seuil de validation fixé à 100 000 signatures.

Reste une inconnue : les éditeurs de jeu vidéo tiendront-ils compte de cet élan de mobilisation avant même une éventuelle réponse législative ou réglementaire en adaptant leurs pratiques ? Hasard du calendrier, EA a annoncé cette semaine la fermeture prochaine des serveurs d'Anthem, un jeu exclusivement multijoueur intégré à son offre d'abonnement et lancé en 2019.

Commentaires (14)

votre avatar
Question de noob pour juriste : une loi ne peut pas avoir d'action rétroactive et donc tous les jeux déjà sorti sont condamnés à la décision de l'éditeur ou je me trompe ?

En tout cas, c'est une belle initiative si ça donne une vraie législation pour l'avenir ☺️
votre avatar
La rétroactivité de la loi s'applique dans certain cas.
Quand il s'agit de mettre fin a une situation injuste, le législateur peut décider de la rétroactivité.
En l'occurrence la rétroactivité ici concernerait des jeux déjà supprimé, et il sera compliqué de les ressusciter.
Mais la loi peut s'appliquer pour les jeux encore existant quelques soit leur date de sortie
votre avatar
Après ça pourrait être un bout de loi qui légitime l’abandonware, un peu comme la rétro-ingénierie de DRM est autorisée si c’est pour des raisons d’interopérabilité.
votre avatar
A moins de trouver une parade juridique qui le justifierait, non, en effet. Et ca sera encore + difficile si le développeur ou l'éditeur du jeu n'existe plus.
votre avatar
Il pourrait être intéressant, si un éditeur n'existe plus, de "libérer" ses œuvres/logiciels de ses droits.
votre avatar
Il pourrait être intéressant, si un éditeur n'existe plus, de "libérer" ses œuvres/logiciels de ses droits.
Ce n'est pas si évident que ça : en cas de faillite d'une entreprise, la propriété intellectuelle (et / ou les brevets) peut faire partie des actifs revendus pour payer les créanciers.

Et n'oublions pas que le respect du droit d'auteur et de la propriété intellectuelle font partie des droits fondamentaux de l'UE (article 17). Au même titre que la Déclaration des droits de l'homme de 1789 sur laquelle repose le socle juridique français, le droit de propriété est inaliénable (article 17 aussi, amusant !).
votre avatar
Sans compter que même avec la "libération", ce n'est pas gagné.
Pharoh : a new era a été créé en repartant de zéro parce que les sources de Pharaon sont perdues et Sierra disparue depuis longtemps, mais ce jeu restera une exception. D'ailleurs Zeus, Empereur et les Caesar n'ont pas été recréés, alors qu'ils sont assez proches de Pharaon.
votre avatar
Ça a été recrée... parfois... par les joueurs.

Caesar 3 a tué Brutus grâce au projet Julius, ou encore Augustus basé sur Julius avec quelques nouveautés. Il semble que le développement soit terminé car plus d'updates.

L'existence d'Augustus a permis Akhenaten RA pour Pharaoh, même si "A new Era" existe. Le développement est actif.

Zeus semble avoir connu une tentative nommée eZeus mais pas d'updates depuis un an.
votre avatar
En tout cas, c'est une belle initiative si ça donne une vraie législation pour l'avenir ☺️
Mais la route risque d'être encore longue si ça découle d'un texte européen (seul niveau pour que l'impact soit signifiant) ! Et cela ne pourra concerner que les nouveaux jeux mis sur le marché à date d'application.
votre avatar
Pour ceux qui viendront après !
votre avatar
"On continue" :fr:
votre avatar
Plutôt qu'une pétition concernant les pratiques inélégantes d'un éditeur de jeux vidéos, j'aurais préféré une pétition concernant les pratiques hostiles de certains éditeurs de bases de données envers ses clients. J'ai consulté un devin (ou oracle), il m'a dit que ça ne serait pas pour tout de suite.
votre avatar
En gros, faire une pétition qui n'a rien à voir avec celle de l'article ? :D
votre avatar
Si tu es citoyen d'un pays membre de l'union européenne tu peux proposer ta propre pétition. Après à toi de communiquer à son sujet pour la faire obtenir le nombre de votes nécessaire.

Stop Killing Games : la pétition atteint le million de signatures, et maintenant ?

  • Une réponse sous six mois

  • La mobilisation se poursuit

Fermer