Europol alerte sur l’essor de communautés en ligne dédiées à torturer des enfants
Âmes sensibles s'abstenir

Andrew Petrischev pour Unsplash +
L'agence européenne de police criminelle Europol alerte sur le développement et l'essor de communautés en ligne qui se consacrent à piéger des enfants pour leur faire subir une escalade de sévices, allant jusqu'à les torturer. Leur modus operandi connait un rappel dans l'actualité récente, avec l'arrestation, fin janvier, de deux des administrateurs d'un des groupes les plus emblématiques de cette pédocriminalité.
Le 24 février à 10h29
7 min
Sécurité
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La réalité n'a parfois rien à envier aux polars noirs. Dans une note d'information, adressée aux forces de l'ordre mais aussi à tous les services en charge de la protection de l'enfance, l'agence de police criminelle européenne Europol alerte sur la croissance significative des violences en ligne ciblant des enfants.
Elle y décrit comment des groupes de criminels mettent en œuvre des mécaniques de recrutement et de corruption, voire d'endoctrinement, similaires sur le principe à celles dont usent les sectes à dimension religieuse, pour conduire leurs victimes à commettre ou subir des actes qui alimenteront ensuite leurs échanges en ligne.
« Ces groupes en ligne sont interconnectés et forment un réseau qui recrute des délinquants et des victimes à l'échelle mondiale », affirme Europol. D'après l'agence, ces groupes seraient notamment animés par la diffusion de contenus à caractère violent, pouvant aller de la cruauté sur des animaux à la pédocriminalité ou au meurtre.
La dissémination de ces contenus servirait bien sûr à nourrir les bas instincts des membres du réseau. Elle alimenterait aussi une forme de compétition entre les différents groupes le composant. Elle jouerait enfin un rôle d'attraction. « La diffusion de contenus extrêmes sert à désensibiliser les personnes vulnérables, dans le but de briser les normes sociétales et de normaliser la violence pour corrompre les mineurs et les préparer à de futures violences », indique l'agence. Autrement dit, recruter aussi bien des bourreaux que des victimes potentielles...
Les enfants et ados vulnérables en ligne de mire
« Les cibles privilégiées sont les mineurs particulièrement vulnérables entre 8 et 17 ans, notamment les LGBTQ+, les minorités raciales et les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale, tels que la dépression et les idées suicidaires », prévient Europol.
Les communautés en ligne dédiées à ces profils constitueraient un terreau particulièrement fertile pour les prédateurs en quête de victimes, souligne encore l'agence. Elle appelle à la plus grande vigilance quant aux signes avant-coureurs d'une démarche d'emprise : modifications substantielles du caractère ou des habitudes de vie, animosité ou renfermement sur soi, intérêt pour des idéologies extrêmes, marques physiques de mutilation.
L'agence appelle également à surveiller les comportements en ligne, notamment les conversations initiées sur des messageries sécurisées, ou la consommation et le partage de contenus à caractère violent ou explicite.
Elle décrit une technique d'approche déjà largement documentée (notamment dans le contexte du grooming, francisé en pédopiégeage), avec une prise de contact misant d'abord sur la création d'un sentiment de proximité. L'agresseur tente en parallèle d'obtenir des informations personnelles sur sa victime, pour ensuite basculer les échanges vers des espaces plus sécurisés et entamer un jeu de manipulation, de chantage ou de pression psychologique, avec des demandes de plus en plus poussées ayant ici pour but d'isoler et fragiliser la victime, pour ensuite l'amener à céder à ses exigences.
Des groupes sous-tendus par des idéologies extrêmes
« Ces exigences comprennent la production d’images sexuellement explicites, la perpétration d’actes de violence contre d’autres personnes et des animaux, l’automutilation et même des tentatives de suicide. Les actes d’automutilation les plus courants exigés sont les coupures, les brûlures et la gravure de noms ou de symboles sur la peau des victimes avec des lames, en signe de loyauté envers l’agresseur et le groupe », décrit Europol.
