Succès pour Ariane 6, le satellite CSO-3 déposé « précisément à son point de livraison »
Philippe Baptiste sonne la charge !

C’est fait. Ariane 6 a réussi son premier lancement commercial. La mission est un succès sur toute la ligne, avec une dépose précise du satellite militaire CSO-3 à 800 km d’altitude (orbite héliosynchrone), après plusieurs réallumages (prévus) du moteur Vulcain.
Le 06 mars à 19h37
4 min
Sciences et espace
Sciences
Cette fois, c’était (enfin) la bonne
Après de multiples reports, dont un dernier en début de semaine, Ariane 6 a finalement décollé en fin d’après midi de Guyane. L’Europe peut pousser un ouf de soulagement : la mission est un succès sur toute la ligne.
Le décollage s’est effectué sans la moindre anicroche puis, après une heure de vol, a bien effectué le largage de la charge utile. Entre temps, le moteur Vinci a été redémarré plusieurs fois pour ajuster la trajectoire de l'étage supérieur, comme prévu.

Les premières minutes de fonctionnement sont juste idéales et parfaites
Vers 18h30, Arianespace indiquait que « le satellite CS0-03 vient d'être déposé précisément à son point de livraison afin qu'il puisse à son tour remplir brillamment sa mission en symbiose avec CSO-01 et CSO-02 ».
« On a acquis le signal de télémétrie du satellite, on a détecté sa bonne séparation. La séquence automatique a démarré, on a déployé les quatre panneaux solaires […] On peut dire que les premières minutes de fonctionnement sont juste idéales et parfaites », ajoute Paul Arberet, chef de projet senior au CNES.
Souveraineté, souveraineté et souveraineté
« Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche avec Elon Musk à ses côtés a déjà des conséquences considérables sur nos partenariats sur la recherche, sur nos partenariats commerciaux », a déclaré Philippe Baptiste dans le live accompagnant le lancement (l'intégralité du live figure dans la vidéo plus bas dans cet article) : « Dois-je mentionner les incertitudes qui pèsent aujourd’hui sur nos coopérations avec la NASA et la NOAA, quand des programmes aussi emblématiques que l’ISS sont remis en cause unilatéralement par Elon Musk ? »
L'ancien président du CNES et désormais ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche, rattaché à Élisabeth Borne, a sonné la charge contre les États-Unis et les enjeux de souveraineté :
« Si nous voulons conserver notre indépendance, assurer notre sécurité, préserver notre souveraineté, nous devons nous donner les moyens de notre autonomie stratégique. Et le spatial en est une composante incontournable. L’espace est présent partout, de nos téléphones aux champs de bataille, dans les télécommunications, la navigation et l’observation de la Terre. Ce lancement joue un rôle particulier car il permet la mise en orbite d’une nouvelle capacité spatiale militaire […] Nous ne devons pas céder à la tentation de préférer SpaceX ou un autre concurrent qui paraît plus à la mode, plus fiable ou moins cher aujourd’hui ».
Pour Philippe Baptiste, Ariane 6 est un « nouveau jalon essentiel » de notre souveraineté. Cette question n’est pas nouvelle, elle occupe même l’espace médiatique depuis quelques années (et encore ici), mais elle est devenue d’autant plus importante avec le retard d’Ariane 6 et la mise à la retraite d’Ariane 5, sans compter les déboires de Vega(-C).
« Une étape importante du retour à l’autonomie et à la souveraineté spatiale française et européenne est franchie », a de son côté déclaré Sébastien Lecornu, ministre des Armées. Il ajoute que CSO permet « à nos armées, et à nos alliés, d'obtenir des images optiques et infrarouges à une définition inégalée en Europe ».
Vous pouvez revoir le lancement et les discours sur la vidéo ci-dessous :
Succès pour Ariane 6, le satellite CSO-3 déposé « précisément à son point de livraison »
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Cette fois, c’était (enfin) la bonne
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Les premières minutes de fonctionnement sont juste idéales et parfaites
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Commentaires (26)
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Abonnez-vousLe 06/03/2025 à 19h42
Le 06/03/2025 à 23h51
Modifié le 07/03/2025 à 21h34
Et ça, c'est juste avec une Falcon 9 de base (la Heavy a encore une plus grande compétitivité, x3...)
