La licence globale a bien existé en France, au seul profit des ayants droit
#Bridelice
Le 16 octobre 2013 à 09h00
7 min
Droit
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Lors de la présentation de son projet de résolution sur la Copie privée, l’eurodéputée Françoise Castex a défendu une nouvelle fois une extension de la copie privée aux échanges non marchands. L’idée a cependant été combattue par Marielle Gallo, membre du Parti Populaire Européen.
« Je vais proposer la suppression du paragraphe 27 sur la législation du P2P ! Cette disposition ne fait l’unanimité de personne, ni les titulaires de droit ni la société civile ne le soutient » a estimé lundi Marielle Gallo lors d’un débat en commission des affaires juridiques du Parlement européen.
Ce fameux paragraphe 27 dénoncé par Gallo « demande à la Commission et aux États membres d'étudier la possibilité d'une légalisation du partage d'œuvres à des fins non commerciales afin de garantir aux consommateurs un accès à une grande variété de contenus et un choix réel en matière de diversité culturelle ». Cette mesure est spécialement issue du projet de résolution de Françoise Castex (PS) sur la copie privée, défendue devant l’instance européenne.
Rémunérer les échanges non marchands au titre de la copie privée reviendrait à indemniser les ayants droit par ce biais, alors même que les sources sont illicites. Les fichiers ont en effet été distribués et téléchargés sans autorisation et constituent juridiquement des contrefaçons. Sur Twitter, Gallo a d’ailleurs martelé : « ne lions pas copie privée et usages illicites ! ».
@reesmarc @koolfy @FelixTreguer: Ne lions pas #copieprivée et usages illicites! Confère @EDRi_org : http://t.co/SP4Xwkp2BW
— Marielle Gallo (@MarielleGallo) October 14, 2013
La tentative DADVSI
En France, l’idée a cependant eu plus de succès dans le passé. Souvenons-nous de ces deux amendements adoptés en cette nuit du 21 décembre 2005 lors du débat DADVSI. Le premier était défendu par Alain Suguenot, député maire de Beaune (voir son interview dans nos colonnes) :
« l'auteur ne peut interdire les reproductions effectuées sur tout support à partir d'un service de communication en ligne par une personne physique pour son usage privé et à des fins non directement ou indirectement commerciales, à l'exception des copies d'un logiciel autres que la copie de sauvegarde, à condition que ces reproductions fassent l'objet d'une rémunération telle que prévue à l'article L. 311 - 4. »
Le second enclenché par les députés socialistes dont Didier Mathus, Patrick Bloche et Christian Paul :
« Il ajoute, dans le paragraphe consacré à l’exception pour copie privée, une précision importante concernant les copies réalisées pour un usage privé par téléchargement sur Internet », copie autorisée en contrepartie de redevance pour copie privée. « Cette écriture confère, sans équivoque possible, le bénéfice de l'exception pour copie privée aux copies réalisées par téléchargement sur les services de communication en ligne aux personnes physiques qui se sont acquittées de la rémunération dues aux ayants droit. »
On connait la suite. Après soulèvement des ayants droit, les amendements furent expulsés le 6 mars 2006 dans la continuité des débats. De même, les ayants droit de l’audiovisuel, mécontents, déplacèrent les rencontres cinématographiques de Beaune dans le fief voisin, à Dijon.
Le PS n’avait cependant pas abandonné ce terrain.
