Le directeur pédagogique d’une école de journalisme génère ses articles par IA
« Mais tu écris n'importe quoi, en fait »

Interrogé par Arrêt sur images, à qui nous avions transmis notre enquête à son sujet, le patron du groupe de presse Économie Matin reconnaît que ses articles sont bien générés par IA, contrairement à ce que son rédacteur en chef adjoint prétendait initialement. Ce dernier, par ailleurs « prompt engineer » du groupe, attribue de son côté les dizaines de plagiats que nous avons en outre identifiés à un « bug du script » envoyé à ChatGPT qui, « étant complètement idiot, parfois, ne fait pas ce qu'on lui dit ».
Le 17 février à 11h19
33 min
IA et algorithmes
IA
Plus des 2/3 des (soi-disant) 1 500 sites d'informations générés par des IA (GenAI) que nous avons identifiés dans le cadre de notre enquête ont été créés par des professionnels du marketing numérique et du SEO (pour Search Engine Optimization).
Si quelques-uns cherchent à se présenter comme émanant de groupes de presse, seuls 10 de ces sites sont édités par une entreprise reconnue « d'intérêt politique et général » (IPG) par la Commission paritaire des publications et des agences de presse (CPPAP), ce qui ouvre droit à un taux réduit de TVA à 2,1 %, une exonération de taxe professionnelle et des tarifs postaux préférentiels : Économie Matin.
Le site, qui figurait à la 284ᵉ place du classement SimilarWeb des sites web d'information (catégorie presse et médias) les plus consultés en France, en janvier, et qui se présente comme « le leader des pureplayers économiques français », est cela dit considéré comme « n'étant pas fiable » par L'Observatoire des sources de Wikipédia, parce qu' « épinglé pour avoir relayé des infox et publié des publicités déguisées ».

En 2022, une enquête d'Arrêt sur Images avait en effet identifié Economie Matin et son fondateur Jean-Baptiste Giraud comme faisant partie des médias et journalistes ayant contribué à diffuser des articles de désinformation en faveur de clients ou à l'encontre de concurrents de l' « agence de communication » Avisa Partners (qui avait de son côté attaqué Next INpact en Justice suite à ces révélations, avant de les abandonner – Next a depuis fait appel). Ce pourquoi nous leur avons partagé notre enquête, n'hésitez pas à aller consultez la leur : « Chez "Economie Matin", l'IA est déjà partout ».
Codirecteur pédagogique d'une école de journalisme d'extrême-droite
Également chroniqueur à CNews, Jean-Baptiste Giraud est aussi le cofondateur et codirecteur pédagogique de l'Institut libre de journalisme (ILdJ), proche des réseaux des milliardaires d'extrême-droite Vincent Bolloré et Pierre-Edouard Stérin.
Cette école privée, qui « prépare la relève à droite » d'après Valeurs Actuelles, « pépinière pour libéraux conservateurs et catholiques identitaires » selon La Vie, est par ailleurs hébergée « par le très droitier Institut de formation politique » (IFP) relevait Arrêt sur images, et « créée par la droite identitaire pour conquérir les médias », soulignait une enquête du Monde.
« Plus de 80 % des intervenants y assument ouvertement un discours de droite, ou d'extrême-droite », relevait Le Monde. Si la majeure partie des offres d'emploi qui leur sont proposés émanent du Figaro, les médias possédés par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré, dont CNews et le JDD, représenteraient « le premier filon de recrutement » de ses étudiants.
Sa « formation aux techniques du journalisme », initialement répartie en « 6 week-ends » seulement, ne dure accessoirement que 150 heures, désormais étalées sur 10 week-ends, « soit 10 fois moins que dans la plupart des écoles reconnues par la profession, où la formation s'étale généralement sur toute la semaine, pendant deux années », précisait Le Monde.
Ce qui en ferait une formation « low-cost » d'un point de vue pédagogique, mais fort onéreuse comparée aux autres écoles privées : la formation y coûte en effet « 1 250 € les 10 week-ends », contre 7 000 à 8 000 euros par an en moyenne pour les autres écoles privées de journalisme.
La Lettre révélait par ailleurs, en décembre dernier, que Jean-Baptiste Giraud briguait en outre une investiture comme candidat estampillé Rassemblement National (RN) dans le Perche, après y avoir adhéré suite à la dissolution du Parlement en 2024.
Des articles amputés par une énigmatique balise « ```html »
La page de présentation de Jean-Baptiste Giraud, sur le site d'Economie Matin, rappelle que le titre de presse fut initialement un hebdomadaire papier, lancé en 2004, relancé comme pure-player sur Internet en 2012. Le journaliste renvoie étrangement à son profil Google+. Un réseau social qui n'existe plus depuis avril 2019, alors qu'il est pourtant et par ailleurs actif sur X.com depuis 2010 (sous le pseudonyme @mediatrainingfr, passé en privé).
Tout aussi étrangement, Jean-Baptiste Giraud n'écrit quasiment que sur les prix du fioul domestique, du gaz, du carburant et les résultats du Loto. Et ce, tous les jours (fériés compris). Il a plus précisément pour « morning routines » de publier ses articles sur le prix du carburant en France (à 3h31 pétantes), du fioul domestique (à 5h30) et du gaz (à 10h03), ainsi que, tous les soirs, ses articles sur les résultats du loto ou d'Euromillions (à 20h10), systématiquement illustrés par les mêmes images.



