Deux députés proposent aux internautes de leur « souffler » des questions au gouvernement
Y'a plus QAG
Le 05 février 2018 à 15h58
6 min
Droit
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Paula Forteza et Matthieu Orphelin ont lancé la semaine dernière une plateforme à partir de laquelle chaque internaute peut proposer une idée de question écrite à transmettre au gouvernement. L’objectif : renouer le lien avec la société civile, mais aussi forcer l’exécutif à faire des efforts dans ses réponses.
Avec cette initiative, les deux élus LREM ambitionnent de dépoussiérer l’exercice des questions écrites. En plus des traditionnelles questions (orales) au gouvernement, qui ont en principe lieu le mardi dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, chaque député peut interroger l’exécutif sur les sujets de son choix, dans la limite de 52 « missives » par an.
Si cet outil permet aux parlementaires de venir demander des comptes à l’exécutif sur des points très précis, il est en pratique avant tout utilisé pour montrer l’attachement du député à telle ou telle cause (dénoncer les problèmes persistants de démarchage téléphonique, soutenir les communes qui utilisent encore des machines à voter, etc.).
Afin de « renforcer les liens entre élus et citoyens », Paula Forteza et Matthieu Orphelin veulent dorénavant « co-construire » leurs questions écrites avec les internautes. Après inscription, chaque utilisateur de la plateforme « questions.parlement-ouvert.fr » peut en ce sens proposer un sujet, lequel a vocation à être débattu et soumis au vote des autres participants (qui peuvent l’approuver ou, au contraire, le désapprouver).
Chaque député retiendra une question par mois
Les premières idées poussées par les internautes montrent que les sujets préoccupant les citoyens sont extrêmement variés : statut de mère au foyer, problèmes de pollution lumineuse ou sonore, squatteurs, publicités aux abords des écoles, lutte contre la violence routière, reconnaissance des « burn-out » en maladie professionnelle, apprentissage de l’anglais, abattement d’impôt au profit des journalistes...
Et pour cause. Les règles de cet « exercice » de démocratie participative se veulent relativement larges, puisque n’importe quelle thématique peut être abordée (tant qu’elle ne concerne pas uniquement une situation individuelle). Pour ceux qui n’auraient pas Internet ou ne voudraient pas rendre publiques leurs suggestions, Paula Forteza et Matthieu Orphelin acceptent même les mails et courriers.
« On ne peut que se réjouir de cette ouverture du Parlement », réagi Henri Isaac, président du think tank Renaissance Numérique. Contacté par nos soins, ce maître de conférences en management des systèmes d'information se montre toutefois inquiet quant au mode de sélection des questions finalement posées au gouvernement : « Comment va-t-on trier parmi les centaines voire peut-être les milliers de questions qui vont surgir ? Et quelles personnes vont être chargées de cette sélection ? On peut craindre des manipulations, parce qu’il est visiblement possible de créer autant de comptes qu'on veut... »
Paula Forteza et Matthieu Orphelin expliquent qu’ils retiendront « chaque mois deux questions, notamment parmi celles les plus discutées sur la plateforme ». « Nous allons sélectionner les questions parmi les plus populaires, c'est-à-dire celles qui ont le plus de votes ou celles qui ont suscité le plus de débats », nous précise Paula Forteza. Mais pas question pour autant de se laisser enfermer dans une mécanique où la question la plus « approuvée » serait forcément celle déposée à l’attention du gouvernement.
Les deux députés entendent en ce sens garder personnellement le dernier mot sur les sujets qui seront évoqués par leur entremise. « L'idée c'est quand même qu'on se retrouve un peu dans la question, puisqu'elle sera posée en notre nom » se justifie Paula Forteza. « On veut faire de la collaboration entre les citoyens et le député. On veut qu'il y ait un dialogue, des échanges, etc. On ne veut pas remplacer les députés par une plateforme, ce n'est pas l'objectif ! »
D’ailleurs, les internautes peuvent proposer des sujets de question. Mais ce sera toujours le député qui rédigera l’interpellation à l’égard de l’exécutif. « Il s’agit de quelque chose de co-construit, de partagé », assume en ce sens la députée des Français d’Amérique du Sud.
