Dans un précédent article, nous avons expliqué comment suivre sa consommation instantanée en direct avec un Raspberry Pi et un module TIC à brancher sur un compteur connecté Linky. Aujourd’hui, on attaque le sujet par un autre bout : comment maitriser les coûts et choisir l’offre la mieux adaptée à votre consommation, et ainsi réduire votre facture.

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Dans la première partie de notre dossier, on prépare le terrain avec une explication sur les différentes formules. Ensuite, on passera la seconde avec des cas pratiques en fonction de votre consommation et de vos usages.

Tarif réglementé vs reste du monde

Commençons par définir une appellation que l’on entend régulièrement : le tarif réglementé de vente (TRV), souvent résumé en tarif réglementé, aussi nommé tarif bleu. C’est « le prix de l’électricité proposé uniquement par EDF ou, dans certaines communes, par des Entreprises Locales de Distribution (ELD) en raison de leur qualité de fournisseurs d’électricité historiques », explique EDF.

Il est fixé par les pouvoirs publics, sur proposition de la CRE (Commission de Régulation de l’Energie), et il doit repasser par cette double étape pour toute réévaluation. Le tarif réglementé est à mettre en balance des offres de marché, où les fournisseurs d’électricité sont libres de fixer leurs tarifs.

2022, année noire sur les tarifs de l’électricité

Et ils ne manquent parfois pas d’originalité dans leurs approches. On peut trouver des offres à tarif fixe avec un engagement (du fournisseur) à maintenir ses prix pendant xx mois ou années, des offres indexées sur le tarif réglementé ou le marché de gros, etc.

L’indexation sur le prix du marché de gros a fait mal à de nombreux clients (et fournisseurs) fin 2021 et courant 2022, à cause de l’explosion du prix du MWh comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous du ministère de la Transition écologique. Il faut donc bien surveiller les communications des fournisseurs sur les hausses de tarifs.

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De son côté, le tarif bleu permet de garantir « aux consommateurs un prix de l’électricité plus stable que les prix de marché, s’agissant d’un bien de première nécessité ». Il peut néanmoins être adapté une à deux fois par an (généralement en février et août). Durant la période d’explosion des tarifs sur les marchés, le tarif bleu était une bouée de sauvetage à laquelle les clients pouvaient se rattacher.

Offre de marché, tarif régulé… tous les contrats sont sans engagement

EDF rappelle si besoin que « si vous avez souscrit une offre de marché, vous avez la possibilité de la résilier à tout moment et sans frais, pour choisir une autre offre de marché ou pour revenir au tarif réglementé de l’électricité (TRV) ». Vous pouvez donc changer de crémerie comme bon vous semble et faire jouer la concurrence, quelle que soit votre offre.

En effet, Enedis rappelle un point important : « Avec la libéralisation du marché de l'énergie en 2017 et la loi NOME 2010 portant sur la nouvelle organisation du marché de l’électricité, tout particulier peut résilier son contrat d'électricité, à tout moment, peu importe la raison, et cela, sans frais. Tous les contrats d'énergie sont donc sans engagement ».

Enedis ? Oui, il s’agit de l’entreprise qui gère le réseau électrique en France. Elle était anciennement connue sous le nom d’ERDF (Électricité réseau distribution France). C’est une filiale à 100 % d’EDF, mais « Enedis n’offre toutefois pas d’avantage avec EDF par rapport à d’autres fournisseurs ». Un peu à la manière d’Orange qui a hérité du réseau cuivre, Enedis a récupéré celui de distribution de l’électricité.

Trois offres réglementées chez EDF

Dans la gamme des tarifs bleus (et donc réglementés), EDF propose trois offres. La première, dite de Base, a un tarif unique du kWh : 25,16 centimes. Disons-le tout de suite, c’est élevé par rapport à la concurrence actuelle. Le prix mensuel de l’abonnement varie entre 9,63 euros pour 3 kVA et 44,82 euros pour 36 kVA. Le montant de l’abonnement dépend uniquement de la puissance souscrite, qui correspond à la puissance maximale que vous pouvez utiliser chez vous. Le prix du kWh ne dépend pas de la puissance souscrite.

