Licenciements : les employés se filment, les managers protestent
Le 21 février à 07h10
1 min
Société numérique
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Alors que les licenciements se poursuivent dans l’industrie numérique, en partie motivés par une réallocation des moyens vers l’intelligence artificielle, un certain nombre d’employés diffusent sur TikTok leur préparation à l'entretien, voire l'entretien de licenciement lui-même.
Ainsi de Chloe Shih, dont la vidéo où elle explique s’attendre à se faire licencier de Discord est devenue virale. Ou de Brittany Pietsch, enregistrant son entretien de licenciement de Cloudflare par deux personnes qu’elle n’avait jamais rencontrées auparavant.
La tendance peut s’analyser comme une manière d’humaniser les centaines de milliers d’emplois que l’industrie a réduits depuis la fin 2022 – rien qu’en 2024, le site layoffs.fyi comptabilise déjà plus de 41 000 suppressions de postes dans sa veille sur le sujet.
Côté employeurs, en revanche, les managers commencent à chercher des manières de licencier « sans se faire humilier sur TikTok », rapporte Bloomberg.
Le 21 février à 07h10
Commentaires (41)
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Abonnez-vousLe 21/02/2024 à 08h17
Je trouve tout d'abord inquiétante cette tendance sociétale de fond à trop s'exposer publiquement, pour tout et n'importe quoi. D'un autre côté je trouve cela très bien, car les licenciements n'ont pas à être une honte et ces vidéos peuvent être un tremplin pour ces personnes afin de rebondir par la suite, tout en donnant du courage à d'autres qui subissent le même sort depuis quelques temps.
Mais... à trop les exposer, j'ai également peur que l'on arrive à un effet inverse où les licenciements seront considérés comme une norme.
Là il y a l'effet de nouveauté et une forme de dénonciation. Si cela dure, ces deux traits font s'atténuer et ce sera finalement considéré comme quelque chose de banal, rendant indirectement les licenciements eux-mêmes plus banals qu'ils ne le sont déjà alors qu'ils ne doivent être qu'une exception.
Je ne sais pas si le fond de ma pensée est bien exprimé. Mais c'est un mouvement intéressant à analyser.
Le 21/02/2024 à 08h28
Les arguments du cost killer devant moi étaient tellement ridicules (à 40 ans ans, t'es trop vieux pour être dans une ESN ...).
L'ESN avait déjà provisionné ce que ça pourrait leur couter aux prudhommes, ils savent que c'est plafonné (merci Macron) donc ils n'ont plus aucune gène à licencier sans motif.
Le 21/02/2024 à 08h57
En 18 ans, j'ai dû licencier 2 personnes, en mode "rupture conventionnelle", on s'est quittés paisiblement. Mais j'avoue que dans les 2 cas, le "risque prudhomme" a été une barrière pour moi.
L'absence de plafond d'indemnités n'a jamais gêné les salauds je pense. Par contre, la présence de plafond peut soulager les "bons patrons" qui peuvent aussi se retrouver devant un "salarié salaud" [parce que oui, ça existe aussi...]
Le 21/02/2024 à 09h22
Ensuite, je comprends le point de vue.
Au final, la réduction du plafond d'indemnités bénéficie à tous les employeurs et pas aux salariés.
Merci Macron...
Le 21/02/2024 à 09h48
Ce qui m'a le plus dérangé dans mon licenciement, ce sont les méthodes utilisées et les arguments dits.
Aux prudhommes, auraient perdu mais ça leur aurait rien couté. Ils ont juste attendu de voir si vraiment j'osais attaquer, c'est une fois qu'ils ont vu que je rigolais pas qu'ils sont revenus vers moi pour négocier et éviter une condamnation.
Le 21/02/2024 à 11h14
Il aurait effectivement été peut-être plus ajusté d'avoir une différenciation petite/grosse boite, je n'y avais pas pensé.
Une boite comme la mienne, si elle devait payer des frais d'avocat et provisionner des indemnités, ça serait vraiment préjudiciable, pas seulement dans "l'épaisseur du trait"
Modifié le 21/02/2024 à 22h53
Si avoir un plafond bas s'entend pour une petite boîte qui risque sa survie, il est impensable que la prud'hommes puissent mettre en danger une grosse boîte pour 1 seul licenciement.
Selon moi, c'est un cadeau fait par le gouvernement aux grosses entreprises pour que le licenciement soit plus aisé.