Les souhaits d'Aurélie Filippetti, les voeux de François Hollande
Quelques années plus tard, lors des débats Hadopi 2 en juillet 2009, le PS proposera encore cette fameuse contribution créative. Vainement. Malgré ce rejet dans l'hémicycle, Aurélie Filippetti, encore opposante à Hadopi, insistait à la clôture des débats :
« Ce n'est pas par la peur du gendarme et au moyen d'une usine à gaz que nous réglerons la question du droit d'auteur, mais grâce à l'émergence d'un nouveau modèle économique associant artistes et internautes, c'est-à-dire toutes les parties concernées, et fondé sur une contribution créative associée à des budgets publics massifs de soutien à la création » (Débat Hadopi 2, Assemblée nationale, 22 septembre 2009, voir sur la contribution créative les travaux de Philippe Aigrain)
En 2011, François Hollande s’était lui-même souvenu de ce généreux projet à quelques encablures de l’élection présidentielle. Dans une tribune, il affirmait ceci aux oreilles aux futurs électeurs prêts à mettre un bulletin dans l’urne :
« Je propose une faible redevance couplée à la réorientation de la taxe sur les Fournisseurs d’accès à internet (FAI), qui permettra de dégager jusqu’à un milliard d’euros annuels pour rémunérer les droits d’auteurs. Ainsi la liberté ne sera pas entravée tandis que les créateurs percevront une juste rémunération pour leurs créations.
Notre responsabilité en 2012 sera de mettre un terme au plus vite au conflit entre créateurs et internautes en abrogeant le dispositif Hadopi et en le remplaçant par ce nouveau mécanisme qui assurera des financements pérennes au monde de la culture sans entraver le principe de liberté qui doit prévaloir en matière d’accès à la culture sur Internet. »
Le temps et les pressions ont fait depuis leur œuvre. En octobre 2011, nous remarquions que le billet avait été discrètement gommé lors de la migration du site du candidat Hollande. Le lien renvoie depuis à une belle page d’erreur sur Facebook. On en trouve encore cependant quelques traces dans des sections locales notamment celle du PS de… Dijon. Une page chapeautée par trois mots : « Unité », « Volonté » et « Vérité. ».
Quant à Aurélie Filippetti, devenue ministre, celle-ci botte désormais en touche quand une intrépide parlementaire ose la relancer sur le sujet qu'elle a désormais oublié.
Une licence globale mais pour les seuls ayants droit
C’est évidemment la satisfaction et le soulagement des ayants droit qui ont toujours été vent debout contre une telle ouverture des vannes sur les échanges non marchands. Ces mêmes SACEM & co ont pourtant une longue expérience dans le milieu, et pour cause, ils ont bel et bien pratiqué une légalisation des échanges non marchands… mais pour leur seul avantage.
Explication.
Pendant des années, ils ont tenu compte des pratiques de copies illicites pour gonfler les études d’usage qui servent à quantifier ce qu’ils perçoivent au titre de la copie privée. Plus les gens copiaient même illicitement, plus ces ayants droit étaient en droit d’exiger une compensation importante.
Les débats du 16 janvier 2007 au sein de la Commission copie privée sont particulièrement riches. Thierry Desurmont, alors représentant la SACEM et président d’une des deux sociétés civiles aspirant la copie privée, affirmait sans nuance : pour les iPod, « on sait très bien que moins de 3 % des contenus qui y sont copiés provient d’une source licite. Nous n’aurions évidemment pas fixé les rémunérations telles que celles que nous avons fixées si on avait exclu ce qui est copié sur les iPod en provenance du Peer to peer ». C’est clair, net, précis même si cette archive est absente du site du ministère de la Culture.
En 2008, le Conseil d’État a finalement sanctionné la Commission copie privée pour ces mélanges entre copie privée et source illicite. Il reste qu’avant cela, les sociétés de gestion collective, qui ont tout fait pour empêcher la libéralisation des échanges non marchands, ont pu prélever en douce des sommes gonflées par ces mêmes pratiques.
La vieille histoire du beurre, de l’argent du beurre et du cul de la crémière.
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La tentative DADVSI
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Une licence globale mais pour les seuls ayants droit
Commentaires (62)
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Abonnez-vousLe 16/10/2013 à 12h57
C’est quand même navrant de voir des personnes de 50⁄60 ans de moyenne d’âge décider de ce qui est le mieux concernant “l’avenir” de la culture " />
Le 16/10/2013 à 13h05
Le 16/10/2013 à 13h36
Plutôt bizarre cet effort de la part d’une majorité élue sur le thème de la transparence d’effacer ainsi de ses archives des documents …
La taxe pour la copie privée est vaste escroquerie, tout le monde le sait, la justice elle-même l’a acté. Et que se passe-t-il depuis ?