Ariane 6, même si très performante et très précise, tout comme Ariane 5 qui pour son dernier lancement a envoyé le télescope James Webb avec une précision parfaite, ce qui a fait gagner plusieurs dizaines de kg de combustible pour le télescope et donc plusieurs années de vie, et bien maintenant, les coûts des lancements ne sont plus compétitifs en 2025.
On est encore sur du jetable, quand une Falcon c'est une quinzaine de réutilisation de son 1er étage.
Et enfin:
Jeff Bezos qui déteste Elon Musk a réservé une dizaine de lancements d'Ariane 6 pour sa constellation de satellites Kuiper. Finalement à gros contre coeur, il a du se résoudre à faire un 1er lancement avec du Falcon 9 sinon il perdait son autorisation de licence commerciale sur les fréquences.
Les lancements sur des Ariane 6 sont plus onéreux que sur Falcon 9 Heavy, mais quand on est multi milliardaire et qu'on déteste quelqu'un, et bien on y met de sa poche...
Tant mieux pour ArianeEspace mais là on est sur un cas très très particulier...
La France a refusé de lancer son satellite militaire par les US pour garder un maximum de confidentialité sur tous les paramètres et a patiemment attendu qu'Ariane 6 s'envole une 2nd fois.
Mais mis à part Jeff et sa question d'égo (Elon & Mark Z. devaient aussi se mettre sur la tronche y'a 2 ans dans une cage en fer à la MadMax... mais on attend toujours la date du fight...), on choisit toujours le moins-disant à prestations égales.
Et au passage, en Europe, on est un peu con aussi, ou trop gentil:
"Aux US, une loi stipule que tout lancement dont le financement est d'origine publique doit être obligatoirement réalisé par des sociétés américaines uniquement."
Météo France a tout à fait le droit de payer SpaceX pour lancer son satellite.
L'inverse est interdit par contre (NOAA & ArianeEspace
Cas différent avec le lancement du télescope James Webb car c'était considéré comme une contribution en nature de l'ESA à un programme scientifique international, qui de mémoire, avait été valorisée à ~ 400 millions d'€ sur... US$12 milliards mais l"Europe (la France principalement) a aussi fourni certains des instruments du télescope... Comme quoi on est loin d'être à la ramasse... Si on voulait mais surtout si on pouvait...
(Désolé, toujours trop trop longues mes réponses)
Modifié le 11/03/2025 à 11h04
Le fait que l'Europe retrouve son autonomie, même si elle ne sera clairement pas le leader sur cette génération, est déjà on gros point positif.
Le 07/03/2025 à 17h33
Le 07/03/2025 à 17h45
Et la légendaire fiabilité d'Ariane peut changer la donne.
Modifié le 07/03/2025 à 18h42
Modifié le 07/03/2025 à 08h19
En suite même a plein régime Ariane 6 n'a pas été prévu pour aller au delà d'un tir par mois, ce qui était déjà beaucoup avant que Space X ne change la donne. Il faut voir que Falcon 9 est une exception dans le spatial et s'il a autant de tir c'est en grande partie grâce à Starlink. Le plus gros client de la Falcon 9, c'est Space X lui même.
Modifié le 07/03/2025 à 08h18
Et oui, sur les 26 lancements de Falcon 9 effectués cette année, seulement 7 hors Starlink seulement 7 hors Starlink. La cadence est donc auto alimentée par sa propre filiale. Et en balayant rapidement le tableau 2024, à vue de nez les vols commerciaux externes n'ont l'air de représenter qu'un quart des lancements.
Modifié le 07/03/2025 à 21h44
Ne pas oublier non plus que quand on descend un niveau plus bas dans l'analyse des %, tout ce SpaceX envoie et qui n'est pas du Starlink représente environ quand même 90% du marché des lancements commerciaux de satellites dans le monde...
- La Russie ? Quel pays a envie de passer commande à la Russie actuellement ? Surtout que le dernier atterrissage sur la Lune, bof bof... Bon après la Lune c'est loin aussi (~430 000km) vs LEO (170km-500km), plus facile.
- l'Inde & et la Chine ont bien des lanceurs mais pour le moment, pas encore ouverts pour des lancements de satellites autre que pour eux seulement.
- Le Japon : je sais pas trop en fait, on n'en entend pas trop parler, des fois ça marche, des fois c'est plutôt feu d'artifice. Pas sûr qu'ils ont ouvert leur lanceurs commercialement.