De toutes manières, derrière, il y a le chômage (financé par l'évasion fiscale des plus riches ?), se disent-ils, j'imagine.
J'entends votre argument, mais la loi est mal faite, selon moi.
Le 22/02/2024 à 10h56
D'autant que le conseil constitutionnel pourrait mettre son grain de sel au niveau de l'égalité, donc il faudrait formuler ça "intelligemment".
Le 21/02/2024 à 10h21
Si tu as fait les choses correctement, même en cas d'attaque aux prud'hommes, tu ne risques clairement pas grand chose. Si tu fais n'importe quoi, avant tu risquais gros (ce qui était parfaitement normal), maintenant tu ne risques quasi plus rien, quoique tu aies fait. Donc merci Macron de protéger les enflures au détriment des employés.
Le 21/02/2024 à 10h25
Le 21/02/2024 à 11h33
Le 21/02/2024 à 11h18
Un exemple précis sur un sujet différent : la règle, pour les déplacements SNCF, c'est "seconde classe, sauf pour les trajets >3H ou bien à des horaires chelou. Dans ce cas, la 1ere classe est acceptée". Je l'applique même à moi, ça n'a jamais fait tiquer personne, on se fait confiance sur le discernement de chacun.
J'ai découvert il y a peu que la convention syntec dit "cadre = 1ere classe". Pas de bol, tout le monde est cadre dans la boite...
Le 21/02/2024 à 11h25
J'avais la convention Syntec dans toutes les ESN que j'ai fait et j'ai jamais eu de voyage en 1ère classe.
Le 21/02/2024 à 12h00
donc tous tes employeurs étaient hors des clous !
Le 22/02/2024 à 10h29
Le 21/02/2024 à 11h32
S'ils le font, sans plafond, tu penses SERIEUSEMENT que les prud'hommes t'imposeraient des DI suffisants pour couler la boîte? Il y aurait possiblement sanction oui, mais le dédommagement sera plus proche de l'euro symbolique qu'autre chose.
Le 21/02/2024 à 12h05
Je suis bien sûr qu'un salarié qui le veut et que je licencierais pourrait trouver, avec un bon avocat, plein de points sur lesquels je ne suis pas "dans les clous".
Un autre exemple : nous avons une page wiki interne sur laquelle ceux qui le souhaitent peuvent mettre leur tel perso. Ça n'a jamais été utilisé pour appeler dans le cadre du boulot. Mais c'est probablement hors des clous et un salarié de mauvaise foi pourrait le retourner contre nous en cas de prudhomme. On pourrait évidemment contrer l'argument avec un avocat qui fait rédiger aux autres collabs une attestation comme quoi... , mais bon, l'incertitude juridique est déstabilisante.
Le 21/02/2024 à 13h50
Le 21/02/2024 à 16h22
Je n'ai pas les moyens d'être certain que je fais tout "dans les clous", j'essaye d'embaucher des salariés pas abrutis, mais je ne suis pas à l'abri. Ça me rassure un peu qu'il y ait un plafond.
C'est tout.
Le 21/02/2024 à 14h45
Modifié le 21/02/2024 à 17h51
Il est très difficile d'être parfaitement réglo sur tout vis-à-vis des détails administratifs, ça prend une énergie folle au quotidien, et le doute profite systématiquement à l'employé.
Exemple récent, un employé qui a fait des choses relevant sans aucun doute du pénal dans l'exercice de ses fonctions peut espérer gagner quelque chose sur un vice de forme.
J'ai un autre exemple en tête avec cette histoire d'employé de la sncf qui a frappé un membre de la direction et qui a dû être réintégré (convention collective particulière, mais tout de même...).
Et comme le dit bien tipaul, même quand tu cherches à améliorer la vie de tes employés, ça se retourne facilement contre toi dans ce contexte.
Nous sommes exposés à pas mal de juridictions dans l'exercice de notre métier, et selon mon sentiment, les prudhommes sont celle où la justice est la moins équilibrée.
Pour moi, la limitation des sanctions est un juste équilibrage des choses, ça permet de limiter la casse d'une institution que je trouve partiale, et ce n'est pas normal s'agissant d'un exercice régalien.
Entendons-nous bien, je suis conscient que certains employeurs abusent largement de leurs employés.
Je suis également convaincu qu'une institution comme les prudhommes est nécessaire et bienvenue.
