Peering : entre Meta et Deutsche Telekom, rien ne va plus

Peering : entre Meta et Deutsche Telekom, rien ne va plus

« Fair share » contre neutralité du Net…

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Peering : entre Meta et Deutsche Telekom, rien ne va plus

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Meta a annoncé mercredi avoir mis un terme aux interconnexions entre ses propres infrastructures et celles de l’opérateur allemand Deutsche Telekom, au motif que ce dernier lui impose des conditions tarifaires inacceptables. Conforté par une récente décision de justice allemande, Deutsche Telekom accuse de son côté le groupe américain d’abuser du caractère incontournable de ses services dans les négociations, et en appelle au principe de « fair share ».

Les internautes allemands clients de Deutsche Telekom noteront-ils une dégradation de la qualité de l’accès aux services de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) dans les jours à venir ? C’est la menace brandie en filigrane par Meta, qui a annoncé mercredi avoir mis un terme aux interconnexions directes entre ses propres infrastructures et celles de l’opérateur.

« Après des mois de discussions, nous sommes surpris et déçus par l'échec des négociations avec Deutsche Telekom. Nous avons conclu des accords de peering sans frais avec des opérateurs télécoms en Allemagne et dans le monde entier, qui permettent à leurs utilisateurs d'accéder rapidement et de manière très qualitative à nos applications », écrit Meta dans un communiqué.

« Meta n’est pas au-dessus des lois »

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Commentaires (14)


Je suis vraiment partagé sur ce thème car, d'un côté il me semble logique que les tuyaux qui composent le net doivent rester neutre mais si un acteurs créer tellement de perturbation et est cause d'une utilisation plus que normale, alors payer me semble une bonne solution.
De ce que je comprends, c'est n'est d'ailleurs pas vraiment la question (payant ou gratuit) mais plutôt du niveau de coût.
Ca me donne l'impression que ce n'est que des pions qui sont avancés sur un échiquier pour faire avancer une négociation qui n'avance pas.
C'est effectivement difficile à résoudre. Car clairement il y a une interdépendance des 2 intervenants.
Mais en même temps, si on commence à négocier chaque lien avec le fournisseur de service, ça veut dire qu'un Meta, avec son pouvoir de négo énorme (car risque de résiliations massives chez le FAI si l'expérience n'est pas bonne) va pouvoir proposer un service fluide et rapide, quand un nouvel entrant (genre Mastodon) ou un futur concurrent sera incapable financièrement d'aller aligner autant qu'un Meta pour offrir la même expérience.

Et avec le Cloud, le problème ne va faire que s'amplifier. Quand le PC va commencer à être massivement dématérialisé (Shadow, Windows 365 PC Cloud...), les tuyaux vont devoir être énormes vers "quelques géants", ce qui se fera certainement au détriment de tout le reste.

Clairement, le problème aujourd'hui c'est plutôt notre modèle de facturation de l'utilisateur final. On a considéré la connexion filaire comme chacun met dans le pot commun et ça finit par financer le réseau. Sauf qu'en fait, on arrive un peu à la situation de la mutuelle : tout le monde ne dépense pas autant, ni pareil.

En réalité, le FAI devrait-il vraiment facturer de la même façon un utilisateur qui passe sa journée sur Arte à regarder le flux multicast 25Mb de sa box TV partagé avec 8 voisins qui regardent la même chose, pendant qu'un autre utilisateur enchaîne des vidéos Netflix de même débit envoyés individuellement depuis les serveurs Netflix ?
Modifié le 27/09/2024 à 18h22

Historique des modifications :

Posté le 27/09/2024 à 18h21


C'est effectivement difficile à résoudre. Car clairement il y a une interdépendance des 2 intervenants.
Mais en même temps, si on commence à négocier chaque lien avec le fournisseur de service, ça veut dire qu'un Meta, avec son pouvoir de négo énorme (car risque de résiliations massives chez le FAI si l'expérience n'est pas bonne) va pouvoir proposer un service fluide et rapide, quand un nouvel entrant (genre Mastodon) ou un futur concurrent sera incapable financièrement d'aller aligner autant qu'un Meta pour offrir la même expérience.

Et avec le Cloud, le problème ne va faire que s'amplifier. Quand le PC va commencer à être massivement dématérialisé (Shadow, Windows 365 PC Cloud...), les tuyaux vont devoir être énormes vers "quelques géants", ce qui se fera certainement au détriment de tout le reste.

