#MacronLeaks : En Marche porte plainte contre La Lettre A pour recel
E.M. vs A
Le 29 mai 2017 à 12h00
4 min
Droit
Droit
Les relations parfois conflictuelles entre la presse et le nouveau président ont gagné un cran de plus. Pour avoir exploité des données issues des MacronLeaks, La Lettre A est attaquée par le mouvement En Marche. Il accuse le site de recel d’atteinte à un système de traitement automatisé.
Les MacronLeaks, des gigaoctets de données chapardées puis déversées sur Internet quelques heures avant le second tour, n’ont pas été laissés sans réponse. Très tôt, le parquet de Paris a ouvert une enquête sur cette fuite abyssale en confiant le chantier à la BEFTI, la Brigade d’enquêtes sur les fraudes aux technologies de l’information.
L’ANSSI elle-même a été mise à contribution sur demande de la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle (CNCCEP) afin d’apporter son expertise technique. Bref, les grands moyens.
Côté presse, le sujet a évidemment fait la Une, pas seulement pour tenter de comprendre les origines de l’attaque qui a frappé En Marche, mais aussi pour fouiller l’océan de documents. « Qu’y a-t-il dans les « MacronLeaks » ? » a titré Le Monde dès le 11 mai 2017, avant de tenter quelques réponses.
Un article relatif aux généreux donateurs d'En Marche
À la CNCCEP qui demandait aux médias de ne pas rendre compte du contenu de ces données pour la sérénité de la période électorale, la réplique de Libération sera limpide : « devons-nous investiguer sur ces éléments de la campagne d’En marche et en publier certains le cas échéant ? Pour nous, la réponse est oui, comme n’importe quelle information devenant publique ».
Dans une main des données extirpées sans autorisation depuis un système informatique, dans l’autre, des journalistes poussés par la liberté d’information… L'arbitrage de nos confrères de La Lettre A n’a pas été apprécié par le mouvement politique.
Recel d'atteinte à un STAD
Son article intitulé « Qui étaient les premiers (grands) donateurs d’En Marche », qui s’est notamment appuyé sur les MacronLeaks, a motivé le dépôt d’une plainte du groupe politique d’Emmanuel Macron. Cette « plainte ne porte pas sur un éventuel délit de presse, remarque La Lettre A, car la véracité de nos informations pouvait difficilement être contestée, mais sur un délit commun ». Elle vise en effet un « recel d’atteinte à un système automatisé de données ».
Stupeur de la publication en ligne : « à ce jour, et bien que d'autres médias, dont Mediapart et Libération, aient aussi exploité les informations d'intérêt public contenues dans ces documents, La Lettre A est, à notre connaissance, la seule publication attaquée ». Autre fait notable, si quatre articles ont été publiés sur le sujet, seul celui relatif aux donateurs est visé par la plainte, poursuit Indigo Publications. L’éditeur du site rappelle d’ailleurs avoir pris « le soin de ne publier que les noms des donateurs nous ayant personnellement confirmé leurs contributions ».
Le recel, dit le Code pénal, est le fait de détenir ou transmettre une chose « en sachant que cette chose provient d'un crime ou d'un délit », ici un fait de piratage informatique. Il est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 375 000 euros d'amende prévient l’article 321 - 2 du Code. Le dossier est traité actuellement par Alice Cherif, vice-procureure qui était déjà intervenue dans le procès relatif à l’attaque par saturation du site du ministère de la Justice en 2012, ou dans l’affaire GreenRights-Triskel.
#MacronLeaks : En Marche porte plainte contre La Lettre A pour recel
-
Un article relatif aux généreux donateurs d'En Marche
-
Recel d'atteinte à un STAD
Commentaires (51)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 29/05/2017 à 20h36
Si je comprends bien, sur cette même base, on pourrait poursuivre tout journal publiant une information non officielle, confidentielle par défaut ? “De source proche du dossier, qui a demandé à ne pas divulguer son identité, car n’ayant pas le droit de parler”, comme on peut le lire souvent dans la presse, devient de fait du recel.
Le 29/05/2017 à 21h14
Je trouve l’idée du recel génialle. Surtout pour le gouvernment
Comme ça , ça serait pratique pour le gouvernement : dès qu’il veut être sur qu’un journaliste fait ce qu’il a envie, il lui file un document “secret” sous couvert d’une fuite. (document peut important, voir complètement bidonné)
Et ensuite il lui explique très gentiment que si il ne veut pas finir en taule pour recel de document classifié/volé/whatever, il ne faut plus qu’il fasse un article de données “volée” sans d’abord demander l’accord de tel ou tel administration.
Sinon, une plainte pourrait arriver au procureur, et comme les faits sont publiques (ie il a sortit un article issus de document qui a “fuité”), ça sera assez difficile de nier.