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Deuxième forfait au tarif bleu : Option Heures Creuse. Cette fois-ci, il y a deux prix : 27,00 centimes pendant les heures pleines et 20,68 euros durant les heures creuses. Là encore, la concurrence fait souvent mieux. Dans une journée (24 h), il y a 16 heures pleines et 8 heures creuses, dont la répartition dépends des zones. Le prix de l’abonnement est un peu plus cher qu’en tarif de Base : 13,01 euros pour 6 kVA (au lieu de 12,60 euros), 16,70 euros au lieu de 15,79 euros pour 9 kVA, etc.

Précision importante d’EDF : « C’est Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution d'électricité, qui fixe les plages horaires Heures Creuses "en fonction des conditions d’exploitation et de la capacité locale du réseau public de distribution". Il n’est donc pas possible de demander une plage en particulier ni d’en changer ».

Deux cas de figures. Si vous avez un compteur Linky, « votre plage horaire Heures Creuses a été définie de manière aléatoire ». Dans le cas contraire, elle est « attribuée sur l’un des créneaux proposés dans votre commune ». 22 h à 6 h est une plage courante pour les heures creuses, mais ce n’est pas une obligation, loin de là.

Tempo : sortez la calculatrice et le calendrier

Vient ensuite la troisième offre à tarif bleu : Tempo. Contrairement aux deux autres, elle n’est pas disponible en ligne : il faut contacter EDF par téléphone. Des retours que nous avons pu avoir (et de nos constats), le service client déconseille généralement Tempo aux clients, alors que l’offre ne manque tout de même pas d'atouts.

Elle comporte six tarifs différents au lieu de deux avec Option heures creuses et un seul avec le tarif de Base. Cinq des six tarifs sont en dessous de 19 centimes par kWh, soit moins cher que Base et Option heures creuses et deux des six sont sous les 15 centimes par kWh. Le sixième est par contre largement plus élevé puisqu’il est trois fois plus que le tarif Base, à plus de 75 centimes le kWh.

L’année est découpée en trois types de jours : bleu, blanc et rouge, avec des heures pleines et creuses à chaque fois (3 x 2 = 6, le compte est bon). Les jours rouge, choisis par EDF, sont généralement les plus froids de l’année, et donc ceux où la demande en électricité se révèle la plus importante. Le tarif vise à pousser les clients à limiter au maximum leur consommation pendant les heures pleines (6 h à 22 h).

Les jours rouge ne sont qu’en semaine, mais il peut y en avoir cinq à la suite (du lundi au vendredi). Le prix du kWh pendant les heures creuses des jours rouge est cinq fois plus faible que pendant les heures pleines, c’est donc vraiment durant ces dernières qu’il faut limiter sa consommation. Il y a 22 jours rouge sur la période allant du 1ᵉʳ septembre au 31 août. EDF a aussi 43 jours blanc à poser, tout le reste est des jours bleu (300). EDF prévient le matin dès 11 h de la couleur du jour du lendemain.

Selon EDF, les jours rouge font leur office et la consommation est bien en baisse : « Nos clients Tempo actuels diminuent en moyenne de 23 % leur consommation électrique lors des jours rouges Tempo. Cela correspond à 51 GWh/an, soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 10 850 foyers ».

Dans la jungle, terrible jungle…

Nous avons fait le tour des tarifs bleu, mais il en existe bien d’autres que ce soit chez EDF ou d’autres fournisseurs d’électricité, avec des tarifs non réglementés. On retrouve toute une panoplie d’offres chez EDF avec, par exemple, Option week-end avec ou sans heures creuses afin de payer l’électricité moins chère durant le week-end.

Signalons aussi Flex, qui reprend un peu le principe de Tempo, mais avec des jours Éco et 20 jours de « sobriété » durant lesquels les heures pleines sont aussi chères que le tarif rouge Tempo. Les heures pleines sont cette fois-ci situées entre 8 h et 13 h, puis de 18 h à 20 h. Sur une journée de 24 h, il y a donc 7 h pleine chez Flex, contre 16 h pour Tempo. Mais le tarif le reste de l’année est bien moins avantageux avec Flex qu’avec Tempo… Pas toujours facile de s’y retrouver.

Il existe bien d’autres fournisseurs d’électricité avec des contrats et des conditions parfois bien différentes. Attention à bien comparer deux choses : le prix du kWh et celui de l’abonnement mensuel, en vérifiant bien qu’ils sont TTC (c’est le cas dans notre actualité). En voici quelques exemples (liste non exhaustive).

