Dès septembre, téléphone et internet entre les grandes oreilles de Thales
PNIJ ou plateforme nationale aux interceptions judiciaires
Le 07 mai 2013 à 14h20
5 min
Logiciel
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Le rapport sur la justice d'octobre 2012, rédigé par le député Christian Eckert au nom de la commission des finances l’annonçait tambour battant : la mise en place d’une plateforme nationale aux interceptions judiciaires (PNIJ) en 2013 va alléger les coûts des grandes oreilles de l’État. Mais depuis, quelques couacs jetent le trouble sur ce beau projet aux grandes oreilles.
La PNIJ dans son environnement, document diffusé par L'Express
Selon le rapport sur la justice, cette PNIJ voulue par Sarkozy « permettra aux officiers de police judiciaire d’envoyer aux opérateurs de téléphonie mobile leurs réquisitions de façon dématérialisée et de valider, également par voie dématérialisée après réception de la prestation, le service fait ». Du super matériel tout automatique : « Les opérateurs, qui n’auront plus besoin d’établir de mémoires de frais, adresseront mensuellement et de façon dématérialisée leur facture pour paiement. Les frais seront payés au plan central, et non plus par les juridictions. » Le rêve !
À ce jour, des équipements éparpillés dans près de 350 centres de police et de gendarmerie permettent de mener à bien ces mesures mais à un coût non neutre. Avec des millions de réquisitions et des dizaines de milliers d’écoutes judiciaires, les factures s’envolent gaiement. Autre gouffre : des réquisitions sur des prestations nouvelles non tarifées comme la géolocalisation, ou l'interception de communications électroniques. Non tarifée, donc sans grille tarifaire et aux montants libres.
« Un mois de réquisitions
chez un opérateur de télécommunication »
Confidentiel
Avec la PNIJ, de l’enfer économique on glisse au paradis numérique pour ces opérations autorisées par un magistrat : plus de frais de location de matériel comme actuellement, des frais d’opérateurs en moins « en raison de la dématérialisation des échanges entre les enquêteurs et les opérateurs, et permettre ainsi une nouvelle révision tarifaire à la baisse », des factures accélérées, n’en jetez plus !
Depuis, le passage de la théorie – le rapport – à la pratique – le déploiement - a connu quelques flottements. D’abord, deux journalistes d’Owni ont été convoqués voilà peu à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) pour avoir diffusé un document confidentiel-défense d’une trentaine de page détaillant le programme fonctionnel de la PNIJ. Le document retiré depuis par Scribd pour « atteinte à la propriété intellectuelle » est toujours diffusé par Owni.
Un batiment, deux grandes oreilles
Sa lecture montre que la PNIJ a un sacré objectif, résument en septembre 2011 nos confrères Andréa Fradin et Pierre Alonso : « concentrer en un même endroit, tenu (évidemment) secret, toutes les demandes de policiers, gendarmes et douaniers visant à surveiller ou consulter les communications téléphoniques ou électroniques d’un individu. Ainsi (évidemment) que les données résultant des écoutes, relevés de géolocalisation, suivi de navigation sur Internet – entre autres joyeusetés ». Bref, deux grandes oreilles apposées sur les câbles et les ondes des opérateurs internet, téléphonie fixe et mobile dans le cadre d’enquêtes judiciaires. Et le tout, concentré dans un bâtiment de Thales, le géant français de la défense.
Dès 2011, selon l’Express qui sort aujourd’hui une enquête sur le sujet, le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, avait critiqué ce choix craignant qu’il devienne « une cible potentielle, du fait même de la concentration de données sensibles ». Il précisait par ailleurs que « cette fragilité a été soulignée par l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information » Autre chose, la plateforme a été dupliquée. Saine mesure, sauf que ce clone n’est installée qu’à 300 mètres de là, à Élancourt à portée d’un incident majeur (incendie, etc.).
Des coûts, des coûts, des coûts
Toujours selon nos confrères, alors que la PNIJ devait être source d’économie, les frais de déploiement s’envolent gaiement. « A l'origine, le Big Brother devait coûter 17 millions d'euros. À présent, la douloureuse se monte à 43 millions. Au bas mot. Car Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free et Numéricâble ont dû déployer des fibres optiques jusqu'au site d'Élancourt pour répondre à leurs obligations légales d'acheminer les communications ». Et les coûts pourraient encore s’envoler puisque s'ajouterait le redimensionnemment des systèmes de police pour se connecter à ce système. Autre chose : aujourd'hui, ces opérations sont gérées en association avec 6 sociétés. Faute d'avoir été notifiées préalablement, cinq ont décidé d'attaquer le marché confidentiel défense remporté par Thales. L'Etat qui refuse d'annuler , pourrait maintenant signer un beau chèque après une décision de justice favorable aux acteurs privés.