Un outil qui pourrait améliorer les réponses fournies par l’exécutif
Si cette initiative repose avant tout sur la société civile, elle vise également à impliquer davantage le gouvernement – qui ne joue pas toujours très bien le jeu des questions écrites (réponses à côté des interrogations soulevées, délais de retour se comptant parfois en années...). Chaque question sera à cet égard suivie « par un courrier des deux députés au membre du gouvernement concerné, afin de le sensibiliser à cette nouvelle démarche citoyenne, ainsi qu’à l’intérêt d’y répondre avec célérité et précision ».
Il sera en outre proposé aux ministres de compléter leurs réponses écrites « par des interventions dans des moyens de communication alternatifs (courtes vidéos, messages sur les réseaux sociaux) ».
Une expérimentation destinée à alimenter les débats sur la réforme constitutionnelle
Alors que près de 200 questions avaient été proposées à l’heure où nous rédigions cet article, Paula Forteza se disait déjà « contente » du succès rencontré par son initiative : « Il y a beaucoup de questions de posées, et des questions très intéressantes. »
Afin de « répondre au maximum aux inquiétudes », l’élue songe déjà à faire monter le dispositif en puissance. « On se demande par exemple si on ne pourrait en prendre plus d'une par mois. » Autre option envisagée : essayer de convaincre d’autres députés pour qu'ils viennent eux aussi « piocher » des questions dans cette plateforme.
Si ce dispositif n’en est qu’à ses balbutiements, Paula Forteza confie qu’il est aussi destiné à alimenter les discussions autour de la réforme constitutionnelle que devrait présenter le gouvernement « dans les semaines qui viennent », dixit Emmanuel Macron :
« On veut multiplier ce genre d'initiative dans la mesure où l’on sera certainement amenés à voter de nouveaux mécanismes de référendum, de pétition, ou autre. Après, il faudra bien entendu construire les outils qui vont avec – probablement avec un niveau d'authentification plus important, avec une assurance que les algorithmes sont les plus neutres possibles, etc. C'est en expérimentant, en testant, en essayant différentes choses qu'on va arriver à trouver les bonnes pratiques » détaille la parlementaire.
Deux députés proposent aux internautes de leur « souffler » des questions au gouvernement
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Chaque député retiendra une question par mois
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Un outil qui pourrait améliorer les réponses fournies par l’exécutif
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Une expérimentation destinée à alimenter les débats sur la réforme constitutionnelle
Commentaires (59)
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Abonnez-vousLe 05/02/2018 à 16h06
deux élus LREM ambitionnent de dépoussiérer…
LREM ?
Autant dire que les questions seront aseptisées avant d’être prononcées à haute voix dans l’hémicycle. " />
Le 06/02/2018 à 13h49
Je pense, cher Olivier J, qu’il ne suffit pas de dire “ce que tu dis n’a aucun sens ” pour que cela soit vrai. C’est encore un de tes sophismes. Tu évolues vers l’imposture intellectuelle vois-tu.
C’est navrant que tu plombes le débat ainsi.
Le 06/02/2018 à 13h54
Le 06/02/2018 à 14h09
Le 06/02/2018 à 14h18
Le 06/02/2018 à 15h16
+1 " />
Le 07/02/2018 à 10h03
Le 07/02/2018 à 11h34
Tu as fait des statistiques ?
Parce que j’ai vu plus d’une fois une question de l’opposition et un ministre y répondre sérieusement et concrètement (clairement il connaissait le sujet).
Il ne faut pas oublier que c’est aussi un peu un spectacle donc certains posent des questions plus pour la galerie (ou pour montrer qu’ils font quelque chose) que vraiment pour avoir une réponse, que parfois ils connaissent déjà (ça vaut aussi pour des députés de la majorité).
Le 07/02/2018 à 13h47
Le 07/02/2018 à 13h57
Le 07/02/2018 à 14h20
Le 05/02/2018 à 16h23
Et le gouvernement s’assiéra dessus comme d’habitude je suppose. Surtout si c’est réellement innovant. Innovant autrement qu’avec des smartphone je veux dire.
Bon, on peut toujours essayer. Il faudra avoir des garanties que ça ne soit pas noyauté par ce qui reste de militants enmarcheurs ou par des community managers…
Le 05/02/2018 à 16h29
Peut-être que ce genre d’initiative aidera les français à se défaire d’une partie de leur immense défiance. En tout cas les commentaire sous l’article témoigne bien de l’état actuel des choses
Le 05/02/2018 à 16h36
Des questions écrites à haute voix ? Joli concept.