Clairement, le problème aujourd'hui c'est plutôt notre modèle de facturation de l'utilisateur final. On a considéré la connexion filaire comme chacun met dans le pot commun et ça finit par financer le réseau. Sauf qu'en fait, on arrive un peu à la situation de la mutuelle : tout le monde ne dépense pas autant, ni pareil.

En réalité, le FAI devrait-il vraiment facturer de la même façon un utilisateur qui passe sa journée sur Arte à regarder le flux multicast 25Mb de sa box TV partagé avec 8 voisins qui regardent la même chose, pendant qu'un autre utilisateur regarde un flux de même débit en OTT sur myCanal ou sur un streaming illégal ?

Le coût du transit par abonné se chiffre en centimes d’euros.
Avec les technologies modernes, le debit ne coute plus grand chose, que ce soit en transport, en transit (et à plus forte raison en peering gratuit).
Un opérateur qui fait ça c’est juste un gros bully.

Ferd

Le coût du transit par abonné se chiffre en centimes d’euros.
Avec les technologies modernes, le debit ne coute plus grand chose, que ce soit en transport, en transit (et à plus forte raison en peering gratuit).
Un opérateur qui fait ça c’est juste un gros bully.
Je pense que c'est plutôt une escroquerie des fournisseurs de contenu de faire vouloir faire croire aux opérateurs que leurs utilisateurs vont partir si l'accès aux contenus se dégrade.
certes les monopoles (temporaires) sur certains services peuvent amener ça, mais ça va se lisser avec le temps et ce sont ces monopoles qui sont à éliminer.
Et puis, pour un opérateur, il n'y a pas que l'internet quand même, sinon c'est pas la peine, tout le monde peut être opérateur si c'est juste être FAI.
La neutralité n'est pas un bon argument dans le domaine: neutre ne signifie pas gratuit.
Faire payer au volume transporté serait un bon retour au sources, comme ça se pratique sur tous les réseaux autres que télécom (sur la voix on facturait les circuits au temps, avant que ça soit "illimité" et des données comme les autres). On peut rêver et espérer que les petits consommateurs/fournisseurs soient avantagés par rapport aux mastodontes, ça irait dans le bon sens.
Ça permettrait aussi de réduire l'inflation de consommation électrique des datacenter à force de balancer de l'inutile sur le réseau. Certes c'est s'inscrire dans une certaine décroissance de quantités, mais la qualité pourrait s'améliorer quand même si les opérateurs ont plus de revenus que les publicitaires (eux ne contribuent pas à la qualité, au contraire, voir ce qu'est devenue la téléphonie).
Certes un fournisseur de "contenu" aura toujours un trafic plus déséquilibré qu'un opérateur normal, mais de là à ce que le GO envoyé ne lui coûte rien il y a de la marge.
Pour moi, il est urgent et inéluctable quand on parle de développement durable, d'en finir avec tous les illimités et revenir à une juste facturation proportionnelle de l'usage, comme ça existe dans tous les systèmes sérieux.
Je suis assez en phase avec un coût cohérent avec ce que je consomme. Proportionnel dégressif par ex.

Payer pour ce que JE consomme, oui. Payer pour ce qu'ON me force à consommer (spam, pub et autre réjouissance qui alourdissent une page web ou une émission télé, NON.
Disons que ne consommant pas de vod, mon usage est autre.

Et on peut envisager un coût de type peering. Un coût en fonction du delta up/down.
En fait, le suivant lesquels les éditeurs de services / fournisseurs de services alimentent les réseaux d'opérateurs alors ses derniers se rétribuent sur la vente d'accès internet, ce n'est pas forcément un mauvais modèle.

Mais il implique que l'abonné soit prêt à payer son abonnement internet à un prix qui tient compte du cout du trafic. Par exemple si le volume de trafic d'un éditeur de service double tout les 2 ans, et que l'opérateur doit faire des investissements pour supporter cette hausse tout en maintenant la qualité, alors il faut que l'abonné soit près à accepter que ces couts se reflètent dans son abonnement. Peut etre que sortir du flat rate, par exemple, pourrait etre une solution....

