Les discussions des jeunes joueurs du Real Madrid illustrent la problématique du revenge porn
Le 04 septembre à 10h20
2 min
Société numérique
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En septembre 2023, quatre joueurs du Real Madrid, issus de l’équipe de réserve et du centre de formation du club madrilène, étaient arrêtés pour la diffusion d’une vidéo à caractère sexuel d’une jeune fille mineure.
En pratique, les quatre hommes âgés de 20 à 21 ans se sont retrouvés dans un club des îles Canaries avec deux jeunes filles, l’une de 16 ans, l’autre de 18. Sans leur demander leur accord, ils ont filmé des rapports sexuels consentis, puis ont diffusé la vidéo « largement », selon El Confidencial.
Un an plus tard, le média espagnol diffuse une partie des messages échangés entre les quatre hommes et en dehors de leur cercle.
Ces derniers permettent de constater que Juan Rodriguez Lima, qui a commencé par partager la vidéo dans un groupe WhatsApp de 12 personnes, était parfaitement conscient de l’âge de la plus jeune. Au fil d’autres discussions, outre insulter les jeunes filles, il a répété à plusieurs reprises que la plus jeune « n’avait pas fêté ses 17 ans » ou « était une « 06 » » (pour 2006, son année de naissance).
Dans divers cas, les quatre hommes ont partagé les vidéos dans des discussions directes avec des ami(e)s, se vantant souvent du traitement qu’ils avaient fait subir aux jeunes filles, et notamment de les avoir frappées.
À l’exception d’un homme se déclarant mal à l’aise et de deux femmes se déclarant « flippées » au milieu de leurs rires, rares ont été les interlocuteurs des joueurs qui leur ont reproché leur comportement, même quand l’un d’eux s’est targué de ne jamais utiliser de préservatif.
Dans la plupart des cas, les messages se sont concentrés sur la critique ou l’insulte des jeunes filles concernées.
De fait, les échanges illustrent autant la banalité de la misogynie que la difficile considération accordée aux victimes de diffusion non consentie d’images à caractère sexuel, quand bien même l’effet de ces diffusions est largement documenté.
Le 04 septembre à 10h20
Commentaires (23)
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Abonnez-vousLe 04/09/2024 à 10h37
Plus sérieusement, c'est gars me font gerber.
Le 04/09/2024 à 10h38
Le 04/09/2024 à 10h55
Le 04/09/2024 à 13h25
Le 04/09/2024 à 10h59
Quand on voit les quelques affaires qui sortent, il y a vraiment une sorte d'impunité quasi totale dans le monde des "puissants".
Le 04/09/2024 à 11h25
Par exemple l'affaire de viol aggravé en Argentine commis selon l'inculpation par deux rubgymen français fait froid dans le dos. (Le témoignage de la victime est vraiment glaçant.)
Et puis pas la peine de juste élargir au sport pro, ou à l'argent, ou à je ne sais quel dénominateur commun dont tout un chacun peut s'exclure en toute sécurité.
Les violences sexuelles sont commises et infligées dans tous les milieux par toutes sortes de profils de personnes, du clodo au présidentiable, du sportif au religieux, d'ici ou d'ailleurs.
Le 04/09/2024 à 13h43
J'ai en tête Epstein qui invitait des top models sur son île pour les donner en pâture à ses riches clients.
Pour les rugbymen, on ne sait pas grand chose, donc restons en au fait.
Ce qu'on sait, c'est que la la nana a "omit" de dire au juge qu'elle avait une pathologie hémorragique qui fait qu'elle marque très vite et que les deux joueurs ont été autorisé à repartir en France.
Les footballeurs, les faits sont là, ils ont diffusés les vidéos.
Le 04/09/2024 à 11h10
Le terme me semble inapproprié. On dirait plus du harcèlement ou de la misogynie à l'état brut qu'une histoire de vengeance. Cela me semble pire (déjà qu'à la base le revenge porn n'est pas très joli pour rester courtois) car là, c'est une volonté prémédité de nuire et reflétant un certain sadisme.
Le 04/09/2024 à 11h32
L'autre problème c'est que ce n'est pas réservé à de mauvais footballeurs. Le droit à l'oubli n'existant pas sur Internet, parfois je me dis qu'un peu de name and shame devrait être autorisé, ne serait-ce que pour prévenir les filles/femmes qui croiseraient leur chemin.
Le 04/09/2024 à 11h46
Je reste convaincu que la misogynie se transmet de père en fils...
Le 04/09/2024 à 12h05
Le 04/09/2024 à 12h37
Beaucoup de femmes sont aussi sexistes en un sens. L'homme doit être fort, savoir bricoler quand la femme est dans la cuisine et s'occupe des gamins. Et nombre d'entre elles ne voient aucun problème avec cela et trouvent cela parfaitement normal.
De la même façon qu'on peut être aussi noir et raciste en pensant que les noirs sont réellement inférieurs aux blancs, ou des homosexuels qui sont convaincus d'être malades à cause de cela. Le fait d'être victime de certains préjugés n'empêche pas d'y adhérer. C'est un gros problème par ailleurs.
