Travailler avec Edward Snowden rend parano
Le 20 mai 2020 à 09h34
2 min
Internet
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Barton Gellman, l'un des trois journalistes à avoir travaillé avec Edward Snowden, revient dans The Atlantic sur les (nombreuses) mesures de sécurité opérationnelle (OPSEC) auxquelles il a dû s'astreindre pour éviter tout risque de compromission.
Non content d'avoir retiré les composants Wi-Fi et Bluetooth de ses ordinateurs portables, déconnecté les batteries, scellé les ports USB, repeints les vis à l'epoxy avec des paillettes (qui forment des motifs aléatoires permettant de vérifier si elles ont été dévissées), il avait aussi recouvert le cadran de son coffre-fort de poudre ultra-violette. Et stockait les données sensibles dans plusieurs volumes chiffrés, qu'il ne pouvait ouvrir qu'après avoir composé cinq phrases de passe.
Lorsqu'il interviewa Snowden à Moscou, le lanceur d'alerte lui expliqua regretter les milk shakes, mais refusa de répondre à la question de savoir s'il avait acheté un blender, de peur que sa signature acoustique ne puisse être utilisée par un service de renseignement pour identifier son appartement.
Snowden ne se séparait jamais de son ordinateur portable, même aux toilettes. « Certes, ça fait un peu parano, peut-être trop. Mais cela ne coûte rien. Et on s’y habitue. On ajuste son comportement. Et si ça permet de réduire les risques, pourquoi pas ? »
Le journaliste explique également qu'un service de renseignement turc a tenté de pirater son compte Gmail, avoir reçu un logiciel espion se connectant au Kazakhstan, que « trois femmes chaudes et vraiment attirantes » avaient tenté de séduire Ashkan Soltani, l'expert en cybersécurité avec qui il travaillait sur les documents Snowden, sur OkCupid... mais également que la NSA partait du postulat que nombre de services de renseignement étrangers avaient forcément tenté de les leur dérober.
Gellman y a même découvert son nom, et que la NSA l'avait rajouté à la liste des cibles de FIRSTFRUITS, le nom de code de son programme de contre-espionnage ciblant les journalistes ayant divulgué des informations classifiées.
Suite à des demandes FOIA (Freedom of Information Act), il a aussi appris que les services de renseignement et de sécurité intérieure avaient refusé de déclassifier 435 documents à son sujet, qu'ils avaient produit un rapport de 76 pages sur tous les vols internationaux qu'il avait pris depuis 1983, et secrètement fouillé ses bagages lorsqu'il revenait de l'étranger.
Le 20 mai 2020 à 09h34
Commentaires (38)
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Abonnez-vousLe 20/05/2020 à 09h03
Travailler avec Edward Snowden rend parano
En même temps, quand tu apprend que les services de renseignement ont plus de 435 documents à ton sujet, un rapport de 76 pages sur tes vols depuis 1983, et ont secrètement fouillé tes bagages à chaque retour de l’étranger, je suis pas vraiment sur que ce soit le fait de travailler avec Snowden qui rende parano…
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Le 20/05/2020 à 09h08
N’ayez crainte braves gens, les États et gouvernements sont là pour vous protéger…
Le 20/05/2020 à 09h10
Je n’ai pas compris cet article.
On est d’accord qu’être parano, c’est craindre une menace qui n’existe pas ? Mais en l’occurrence, il semblerait que la menace soit bien réelle. Où est la paranoïa alors ?
Est-ce que travailler avec Snowden rend parano ou, au contraire, rend lucide ?
Le 20/05/2020 à 09h11
Le 20/05/2020 à 09h13
Les états sont là pour protéger la population, et par extension se protéger eux-même, oui. Ce n’est pas pour autant qu’il n’y a pas de dérive, qu’il n’y a pas de fruits pourris ou qu’il n’y a pas d’actions qui rentrent en contradiction avec la vision de certains des citoyens, mais ça reste leur mission principale.
L’espionnage c’est comme le capitalisme, c’est la merde, tout le monde le sait, mais ça a quand même d’une manière ou d’une autre contribué à tout ce qui a fait qu’on peut communiquer aujourd’hui sur le sujet.
