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Album silencieux, Une unique : au Royaume-Uni, médias et artistes se mobilisent face à l’IA

I fought the law

Album silencieux, Une unique : au Royaume-Uni, médias et artistes se mobilisent face à l’IA

Médias et artistes britanniques se sont mobilisés ce 25 février pour lutter contre un projet de loi qui introduirait une exception au droit d’auteur au Royaume-Uni.

Le 27 février à 16h50

Mardi, au Royaume-Uni, tous les journaux avaient la même Une : un aplat bleu sur lequel il était inscrit « Make it fair ». Le A et le I du mot fair étaient inscrits en blanc, pour rendre le sujet évident : AI, ou IA, l’intelligence artificielle.

Every major UK newspaper - left, right, broadsheet, tabloid - is running a front page campaign against copyright carveouts for AI training. I can't remember the last time any political cause had such broad support, let alone one so anti-big tech and so economically consequential.

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— Reuben Binns (@rdbinns.bsky.social) 25 février 2025 à 10:06

Le même jour, sur les plateformes de streaming, Damon Albarn, Annie Lennox, Kate Bush et plus d’un millier d’artistes publiaient l’album Is this what we want, douze titres qui forment la phrase « The British government must not legalize music theft to benefit AI companies » (le gouvernement britannique ne doit pas légaliser le vol au profit des sociétés d’intelligence artificielle) et se composent de 47 minutes de silence.

Réforme « contreproductive » du copyright

L’objet de ces mobilisations est le même : lutter contre un projet britannique de réformer le droit d’auteur en faveur des entreprises d’IA. Elton John, Sting et Dua Lipa et une trentaine d’artistes ont par ailleurs co-signé une lettre ouverte publiée dans The Times qualifiant le projet d’ « absolument non nécessaire et contreproductif », mettant en danger « non seulement la position internationale du pays en tant que pôle de créativité, mais aussi les emplois, la contribution économique et le "soft power" qui en découlent – et nuisant particulièrement aux nouveaux et jeunes artistes qui représentent l'avenir de notre nation ».

En parallèle et en soutien, les éditeurs des plus grands médias britanniques ont lancé la campagne Make it Fair, coordonnant la publication d’une même Une le 25 février. Message joint : « Le gouvernement veut modifier les lois britanniques pour favoriser les grandes plateformes technologiques et leur permettre d’utiliser les contenus créatifs britanniques pour alimenter leurs modèles d'intelligence artificielle, sans notre autorisation ni paiement. Protégeons les industries créatives – ce n'est que justice. »

Exception au droit d’auteur

Le projet du gouvernement travailliste consiste à créer une « exception au droit d’auteur » pour permettre l’entraînement de modèles d’IA à des fins commerciales. S’il était appliqué, les entreprises concernées n’auraient plus à demander l’autorisation des ayant-droits pour utiliser certaines de leurs productions. Le texte prévoit néanmoins un mécanisme de « réservation de droit », par lequel les créateurs pourraient s’opposer à l’usage de leurs œuvres dans l’entraînement de systèmes d’IA.

En décembre, le gouvernement britannique avait ouvert une consultation sur la possibilité d’introduire une exception au copyright pour les sociétés d’intelligence artificielle qui, déjà, avait fait réagir l’industrie culturelle.

Quelques mois plus tôt, les majors Sony Music, Universal Music Group et Warner Records avaient de leur côté porté plainte contre deux sociétés d’IA, Suno et Udio, pour des violations de copyright d’une « ampleur inimaginable ».

L’inquiétude est partagée à travers le monde : en 2023, aux États-Unis, les grèves qui ont perturbé les activités d’Hollywood visaient notamment à réclamer des garde-fous en matière d’intelligence artificielle. En France, en amont du Sommet sur l’IA de début février, 34 000 artistes et créateurs signaient une tribune alertant contre les dangers de l’IA.