Ses articles sur les prix des carburants finissent tous, là aussi étrangement, par un paragraphe intitulé « Conclusion » (ce que ne font jamais les journalistes : un article n'est pas une rédaction scolaire ou universitaire), systématiquement amputée, empêchant ses lecteurs de pouvoir la lire. Elles sont, au surplus, clôturées par une énigmatique balise « ```html ».





Il pourrait s'agir d'un simple bug technique. Mais ses articles sont aussi truffés de listes à puces et de tableaux, l'un des marqueurs caractéristiques des tactiques, techniques et procédures (TTP) des articles GenAI, tout comme le fait de les conclure par un paragraphe intitulé « Conclusion ».
« 0 joueurs ont remporté 0 euros, soit un total de 0 euros »
Un recours généralisé à l'IA que semblent confirmer ses articles sur les résultats du loto et/ou d'EuroMillions, qu'il publie souvent à 20h10 tapantes, et qui révèlent en outre que Jean-Baptiste Giraud ne relit probablement pas les articles qu'il signe pourtant de son nom.
Les 9 mars, 21 août et 23 novembre, le journaliste écrivait par exemple que « Lors du dernier tirage loto en date, 0 joueurs ont remporté 0 euros, soit un total de 0 euros. De même, 0 joueurs ont touché 0 euros ce qui représente tout de même 0 euros ». Une formulation pour le moins étonnante, qu'il a pourtant publié au moins 10 autres fois.

L'article consacré au tirage loto du mercredi 24 juillet 2024 comporte un autre message d'erreur encore plus intrigant : « :citation[oaicite:0]{index=0} », qui semble associé à ChatGPT, et est plusieurs fois mentionné par les membres de la communauté de développeurs d'OpenAI.

Interrogé, ChatGPT répond que « oaicite pourrait être un système de gestion des citations ou une fonctionnalité associée à un outil comme OpenAI », qui pourrait servir à de la « génération automatique de contenu avec citations », ou « indiquer un bug ou un problème dans le système de génération ou de rendu des citations » :
« Le code que tu fournis semble être un artefact ou un placeholder utilisé dans un système de génération ou d'intégration de citations, probablement lié à un outil automatisé comme une API ou un générateur de contenu. »
« Pourquoi ne pas acheter 176559 décorations d’Halloween »…
Estimant le montant de la prochaine cagnotte à 3 millions d'euros, Jean-Baptiste Giraud illustrait par ailleurs le tirage du 30 octobre dernier, veille d'Halloween, avec un improbable inventaire à la Prévert :
« Il vous sera par exemple possible d’acheter 176559 unités de décoration d’Halloween citrouille au prix de 16,99 euros. Ou encore 93780 pinatas sorcières au prix de 31,99 euros. Naturellement, la liste des choses qu’il est possible de faire en remportant le résultat loto du mercredi 30 octobre 2024 grâce aux numéros gagnants loto du 30 octobre 2024 ne s’arrête pas là. Pourquoi ne pas acheter 200134 kits de décoration murale cimetière ? »

Ces suggestions ne relèvent pas d'un bug, mais bien d'une fonctionnalité : ses articles relatifs aux résultats du loto et d'Euromillions comportent tous, en effet, une phrase indiquant aux éventuels gagnants qu' « Il vous sera par exemple possible d’acheter » un nombre tout aussi abracadabrantesque de choses dont l'énumération laisse pantois :
- 2 500 smartphones au prix de 800 euros. Ou encore plus de 1 600 lits en bois massif au prix de 1200 euros.
- 33.333 nappes de Noël au prix de 60 euros. Ou encore 44.444 poupées au prix de 45 euros.
- 109.090 pantalons au prix de 55 euros. Ou encore 10.909 tables au prix de 550 euros.
- 244.444 gilets polaire au prix de 45 euros. Ou encore des 5.500 scooters au prix de 2000 euros.
- 135 135,14 unités de panier pour chien au prix de 74 euros. Ou encore 64.035 débroussailleuses au prix de 154 euros.
Ces listes improbables sont, en outre, suivies d'une alternative, en mode « Naturellement, la liste des choses qu’il est possible de faire […] ne s’arrête pas là. Pourquoi ne pas acheter » : 455 Renault Mégane E-Tech, 6666,67 unités de montre connectée, 34.285 tondeuses, 44444 guitare classique, 54.545 chaises à 110 euros chacune, 80.000 planches à pain, 88.000 râteaux, environ 116.666 nappes, 204 081,63 poêles, 272.727 appareils à raclette, environ 571 429 arrosoirs, plus de 866.000 casquettes, ou encore « 14,286 unités de château gonflable HAPPY HOP Aire de jeux gonflable Mega Combo au prix de 629.99 euros [...] 187,537 voitures radiocommandées AQUA THYPHOON ROSE au prix de 47.99 euros », voire «
1,803,607 de Séchoir à linge à suspendre 26 pinces »...

Les jeux d’argent présentent des risques... ou pas, dixit l'IA
Ces improbables inventaires à la Prévert sont d'autant plus révélateurs que Jean-Baptiste Giraud publiait depuis (au moins) 2021 des articles consacrés aux résultats du tirage Euromillions. À l'époque, il restait factuel. Son apparent recours à l'IA, à partir du printemps 2023, quelques mois après le lancement de ChatGPT, en a cela dit considérablement modifié – et même retourné – le ton.