Je cours mettre à execution mon plan machiavélique de controle de la presse MUWAHAHAHAHA.
Le 29/05/2017 à 22h41
Ils ont commencé à la lettre A dans l’Alphabet" />
Le 30/05/2017 à 07h37
Ca c’est autre chose, vu que je n’ai pas lu les analyses de mediapart et libération (hors le disclamer de ces derniers qui est redit dans l’article).
Mais dans l’idée, je trouverais effectivement anormal que ca ne vienne pas par la suite si ils ont eux aussi fait des “révélations”.
Le 30/05/2017 à 08h52
des attaques ? Ce n’est pas moi qui ait utilisé les termes journaleux, qui ait dit que ce n’était pas du travail de journalisme, et qu’il n’avaient rien d’autres à faire.
Je n’ai fait qu’énoncer des faits, et je ne t’ai pas jugé (j’ai pas dit que c’était bien ou mal). Contrairement à toi sur leur travail.
Par contre des arguments (pas des affirmations creuses), j’en cherche toujours dans ton poste… A moins que tu estimes que dire que tel personne n’a rien à faire et ne fait pas son travail est un argument sur ta position qu’il est normal de les poursuivre …(mais en quoi ils n’ont pas fait leur travail ? La ca serait un argument).
Le 30/05/2017 à 09h55
après 24 plaintes ils trouveront peut-être la bonne…
…
la plainte contre X (badum tss " />)
Le 30/05/2017 à 10h02
tu sors !
Le 30/05/2017 à 12h41
Si un journal publie du secret défense, il va se faire allumer (et bien), en plus de mettre potentiellement en danger la nation.
S’il publie du secret industriel, la boîte propriétaire, évidemment, va porter plainte pour obtenir réparation du préjudice.
Après le juge peut trancher sur le caractère secret de l’info (parfois y en a qui veulent faire passer pour du secret industriel la recette du boeuf bourguignon…).
Non officiel est loin de vouloir dire secret (et par la même couvert par la loi).
Comme dit plus haut, les journalistes sont aussi redevables de leurs actes devant la loi, souvent ils se considèrent au-dessus. C’est un peu trop souvent le contre-pouvoir sans contre-pouvoir.
Le 30/05/2017 à 18h43
Nous sommes d’accord, les journalistes ont des devoirs. La loi et la déontologie impose aux journalistes de faire le tri entre une information d’intérêt général et, le cas échéant, la publier, et une information strictement privée, confidentielle ou secret défense dont l’intérêt pour le public est moindre et ne doit alors pas être divulguée.
Ceci dit, je trouve douteux que le mouvement En Marche, désormais au pouvoir, dépose une plainte dont l’intérêt semble bel et bien être de museler la presse, en ciblant une publication semble-t-il peu habituée aux tribunaux, et mettant de côté d’autres médias, sur la même thématique, plus difficiles à intimider par une enquête.
Tout ceci dans un contexte national de moralisation de la politique et de la transparence des élus. Avoue que la démarche fait tâche. Même si le contexte était très différent, cela me fait penser à la fameuse vidéo de France 3 du off de Nicolas Sarkozy sur le plateau d’un journal.
Le 30/05/2017 à 18h53
C’est effectivement la crainte que l’on peut avoir : la presse muselée, limitée aux seuls communiqués de presse officiels.
Bon, nous ne vivons pas non plus en Russie, et notre Président ne déverse pas sa bile sur la presse dans des gazouillis quotidiens, mais en matière de démarrage, le nouveau pouvoir exécutif (ainsi que, de fait, législatif) ne semble pas irréprochable.
(Plus subtile, la désormais (non ?) affaire Ferrand permet aux uns et aux autres d’enculer les mouches sur la définition de ce qui est légal, alégal, illégal, moral, amoral, immoral, éthique ou non éthique. Mais je sors du sujet, pardon.)
Le 31/05/2017 à 07h00
Le 01/06/2017 à 12h42
Le 01/06/2017 à 19h21
En effet, Emmanuel Macron a été clair et direct. On trouve une documentation fournie sur l’influence des médias russes francophones sur le site d’Arrêt sur Images.
Néanmoins, ces mêmes médias russes ne cessent de rappeler à qui veut bien l’entendre que la France aussi finance la presse politique, et que l’AFP est sous l’influence du gouvernement français. Attention donc au retour de bâton employant des arguments similaires.
Le 29/05/2017 à 12h03
2 poids, 2 mesures ?
Le 29/05/2017 à 12h10
Je n’avais pas entendu parler de cet article et bien je ais aller le lire.
Merci #EnMarche
Le 29/05/2017 à 12h18
Si déjà la lettre A fout le bordel avec Macron, j’imagine même pas les lettres B, C, D jusqu’à Z… " />
[] <= parti là vite !