Le 05/02/2018 à 16h43
Donc je récapitule… questions posées par les électeurs directement…. projets de loi préparés clés en mains par les lobbies… Ils va leur rester quoi à faire ? :)
Le 05/02/2018 à 16h48
Il y avait ça, un temps, sur parlement et citoyens, mais ils l’ont supprimé car personne ne le lisait…
Le 05/02/2018 à 16h48
Trier et se forger une opinion.
Le 05/02/2018 à 17h15
J’ai une question, assez arthurienne :
“Vous pouvez vous barrer ?”
Mais je doute qu’elle soit sélectionnée " />
Le 05/02/2018 à 17h22
Question Corruption
Comment se fait-ce que le président de l’INSERM soit le mari de la ministre de la santé?
On disait de Fillon, mais là, c’est fort quand même
Ah bon? on peut pas la poser?
Le 05/02/2018 à 17h53
Si les questions sont au final posées par des députés LREM, les députés de l’opposition devrait essayer de faire passer leurs questions par cette plateforme !
Le 05/02/2018 à 17h54
discuter s’il est pertinent d’écrire blockchain dans un texte de loi " />
Le 05/02/2018 à 18h07
Le 05/02/2018 à 18h15
Pas faux. J’aurais du dire avant d’être signalées dans le Journal officiel.
#MyBad
Le 05/02/2018 à 18h42
La lecture de certaines (beaucoup) des questions posées fait peur…
Entre les photeuh d’autaugrafeZ, “je suis victime d’un complot”, j’ai des squatters ou je veux avoir une arme… " />
Le 05/02/2018 à 18h54
Le 05/02/2018 à 18h57
Le 05/02/2018 à 19h31
J’avais vu cette histoire de système de déport et j’avais tiqué parce que l’Inserm est sous la tutelle du Ministère de la Santé (et celui de la Recherche, mais pas de PB de ce côté).
La Croix soulève aussi ce point.
J’espère que l’on va se diriger rapidement vers un changement de tutelle (ou de ministre) comme le décret du 16 janvier 2014 le dit.
Mais que ce soit le Premier ministre qui copilote l’Inserm ou bien le ministère de la recherche seul n’est quand même pas la panacée.
Le 05/02/2018 à 19h40
Apparemment la question est réglée.
Cela dit je ne comprends pas quel peut être le réel conflit d’intérêt, on a un institut de recherche national d’un côté et un ministère de la santé de l’autre, leurs buts sont plutôt concordants, non ?
Le 05/02/2018 à 20h01
Tu lis trop vite.
La question n’est pas réglée et la communication de son cabinet n’est pas aligné sur le décret qui a été cité par La Croix.
Il pourrait par exemple y avoir des décisions liées à la rémunération du directeur, de son hébergement ou je ne sais quoi d’autre. Elle pourrait aussi le couvrir en cas de faute.
Le 05/02/2018 à 21h14
Ça serait quand même chaud de jouer à ça (les exemples que tu indiques) parce que c’est sous l’oeil public en gros. Même pas besoin du Canard Enchaîné pour ça, ça peut jaser au ministère comme au sein de l’Inserm, s’il y avait des trucs qui ne se font pas.
Le 05/02/2018 à 21h16
L’Inserm n’est pas le seul institut faisant de la recherche en médecine. Je ne suis pas spécialiste du sujet, mais je suppose que le ministère de la santé a son mot à dire sur la répartition des crédits (en dotation peut-être et sur projet très probablement). Là il peut y avoir un conflit d’intérêt, et même avec le déport.
Bon, on a vu pire
Le 05/02/2018 à 21h20
OK, mais concrètement, quoi ?
Fred42 peu avant toi a mentionné quelques possibilités (une des rares que je vois concernerait le traitement du directeur), mais comme dit ça me paraît très risqué de jouer à ça.
Le 05/02/2018 à 21h23
Ben, il n’y a pas besoin de s’en servir pour que le conflit d’intérêt soit néfaste. Image que effectivement le salaire de monsieur soit augmenté. Même si c’est tout à fait légitime eu égard à je ne sais quel critère, un doute subsistera. Le déport (envisagé ou effectif, j’ai pas bien compris) permet de se protéger de ça, et c’est prudent.
Le 05/02/2018 à 21h26
Le 05/02/2018 à 21h27
Le CNRS peut râler que l’Inserm c’est le chouchou du ministère par exemple.