Fin janvier 2023, il écrivait par exemple que « les chances de gagner le jackpot sont très faibles, puisqu'elles sont estimées à une sur 139 millions » :
« Bien qu’il y ait beaucoup d’avantages à participer à l’Euromillions, comme la possibilité de gagner des jackpots massifs, il y a aussi des inconvénients. Les participants doivent savoir qu’ils risquent de perdre plus d’argent qu’ils n’en gagnent à long terme. Cela est dû au fait que les jeux de hasard sont basés sur des probabilités et que, malgré un taux de redistribution important, la maison finit toujours par prendre l’avantage. »
Début mars, il rappelait par ailleurs que « les jeux d’argent présentent des risques (addiction, isolement, pertes financières) » :
« En cas de problèmes, n’hésitez pas à consulter un professionnel. Le site www.joueurs-info-service.fr permet d’avoir une écoute et un accompagnement. Un numéro de téléphone est également disponible : le 09.74.75.13.13. »
A contrario, et à partir de la mi-mars, ses articles commencèrent à surtout mettre en avant les perspectives de gain mirobolantes, sans même mentionner le « biais des survivants » (consistant à ne prendre en compte que ceux qui ont réussi – à gagner au Loto, en l'espèce –, sans mentionner le fait que l'écrasante majorité des autres joueurs ont, pour leur part, perdu), en mode « vous êtes peut-être détenteur des numéros gagnants » :
« Vous pourriez par exemple faire le choix d’un Boggi Milano, d’un Bexley, d’un Hockerty ou de toute autre marque qui vous passe par la tête. Vous n’avez plus de limite de budget. […] Même après l’achat de la Lamborghini ou de la maison d’une superficie plus grande que toutes les maisons que vous ayez jamais visitées, il vous resterait encore de l’argent. […] Pour ce qui est des femmes, les marques de luxe ne manquent pas et les idées sont nombreuses. Tenues, manteaux, chapeau, accessoires, sacs à main, tout est à portée du gagnant du tirage euromillions. Il vous suffit de tendre votre carte bleue pour que les commerçants se précipitent vers vous. »
« Vous pourriez acheter près de 95 appartements de prestige de 200 m² »
Fin mars, il cessait de publier le message de prévention, se bornant à avancer que « si vous décrochez les 17 millions d'euros, vos rêves les plus fous pourraient devenir réalité » :
« Imaginez-vous, par exemple, créer votre propre parc d'attractions sur mesure, avec des montagnes russes à votre image et des attractions uniques. Vous pourriez également vous offrir un voyage dans l'espace, grâce aux nouvelles technologies et compagnies spatiales privées, pour vivre une expérience hors du commun. Envie d'un projet philanthropique ? Avec la cagnotte de l'Euromillions, vous pourriez financer la construction d'écoles, d'hôpitaux ou de centres de recherche pour contribuer au bien-être et à l'éducation des populations les plus défavorisées. »
« Laissez-vous rêver aux appartements que vous pourriez acquérir dans différentes villes si vous deveniez le grand gagnant de cette cagnotte », écrivait-il mi-avril, enfonçant le clou de son revirement vers des articles ne reflétant que les seules espérances de gains, en mode « biais des survivants » :
« Euromillions : achetez 3.000 billets de trains ce 14 avril 2023 ! […] Par exemple, à Paris, avec 76 millions d'euros, vous pourriez acheter environ 38 appartements de luxe de 200 m², à 2 millions d'euros chacun. Toujours en France, à Lyon, la cagnotte vous permettrait d'acquérir près de 95 appartements de prestige de 200 m², au prix de 800.000 euros l'unité. […] La cagnotte du tirage vous permettrait d'acquérir environ 380 appartements de 150 m² à Lisbonne, au prix de 200.000 euros chacun, vous offrant ainsi l'opportunité de profiter du charme de cette ville historique et ensoleillée. »
Et ce, sans expliciter l'incongruité de proposer « d'acquérir près de 95 appartements de prestige de 200 m², au prix de 800.000 euros l'unité », ou encore « environ 380 appartements de 150 m² à Lisbonne, au prix de 200.000 euros chacun », ce qu'aucun conseiller financier (ni journaliste) ne saurait, a priori, raisonnablement proposer.
Ces drôles d'inventaires rappellent en revanche une préoccupation bien identifiée dans le monde du référencement Web : celle qui consiste à éviter la création de contenus dupliqués à l'intérieur d'un même site, en produisant par exemple un même article chaque jour de tirage du loto. La problématique a d'ailleurs donné naissance à des outils d'automatisation bien avant l'avènement de l'IA générative, à l'image des logiciels de "content spinning", chargés de multiplier les versions d'un même texte en combinant des variantes de mots clé ou de structures de phrase.
327 articles en un mois, soit 15 articles par jour (en moyenne)
Les autres articles que Jean-Baptiste Giraud a signés de son nom ces derniers mois ne sont par ailleurs, et majoritairement, que des retranscriptions et reprises de ses chroniques éco pour CNews (ce qu'il ne précise pas, se contentant d'une mention de leurs replays sur Twitter), ou de ses Minutes conso pour RadioScoop (idem, se contentant de mentionner un lien vers le podcast).
Rien qu'en ce mois de décembre, Jean-Baptiste Giraud a publié 84 articles sur economiematin.fr, dont 76 consacrés aux prix du gaz, du fioul, du carburant et aux résultats du loto et d'Euromillions, plus 8 articles semblant correspondre à des retranscriptions de ses chroniques – mais non mentionnées comme telles.