Total Energies propose un abonnement Charge'Heures avec des heures Super Creuses entre 2 h et 6 h pour recharger sa voiture par exemple. Le kWh est alors à 15,24 centimes TTC, contre 20,68 centimes pendant les heures creuses et 27,95 centimes en heures pleines.

xx % de remise sur le prix réglementé

De nombreux fournisseurs se basent sur le prix du kWh par rapport au tarif bleu pour mettre en avant leurs formules. Octopus propose 22 % de réduction, soit 20,18 centimes le kWh. Le fournisseur s’engage aussi sur une date avant laquelle ses prix ne bougeront pas : « Prix Hors Toutes Taxes bloqués jusqu'au 30 septembre 2025. Prix hors évolution des impôts, taxes et contributions de toute nature ».

Dans les prix Hors Toutes Taxes (HTT), plusieurs éléments ne sont pas pris en compte : la contribution Tarifaire d’Acheminement (CTA) pour la part abonnement, la contribution au Service Public de l’Électricité (TICFE/CSPE), le coût de soutirage physique (frais RTE) et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Pensez donc à comparer les tarifs TTC, que ce soit pour les abonnements ou la consommation électrique.

Mint Energie est à - 27 % sur son offre Online Green, soit 18,82 centimes du kWh en tarif de base, c’est l’un des prix les moins chers. Mais l’abonnement est à 13,91 euros pour 6 kVA, alors qu‘EDF le propose à 12,60 euros.

Attention au prix de l’abonnement qui peut s’envoler

Autre exemple chez La bellenergie qui propose trois types de contrats : Prudence, Constance et Garance. Le prix au kWh est le même à chaque fois : 18,78 centimes en option de base, contre et 15,55 et 20,10 centimes en heure creuses et pleines respectivement.

La différence se fait sur l’engagement du fournisseur à ne pas augmenter ses tarifs pendant un, deux ou trois ans respectivement… mais aussi sur le montant de l’abonnement. De 9,45 euros par mois sur Prudence, on passe à 11,46 euros sur Constance et 14,45 euros chez Garance, soit 50 % de plus tout de même. Plus vous payez cher l’abonnement mensuel, plus le fournisseur s’engage sur la durée.

Sowee filiale d’EDF, propose le kWh à… 26,41 centimes

À contrario, on trouve des fournisseurs largement au-dessus des tarifs réglementés. C’est le cas de Sowee… qui est pourtant une filiale du groupe EDF : « lancée avec pour objectif de révolutionner le confort et la maîtrise de l’énergie dans l’habitat ».

Avec son offre Élec’ Optim, l’abonnement de base est à 13,32 euros en 6 kVA pour 26,41 centimes le kWh. Avec l’option heures creuses, on passe à 14,46 euros pour l’abonnement, 22,40 et 29,33 centimes le kWh pour les heures creuses et pleines. C’est donc plus cher que les tarifs réglementés, sur tous les tableaux.

Vert de gris sur l’électricité

Certains fournisseurs mettent aussi en avant de l’électricité « verte » qui a parfois tendance à tendre franchement vers le gris. Nous vivons, en effet, dans un monde où l’électricité à partir d’énergie renouvelable peut être découpée en deux : le courant « vert » d’un côté, la garantie d’origine de l’autre.

Un fournisseur peut évidemment acheter les deux composants à un même producteur, on parle alors d’énergie verte « Premium ». Mais les deux peuvent aussi être séparés : un fournisseur d’électricité peut alors acheter des garanties d’origine (GO), peu importe la provenance de son électricité (généralement elle vient du mix énergétique français). On parle alors d’une offre verte « Standard ». Nous aurons l’occasion de revenir en détail sur ce « beau » mode de fonctionnement de l’énergie « verte ».

Tellement de paramètres à comparer…

Bref, on se retrouve avec des offres dont le prix du kWh oscille entre 19 et 26 centimes en tarif de base, avec des montants d’abonnement variables également. Et c'est sans compter les combinaisons d’heures creuses/pleines, de réduction suivant les jours de l’année, etc.

Il n’y a pas une offre que l’on peut conseiller à tout le monde, cela dépend de votre consommation et de vos habitudes… Entre un foyer entièrement équipé en électrique (voiture, chauffage, eau chaude), la formule ne sera certainement pas la même qu’un couple de jeunes étudiants dans un studio avec une chaudière au gaz.

Restez dans les parages, c’est certes une autre histoire, mais nous allons l'aborder dès demain dans la seconde partie de notre dossier.