« Ces actes extrêmement violents sont souvent liés à des communautés ayant des liens idéologiques violents avec l'extrême droite. Leurs dirigeants prônent l'effondrement de la société moderne par des actes de terreur, de chaos et de violence, propageant des idéologies qui inspirent des fusillades de masse, des attentats à la bombe et d'autres actes de terrorisme », indique encore l'agence.
« Des victimes prises au piège d’un cycle de maltraitance »
La publication de cette note d'information intervient peu de temps après l'arrestation de deux des administrateurs d'un groupe baptisé CVLT, soupçonné d'avoir perpétré des actes criminels à l'encontre de 16 mineurs. Réalisé le 30 janvier dernier, ce coup de filet porterait à quatre le nombre des membres de CVLT placés entre les mains de la justice, dont un Français, emprisonné depuis 2022.
Le département de la justice américaine (DoJ) explique comment les membres de ce groupe auraient incité et contraint des enfants à commettre des actes sexuels dégradants ou violents, allant jusqu'à l'incitation au suicide au cours d'une diffusion vidéo en direct. « Le CVLT a spécifiquement ciblé des victimes vulnérables, dont certaines souffrant de problèmes de santé mentale ou ayant des antécédents d’abus sexuels », indique le DoJ, selon qui le groupe « prône le néonazisme, le nihilisme et la pédophilie comme principes fondamentaux ».
L'ombre de CVLT et de The Com plane toujours
Ces deux nouvelles arrestations sont le prolongement d'une enquête au long cours, qui depuis des années cherche à suivre et neutraliser les ramifications de CVLT, depuis renommé en « 764 », mais aussi et surtout du mouvement plus large auquel appartient le groupe.
Europol, comme le DoJ, rattache en effet CVLT à une entité virtuelle baptisée « The Com ». « Il existe de nombreux groupes, associations et sous-groupes en évolution qui constituent le réseau en ligne connu sous le nom de The Com, abréviation de communauté. The Com est une communauté virtuelle de groupes et d'individus qui mènent des activités illicites qui glorifient la violence grave, la cruauté et le sang », décrit l'agence.
The Com a notamment pris corps aux yeux du grand public à partir du printemps 2024, quand une enquête conjointe menée par Wired, Der Spiegel, Recorder et le Washington Post a montré comment ces groupes pédocriminels se retrouvaient autour d'espaces de discussion et d'idéologies communs. Les médias partenaires de l'enquête s'appuyaient alors sur l'analyse de plusieurs millions de messages hébergés sur plus de 50 boucles de discussion hébergées sur Discord et Telegram. Ils décrivaient comment les mécaniques communautaires étaient mises au service de la glorification d'actes violents.
« Pour avoir accès à la majorité de ces groupes, les membres potentiels doivent diffuser en direct ou télécharger des vidéos montrant leurs victimes mineures en train de blesser des animaux ou de se faire du mal, de se suicider, de se tuer ou d'accomplir d'autres actes de violence. Les principales motivations de ces groupes sont d'acquérir une notoriété et d'augmenter leur statut au sein de leur groupe », analysait déjà le FBI en 2023.
Europol alerte sur l’essor de communautés en ligne dédiées à torturer des enfants
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Les enfants et ados vulnérables en ligne de mire
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Des groupes sous-tendus par des idéologies extrêmes
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« Des victimes prises au piège d’un cycle de maltraitance »
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L'ombre de CVLT et de The Com plane toujours
Commentaires (28)
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Abonnez-vousLe 24/02/2025 à 10h34
Le 24/02/2025 à 10h39
Un peu comme l'explosion du nombre de cancers, qui est aussi dû à une meilleur détection, bien plus tôt.
Même si je ne doute pas un instant qu'il y a un réel essor... et ça fait froid dans le dos.
Le 24/02/2025 à 12h06
La médiatisation facile grâce au numérique.
Et bien sûr plus on vieillit plus on en apprend sur notre monde.
