Deux fournisseurs chinois ont expliqué à Reuters, sous couvert d'anonymat, être en mesure de pouvoir revendre « un petit nombre de puces d'intelligence artificielle A100 » fabriquées par NVIDIA pour 20 000 dollars pièce, soit deux fois plus que le prix habituel, en raison des sanctions américaines :
« Bien que l'achat ou la vente de puces américaines haut de gamme ne soit pas illégal en Chine, les restrictions à l'exportation des États-Unis ont créé un marché souterrain de facto avec des fournisseurs désireux de ne pas attirer l'attention des autorités américaines ou chinoises. »
Reuters rappelle que l'administration Biden a demandé à NVIDIA en septembre de cesser d'exporter ses deux puces les plus avancées – la A100 et la plus récente H100 – vers la Chine continentale et Hong Kong, dans le cadre des efforts visant à contrecarrer les progrès chinois en matière d'IA.
Reuters, qui s'est entretenu avec dix fournisseurs à Hong Kong et en Chine continentale, évoque «une demande intense en Chine », ainsi que « la relative facilité avec laquelle les sanctions de Washington peuvent être contournées », en tout cas pour les transactions de petits lots.
NVIDIA a de son côté déclaré dans un communiqué qu'elle n'autorisait pas les exportations de l'A100 ou du H100 vers la Chine, « fournissant plutôt des substituts à capacité réduite conformes à la législation américaine ».
Un porte-parole du département américain du Commerce a pour sa part rétorqué que les mesures de contrôle des exportations avaient eu un « impact substantiel » sur la disponibilité des puces haut de gamme en Chine.
NVIDIA avait déclaré en septembre que 400 millions de dollars de ventes au cours de son troisième trimestre pourraient être perdus si les entreprises chinoises décidaient de ne pas acheter de produits Nvidia.
Les variantes A800 et H800 de ses puces destinées au marché chinois et qui sont ralenties pour respecter les règles américaines prendraient probablement 10 à 30 % de plus pour effectuer certaines tâches d'IA, et pourraient aussi doubler certains coûts par rapport aux puces américaines les plus rapides, rapportait Reuters en mai dernier.
« Les sociétés d'IA dont nous parlons semblent considérer le handicap comme relativement faible et gérable », avait déclaré Charlie Chai, un analyste de 86Research basé à Shanghai.
Les vendeurs chinois expliquent à Reuters avoir acheté les puces principalement de deux manières : dans les stocks excédentaires qui se retrouvent sur le marché après que NVIDIA a expédié de grandes quantités à de grandes entreprises américaines, ou en les important via des sociétés localement constituées dans des endroits tels que l'Inde, Taïwan et Singapour.
Pour autant, le nombre de puces susceptibles d'être acquises serait « loin de ce qui est nécessaire pour construire un grand modèle de langage sophistiqué », à mesure qu'il faudrait « plus de 30 000 cartes Nvidia A100 » pour un modèle similaire au GPT d'OpenAI.
Et un seul des 10 fournisseurs avec lesquels Reuters s'est entretenu a déclaré être capable de se procurer des H100.
Commentaires (15)
#1
Ah oui ! Quand même !
#2
Moi ce que j’imagine , c’est pas que les chonois vont s’assoir par terre et pleurer en disant “bon ben c’est pas grave, on retournera fabriquer des i-phone”.
Ca va surtout les motiver pour pousser leur R&D et leurs service d’espionnage pour sortir leurs propres puces de capacité équivalente, et essayer d’inonder le marché avec…
Un bon exemple de ça je trouve c’est leurs SoC ARM.
#2.1
Forcément que ça va motiver les Chinois à créer leur propres processeurs. Mais ça ne se fait pas en un an, ce n’est pas pour rien que les US et l’Europe investissent énormément pour créer des usines sur leur sol.
Et puis, il faut des gens qualifiés, de la coopération internationale, …
Du coup il n’est pas impossible que puisse créer (sur le long terme) une classe plus opposée à la politique actuelle.
Huawei a du créer HarmonyOS pour remplacer Android, je ne sais pas si ils s’en sortent bien.
#2.4
Les ordiphones Huawei sortent toujours sous Android, t’as juste des services Huawei à la place de ceux de Google.
#2.2
Ça devrait surtout motiver l’Europe à revoir la stratégie des semi-conducteurs, à la fin, on aura d’un coté des produits USA (sous embargo, interdiction d’export à la bonne volonté des services des douanes) ou chinois (avec un risque important de backdoor)
Tous les jours, mon métier consiste a fabriquer et concevoir du matériel pour l’armée sans aucun composant “étranger”, c’est aberrant de voir la non volonté de nos gouvernements sur ce sujet.
#2.3
Les backdoor y’en a des deux côtés, les premiers disent qu’elle n’y sont pas à leurs “amis” alors que l’autre l’a rentré dans la loi et le dit clairement.
Entre peste et choléra l’Europe se dirige vers la peste, plutôt que de se mettre d’accord et de former/conserver des globules blancs.
#3
à mesure qu’il faudrait « plus de 30 000 cartes Nvidia A100 » pour un modèle similaire au GPT d’OpenAI
Et combien de MI300 ?
#4
Nos amis américains précipitent leur chute : c’est très bien.
Espérons qu’on ne se laisse pas entraîner trop bas avec eux, c’est juste ca.
#5
“10 à 30 % de plus”
Plus de quoi ?
#6
les afro-américains rient jaune.
#7
Tu pense que l’Europe devrait investir dans es usines de semi-conducteurs localisées sur le sol européen ?
Ou alors c’est un problème d’architecture et pas d’usine ?
#8
Question con, mais Nvidia n’attaque pas la décision de l’administration US pour le potentiel manque à gagner pour eux ?
J’ai l’impression que les grosses multinationales n’hésitent pas trop à attaquer certains états quand des lois sont passées qui contraignent leur business, mais j’ai pas d’exemple en tête quand il s’agit d’attaquer une loi US, il y en a ?
#8.1
nVidia perd pas vraiment, les boites des autres pays qui étaient en dech sont venues plus vite que leur ombre.
C’est surtout que côté US et UE ça commence a regarder pour réguler, alors qu’en chine c’est openbar (pour le moment).
Y’a qu’a voir comment ça s’est passé pour les cryptos, l’IA va refaire la même.
L’UE essaye de pondre un texte, mais n’arrive pas à un truc cohérent et viable
Les US laissent faire tant que ça rapporte.
La chine laisse faire tant que ça lui rapporte des données et que certains la ramènent pas trop. Après ils sabrent, et plus vite que leur ombre.
#8.3
Nvidia, Intel et Micron sont les principaux bénéficiaires de l’enveloppe du Chip Act vu qu’ils ont du fermer leurs usines en Chine.
#8.2
Tout simplement parce que s’est passé par la case du sénat et le DoD. Intel a essayé par deux fois de faire ré-ouvrir son usine de wafer en Chine pour éviter la pénurie de puces en 2020 et 2021 mais c’est fait taper sur les doigts à chaque fois par le département de la défense US.