Il en a aussi publié 78 autres sur lenergeek.com, 28 sur les-smartgrids.fr, 13 sur juriguide.com, 5 sur armees.com (tous remplis de listes à puces et de tableaux typiques des articles GenAI), plus 1 sur politiquematin.com (le transcript de l'une de ses interventions sur CNews), quelques-uns des autres sites de son groupe de presse.
Soit 209 articles en un mois, ou près de 10 par jours ouvrables, dont 200 semblants avoir été rédigés, en tout ou partie, avec l'aide d'une IA, sans jamais le mentionner.
Nous n'avons pas vérifié l'intégralité des articles publiés sur les 10 sites identifiés comme faisant partie du groupe Économie Matin par l'ensemble de ses employés. Nous avons par contre découvert que Paolo Garoscio, qui travaille dans le groupe depuis 2013 et qui en a été désigné rédacteur en chef adjoint à l'automne dernier afin, d'après La Lettre, d'être le « garant de la ligne éditoriale et du traitement journalistique » du groupe de presse, était encore plus « productif » que son patron.
Il a en effet, publié, rien qu'en ce mois de décembre 2024, 124 articles sur economiematin.fr (soit 6 par jours ouvrables), plus 40 sur armees.com, 37 sur lautomobiliste.fr, 24 sur lenergeek.com, 4 sur politiquematin.fr, plus 1 sur greenvert.fr et 1 autre sur santematin.fr.
Il en a également publié 77 autres sur le Journal de l'économie, 10 sur RSE Magazine, 6 sur Les carnets du business, plus 3 autres sur Les carnets de l'économie, Entreprises et décideurs et Not Like The Others, sept des sites du groupe VA Press, avec qui il travaille aussi depuis 2015, et qui semble lié avec le groupe Economie Matin.
Au total, le rédacteur en chef adjoint d'Economie Matin a donc publié 327 articles en un mois, soit plus de 15 par jours ouvrables en moyenne. Un chiffre qui semble bien difficile à tenir pour un journaliste humain, d'autant que le rédacteur en chef ne se repose pas, comme son patron, sur des articles automatisés consacrés aux prix du gaz, du fioul, du carburant ou aux résultats d'Euromillions.
En outre, plusieurs s'avèrent n'être que de simples copier-coller d'articles publiés par ailleurs, en anglais, traduits en français, et augmentés de ces tableaux et listes à puces typiques des articles GenAI optimisés pour le SEO. Et ce, sans que l'auteur ne mentionne les articles qu'il paraphrase voire plagie, à l'instar de la centaine d'autres sites d'information GenAI que nous avons identifiés comme reposant, eux aussi, en tout ou partie, sur du plagiat.
Des plagiats copier-collers (mais traduits), et des circonstances accablantes
Circonstance accablante : le système de republication se permet même de rajouter des « © armees.com » aux images d'illustrations qu'il pompe, sans mentionner les crédits d'origine qui, pour plusieurs d'entre eux, sont pourtant des contenus publiés en Creative Commons. Une licence qui avait précisément été conçue pour, a contrario, permettre le partage de contenus, et lutter contre les conséquences néfastes de l’appropriation des œuvres sur la libre circulation des connaissances.
Ce 6 décembre 2024, Paolo Garoscio publiait, par exemple, un article intitulé « Les scientifiques découvrent une espèce de dinosaure 5 fois plus grande que le Tyrannosaurus Rex ». Or, il s'agit de la traduction littérale d'un article intitulé « Scientists discover dinosaur species 5x larger than Tyrannosaurus Rex » publié le 28 novembre sur The Brighter Side of News, ce qu'il ne précise pas.


Cette découverte remontait en réalité à 2020. Armees.com l’a (re)publiée, non pas parce qu'il s'agissait d'une nouvelle information vérifiée, recoupée et susceptible d'intéresser son lectorat, mais parce que le site qu'il plagie, créé par un père et son fils dans le cadre d'un projet d'action sociale au lycée pour « partager des nouvelles informatives et inspirantes du monde entier afin d'égayer la vie des gens », venait d'y consacrer un article.
Le 22 novembre 2024, Paolo Garoscio signait par ailleurs un article titré « Votre groupe sanguin influence votre risque d’AVC précoce, selon des scientifiques » reposant, là encore, sur une publication scientifique datée (de 2022). Il s'agit là aussi d'une réécriture paraphrasée d'un autre article éponyme, intitulé « Your Blood Type Affects Your Risk of an Early Stroke, Scientists Discover », publié sur ScienceAlert.com le 10 octobre 2024.
Plus drôle, ou plus gênant : le 18 novembre 2024, Paolo Garoscio signait un autre intitulé « Le 1er médicament au monde pour la régénération des dents sera administré aux humains en septembre », soit… deux mois plus tôt.
Là encore, l'article a rajouté « Armees.com » en légende de sa photo dédiée, et intègre une vidéo (en japonais, au demeurant). Or, la photo émane en fait du stock de Depositphotos, et servait, elle aussi, d'illustration d'un article en anglais au titre éponyme publié en mai 2024 sur newatlas.com, qui avait, lui aussi, intégré cette même vidéo.