Certains se sont fait une grande renommée bien avant Internet/
Cela ne nous empêche pas de continuer le combat pour éviter cela
Le 24/02/2025 à 10h56
Au moins en Irak, on peut marier les petites filles dès 9 ans.
https://www.slate.fr/monde/mariage-enfants-9-ans-autorise-irak-loi-protection-mineurs-droits-humains-filles-chiites-sunnites-autorites-religieuses-famille-viols-violences-inegalites
Le 24/02/2025 à 10h57
(humour, tout ca...)
Le 24/02/2025 à 11h19
Le 24/02/2025 à 11h20
Le 24/02/2025 à 11h50
(Humour, paradoxe ...)
Mais sans déconner, à quel moment une personne "saine" se dit que de torturer un enfant, ça peut être quelque chose de "bien" ? C'est du sadisme à l'état pur 😕
Le 24/02/2025 à 12h17
En 2025, c'est de plus en plus dur :(
Le 24/02/2025 à 12h48
Le 24/02/2025 à 13h04
Ah bon ! Il vont supprimer les sites web de l'education national et de Parcours supp ?
Le 25/02/2025 à 17h15
Le 26/02/2025 à 09h10
Le 24/02/2025 à 13h39
Modifié le 24/02/2025 à 14h49
1. Viols d’une enfant de 4 ans et réseau pédophile : l’assistant familial est un ancien candidat LFI et militant LGBTQI+ Pierre-Alain Cottineau qui avait partagé ces actes sur Internet, auprès d’une communauté de pédocriminels.
2. Le militant LFI Tom Dubois, un ex-gilet jaune et candidat aux élections législatives de 2022 soupçonné de "corruption de mineurs".
J'ose même pas imaginer le traitement médiatique que cela aurait été si c'était des encartés RN :p Mais là, silenceeee...
En tant que journalistes vous devez être neutres pour éviter toute manipulation des esprits, vous manquez gravement au code déontologique de votre profession.
Le 24/02/2025 à 15h00
Tu souhaites que cet article qui reprend europol ne soit pas publié tant qu'il n'y aura pas la même chose dans la balance ?
Ou tu souhaites qu'ils fassent des articles sur tes 2 sujets proposés ?
Alors donne des sources déjà, pour qu'il y ai un peu de matière, non ?
Pis t'as pas peur que ça fasse trop orienté à charge de LFI tes suggestions ? Un fan de LFI va sûrement râler qu'il manque des articles de pédo chez les marcheurs, un autre ailleurs, ...
C'est sans fin cette quête au nom de l'équité dans l'horreur.
Le 24/02/2025 à 15h23
C'est un habituel mantra extrême droite de se victimiser, dire qu'il y a de la censure à son encontre ou qu'on cache des choses… alors que c'est dispo et qu'on retrouve makheureusement leur prose un peu partout.
Le 24/02/2025 à 16h34
"Leur modus operandi connait un rappel dans l'actualité récente, avec l'arrestation, fin janvier, de deux des administrateurs d'un des groupes les plus emblématiques de cette pédocriminalité."
L'activité récente concerne le groupe pédo criminel dont le cerveau se trouve être le candidat LFI et militant LGBTQI+ Pierre-Alain Cottineau.
Or, dans l'article l'auteur accuse encore et toujours une extrême droite qui n'a strictement rien à voir dans l'histoire. L'auteur fait l'amalgame entre "l'activité récente" et un communiqué d'Europol qui ne se base sur rien de concret. Les plus grandes affaires de réseaux pédo criminels ont eu lieu en Angleterre avec des gangs de pakistanais qui n'appartiennent certainement pas à l'extrême droite.
Je constate seulement que ce journal dérive violemment vers l'ultra gauche et le militantisme décomplexé de ses lecteurs qui balancent leurs idéologies dans les commentaires.
Cela n'a rien à foutre dans un journal tech, que ce soit des idées de droite ou de gauche, le journalisme DOIT rester neutre.