Le 20/05/2020 à 09h26
Le 20/05/2020 à 09h26
Si toi ou moi appliquons les mêmes mesures au jour le jour, ça serait de la paranoia car (à priori, je ne te connais pas) nous ne sommes pas des cibles. Donc oui, ça rend parano, même si certaines de ses mesures sont justifiées.
Mais même dans le cas de snowden, chiffrer 5 fois son disque, partir pisser avec son ordi, et surtout l’histoire du blender, c’est de la paranoïa, même pour lui.
Le 20/05/2020 à 09h34
C’est surtout que cette peur entraîne une sur-réaction. Après on peut discuter sur l’intensité de la réaction, certains diront que dans son cas c’est normal de prendre son portable aux toilettes, d’autres non.
Le 20/05/2020 à 09h34
Ah echelon et ses grandes oreilles ce que j’adore c’est qu’aujourd’hui encore personne n’a réussi a faire cesser le programme ni même fermer une station xD
Ils font même du “Echelon Washing” grace a Netflix avec la série “Pine Gap” dans le genre “regardez on se bat contre les méchants, echelon et la surveillance c’est le bien”
Le 20/05/2020 à 11h20
Disons que lorsque tu te sens surveillé, tu vois de la surveillance partout (sous entendu, même là où il n’y en a pas). Moi, c’est la série TV “Le Bureau des Légendes” qui m’a rendu parano : le personnage de Malotru est le type qui survit uniquement parce qu’il a un train d’avance sur tout le monde car même avec toutes les précautions qu’il prend, il se fait toujours rattraper.
Le 20/05/2020 à 12h15
Le 20/05/2020 à 12h24
Tiens on ne peut plus éditer..
Donc Ennemi d’Etat date de 1998 mais les capacités de la NSA sont celles de 1988 selon TVTrope… ça vaut ce que ça vaut mais ça peut faire réfléchir.
Le 20/05/2020 à 12h31
Si vous en avez la possibilité, allez lire l’article cité ici. C’est édifiant et fait même un peu peur, j’avoue.
Le 20/05/2020 à 14h06
Pardon, j’aurais pu être plus clair, mais pour avoir travaillé plusieurs fois avec WikiLeaks, et donc avoir été en possession de documents que tout un tas de services de renseignement auraient aimé pouvoir obtenir avant qu’on ne les rende publics, ladite “parano” n’a rien de pathologique, mais devient un réflexe, une façon de travailler, une composante du métier, avec le stress qui va de pair…
Parce qu’il ne s’agit pas seulement d’agir en mode “on n’est jamais trop prudent”, mais également de mesurer qu’on est tout seul ou presque, sans moyens, petits artisans du journalisme numérique, alors qu’en face, ils sont légions, et avec des moyens techniques et organisationnels sans commune mesure.
Le 20/05/2020 à 14h44
Après on peut se poser des questions plus politiques : est-il normal d’être aussi “parano” lorsqu’on fait des choses largement approuvées, comme des révélations par exemple ? Est-ce une vie que de se cacher ou de rester enfermé dans une ambassade (ou pire maintenant) ?
N’est-ce pas la preuve que les États concernés et leurs services n’ont strictement plus rien à voir avec une émanation de volonté populaire, et un intérêt général, mais sont juste des monstres hors de contrôle d’une dangerosité extrême ?
@manhack : Si t’es sincère, tu ne devrais pas laisser passer le moindre vocabulaire psychiatrisant et dévalorisant, domaine où on sort totalement de “l’État de Droit”. Cf. Jean-Louis Caccomo, Dario Musso, … Parce que là ce qu’on retient, ce qui est écrit en gros et se baladera partout, c’est l’association “Edward Snowden” et “parano”, peu importe le contenu de l’article qui ne sera lu par personne quasiment. Tous les médias fonctionnent comme ça.
Le 20/05/2020 à 15h59
Cité où ça ?