La seule valeur ajoutée de l'article d'Armees.com, outre le fait qu'il ait été traduit en français : l'insertion de listes à puces et de tableaux, typiques des modus operandi des générateurs de texte par IA optimisés pour le SEO.
Armees.com mentionne certes les sources primaires qui figuraient, elles aussi, en bas de l'article de newatlas.com, mais pas qu'il avait paraphrasé et copié-collé ce dernier. Reste que la publication, en novembre 2024, d'un article consacré à une expérience qui « débutera en septembre 2024 », laisse aussi supposer qu'il aurait en outre été mis en ligne sans avoir été relu ou corrigé, ni par son auteur, ni par un quelconque autre membre de la rédaction, contrairement aux usages dans la profession.
Des articles ni relus, ni corrigés, ni validés, mais néanmoins publiés
On peine par ailleurs à comprendre le rapport entre la ligne éditoriale d'armees.com, censée proposer à ses lecteurs « l’essentiel de l’information militaire en un minimum de temps », et les sujets d'une bonne partie des articles que Paolo Garoscio y signe et publie.
Y figurent en effet, et notamment, des articles intitulés « Ces dents fossilisées d’un enfant de 11 ans révèlent des indices sur pourquoi les humains ont développé une enfance inhabituellement longue » (plagiat d'un article de phys.org), ou encore « 5 signes que vous consommez trop de sucre » (plagiat d'un article de Vogue France intitulé « 5 signes que vous mangez trop de sucre »).
Paolo Garoscio n'est pas le seul à publier des plagiats sur armees.com. Les 3 et 8 décembre, le site publiait par exemple deux articles consacrés à la découverte d'une nouvelle espèce humaine, Homo juluensis, disparue il y a 200 000 ans en Chine.
Le premier est signé par Jean-Baptiste Giraud, le second de Laurène M., qui n'a pas d'autre profil ni empreinte numérique que les articles qu'elle signe pour armees.com. Les deux articles se réfèrent à une seule et même étude, publiée sur Nature.com début novembre. Ils sont par ailleurs illustrés par le même dessin, qui ne figure pas dans l'article de Nature.
Il sert par contre d'illustration à un article publié le 30 novembre sur Greekreporter.com qu'aucun des deux articles d'armees.com ne mentionnent pourtant comme source. Une fois de plus, le dessin, initialement attribué (en Creative Commons) à un certain Adam Fagen sur Greekreporter.com, sont estampillés « © Armees.com » sur le site du groupe de médias de Jean-Baptiste Giraud.



Si le second article comporte, là encore, des signes caractéristiques de contenus GenAI optimisés pour le SEO (liste à puces et tableau), celui de Giraud se contente de le paraphraser.
Leurs publications conjointes, à cinq jours d'écart, laissent là aussi entendre que les journalistes d'armees.com, non content de publier des articles sans lien avec la ligne éditoriale du site, le font sans qu'ils soient ni validés, ni vérifiés, ni coordonnés par une conférence de rédaction, ni relus ni corrigés par des êtres humains, mais donc a priori automatisés par des IA, en roue libre.
Une citation « hallucinée » et non vérifiée...
Le dimanche 29 décembre 2024, Jean-Baptiste Giraud publiait par ailleurs un article intitulé « L’Ukraine reçoit 150 Starlinks de la Pologne tandis qu’Elon Musk déclare ne plus pouvoir offrir ces kits gratuitement », traduction littérale d'un article publié deux jours plus tôt sur le site d'information Bezinga, lui-même intitulé « Ukraine Gets 150 Starlinks From Poland While Elon Musk Says He Can No Longer Afford To Give The Kits Away For Free ».
Or, non content de paraphraser (et plagier, faute de le citer) l'article de Bezinga, celui de Jean-Baptiste Giraud va jusqu'à transformer la mention qu'avait fait Bezinga d'un tweet d'Elon Musk (repéré par le NYT) en une « citation » (par ailleurs tronquée, sans que Giraud ne le précise). Et ce, alors que le milliardaire, dans son tweet, n'avait parlé ni de Starlink ni de l'Ukraine (en orange, ce qui a été copié-collé, en bleu ce qui a été omis, en vert la paraphrase de Bezinga, qui ne figurait donc pas dans le tweet d'origine d'Elon Musk) :
« SpaceX ne demande pas à récupérer les dépenses passées, mais ne peut pas non plus financer indéfiniment le système existant et envoyer plusieurs milliers de terminaux supplémentaires dont l'utilisation de données est jusqu'à 100 fois supérieure à celle d'un ménage ordinaire. Ce n'est pas raisonnable. » | L'entrepreneur milliardaire a déclaré tôt vendredi sur Twitter que SpaceX ne pouvait pas "indéfiniment" financer le service internet Starlink en Ukraine et lui envoyer plusieurs milliers de terminaux supplémentaires. | Dans un tweet bien clair, Musk a déclaré : « SpaceX ne peut pas ‘indéfiniment’ financer le service Internet Starlink en Ukraine et envoyer plusieurs milliers de terminaux supplémentaires. » |
S'il arrive fréquemment à des journalistes de paraphraser les articles qu'ils citent (ne serait-ce que pour ne pas risquer d'être accusé de « plagiat »), aucun journaliste ne saurait « paraphraser » une « citation », et donc d'attribuer à son auteur des propos qu'il n'aurait pas tenus.