Je trouve juste qu'en l'état, c'est un vrai frein au dynamisme économique, même quand l'employeur est de bonne foi (et je suis convaincu qu'il s'agit de la majorité des employeurs, tout comme la majorité des salariés le sont).
Edit : je conçois parfaitement que les gens aient une opinion partagée sur ce sujet, suivant qu'ils sont employeurs, employés, qu'ils aient été en contact avec l'institution ou non, qu'ils travaillent dans une TPE, une PME, une ETI ou un grand groupe. Je livre juste mon sentiment personnel ici, pour enrichir le débat.
Le 21/02/2024 à 18h05
Et surtout, surtout, surtout, ne pas prendre en compte les grandes entreprises comme référence pour éviter l'effet de loupe sur les parachutes dorés et autres éléments "chocs". Même si en volume elles brassent beaucoup, surtout financièrement en fait, elles restent une minorité (INSEE 2021). La majorité des entreprises en France sont des micro entreprises, et, cumulé, les PME emploient presque autant de salariés que les Grandes Entreprises.
Perso j'ai vécu le management de merde des grandes entreprises, dont une du CAC 40, et j'ai pu expérimenter aussi les structures plus petites... La seule comparaison que j'en ferais, c'est surtout qu'en GE, les postes sans valeur ajoutée sont légion. De mon expérience, plus une organisation devient grosse, plus elle devient source de gaspillage et de friction. On fait souvent bien mieux avec peu qu'avec beaucoup, j'ai pu le voir dans les contextes où les restrictions budgétaires imposaient de grosses limitations versus ceux qui claquaient par la fenêtre (époque qu'on pourrait croire révolue, mais non, y'a encore trop de gaspillage).
Le 21/02/2024 à 16h44
J'imagine que dans le lot y'a des personnes correctes mais c'est ultra rare à mon sens. Et puis, on est en France, l'avarice, l'appât du gain, la connivence sont autant de valeurs qui corrompent même les meilleurs.
Y'a que les grosses boîtes qui ont peur des prud'hommes, enfin plus pour l'image que la perte pécuniaire. Le genre de mammouth qui sait surtout fabriquer des crétins pépères abreuvés de primes.
Le 21/02/2024 à 17h14
Dans ceux que je connais, ESN autour du logiciel libre, je ne connais que des patrons avec des "bonnes valeurs" (à 2 exceptions près, que je ne citerais pas, mais qui sont franchement très bien connus dans l'environnement que je fréquente)
Modifié le 21/02/2024 à 09h08
Edit: évidemment si tu le diffuses sur le net là c’est différent. Mais les prud’hommes n’existent pas aux US
Le 21/02/2024 à 09h29
Le 21/02/2024 à 11h46
Cela dit l’audio suffit généralement dans un contexte d’entretien.
Le 21/02/2024 à 09h50
Modifié le 21/02/2024 à 08h54
Abonnez vous à ma chaine et mettez le pouce bleu.
Le 21/02/2024 à 09h32
La personne explique avoir eu l'équivalent de son EI quelques temps plus tôt et que son manager l'a félicité pour ses résultats alors qu'elle n'est là que depuis peu de temps. Elle a eu un contrat court mais il semblerait que sa charge était tout de même plus élevée (meilleures qualification/réseau/whatever ?).
Bref, au final, elle semble avoir à faire à deux robots qui s'en tape et ne lui expliqueront pas pourquoi elle est virée.
Le 21/02/2024 à 09h34
Aussi, je suis déjà abonné à Next.ink ;-)
Modifié le 21/02/2024 à 08h37
Jusqu'à présent, on n'avait droit qu'au point de vue de l'entreprise: "nous remercions les salariés ... bla bla bla bla ... mais nous sommes dans l'obligation de nous séparer de X % d'entre eux ... bla bla bla ...
Ici on a maintenant ce qu'un licenciement peut représenter au niveau humain individuellement et cela peut remettre en cause les images lisses que certaines entreprises veulent se donner car un salarié ce n'est pas seulement un numéro sur un tableur.
Le 21/02/2024 à 09h51
Donc tu suis la procédure sans rien à dire : Ils n'ont rien à te reprocher et ils ne veulent même pas te renvoyer mais sont comme toi et n'ont pas le choix, tu négocie l'indemnité qui correspond au plafond max que tu aurais aux prud'hommes ("merci Macron") qu'ils ont déjà budgétisé et ça finit comme ça sans que personne n'ait finalement rien compris de pourquoi ça se passe comme ça.