Le choix Thales va en outre donner naissance à des situations primesautières : « la société est elle-même sous le coup de plusieurs procédures susceptibles de déclencher des réquisitions et des écoutes à son encontre. Et ces informations sensibles seront alors hébergées... dans ses propres locaux ! » s’étonne l’Express.
Dès septembre, téléphone et internet entre les grandes oreilles de Thales
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Confidentiel
Commentaires (87)
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Abonnez-vousLe 07/05/2013 à 14h24
juste une question marc, la concrètement la PNIJ ca en est ou ?
-c’est un fantasme de politiciens ?
-c’est probable ?
-c’est acté ?
merci de ta reponse.
Le 07/05/2013 à 14h25
Bienvenue dans le futur !
Si tu prononce le mots “révolution” , alors tu seras automatique fiché et surveillé. " />
Le 07/05/2013 à 14h25
ho yeah c’est la fête dis donc !
Le 07/05/2013 à 14h26
Le 07/05/2013 à 14h27
Ca se confirme : 1984 n’était pas une fiction mais un roman d’anticipation …
Moi ca ne me donne qu’une envie quand je vois ça : crypter encore et toujours un peu plus mes activités … je supporte pas l’idée qu’au nom de la sécurité on permettre des intrusions aussi graves dans ma vie privée !
Le 07/05/2013 à 14h27
Le 07/05/2013 à 14h28
Le 07/05/2013 à 14h29
Le 07/05/2013 à 14h30
Attendez… j’ai mal compris ou le site est dans un lieu tenu secret… situé à 300m d’Élancourt ?!? " />
" />
Le 07/05/2013 à 14h30
Avec en haut à droite “liberté-égalité-fraternité” ce document est on ne peut plus parfait.
Le 07/05/2013 à 14h30
Ayé, Hitler et Stalline bandent dans leur tombent.
Le 07/05/2013 à 14h32
Le 07/05/2013 à 14h34
l’Oeil du mal…..
ou
la machine (PoI)
Le 07/05/2013 à 14h36
Il me semble nécessaire, au vu des commentaires de certaines, de préciser qu’une mise sous écoute est nécessairement autorisée (et donc contrôlée) par un magistrat.
C’est d’ailleurs clairement indiqué par le schéma…
Pour les enregistrements automatiques de conversations et autre big brothers vous repasserez. " />
Le 07/05/2013 à 14h37
Le 07/05/2013 à 14h41
Il y a quand même une chose de rassurante, c’est que l’écoute ne pourra se faire qu’avec l’autorisation d’un magistrat… ce qui limite le nombre d’écoutes possibles.
Ou alors suis-je optimiste ?
Le 07/05/2013 à 15h15
Le 07/05/2013 à 15h15
a la lecture des commentaires, quand vous parlez d’un magistrat clairement c’est juge ou procureur ?
Le 07/05/2013 à 15h17
Le 07/05/2013 à 15h20
Le 07/05/2013 à 15h21
Le 07/05/2013 à 15h22
Le 07/05/2013 à 15h23
Le 07/05/2013 à 15h37
Le 07/05/2013 à 15h44
Le 07/05/2013 à 15h50
Dans le cas d’une mise sous écoute.
En ce qui concerne les réquisitions judiciaires relatives par exemples à l’identité du titulaire d’une ligne, elles peuvent intervenir dans le cadre d’une enquête “classique”, sous le contrôle du Parquet, donc d’un Procureur de la République.
Le 07/05/2013 à 15h52
Il n’y a pas si longtemps de cela je passais tout les jours devant Thalès à Élancourt et je me demandais toujours ce qu’il faisait dans ce batiment surtout quand je voyais les Jeep et autres véhicules peut commun (aux couleurs de l’armée de terre).