Le 06/09/2024 à 01h35
Modifié le 04/09/2024 à 12h24
Comme le dit @Bill2 les familles mono-parentales ne sont pas exclues, ni des familles avec des pères "corrects".
Mais les groupes de gens dits "amis" apportent certainement beaucoup d'influence.
Sans compter l'influence des publication de non-proches (célébrités, influenceurs, baltringues...) sur les réseaux "dits" sociaux (belle fomulation, merci @nextdrOp )
Le 04/09/2024 à 12h17
Et aussi un besoin de validation sociale par les membres de leur groupe.
Je n'ai pas suivi cette affaire, j'espère qu'ils vont subir des sanctions, et que celles-ci leur feront comprendre à quel point ils ont été cons.
Modifié le 04/09/2024 à 12h23
Dans la mise en situation de l'article, le groupe partage à peu de choses près le même référentiel moral. Il y a néanmoins eu des voix dissidentes dans le groupe qui ont déclaré à posteriori avoir été mal à l'aise. Mais elles se sont écrasées durant l'instant présent et n'ont manifestement rien dit ou pas de manière suffisamment visible.
En fait, c'est une réaction courante, des études comportementales l'ont déjà souligné aussi : le groupe a plus de poids que son propre référentiel. Je me rappelle d'un des sujets traités par Hacking Social qui relatait d'une expérience de ce genre. Une personne "innocente" entourée de plusieurs "complices" à l'expérience. Chacun devait apporter une réponse sur une question, je crois de mémoire qu'il fallait dire quelle est était la plus longue ligne dans une série affichée. Au début, les complices répondaient plus ou moins correctement. Puis à un moment, la réponse était évidente, mais les complices choisirent tous une parfaitement fausse (genre 5cm versus 20cm, ils répondirent la plus courte). Dans la plupart des cas, la personne innocente s'est écrasée et a répondu la même chose.
Il n'est donc pas impossible que les personnes en question aient été bloquées par pression indirecte du groupe. Passer pour le relou de service, se faire exclure, etc., c'est autant de risques à jauger en très peu de temps. Un peu comme ne pas intervenir quand quelqu'un se fait agresser dans la rue, rares seront ceux à jouer aux héros (et risquer sa peau) tandis que la majorité regardera ses pieds.
Bref, c'est hélas pas si simple.
Le 04/09/2024 à 12h45
Je résume :
* 12 personnes sur le groupe whatsapp
* 4 connards qui méritent la prison pour avoir diffusé la vidéo et tout le reste
* 3 personnes (1H et 2F) qui méritent de la bienveillance (je n'irai pas jusqu'à dire des félicitations) pour avoir réagi sur whatsapp
* 5 qui sont restées silencieuses sur whatsapp, méritent des claques (s'ils ont lu les messages)
* hors du groupe whatsapp, d'autres ont eu la vidéo de la part des 4 connards, on ne sait pas comment ils ont réagi
Le 04/09/2024 à 13h13
Une forme d'auto censure je dirais.
Le 04/09/2024 à 12h53
(On est d'accord, en France, c'est bien du pénal ce genre de chose, pas du civil pour un simple problème de droit à l'image n'est-ce pas ? )
Modifié le 04/09/2024 à 13h18
Article L226-1 du code pénal
Le 04/09/2024 à 12h33
Par Ilana Navaro. Pour LSD, Ilana Navaro a cherché à comprendre comment le pays d’origine du mot machisme en arrive à être une source d’inspiration en matière de politiques féministes. Depuis près de 20 ans, l’Espagne est à l’avant-garde, comment font les Espagnoles ?
4 épisodes
Le 04/09/2024 à 13h56
Voici un extrait :
Erreur d'attribution de groupe >>
Les groupes ont tendance, sous plusieurs aspects, à se comporter comme les individus, prenant des décisions de façon similaire. Cependant, les règles pour les décisions de groupe ne sont pas forcément les mêmes que pour les individus au sein de ce groupe. L'erreur d'attribution du groupe se produit quand on présume que les personnes du groupe sont d'accord avec les décisions du groupe. Lorsque les genprennent des décisions en groupes, ils suivent souvent les règles du groupe et sont dès lors influencés par la dynamique sociale au sein du groupe, minimisant leurs véritables préférences personnelles. L'attribution tend souvent à se faire au niveau du groupe, que ce soit l'endogroupe ou l'exogroupe, en supposant que ceux d'un groupe identifié pensent de la même manière. Cela nous aide à parler d'«eux» en tant que concept cohérent, mais en présumant à tort que les personnes du groupe sont plus semblables qu'elles ne le sont réellement. Source : http://changingminds.org/explanations/theories/group_attribution_error.htm
Par conformisme et effet de groupe, on a l'impression que tout ceux qui n'ont rien dit étaient en phase avec les 4 ordures.
Mais non, ça n'est pas du tout implicite, et on le comprend mieux avec la lecture ci-dessus.
Le codex complet est disponible ici : https://www.penser-critique.be/wp-content/uploads/2018/02/codex-biais-cognitifs.pdf
C'est intéressant à lire pour mieux comprendre l'être humain! :)
Le 04/09/2024 à 14h47