Le 29/05/2017 à 12h21
Moi j’ai qu’une réponse à donner à tout ça: la D " />
Le 29/05/2017 à 12h28
Le 29/05/2017 à 12h41
Tu veux dire avec Alphabet ? :-)
Le 29/05/2017 à 14h21
#EnMrche
Le 29/05/2017 à 14h23
Rien a voir avec l’effet Streisand qui “sert” a amplifier la diffusion de documents que l’on souhaite cacher.
Il est pas question de ne pas parler des documents en question, mais un piratage à conduit à une fuite de données de documents que des journaleux (et pas des journalistes) ont décider d’exploiter parce qu’ils avaient rien d’autre a faire.
On te parle d’exploitation des données d’un piratage… Si ma boite se faisait hacker, je porterais plainte contre le journaliste qui publie les documents, même si il n’y a rien de compromettant.
Tu les imagines publier les données de recrutement de la société générale suite à un hack en lachant une compilation des stats et des noms des gens qu’ils ont recruté ?
C’est pas du journalisme ca ….
Le 29/05/2017 à 14h34
Si ma boite se faisait hacker, je porterais plainte contre le journaliste qui publie les documents, même si il n’y a rien de compromettant.
Dans ce cas, pourquoi ne pas porter plainte contre les mastodontes médiatiques que sont Mediapart et Libération ? Car, leur visibilité à tous les deux (et donc le préjudice commis) sont sans commune mesure avec ce truc quasi inconnu qu’est “La Lettre A”.
Le 29/05/2017 à 14h35
Dans tous les cas les journalistes ne sont pas au dessus des lois, si ils prennent des risques c’est en connaissance de cause.
Pour le fait que la plainte soit fondée ou non, je ne sais pas je n’ai pas lu l’article. Mais si des mails sont cité, et ne peuvent venir que de ce piratage, ça me parait bien être du recel.
Que les donateurs aient donnée leurs accord ou non ne change rien. C’est (très) bien qu’ils aient vérifiés les informations, mais ça reste des informations provenant d’un piratage.
Je vois bien cette histoire se finir par une amende symbolique, pour le principe.
Le 29/05/2017 à 14h35
" />
Le 29/05/2017 à 15h38
Le chef d’accusation est bien trouvé…
Le 29/05/2017 à 15h48
Comme ils vendent assez cher ces informations (5,20 € les 356 mots), il est normal qu’ils soient poursuivis pour recel. Il y a en plus une volonté de faire des bénéfices sur le produit de ce recel.
Comme en plus, la loi interdit de diffuser le nom des donateurs (et En Marche a plusieurs fois insisté là-dessus), En Marche était obligé de porter plainte. En plus, ils peuvent eux-mêmes se faire taper sur les doigts par la CNIL pour absence de ou mauvaise protection de données personnelles.
Enfin, je ne comprends pas bien pourquoi Marc écrit :“Les relations parfois conflictuelles entre la presse et le nouveau président ont gagné un cran de plus.” alors qu’il s’agit ici En Marche dont il a démissionné de la présidence le lendemain de son élection. Comme Marc est bien informé, il ne peut ignorer cela ; je me demande pourquoi il fait cet amalgame.
Le 29/05/2017 à 15h55
On peut aussi se poser la question de pourquoi tout le monde applaudi les articles fait à partir des données extraite par Snowden, alors que celles-ci sont tout aussi illégales…
Le 29/05/2017 à 15h59
Le 29/05/2017 à 16h49
Le 29/05/2017 à 17h04
Je me demande surtout quel est le but d’EM avec cette plainte ?
Le 29/05/2017 à 17h27
Si cela était encore possible, Macron contrôlerait la presse. Derrière ce visage de jeunot charismatique, se cache une personne qui est très méfiante envers la presse, quelle qu’elle soit. Depuis sa nomination à l’Elysée, plusieurs évènements démontrent que la presse ne devrait pas être son amie tout au long de son quinquennat. Mais qu’il ne pousse pas le bouchon trop loin. Si la presse veut savoir, elle saura. Il y a toujours des taupes quelque part… parfois, elles peuvent être très proche.
Le 29/05/2017 à 17h32
C’est sur que cracher sur les gens pour expliquer que tu n’es pas d’accord avec leur façon de faire permet à tout le monde de se ralier à ton opinion.
Et à part ça, tu as des arguments ?
Le 29/05/2017 à 18h21
Et on ne peut pas poursuivre Macron pour vol ou plagiat ?
Nan, parce que “un homme neuf pour une France en marche”, c’est Jean lecanuet en 1965.
Le 29/05/2017 à 18h27
Je crois que son nouveau poste est assez prenant : il a mieux à faire.