Bah maintenant je sais ce qu’ils font…
Au passage bonjour Big Brother si m’entend enfin si tu me lis :p
Le 07/05/2013 à 16h03
Merci d’en avoir parlé " />
Episode à rapprocher du PNIJ Leak de Reflets.info " />
Le 07/05/2013 à 16h08
Le 07/05/2013 à 16h19
Le 07/05/2013 à 16h36
une partie de ces informations n’est pas correct.
Par ailleurs, Thales a plusieurs datacenter (a vous de trouver les bonnes villes).
Merci de vérifier vos sources car vous êtes devenus tout a coup moins crédible pour moi.
Le 07/05/2013 à 16h40
Déjà que ces systèmes sont flippants en temps normal, mais imaginons si un jour des troubles sérieux de la vie politique éclataient.
Un épisode du genre “gouvernement de Vichy” avec un truc pareil dans les mains c’est la fête assurée.
Le 07/05/2013 à 21h16
On sait tous comment ça finit, au début c’est sous demande de juge, et on finit avec une demande de l’OPJ…
Le 07/05/2013 à 21h18
Le 07/05/2013 à 21h21
Toujours selon nos confrères, alors que la PNIJ devait être source d’économie, les frais de déploiement s’envolent gaiement. « A l’origine, le Big Brother devait coûter 17 millions d’euros. À présent, la douloureuse se monte à 43 millions. Au bas mot. Car Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free et Numéricâble ont dû déployer des fibres optiques jusqu’au site d’Élancourt pour répondre à leurs obligations légales d’acheminer les communications »
Ha quand même, ça doit en faire des personnes a surveiller…
Le 07/05/2013 à 22h57
Ce que je ne comprends vraiment pas, c’est pourquoi les serveurs de prod restent chez l’industriel, en général, c’est testé dans les locaux de la DGA puis déployé dans les bases militaires " />
ils ont pas peur Owni de diffuser du confidentiel-défense (même le lien vers un document CD est en théorie interdit )" />
Le 07/05/2013 à 23h03
“A l’origine, le Big Brother devait coûter 17 millions d’euros. À présent, la douloureuse se monte à 43 millions. Au bas mot.”
“Pour réduire les dépenses de l’état, il faut d’abord réduire les têtes des dirigeants”.
(Proverbe révolutionnaire)
Le 07/05/2013 à 23h51
Le 08/05/2013 à 02h54
Le 08/05/2013 à 03h20
Le 08/05/2013 à 04h11
Je ne pense pas que l’aval d’un magistrat va empêcher toute dérive.
On remarque clairement la tendance de la justice et ça ne laisse rien présager de bon pour le futur.
Le 08/05/2013 à 06h55
Le 08/05/2013 à 07h17
Pour info , ça ne sert qu’à automatiser les demandes d’écoutes judiciaires. Il faut donc que vous soyez en mis en cause dans une enquête , ça ne fait qu’automatiser ce qui se fait déja.
Ils ne peuvent pas écouter à la volée ce qui se passe chez les opérateurs , pour ça il n’y a que les opérateurs qui “peuvent” le faire , et je serais vous je ferais plus confiance au ministère de la justice , qu’à orange ou sfr pour la confidentialité de mes données…
Le 08/05/2013 à 08h05
Salut,
Alors si j’ai bien lu l’article, le lieu tenu “secret” est dans les locaux de Thalès à Elancourt !
C’est ça ?
Le 08/05/2013 à 08h08
Le 08/05/2013 à 08h19
Le 08/05/2013 à 08h42
Le 08/05/2013 à 11h07
C’est flippant toujours et toujours plus de flicage, de contrôles de la majorité au nom d’une minorité.
C’est la porte ouverte à toutes les dérives !
Petite question : est-ce que le fait d’utiliser HTTPS sur les sites qui le supportent nous permettent de nous protéger d’une surveillance inopportune ?
Le 07/05/2013 à 14h43
Le 07/05/2013 à 14h43
Le 07/05/2013 à 14h50
Le 07/05/2013 à 14h51
Le 07/05/2013 à 14h53
Le 07/05/2013 à 14h56
concentrer en un même endroit, tenu (évidemment) secret,
jusqu’au site d’Élancourt pour répondre à leurs obligations légales d’acheminer les communications
" /> grillé
Le 07/05/2013 à 14h58
Le 07/05/2013 à 14h58
Le 07/05/2013 à 15h03
Le 07/05/2013 à 15h05
Le 07/05/2013 à 15h06
Le 07/05/2013 à 15h10
Le 07/05/2013 à 15h10
Le 07/05/2013 à 15h13
Le 07/05/2013 à 15h13
Le 07/05/2013 à 17h03
J’espère qu’au moins tout ceci servira efficacement la bonne cause qui sert à le justifier.