A contrario, les IA génératives sont connues pour paraphraser les contenus dont elles s'inspirent, sans faire de distingo entre les « articles » qu'elles paraphrasent et les « citations » qu'ils mentionnent, au risque d' « halluciner » des informations extrapolées, en modifiant certains mots-clefs, comme l'étude de la BBC vient de le démontrer.
... dans un article copié-collé, datant en fait de 2022
De plus, Bezinga a depuis mis à jour son article avec une « Note de l'éditeur » précisant que « cet article date d'octobre 2022 et a été republié par erreur en décembre 2024. Nous nous excusons pour cette confusion ».
Signe que Jean-Baptiste Giraud n'avait donc pas consulté les liens de l'article initial de Bezinga (qui dataient tous d'octobre 2022). Il n'a pas non plus cherché à vérifier, auprès d'autres médias, si la Pologne venait bien, en cette fin d'année 2024, de livrer de nouvelles stations Starlink à l'Ukraine, ce qui n'était donc pas le cas.
Ce qui ne l'avait pas empêché de rajouter un chapô à son article précisant que « L’Ukraine a fait un grand pas pour améliorer ses communications dans les zones libérées en acquérant 150 kits Starlink de SpaceX » (quand bien même la suite de son chapô précisait que les stations Starlink avaient été « offert(e)s généreusement »), et de rajouter :
« Ce coup de pouce est super important pour le pays, qui veut remettre en état vite fait les infrastructures abîmées par le conflit actuel. Ces équipements ont été offerts généreusement par la Pologne, montrant une belle solidarité internationale alors que la situation géopolitique est tendue. »
« Ces propos mettent en lumière les soucis financiers auxquels SpaceX doit faire face tout en continuant à apporter son soutien technologique indispensable à l’effort ukrainien », concluait l'article de Giraud, quand bien même la valorisation de l'entreprise venait par ailleurs de passer de 250 à 350 milliards de dollars suite à la réélection de Donald Trump.
Il y rajoutait au surplus des considérations lénifiantes typiques de celles qui figurent souvent, en guise de conclusion, dans les contenus émanant d'IA génératives (cf l'enquête de la BBC), en mode « générateurs de baratins (et de bullshits) », parce que produits par des « perroquets statistiques (ou stochastiques) », pour reprendre les surnoms donnés aux robots conversationnels type ChatGPT, qui ne « comprennent » pas les écrits et dessins qu'ils « génèrent » :
« Utiliser des technologies spatiales pour aider des nations en crise montre leur potentiel incroyable mais souligne aussi combien il est vital d’avoir une coopération internationale durable pour assurer leur continuité. Continuer à s’engager dans ces initiatives pourrait bien décider comment les pays touchés par des conflits arrivent à se reconstruire efficacement tout en gardant leur indépendance numérique et infrastructurelle intacte. »
« Deux de mes journalistes démissionnent, je n'en tiens pas compte »
Contacté par CheckNews, Paolo Garoscio avait initialement nié recourir à l'IA, en tout cas pas de façon automatisée, justifiant son hyperproductivité par le fait que d'autres journalistes de son groupe de presse utiliseraient son compte pour publier leurs propres articles, à son nom.
Confronté au faisceau des (nombreux) indices de contenus GenAI que nous avons depuis recueillis, Jean-Baptiste Giraud vient pour sa part d'assumer, et justifier, le fait qu'ils avaient été, en tout ou partie, générés par ChatGPT. La bascule aurait eu lieu en mars 2023 suite au lancement de GPT-4 et de l'abonnement ChatGPT Plus, comme il l'explique à Arrêt sur Images (ASI) :
« Deux de mes journalistes démissionnent formellement dans les 48 heures, je n'en tiens pas compte : le premier choc de l'IA repose sur son acceptation. »
Près de deux ans plus tard, Giraud explique à ASI avoir créé deux postes et demi en équivalent temps plein : « Là où je m'attendais non pas à virer du monde, mais à augmenter la productivité de mes équipes, je n'ai pas vraiment augmenté la productivité brute, et j'ai embauché du monde ».
Il leur rembourse un abonnement payant à ChatGPT, et les incite à générer plusieurs versions d'un même article, afin de pouvoir le décliner sur les différents sites du groupe de presse, en fonction de leurs lignes éditoriales respectives.
« Il y aura toujours des journalistes d'investigation pour aller chercher des informations premières, et il y
aura ensuite des gens pour la multiplication de ces informations premières », précise à ASI Paolo Garoscio.
« Fermer les yeux, nier la réalité » : du train de l'IA aux chèvres dans le Larzac
Non content de pousser ses « huit, bientôt neuf » journalistes titulaires de la carte de presse (son obtention ne nécessite pas de sortir d’une école de journalisme, mais d’être embauché comme journaliste par une société de presse) à adopter ChatGPT, Jean-Baptiste Giraud avait également lancé, dans la foulée, sa propre École de l'intelligence artificielle.
Fin mars 2023, son site web expliquait qu'il est « Inutile d’épiloguer, c’est fait : avec ChatGPT 4.0, il n’est plus temps d’attendre, l’IA va disrupter votre métier en quelques mois. Sauf si vous vous formez pour la dompter ! TROIS SOLUTIONS S’OFFRENT À VOUS » :
- « fermer les yeux, tourner la tête, nier la réalité. Process psychologique classique appelé « déni », et que nos hommes politiques maîtrisent avec brio.