Je pense réellement qu’il n’est pour rien dans la plainte.
Le 29/05/2017 à 19h26
Je pense que c’est le cadet de leurs souci que ce soit plus lu ou non. Ils portent plainte par principe, pour montrer à leurs donateurs qu’ils prennent leur anonymat au sérieux. Qu’il y ait un effet Streisand leur importe certainement peu.
Le 29/05/2017 à 12h42
Le 29/05/2017 à 12h43
Est-ce votre ultime bafouille mon cher Guy St-Hilaire ??!?!
Le 29/05/2017 à 12h44
Le 29/05/2017 à 12h45
Je suis mitigé sur cette plainte.
La liberté de la presse ne doit pas encourager les attaques informatiques…
Surtout qu’il n’y a strictement rien d’illégale dans ce qu’a révélé le leak (ni rien d’immoral si j’ai bien suivi).
D’un autre coté, effet Streisand et tout et tout…
Le 29/05/2017 à 12h47
Le 29/05/2017 à 12h51
Jusque là leur piratage avait été bien géré, notament avec le coup du “on a planqué des fakes (accounts) dedans”
Mais là le signal devient : “Ils ont peur qu’on apprenne enfin quelque chose qui vient ternir l’image angélique du mouvement et que ca montre que c’est juste des gros pourris financé par la … finance et pas le petit peuple à coup de billet de 5 euros”
Le 29/05/2017 à 12h53
et en contre partie, la une de libé le lendemain de la clôture de campagne, tout le monde s’en balèq… on a vraiment l’impression qu’il y a des journaux qui bénéficient d’impunité et d’autres pas… (ne peut-on pas trouver un lien entre les fameux donateurs listés par Lettre A et les propriétaires des journaux qui ne sont pas inquiétés ?)
Le 29/05/2017 à 12h53
Je pense que c’est justement parce qu’il n’y avait rien d’illégal qu’on peut leur reprocher d’exploiter ces données volées.
Mais bon comme toi, la limite avec la liberté de la presse est très floue. Le comportement du journal de ne publier que les noms qui ont confirmé est appréciable… mais bon quand on commence à accepter une exception…
Le 29/05/2017 à 13h03
Le 29/05/2017 à 13h30
Y a rien d’illégale dans les révélations, mais les infos ont été obtenus depuis une source (MarconLeaks) “illégale”. Cela en fait donc des complices de recel.
Par contre, pourquoi uniquement “La lettre A” et non les autres, mystère.
Le 29/05/2017 à 13h41
Le 29/05/2017 à 13h55
Globalement, on apprend de ces documents que les “petits donateurs” ont très très peu contribué au montant total du financement d’En Marche, et que tous les fonds sont venus de patrons, actionnaires & co via un système de réseautage incroyablement huilé.
Ah mince j’en ai trop dit, j’ai les gendarmes qui toquent à ma porte !!
Le 29/05/2017 à 14h03
J’avais bien compris.
Ce que je voulais dire, c’est que comme il n’y a rien d’illégale dans le leak, c’est en plus difficile de trouver des conditions atténuantes pour le recel.
Si dans le leak on apprenais que Macron est un meurtrier, faire une publication sur le leak aurai été déjà un peu plus légitime.
Sinon, pour répondre à “pourquoi un seul journal”, je pense simplement que c’est pour faire un exemple, histoire de rappeler la loi. Pourquoi ils l’ont choisi lui en particulier, je saurais pas dire.
Le 29/05/2017 à 14h06
Ca a toujours été le principe du journalisme d’investigation de rechercher, fouiller et trouver des infos par des biais qui vont du limite de l’acceptable au carrément illégal.
C’est moche, mais c’est la contrepartie pour avoir une presse vraiment libre et capable d’émettre un jugement critique. Evidemment il ne faut pas que ça les encourage à pirater à tout va, mais il y a un juste équilibre à atteindre.
En l’occurrence la plainte n’était peut être pas fondée, surtout si le journal en question avait tout fait pour vérifier l’information et même demandé l’autorisation aux donateurs avant de publier.
Le 29/05/2017 à 14h07
Son article intitulé « Qui étaient les premiers (grands) donateurs d’En Marche », qui s’est notamment appuyé sur les MacronLeaks, a motivé le dépôt d’une plainte du groupe politique d’Emmanuel Macron.
« à ce jour, et bien que d’autres médias, dont Mediapart et Libération, aient aussi exploité les informations d’intérêt public contenues dans ces documents, La Lettre A est, à notre connaissance, la seule publication attaquée ».
Soit la brillante équipe de communication d’En Marche ne connait pas l’effet Streisand…
Soit elle connait parfaitement cet effet et l’utilise pour focaliser l’attention sur des broutilles.
Le 29/05/2017 à 14h10