Je vois surtout le côté négatif (peut être un outil de surveillance supplémentaire).
Le 07/05/2013 à 17h14
Dans le documents :
“autres systèmes (coopération européenne…)”
“Données d’interception et de prestations annexes”
C’est flou comme description, mais ça suffit pour faire craindre le pire (mitm, dpi, filtrage…)
L’outil rêvé de tout dictateur…
Le 07/05/2013 à 17h22
Le 07/05/2013 à 17h24
Selon le rapport sur la justice, cette PNIJ voulue par Sarkozy…
Aujourd’hui, ces opérations sont gérées en association avec 6 sociétés. Faute d’avoir été notifiées préalablement, cinq ont décidé d’attaquer le marché confidentiel défense remporté par Thales. L’Etat qui refuse d’annuler , pourrait maintenant signer un beau chèque après une décision de justice favorable aux acteurs privés.
Le choix Thalès va en outre donner naissance à des situations primesautières : « la société est elle-même sous le coup de plusieurs procédures susceptibles de déclencher des réquisitions et des écoutes à son encontre. Et ces informations sensibles seront alors hébergées… dans ses propres locaux ! » s’étonne l’Express.
Ca alors, mais pourquoi je ne suis pas étonné ?" />
Ha mais oui, ça me revient.">
Karachi ? Ho wait….
Le 18 juin 2009, les juges antiterroristes Marc Trévidic et Yves Jannier expliquent aux familles que cette piste est « cruellement logique ». Cette version est alors démentie par Édouard Balladur et qualifiée de « grotesque » par Nicolas Sarkozy.
Ouf, me voilà ,rassuré." />
En 2009, Dassault Aviation achète les parts d’Alcatel-Lucent et entre dans le capital de Thales à hauteur de 25,90 %
Dassault ? Y a un rapport avec Serge Dassault, l’ami de N.Sarkozy ?" />
Le 07/05/2013 à 17h25
Le 07/05/2013 à 17h25
Le 07/05/2013 à 17h27
Le 07/05/2013 à 17h47
Au lieu de dire :
han 1984
han dictature
han ils vont me violer
Faut juste réflechir 2 minutes :
Tous système informatisé est rationalisé à un moment, là on avait une multitude d’entité pour faire la même chose. Du coup on rationalise pour….faire des économies (héééééééé oui …).
Sinon j’aime bien le
Interface Homme-Machin
" />
Le 07/05/2013 à 18h02
Le 07/05/2013 à 18h09
Le 07/05/2013 à 18h11
Le 07/05/2013 à 18h20
Génial l’infographe, incompressible comme d’habitude.
Le 07/05/2013 à 18h32
Le 07/05/2013 à 19h34
Le 07/05/2013 à 20h30
Le 07/05/2013 à 21h15
big brother is watching you
Le 08/05/2013 à 13h52
Il faut quand même être assez naïf pour croire qu’il ne s’agit que d’une question de réduction des couts, comme si l’Etat en avait quelque chose à faire de dépenser quelques millions de plus pour traquer, ficher et réprimer la population (combien de millions pour la hadopi ?). Une procédure automatisée, centralisée et simplifiée, ça permet surtout à terme d’industrialiser le flicage des moyens de communication, et mettre encore plus de monde sous surveillance étatique.
Le garde-fou du juge est très limité, il existe suffisamment de prétextes plus ou moins bidons qui imposent, même aux plus réticents des magistrats, de valider les demandes de flicage. Ca ne fait que normer la procédure, et la ralentir légèrement.
Le 08/05/2013 à 17h15
Le 08/05/2013 à 17h25
doit vraiment y avoir un truc a Élancourt il avait deja eu un super commissariat “du futur” en 2010
http://www.leparisien.fr/yvelines-78/le-commissariat-du-futur-est-devenu-realite…
Le 08/05/2013 à 17h28
Le 08/05/2013 à 21h33
Le 08/05/2013 à 22h07
Le 08/05/2013 à 23h31
Le 10/05/2013 à 12h34