- Fuir, en démissionnant pour aller élever des chèvres dans le Larzac. Et tant pis si le bio n’a plus la côte (sic). OU BIEN
- SAUTER DANS LE TRAIN DE L’IA ET MONTER DANS LA LOCOMOTIVE ! »

Dans un article publié début avril 2023 sur Economie Matin, et probablement généré par ChatGPT (le terme « crucial » y est mentionné deux fois, entre autres), il qualifiait cette école de « tremplin vers l’avenir numérique », à mesure que l'intelligence artificielle « connaît une demande croissante de professionnels qualifiés », sans pour autant, et par ailleurs, préciser qu'il en était « accessoirement » le fondateur, directeur et formateur.
En mai 2023, Jean-Baptiste Giraud qualifiait par ailleurs l'intelligence artificielle et les médias écrits de « futurs meilleurs amis », précisant : « depuis quelques semaines, déjà, personnellement, je ne travaille plus du tout comme j’ai travaillé pourtant quotidiennement depuis mon premier contrat à Radio France, en juin 1994, il y 29 ans… », dans un article proposant « quelques exemples, évidemment, rédigés avec l’assistance de l’IA, de son intervention dans mon métier » :
« Les médias sont en quête perpétuelle de nouveaux contenus à moindre coût. Plusieurs stratégies existent pour y parvenir, comme résumer le travail d’autrui en tentant de respecter le plus possible la propriété intellectuelle. [...] Tout ce qui est chronophage et laborieux (derushage, retranscription, synthèse) est totalement automatisable. J'en sais quelque chose, je le fais ! »
Depuis, le programme inclut aussi un volet consacré à l'éthique et la déontologie, « le progrès technologique dans l'histoire et son impact sur l'humanité et le travail humain », et ses « conséquences psychologiques », en mode : « Comment accepter et faire accepter l'IA ». Et ce, alors que son groupe de presse publie donc depuis lors de (très) nombreux articles GenAI, y compris plagiés, mais sans le mentionner...
Giraud a intégré l’IA « à l’ensemble de ses processus »
Sur son profil LinkedIn, Jean-Baptiste Giraud présente par ailleurs l'ILdJ comme « une école de journalisme qui forme la prochaine génération de professionnels des médias », où il enseigne et « dispense également des formations sur l'intelligence artificielle ».
Le site de l’ILdJ explique avoir par ailleurs lancé, en 2024, « la courte échelle professionnelle », ce-formations.fr, un « organisme de formation à destination des professionnels », qui leur proposent six formations, dont une dédiée à l'IA & CHATGPT 4.0, co-animée par Jean-Baptiste Giraud, qui y revendique le fait d'avoir, professionnellement, recours à l'IA :
« Au sein de son entreprise, il a intégré l’IA à l’ensemble de ses processus pour un gain de temps de ses salariés et un gain de productivité pour ses clients. »
ASI a identifié des dizaines d'autres plagiats, plus ou moins sensationnalistes
Interrogé par ASI, le rédacteur en chef adjoint d'Economie Matin explique pour sa part que « le journalisme ne sera pas remplacé par l'IA », qu'il ne perçoit que « comme un outil purement logique et robotique » du même ordre qu'un correcteur orthographique :
« Paolo Garoscio tient également à différencier l'usage que le groupe Économie Matin en fait, de celui des sites "GenAI" identifiés par Next et leurs milliers d'articles quotidiens mis en ligne automatiquement – et la rédaction n'utilise pas d'IA pour générer ses illustrations mais une "classique" banque d'images. »
ASI n'en a pas moins identifié « des dizaines d'autres plagiats issus d'articles de médias anglo-saxons » publiés ces derniers mois sur armees.com et l'Energeek, deux des sites les plus actifs du groupe de presse Economie Matin.
Ils reprennent « en large majorité des contenus plus ou moins sensationnalistes à caractère scientifique – le plus souvent à propos de dinosaures, d'archéologie ou d'espace, autant de thèmes porteurs sur Google Actu », souligne notre confrère.



Ces dernières semaines, nous avions de notre côté constaté qu'Armees.com et L'Energeek faisaient effectivement partie des sites GenAI les plus repris sur Google Discover.
« Il n'y a pas de politique de plagiat, bien au contraire c'est un sujet surveillé chez nous », rétorque Jean-Baptiste Giraud à ASI, assurant que « tout ce qui est manifestement du plagiat fera l'objet d'une suppression ou d'une correction-réécriture, mais ce n'est pas volontaire ».
« L'ensemble des dizaines d'articles signalés comme plagiés par ASI ont en effet été, comme annoncé, réécrits ou supprimés avant publication de [notre] article », relève notre confrère.
« ChatGPT étant complètement idiot, il ne fait pas ce qu'on lui dit »
« C'est un bug du script », explique Paolo Garoscio à ASI : « J'ai paramétré un GPT en programmation (c'est-à-dire un modèle personnalisé, ndlr) et j'ai paramétré un prompt qui travaille en même temps » précise celui qui, non content d'être le rédacteur en chef adjoint d'Economie Matin, est aussi le « prompt engineer » du groupe :
« Je mets tous les garde-fous possible : le but n'est pas de prendre un article et de faire un copier-coller de ChatGPT qu'on met en ligne. On prend plusieurs sources comme fait tout journaliste, on peut les donner à ChatGPT ou lui donner des parties, lui demander de faire des recherches complémentaires. »
« Normalement, le prompt ne traduit pas purement et simplement », et ne copie pas non plus les illustrations, se justifie-t-il auprès d'ASI. « Si ce n'est que ChatGPT étant complètement idiot, parfois, il ne fait pas ce qu'on lui dit et on ne s'en rend pas compte suffisamment tôt ».