De nos jours mêmes des directeurs de région (EMEA, Middle-East etc.) n'ont AUCUNE idée de l'état de santé de leur boite, ou si le mois prochain elle va pas être racheté par un fond d'investissement et devoir se séparer de 30% des effectifs dans les trois mois.
La financiarisation du travail va de mal en pis.
Le 21/02/2024 à 11h16
On vient personnifier une politique globale de l'enseigne au petit manager de proximité qui se retrouve au front alors que c'est souvent un sous fifre avec juste une petite barrette de plus sur les épaulettes (et qui se fera peut-être lourder lui-même la semaine d'après).
Finalement, il n'y a pas bcp de différence avec la caissière qui se fait engueuler car c'est elle qui est au contact.
Je trouve que c'est la limite de l'article, cette dimension est mise en avant dans le titre, mais Next se contente d'un renvoi à un article externe derrière un paywall pour aborder les « manières de licencier sans se faire humilier sur TikTok »
Le 21/02/2024 à 13h46
Le 21/02/2024 à 11h45
Le drame humain est dans les conséquences réelles/supposées du licenciement pour le salarié.
Si ca se trouve, le salarié est pété de thunes ou a un profil ultra recherché.
Quant à humaniser le licenciement d'un DG qui part avec un parachute doré... bof.
Le 21/02/2024 à 10h47
Si je comprens l'intérêt (ça peut être utilisé dans le cadre d'une contestation au tribunal), je trouvé que cela reste risqué, car cela peut se retourner contre l'employé, et "renforcer" le licenciement (faute grave plutôt que licenciement économique). En plus si la société décide dans plusieurs mois de réembaucher des gens, elle rappelera ceux qui n'ont pas enregistré (je suppose que c'est courant dans certains pays où l'embauche et la débauche sont plus souples qu'en France).
Le 21/02/2024 à 11h35
On est pas vraiment au niveau du lanceur d'alerte là, c'est juste la publication d'une discussion privée, qui peut en plus contenir des informations confidentielles sur l'entreprise (changements stratégiques, infos clients ou autre). Pour le coup l'employeur pourrait, à raison, se retourner contre le salarié, mais devoir gérer l'effet Streisand qui peut aller avec.
Malgré tout, ça peut dans une certaine mesure inciter les directions à faire les choses plus proprement avec la crainte d'être exposés, car ça fout un coup côté RSE.
Pour le coup, pour avoir participé à des entretiens préalables en représentant les deux partis suivant le contexte (manager et membre du CSE) sur un licenciement classique, un licenciement éco et une inaptitude, ma boite a l'air plutôt clean sur le sujet. Bon, c'est pas exhaustif non plus (et pas le seul sujet RH d'une entreprise...).
Le 21/02/2024 à 14h53
Le 21/02/2024 à 21h55
C'est le rythme financier qui donne le tambour par cycles de 1 à 5 ans.
Mais pour un employé, lambda ou pas, c'est des décisions à ne pas prendre à la légère :
Faire le CV, se vendre, hésiter entre la start-up ou le mammouth, espérer tomber dans le service ou tu pourras t'épanouir, faire déménager toute la famille, attendre que l'opportunité se présente de pouvoir performer, ou pas.
Le cycle n'est pas forcément le même dans ta vie :
Tu ne pourras pas systématiquement te retourner au moment opportun, et ces cycles ne te mettent pas forcément en valeur quant à ton travail potentiel et fourni.
Fais un CV avec 5 cycles sur 10 ans de ces expériences ratées, ça devient plus dur pour argumenter.
Perso j'ai fait 15 ans de prestations de services, 2 boites. très riche en expériences et très mal payé.
Puis embauché dans un petit groupe racheté par un CAC40 en FR, tout le service a été licencié 1 an après.
Et heureusement là je suis stable depuis 7ans avec un "gros" du secteur, tu vois bien la progression et la confiance qu'on acquière avec le temps, dans une équipe de 10 personnes pour un groupe de 6000 personnes.
Les échelles ne sont pas les mêmes, les lois ne sont pas les mêmes selon les pays, et ta carrière peut prendre un tournant différent selon ces cycles que personne ne maitrise vraiment.
Le 21/02/2024 à 23h09
Se faire humilier sur TikTok: 👎