Commentaires (24)

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Donc, pour protester contre le plagiat, ils plagient John Cage ?!
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tu y vas quand même un peu fort en parlant de plagia, le morceau 4'33" peut (doit ?) être composé des bruits d'ambiance de la salle dans laquelle il est interprété, donc en aucun cas du silence "absolu".
Après, on peut toujours dire qu'ils se sont inspirés de J. Cage, si tu y tiens vraiment. ;)
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Mon commentaire n'était pas sérieux 🤷‍♂️
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« Make it fair »
C'est juste puisqu'ils peuvent s'opposer à l'usage de leurs œuvres :
S’il était appliqué, les entreprises concernées n’auraient plus à demander l’autorisation des ayant-droits pour utiliser certaines de leurs productions. Le texte prévoit néanmoins un mécanisme de « réservation de droit », par lequel les créateurs pourraient s’opposer à l’usage de leurs œuvres dans l’entraînement de systèmes d’IA.
On remarquera d'ailleurs qu'ils veulent faire la même exception que ce que l'on a fait dans l'UE.
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Le retour de la revanche des ayant-droits et du droit d’auteur.
Ca sort les grands mots: créativité, liberté, pluralité...
Et au final ca vend l'accès au contenu contre un chèque.
On nous a déjà fait le coup.

Leur slogan ca devrait être: "On veut bien être pillé mais à condition d'être payé".
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C'est fou ça quand même, des gens qui osent exiger d'être payé pour le travail fourni. Quelle bande de malotrus !
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Y a aucun mal a vouloir faire passer l'aspect mercantile avant les grands idéaux.
Mais faut assumer ce discours et pas être hypocrite.
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"Sauvez la créativité ! Nous voulons continuer à produire des best ofs et des alboums de jeunes qui reprennent des vieux !"
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La génération par IA de musique, films ou jeux ou toute autre oeuvre ne devrait pas pouvoir être commercialisée à partir du moment où elles ont été entrainées sur des oeuvres non libres, ne serait-ce pour respecter les auteurs qui ont servi à l'entrainement, et qui devraient alors toucher leur part (part qu'on ne peut pas "quantifier" avec ces IA).
Dans le cas des IA entrainées sur des sources totalement libres et permettant un usage commercial, il devient par contre impératif que "généré par IA" soit indiqué, histoire que leur exploitation se fasse en connaissance de cause
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Vilipendons aussi Gainsbourg pour ses emprunts à la musique classique.

Les auteurs sont déjà extrêmement bien protégés et leurs héritiers aussi. Ça suffit de vouloir encore et toujours aider des privilégiés.
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Cela dépend de quels auteurs on parle... si on prend la publication scientifique, ils ne touchent absolument rien. Et les IA vont se servir grassement ou payer les éditeurs, mais certainement pas les auteurs.
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Le droit d'auteur protège bien en France, mais je me sens pas trop privilégié pour autant :/
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C'est parce que tu oublies que tes héritiers pourront profiter des revenus de tes écrits 70 ans après ta mort.
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Ça doit être pour ça que je ne me sens pas privilégié :D
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Pour préciser le fond de ma pensée, ce sont plus les ayants droit que les auteurs qui sont privilégiés dans ce cas de figure.
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Les protestataires ne demandent pas un élargissement de la protection de leurs droits, ils demandent que ces droits ne soient pas réduits.
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À quelle partie de mon commentaire, le tien répond-il ?

Et quels droits seraient réduits à partir du moment où ils peuvent choisir que leurs œuvres ne soient pas utilisées ?
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Le 2e paragraphe.
Et les droits des auteurs seront réduits puisqu'ils ne seront plus protégés par défaut.
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Totalement HS : Dites l'équipe Next, ça fait 2 fois depuis le début du mois que j'envoie un message à support@next.ink pour obtenir une facture pour mon abonnement, et je n'ai toujours pas de réponse. Quelqu'un peut m'aider ?
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Désolé pour ça, je regarde demain.
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Merci ! (surtout à cette heure tardive :-) )
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Tu travailles aussi le samedi ?!!! :mdr:
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Depuis que @fred42 a révélé au monde que je n’étais pas milliardaire je suis bien obligé de mettre les bouchées doubles…
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C’est donc toi le premier trillionnaire ?

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