Comme je le disais c’est pas le pire des cas, et on peut bien vivre avec, mais les conflits d’intérêt c’est un truc sensible qui peut tout pourrir rapidement. Il aurait été préférable qu’il se mette en disponibilité ou démissionne et aille faire autre chose. Mais je comprends aussi qu’il n’ait pas envie
Le 05/02/2018 à 21h33
Le 05/02/2018 à 21h34
Le 05/02/2018 à 21h39
Le 05/02/2018 à 21h42
Pour en revenir au sujet, c’est louable comme initiative si c’est fait honnêtement, mais comme ce sont eux qui choisissent, il risque d’y avoir un sacré biais. Au mieux ça peut leur donner des idées, c’est toujours ça de pris.
Le 06/02/2018 à 06h19
Le 06/02/2018 à 06h57
Le 06/02/2018 à 07h34
Je vois là plutôt une opération de com’ de la part de LREM destiné à sa cible électorale plutôt orientée numérique. L’idée aurait été très bonne si elle était portée par l’AN et non par deux députés partisans.
À leur crédit tout de même le sujet est lancé.
Le 06/02/2018 à 07h54
Lors des questions orales: es-ce que l’élu peut réagir immédiatement à la réponse du ministre?
J’ai souvenir de réponses où le ministre répondais n’importe quoi et le député acceptait sans broncher. Si il pouvait réagir dans la foulée, il aurait rétorquer que le ministre racontait n’importe quoi.
Le 06/02/2018 à 08h36
Franchement les commentaires sont purement dépriment… mauvaise fois, extremisme, théorie du complot, …
Ce qui est marrant c’est que LFI ferait la même plateforme et ce serais enfin ‘le retour du pouvoir au peuple’ mais comme c’est 2 députés LREM on va leur cracher dessus…. Heureusement que l’article lui est impartial et de qualité !
Qu’on soit en désaccord d’idée, c’est normal. Que vous soyez incapable d’admettre qu’ils ont eu une bonne idée prouve que vous êtes un extremiste qui ne réfléchit pas.
Bonne journée.
Le 06/02/2018 à 09h06
Le gouvernement est obligé de répondre à ces questions. De plus, même si elles n’ont pas de valeur légale elles représentent quand même une interprétation des textes de lois, et de fait peuvent (et sont) réutilisées par les avocats et les juges.
Le 06/02/2018 à 09h07
Le 06/02/2018 à 09h19
Joli " />
Le 06/02/2018 à 09h25
Fait étonnant, tu ne sembles pas connaitre la définition de l’extrémisme. " />
En l’occurrence si tu analyses sa phrase, il ne leur interdit pas de ne pas être d’accord avec certaines idées, il précise simplement que le fait d’être en désaccord par principe avec toutes les idées de quelqu’un par préjugé c’est une des caractéristiques de l’extrémisme.
Les mots ont un sens, quand on sait les lire
Le 06/02/2018 à 10h06
Le 06/02/2018 à 10h33
Le 06/02/2018 à 11h17
Le 06/02/2018 à 11h34
Le 06/02/2018 à 11h46
Le 06/02/2018 à 11h54
Tu fais semblant de ne pas comprendre?
Tu ne comprends pas que cela aurait été une meilleure idée si justement elle n’avait été porté par des élus partisans mais par l’AN qui aurait ainsi pu prendre l’initiative d’un projet plus global comme inscrire la démocratie participative dans le fonctionnement de la représentation nationale ?
Le 06/02/2018 à 12h09
Discuter ? Echanger ?
Les commentateurs dont il parle ne font rien de tout cela et quand une idée provenant de quelqu’un qui est qualifié par avance d’“ennemi” se rapproche de ce qu’ils demandent, ils la rejettent par principe et aveuglement.
Mais bon, je conçois qu’il soit difficile pour toi de saisir la subtilité, vu que tu agis de la même manière. Il n’y a qu’à voir ton aveuglement à ne pas comprendre ses vrais propos.
Le 06/02/2018 à 12h56
Le 06/02/2018 à 13h01
Peu importe la raison, les francais ne font pas confiance au gouvernement (=défiance). Est-ce faux ?
Deuxième chose, imaginons un gouvernement honnête venait à arriver au pouvoir, les français lui feraient-il confiance ?
Le 06/02/2018 à 13h14
Le 06/02/2018 à 13h20