Le 20/05/2020 à 17h01
Ce n’est pas parce qu’il est parano qu’ils n’en ont pas tous après lui " />
Le 20/05/2020 à 17h06
« Ce n’est pas parce que je suis paranoïaque qu’ils ne sont pas tous après moi. » (Desproges)
edit : grillé par Palourde Yourself
Le 20/05/2020 à 17h49
http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2015/01/03/de-la-surveillance-de-masse-a-la-pa…
Le 20/05/2020 à 18h46
Je suis tout à fait d’accord sur le fond. Va dire ça à ceux pour qui il faut du prêt-à-penser avec des mots-clés et des étiquettes, et pour qui parano = excessif = gogol. “parano” c’est pas pareil, il y a des guillemets, ça invite à ne pas prendre le mot au premier degré. J’aurais au moins mis ces guillemets dans le titre, car pour un article journalistique il me semble que les mots doivent être utilisés avec leur définition précise (un trouble mental à faire soigner), et pas leur usage familier.
Le 20/05/2020 à 18h58
Le 20/05/2020 à 19h07
On peut prendre son portable pour aller aux toilettes sans être Snowden…raââââh lovely " />
Le 20/05/2020 à 22h28
Deuxième fois que j’entends parler de ça aujourd’hui :https://puri.sm/posts/anti-interdiction-update-six-month-retrospective/
Le 21/05/2020 à 00h52
L’auteur conclut d’ailleurs l’inverse du titre de cette brève (je viens de terminer de lire) :
Turns out I wasn’t being paranoid.
Le 21/05/2020 à 08h06
Merci pour cette réponse !
Pardon, mais je continue à ne pas bien comprendre. De deux choses l’une : soit on a conscience d’une menace inexistante (et on est parano), soit on a conscience d’une menace effective (et on n’est pas parano). Le fait d’avoir travaillé avec Wikileaks vous a poussé à vous protéger contre une menace que vous perceviez. Cette méfiance est très légitime, je ne remets pas du tout cela en question, mais je n’arrive pas à comprendre si elle reposait sur des éléments tangibles.
Je veux dire : avez-vous eu des preuves concrètes de l’intérêt de certains services de renseignement pour les données en votre possession ? Si oui alors la réaction de protection est simplement pragmatique et lucide. Si non alors c’est bien de la parano, la menace est totalement fantasmée, mais dans ce cas je ne comprends pas l’intérêt d’en faire un article (sauf à dire que travailler avec Snowden rend fou, mais c’est un autre sujet).
Le 21/05/2020 à 08h26
C’est bien l’enjeu du 21è siècle : éviter la mise en place d’un “crédit social” à la chinoise ou le peuple est définitivement esclave de la technologie, et ou un gouvernement totalitaire entretient son terrorisme artificiel pour justifier la surveillance et la répression généralisée - sauce 1984.
Le 21/05/2020 à 09h23
ça dépend de ce que contient l’ordi,
Le 21/05/2020 à 10h00
Le 21/05/2020 à 10h42
Super, mais en l’espèce (Snowden) pourquoi nous servir votre soupe liberalo-libertarienne ?
Vous pensez vraiment que la surveillance de masse est l’apanage des structures étatiques ? (indice : l’acronyme GAFAM)
Et qu’est ce que vous préconisez en termes d’organisation pour faire face à une crise sanitaire ?
Le 21/05/2020 à 12h55
La paranoïa se caractérise par l’excès et non la protection en elle-même. Tout ce qui n’est pas justifié par rapport à la menace (même si celle-ci est inconnue) devient de la paranoïa, puisque pas nécessaire.
ex : Le voisin t’en veut car ta femme n’arrête pas de te reluquer. Il a parlé lors d’une dispute que tu as entendu qu’il voudrait rayer ta caisse. Depuis, tu va garer ta BMW flambant neuve dans un garage à 10min à pied de chez toi. Cette protection est appropriée et n’entre pas dans la paranoïa. Par contre, si tu commences à cacher ton vélo dans ce garage et le scooter de ton fils dedans ainsi que y mettre une copie de tes documents personnels d’identité en pensant qu’il pourrait mettre le feu à ta maison, là tu deviens parano.
Le 21/05/2020 à 13h31
Le 21/05/2020 à 15h20
Il préconise de grosses discussions sur les commentaires de ses sites de news préférés.
Le 21/05/2020 à 17h11
Le 21/05/2020 à 20h12
Le 22/05/2020 à 21h32
Le 23/05/2020 à 10h40
Le 24/05/2020 à 09h13
Le 24/05/2020 à 18h21