Parce que si Meta/Youtube/Amazon & co augmentent continuellement leurs volumes de traffic, que ça un cout certain pour les opérateurs, mais qui ni Meta/Youtube/Amazon & co ni les clients des opérateurs n'acceptent de prendre supporter ce cout, il y a forcément un moment ou ca ne marchera plus.
Dans ma boite, on a clairement identifié en 2023 de la QoS mis en place par Deutsche Telecom, sur nos services. Alors qu'on est loin (année-lumière) du trafic de Meta !
DT, c'est le Free en Allemagne ? :troll:

Ptre que dans quelques temps, on verra des offres "Abonnement Premium" avec une vitesse garantie vers les services des GAFAM ?
Modifié le 27/09/2024 à 18h57

Historique des modifications :

Posté le 27/09/2024 à 18h56


Dans ma boite, on a clairement identifié en 2023 de la QoS mis en place par Deutsche Telecom, sur nos services. Alors qu'on est loin (année-lumière) du trafic de Meta !
DT, c'est le Free en Allemagne ?

Ptre que dans quelques temps, on verra des offres "Abonnement Premium" avec une vitesse garantie vers les services des GAFAM ?

Nous aussi, on plein de soucis de transport vers DT (les seuls soucis qu’on ait en Europe).
C’est des gros relous, voilà l’explication à toute cette histoire.
Les offres premium illimitées seraient la fin de la neutralité, faire payer pour ce qu'on utilise, comme un fournisseur d'énergie, par exemple ça reste de la neutralité, même si il peut y avoir des paliers dégressifs.
Reste à trancher le nœud gordien, ce qui, faute d’accord à l’amiable, ne peut se faire qu’au niveau réglementaire.


J'allais dire "très bon article" avant cette phrase et le reste du paragraphe.

Je m'explique. Cette position est celle des opérateurs et n'est donc pas une vérité.
Pour moi, il n'y a pas lieu de réglementer. S'il n'y a pas d'accord de peering entre un opérateur et un fournisseur de service Internet, il n'y a pas de peering et les données passeront par un opérateur de transit à qui le fournisseur de service paiera le service et l'opérateur paiera lui aussi (mais beaucoup moins) pour les données circulant dans l'autre sens.

Si ici, META préfère payer un opérateur de transit, c'est que ça doit être plus rentable que payer DT (ou qu'il essaie de forcer la négociation). Les prix du transit ayant beaucoup chuté entre 2010 et 2020, même si le trafic avait relativement augmenté, la demande de baisse de prix de Meta me semble légitime mais faute de chiffres sur le trafic, difficile d'en être sûr.

DT oublie que ce sont ses clients qui demandent que le trafic de 3,5 To/s arrive jusqu'à eux. C'est à eux de payer ce coût et ils le font déjà avec leurs abonnements. Meta a choisi de ne plus être client de DT et de passer par un opérateur de transit. Je ne vois pas pourquoi, il faudrait l'intervention d'une autorité de régulation pour régler un litige de ce type. On a un marché et la libre concurrence.
Au final, DT se prend le trafic de Meta mais ne touche rien en ayant voulu être trop gourmand.

Mais (très) bon article quand même. :langue:
Ton opérateur de transit ne va pas durer bien longtemps à ce régime là, car DT va lui faaire payer le différentiel de peering induit par meta, c'est la règle et si il ne répercute pas, il s'enfoncera.
A ce niveau, c'est vrai qu'un contrat commercial est suffisant.
Merci pour la remarque (je prends le compliment aussi :p), et désolé pour l'omission : le dernier paragraphe n'est pas mon analyse, mais le point de vue de l'opérateur, j'ai corrigé en ce sens !
La notion de peering a du sens entre deux opérateurs telco. Type Orange et Deutsche Telekom.

Meta n'est pas un opérateur télécom. Donc ils ne sont pas 'legitimes' à exiger un peering gratuit.

C'est selon moi aussi simple que ça.

D'ailleurs, si les Meta and co (j'inclus dedans les cloud providers) étaient légitimes a demander du peering gratuit, il ne serait dès lors pas légitime pour eux de facturer le transit 'out' sur leurs systèmes.

Preuve qu'ils sont bien dans un abus de position...
Modifié le 27/09/2024 à 21h07

Historique des modifications :

Posté le 27/09/2024 à 21h03


La notion de peering a du sens entre deux opérateurs telco. Type Orange et Deutsche Telekom.

Meta n'est pas un opérateur télécom. Donc ils ne sont pas 'legitimes' à exiger un peering gratuit.

C'est selon moi aussi simple que ça.

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