Absolument rien. On continue comme avant alors que le montant de la taxe devrait être revu drastiquement à la baisse.
Le cul de la crémière supporte, jusqu’à quand ?
Le 16/10/2013 à 13h54
Il y a eu un rêve du Lobby Français a une époque…
" />
Le 16/10/2013 à 13h58
Le 16/10/2013 à 14h01
Le 16/10/2013 à 14h06
Le 16/10/2013 à 14h21
Le 16/10/2013 à 14h25
Le 16/10/2013 à 14h30
A l’époque on chassait du Pascal Nègre !
C’est plus ce que c’était !
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Le 16/10/2013 à 14h56
Le 16/10/2013 à 15h07
Le 16/10/2013 à 15h14
Le 16/10/2013 à 17h26
licence globale = taxe globale.
La question est de savoir si vous voulez payer une nouvelle taxe. Tout en sachant pertinemment que les majors/zéyandroa trouveront tout de même un moyen de vous faire payer individuellement en plus de la taxe. " />
Le 16/10/2013 à 17h54
Le 16/10/2013 à 09h06
La vieille histoire du beurre, de l’argent du beurre et du cul de la crémière.
" /> avec l’aval du crémier en plus " />
Le 16/10/2013 à 09h07
C’est impressionnant la puissance des lobbies sur les politiques.
Le 16/10/2013 à 09h09
Le 16/10/2013 à 09h11
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Le 16/10/2013 à 09h17
« Je vais proposer la suppression du paragraphe 27 sur la législation du P2P !
*
Ha bon ? C’était illégal ?
nous n’aurions évidemment pas fixé les rémunérations telles que celles que nous avons fixées si on avait exclu ce qui est copié sur les iPod en provenance du Peer to peer »
Ho merde encore un produit commercial qui sert de terme générique à tous les appareils du même type…
Le 16/10/2013 à 09h18
Le 16/10/2013 à 09h20
ça existe une licence illégale ? " />
edit : j’ai rien dit " />
Le 16/10/2013 à 09h23
J’aime beaucoup le contraste entre la couleur de peau et la couleur du fond sur les 2 premières photos. " />
Le 16/10/2013 à 09h24
J’ai lu #bricedenice en sous titres…." />
Le 16/10/2013 à 09h25
Le 16/10/2013 à 09h27
piqûre de rappel bienvenue :)
Le 16/10/2013 à 09h30
Le 16/10/2013 à 09h32
Rémunérer les échanges non marchands au titre de la copie privée reviendrait à indemniser les ayants droit par ce biais, alors même que les sources sont illicites.
Ah, les échanges non marchands sont forcément illicites.
« Ce n’est pas par la peur du gendarme et au moyen d’une usine à gaz que nous réglerons la question du droit d’auteur, mais grâce à l’émergence d’un nouveau modèle économique associant artistes et internautes, c’est-à-dire toutes les parties concernées, et fondé sur une contribution créative associée à des budgets publics massifs de soutien à la création »
Mais hadopi est encore là.
Excellente actualité, ça fait du bien de temps en temps de se rappeler.
Le 16/10/2013 à 09h35
Le 16/10/2013 à 09h36
Le 16/10/2013 à 09h36
Le 16/10/2013 à 09h40
Le 16/10/2013 à 09h49
Le 16/10/2013 à 09h50
Pendant des années, ils ont tenu compte des pratiques de copies illicites pour gonfler les études d’usage qui servent à quantifier ce qu’ils perçoivent au titre de la copie privée
Il n’était pas question d’un dépôt de plainte pour recel de contrefaçons à l’encontre de ces gugusses (je n’ai plus les détails) ?
Le 16/10/2013 à 09h50
Merci Marc pour cette belle piqûre de rappel sur l’entubage quotidien qu’on subit depuis des années…" />
Le 16/10/2013 à 10h03
Un bien bel article " />
Le 16/10/2013 à 10h14
Tte facon les ayants doits et sacem sont des parasites. Point final
Le 16/10/2013 à 10h18
Le 16/10/2013 à 10h22
Le 16/10/2013 à 10h34
Les ayant droit se poseront-ils un jour la question de savoir pourquoi leurs clients tiennent si peu compte de leurs intérêts ?