- l'Europe : aux abonnés absents depuis plusieurs années et avec du matos d'une ou 2 générations en retard, fiable sûrement mais qui coûte une blinde à chaque qu'on s'en sert (une fois chaque).
Ne reste plus que 2 ou 3 acteurs actuellement dans la course et ils sont tous Américains...
Ha sinon des néo-zélandais qui essayent apparemment de rentrer dans la course aussi: Rocket Lab.
Le 07/03/2025 à 14h53
Côté Vega, le prochain tir est également prévu cet été, un peu avant Ariane 6 pour le moment.
Le 07/03/2025 à 11h20
Le 08/03/2025 à 14h07
Le 06/03/2025 à 21h39
Voilà qui fait plaisir !!
Le 06/03/2025 à 22h17
Le 06/03/2025 à 22h18
Modifié le 06/03/2025 à 23h34
Ça fait plaisir que tout ce soit déroulé sans problème, bravo à eux
Le 06/03/2025 à 23h52
Le désert est passé, bientôt le retour pour ~11 lancements par an ?
Le 07/03/2025 à 08h13
- La souveraineté ne tient qu'à un site de lancement en Guyane ou il y en a d'autre ?
- Qu'en est-il pour les concurrents ?
- Les russes ont-ils la capacité d'envoyer des choses dans l'espace actuellement ?
Merci a vous
Modifié le 07/03/2025 à 14h21
Le plus souvent il n'y qu'un seul pas de tir par type de fusée, mais ça n'a rien d'une règle absolue. C'est quand même plutôt rare que l'on estime que ça vaille la peine d'en construire plusieurs.
Space X est encore une exception vu sa cadence de tir énormes, il utilise deux pas de tirs différents sur des sites que la NASA lui loue en Floride (à Cape Canaveral et au Kenedy Space Center) et un sur son propre site en Californie. Il est aussi en train de faire un pas de tir à Cape Canaveral pour le Starship en plus des deux pas de tirs qu'il a déjà sur son site de Boca Chica au Texas.
Soyouz était également lançable depuis Kourou en plus de Baïkonour. Mais, étrangement, ça n'est plus le cas depuis 2022.
Oui, Soyouz marche bien même s'il est une catégorie en dessous de Ariane / Falcon 9.
Modifié le 07/03/2025 à 09h01
2 - complexe à répondre
3 - La Russie dispose de Baïkonour mais ça ne plaît plus vraiment au tsar Vladimir I depuis déjà de longues années car le site est situé au Kazakhstan.
Depuis déjà une quinzaine d'années, la Russie a démarré la construction d'un nouveau et 1er site en Russie... Le Cosmodrome de Vostotchny. mais comme tout bon pays socialiste, la corruption a miné le projet de partout... Des dizaines d'enquêtes pour corruption et détournement de fonds lancées par la justice Russe, CNN parle de US$ 1,8 milliards sur tout le programme spatial russe et de US$ 150 millions pour Vostotchny qui se sont '
évaporés..
Bon finalement la 1ere fusée a été lancée en 2024:
1st launch of Angara rocket
Modifié le 07/03/2025 à 11h34
Elle vole encore en configuration légère là, mais le Vinci a montré au premier vol qu'il pouvait déposer sa cargaison à plusieurs orbites.
Donc en configuration lourde à 4 boosters pour sa capacité d'emport maximale, elle peut tout à fait faire du covoiturage pour 2 ou 3 missions différentes au prix d'un seul tir, réduisant le tarif pour les clients.
En tout cas chapeau à Arianespace, 2 lancements d'une toute nouvelle fusée sans aucun incident majeur (echec du dernier rallumage de Vinci au premier ce qui ne l'a pas empeché de placer ses charge à bon port), et cette vanne qui a reporté 2 fois le dernier lancement) et des paramètres de vol parfaits.
Je pense que c'est dû au fait de la standardisation (elle bénéficie des echecs de Vega C, son premier étage)
Je crois que les boosters aussi sont standards pour Ariane et Vega
SpaceX a fait une fusée exceptionnelle avec Falcon 9
Ariane et l'ESA font du rationnel fiable et précis.
Le 07/03/2025 à 14h50
Le 07/03/2025 à 15h12
Le 07/03/2025 à 16h03
Le 07/03/2025 à 15h07