Modifié le 24/02/2025 à 17h00
Ah, oui «souvent liés… extrême droite». C'est une citation du texte Europol «. Such extremely violent acts are often linked to communities with violent right-wing extremist ideological connections.», qu'est-ce qui te fais dire qu'Europol n'a rien de concret ?
Le 24/02/2025 à 17h00
D'ailleurs, je n'ai pas perçu de penchant politique particulier chez cet auteur ce qui est plutôt agréable.
Le 24/02/2025 à 17h05
La sortie de l'affaire Cottineau est un hasard du calendrier (en l'occurrence, j'ai rédigé cet article vendredi, je n'en avais pas connaissance). On en parlera peut-être si elle présente un volet cyber justifiant son traitement sur Next.
Je n'accuse ni l'extrême droite, ni personne d'autre, de quoi que ce soit, faut arrêter de délirer, il n'y a aucune prise de position dans cet article, il y a la simple description d'une affaire sordide, qui a conduit à une enquête d'envergure mondiale.
Sur ce genre de sujets, tu penses que notre calcul c'est "haha, vite, un sujet sur les pédocriminels pour dire du mal de la droite" ?
Modifié le 24/02/2025 à 17h31
Stp, pas de mauvaise foi.
Je lis de plus en plus de commentaire polémiques et tu ne peux pas le nier. Votre journaliste qui n'écrit QUE des articles à charge contre l'extrême droite fait couler beaucoup d'encre.
Ce qui est malhonnête ici c'est que tu aies sciemment oublié de mentionner l'appartenance politique du cerveau de ce réseau. Et c'est bien normal, vu que vous avez pris un virage à gauche très serré.
Je suis apolitique et je constate que ce média laisse s'exprimer des gens (auteurs comme lecteurs) aux idées de gauche nauséabondes, voire dangereuses. Ceux de droite étant une très large minorité ils sont plutôt tranquilles en commentaire.
Vous devriez vivement vous recentrer sur la neutralité, l'impartialité et non pas attirer des vues à ce public infâme qui salit votre image.
D'ailleurs tu ne rebondis pas sur les gangs pakistanais ni sur le candidat LFI :p Ecrire un long discours pour ne rien dire, ça n'avance à rien.
[Edit]
Ah wai carrément les croix gammées sur l'article du Point] vous êtes en plein délire sévère.
Le 24/02/2025 à 17h50
Le 24/02/2025 à 18h17
Ouais, ni de gauche, ni de gauche comme disait l'autre
«Ceux de droite étant une très large minorité ils sont plutôt tranquilles en commentaire.»
Ah, ben moi je trouve qu'on trouve pourtant de plus en plus de commentaires orientés plutôt à droite, comme quoi ça reste un problème de perception.
Le 25/02/2025 à 02h07
Modifié le 25/02/2025 à 09h54
Terme qui me fait bien sourire, car majoritairement repris par des individus très très (très) à Droite mais refoulés en quelques sorte, qui ne veulent pas l'admettre. Alors que, dans leurs propos ou leur conception du monde, il n'y a aucun doute possible.
Autant l'apolitisme sur le plan associatif etc a du sens (et encore, jusqu'à une limite - je vois mal la Croix Rouge ne pas critiquer un génocide par exemple). Autant sur le plan individuel j'ai énormément de mal à croire que la personne ne soit pas positionnée, même à minima, et on va alors plutôt parler d'apathie politique plutôt que d'apolitisme (cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Apolitisme ).
Le 25/02/2025 à 13h27
Généralement, les idées nauséabondes viennent de l'extrême droite ou de l'extrême gauche, pas de la gauche.
Mais je peux comprendre que pour une personne "apolitique", les idées de fraternité, de défense des minorités opprimées sont nauséabondes ...
Modifié le 26/02/2025 à 22h27
Et puis les medias de droite, la parole d'extrême droite, c'est pas du tout ce qui manque de nos jours malheureusement, alors franchement ce genre d'énergumène """apolitique""" peut aller voir ailleurs si des articles bien construits comme on en lit ici chaque jour, ne lui plaisent pas.