Le 16/10/2013 à 10h51
Le 16/10/2013 à 10h52
Et les artistes dans tout ça, ils ont eu leur part ?
A mon avis, en dehors des plus gros, nada…
Les zéyantdrouah voudraient encourager au piratorianisme qu’ils ne s’y prendraient pas mieux autrement. Tu m’entubes sur la copie privée = je me sers du TPB.
Match nul, la balle au centre.
Le 16/10/2013 à 11h05
Aurélie et François
Le 16/10/2013 à 20h57
En 2008, le Conseil d’État a finalement sanctionné la Commission copie privée pour ces mélanges entre copie privée et source illicite. Il reste qu’avant cela, les sociétés de gestion collective, qui ont tout fait pour empêcher la libéralisation des échanges non marchands, ont pu prélever en douce des sommes gonflées par ces mêmes pratiques.
Il serait amusant de rappeler aussi que la sanction du Conseil d’Etat n’y a pas mis fin dans les faits. Ils ont illico revote les montants a la virgule pres en arguant du taux de compression et autres aneries de ce genre. Comme si les taux de compression valaient un facteur de 33 (voir le passage “on sait très bien que moins de 3 % des contenus qui y sont copiés provient d’une source licite”) entre juste avant et juste apres la decision du Conseil d’Etat. Ou comme ils pretendaient ne pas avoir tellement augmente les taux, ce qui est deja une douce blague en soi, entre la creation de la RCP sur supports numeriques et la decision du Conseil d’Etat.
Bref, l’arnaque dure encore, elle est juste moins officielle qu’avant.
Le 16/10/2013 à 21h22
Le 17/10/2013 à 07h10
Le 16/10/2013 à 11h14
L’explication m’a fait penser à ce qui s’est passer entre Coucoucircus et la SACEM
Le 16/10/2013 à 11h16
Voilà, le crime est payant… Preuve de mafia." />
Le 16/10/2013 à 11h39
Le 16/10/2013 à 11h39
" /> Respect Marc " />
Les t-shirt, c’est plus trop la saison. Vous recevez quand les anoraks/bombers?
(dur de claquer tout ce qu’on économise en étant forcé au boycot de droits d’auteurs)
PS au passage, ces ayants-tout-les-droits touchent toujours sur les copies illégales puisqu’ils n’ont pas tenu compte de la décision de justice s’imposant à eux. Compenser cette perte de revenus qu’ils auraient du subir par une augmentation “liée à la compression” n’est pas acceptable.
Donc la Licence Globale est toujours payée, et le partage est de fait légal.
Partageons! Boycottons! Faisons valloir nos droits numériques!
" /> Allons enfants de l’internet, le drapeau pirate est levé!
Contre nous.. rien que des pourris,
Des droits sur les oeuvres aussi nous avons. " />
Une Licence Globaleu nous payons.
Copions! copions que le partage,
Ne soit plus prétexte de nous fliquer!
©Zeurf " />
Le 16/10/2013 à 11h42
Le 16/10/2013 à 11h42
Le 16/10/2013 à 11h53
La copie privée sert à rémunérer l’ayant droit sur les copies légales d’une oeuvre? Mais pourquoi ne pas avoir inclus cette rémunération dans le prix initial de l’oeuvre?
Oh wait! ce prix initial n’est pas payé dans le cas d’une copie illicite!
La seule raison rationnelle d’avoir inventé la redevance copie privée est d’avoir cherché un moyen de légaliser le recel de contrefaçon." />
Le 16/10/2013 à 11h54
Le 16/10/2013 à 11h59
Le 16/10/2013 à 12h00
Le 16/10/2013 à 12h06
Le 16/10/2013 à 12h11
Le 16/10/2013 à 12h27
Le 16/10/2013 à 12h28
“Un pour tous et tous pourris !” " />
Le 16/10/2013 à 12h40
Le 16/10/2013 à 12h45