Une ligne de défense qui n'explique ni les dizaines de plagiats, ni les copier-coller de leurs images d'illustration, et encore moins le fait de remplacer les crédits d'origines par un « © Armees.com ».
Un soi-disant « bug du script » qui aurait pourtant pu être évité si seulement les journalistes dopés à ChatGPT d'Economie Matin avait tout simplement relu « leurs » articles avant de les publier, ou mis en place en place un process de relecture par un tiers avant publication, comme cela se passe dans toute rédaction digne de ce nom.
« Pourquoi ne pas indiquer l'utilisation de ChatGPT au lectorat du groupe Économie Matin ? », leur a également demandé ASI. C'est une réflexion « en cours depuis le début, sur laquelle on n'a pas encore tranché », lui a sobrement répondu Paolo Garoscio.
Une information « d'intérêt politique et général » dont l'omission, là encore, ferait hurler n'importe quelle société de journalistes chargée de veiller au respect de la charte de déontologie des journalistes.
NB : le sous-titre de cet article est aussi un hommage à Anouk Ricard (cf son compte Instagram), qui vient d'être élue Grand Prix de la 52ᵉ édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, et dont le travail est bien connu sur les réseaux sociaux pour son célèbre mème « Mais tu écris n'importe quoi, en fait. Oui, il faut pas ? Ah non, il faut un peu réfléchir », sans pour autant lui être généralement attribué.
Anouk Ricard, c'est la créatrice de cette illustration au fort potentiel memesque (extraite de la BD Les experts (en tout)). Et bonne nouvelle : elle sort une nouvelle BD ! pic.twitter.com/dahWvE0J4z
— Exemplaire (@exemplaire_ed) September 26, 2022
Le directeur pédagogique d’une école de journalisme génère ses articles par IA
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Codirecteur pédagogique d'une école de journalisme d'extrême-droite
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Des articles amputés par une énigmatique balise « ```html »
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« 0 joueurs ont remporté 0 euros, soit un total de 0 euros »
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« Pourquoi ne pas acheter 176559 décorations d’Halloween »…
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Les jeux d’argent présentent des risques... ou pas, dixit l'IA
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« Vous pourriez acheter près de 95 appartements de prestige de 200 m² »
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327 articles en un mois, soit 15 articles par jour (en moyenne)
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Des plagiats copier-collers (mais traduits), et des circonstances accablantes
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Des articles ni relus, ni corrigés, ni validés, mais néanmoins publiés
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Une citation « hallucinée » et non vérifiée...
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... dans un article copié-collé, datant en fait de 2022
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« Deux de mes journalistes démissionnent, je n'en tiens pas compte »
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« Fermer les yeux, nier la réalité » : du train de l'IA aux chèvres dans le Larzac
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Giraud a intégré l’IA « à l’ensemble de ses processus »
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ASI a identifié des dizaines d'autres plagiats, plus ou moins sensationnalistes
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« ChatGPT étant complètement idiot, il ne fait pas ce qu'on lui dit »
Commentaires (18)
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Abonnez-vousLe 17/02/2025 à 11h22
Le 17/02/2025 à 11h37
ALT+241
est surement plus approprié.Sinon, merci pour ce (encore) très long article.
Même si c'est affligeant de devoir faire des articles à ce propos... Et ça me fait penser qu'il faut bien plus d'énergie pour démontrer que ce qui est fait, n'est pas correct. De la même façon que pour débunker les Fake news.
Le 17/02/2025 à 18h57
Le 17/02/2025 à 20h51
Le 18/02/2025 à 09h50
1) c'est bien la touche Alt et pas Alt Gr
2) je l'avais bien laissée enfoncée, sinon ça n'aurait pas fait ce que j'ai décrit.
3) C'est un moyen de saisie qui ne fonctionne pas sur mon système où il faut taper : Ctrl+Maj+U puis B1 puis la touche Entrée.
Remarque : B1 est le code Unicode du caractère ±. C'est quand même mieux que d'utiliser une table de caractères dépassée datant de l'IBM PC.
Le 18/02/2025 à 10h27
;
permet de rechercher les caractères ... ± est présent dans les symboles Ω (dans la barre en haut ) puis < (dans la barre en bas) puis tout en bas de la liste des symboles.Le 20/02/2025 à 22h17
Le 17/02/2025 à 11h58
Le 17/02/2025 à 15h06
Modifié le 17/02/2025 à 12h12
`html ressemble à un début de bloc de code au format HTML en markdown : https://www.markdownguide.org/extended-syntax/#syntax-highlighting
Le 17/02/2025 à 12h32
Le 17/02/2025 à 12h29
Le 17/02/2025 à 13h12
Le 17/02/2025 à 13h15
Le 17/02/2025 à 14h09
Moi aussi si je gagne au loto je vais acheter 80000 planches à pain
Sinon concernant la présence d'Économie Matin dans la liste des services de presse en ligne reconnus de la CPPAP, il y a un signalement ? quelque-chose va être fait ?
Le 17/02/2025 à 14h51
Mais on va t'on, je suis désespéré.
Le 17/02/2025 à 18h58
Le 17/02/2025 à 17h19