La NSA défend l’efficacité de PRISM, les firmes américaines se justifient
Communication, phase 2
Le 17 juin 2013 à 09h17
6 min
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Les révélations d’Edward Snowden au sujet du programme PRISM continuent de provoquer des vagues dans le monde de la sécurité, de la politique et de la communication. Alors que les agences américaines dévoilent certains documents pour prouver l’efficacité de cette surveillance, les entreprises concernées tentent de communiquer pour juguler l’aura de scandale.
Crédits : William Cromar, licence Creative Commons
PRISM : seule la surface a été grattée
Il y a maintenant plus d’une semaine, le Guardian et le Washington Post ont enflammé la sphère médiatique avec les révélations autour du programme PRISM. Initié par la NSA et basé sur des lois qui l’y autorisent, il permet l’inspection des données étrangères dès qu’elles transitent par les serveurs américains. Un programme qui tient sa force du concours obligatoire de larges firmes telles que Microsoft, Apple, Google, Yahoo, Facebook ou encore Twitter.
Ces informations ont été fournies par Edward Snowden, un ex-technicien de la CIA et employé d’une entreprise militaire, Booz Allen Hamilton. Réfugié à Hong-Kong, il distille ses découvertes au fur et à mesure. Il y a quelques jours, il révélait ainsi que la NSA s’était introduite dans les routeurs chinois, ce lui avait permis d’espionner des centaines de milliers d’ordinateurs, sans avoir besoin de les pirater.
Sous la pression, la NSA révèle quelques documents
Comme nous l’indiquions vendredi dans nos colonnes, les agences de renseignement sont désormais sous pression. Il leur est notamment demandé par le Congrès américain de donner des preuves de l’efficacité de PRISM. C’est dans ce contexte qu’a été déclassé un nouveau document, qui a justement été transmis au Congrès. Bien que le document ne soit pas encore public, il doit l’être prochainement. En attendant, CNN et Associated Press ont pu l’obtenir et se livrer à une analyse.
Le document, transmis samedi, indique que la surveillance opérée par la NSA a permis de bloquer des menaces terroristes potentielles contre les États-Unis et vingt autres pays. Et cette défense, effective donc, se serait faite sans violer la vie privée des Américains. En fait, moins de 300 numéros de téléphone auraient été examinés dans la masse des millions collectés via le concours des opérateurs, comme l’affaire Verizon l’a révélé récemment.
Les deux programmes de la NSA, aussi bien PRISM que la surveillance des réseaux téléphoniques, ne fonctionnent pas en roue libre, toujours selon le même document. Ils sont examinés tous les 90 jours par le tribunal secret créé par la loi FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act). En outre, les métadonnées extraites de ces programmes ne peuvent être inspectées que dans le cadre précis de « connexions suspectes avec le terrorisme ». C’est du moins la présentation officielle, qui contredit directement les propos de Snowden selon lesquels le personnel de ces programmes peut accéder à n’importe quelle information, sans contrôle.
Évidemment, la défense du programme PRISM et de la surveillance téléphonique était prévisible. Le gouvernement Obama a déjà tenté de calmer le jeu en expliquant non seulement que des attentats avaient pu être déjoués, mais que ces programmes étaient légaux. Une déclaration qui rappelle la problématique de l’œuf et de la poule, puisque lesdites lois ont été créées dans cette optique précisément.
Les entreprises américaines tentent d’ouvrir les vannes de la communication
Comme on l’avait vu avec la lettre ouverte de Google, les entreprises américaines concernées par le programme PRISM font tout pour communiquer davantage. Piégées entre leur obligation légale et la gronde des utilisateurs, elles souhaitent expliquer leur absence de choix, mais surtout afficher plus de transparence sur les demandes qui leur sont faites. Ce qui, techniquement, est impossible à cause d’un silence imposé : non seulement il n’est pas question d’indiquer l’objet de la demande, mais parler de la demande elle-même peut se révéler illégal.
Les rapports de transparence publiés par les uns et les autres sont donc la plupart du temps nébuleux. Cela n’empêche toutefois pas quelques petites avancées. Dans un nouveau rapport publié vendredi soir, Facebook indique avoir obtenu le droit de donner des indications un peu plus précises. Ainsi, durant le semestre qui s’est terminé le 31 décembre 2012, l’entreprise indique avoir fait face à un nombre de requêtes compris entre 9 000 et 10 000, pour un total de 18 000 à 19 000 comptes concernés. Les demandes étaient un mélange de requêtes FISA et de NSL (voir notre article à ce sujet), sans plus de détails. Facebook indique tout de même que ces requêtes avaient des périmètres très variés : un sheriff enquêtant sur une disparition d’enfant, un Marshall traquant un fugitif, la police enquêtant sur une agression ou un agent de la sécurité nationale creusant une menace terroriste.
Pratiquement en même temps que Facebook, Microsoft a posté son propre rapport de transparence. On sait ainsi qu’entre 6 000 et 7 000 requêtes ont été formulées, pour un total de 31 000 à 32 000 comptes utilisateurs. Microsoft prend soin toutefois de préciser les limites imposées par la loi : les requêtes sont amalgamées et ne permettent donc pas de connaître le ratio NSL/ordres FISA, la période couverte ne peut excéder six mois et les résultats ne peuvent être présentés que par milliers. Ce dernier point était cependant déjà connu. La firme précise enfin que jamais la moindre requête n’a été formulée contre l’ensemble des clients américains, comme ce fut le cas pour Verizon.
Côté Apple, on réitère l’affirmation : jamais le mot « PRISM » n’avait été entendu jusqu’à ce que les médias en parlent. Ce qui n’interdit évidemment pas de répondre aux requêtes quand celles-ci sont envoyées. C’est ainsi que 4 000 à 5 000 d’entre elles ont été recensées, pour un total de 9 000 à 10 000 comptes utilisateurs ou appareils. Ces requêtes ont concerné surtout des disparitions d’enfants, la recherche d’un patient atteint de la maladie d’Alzheimer, des enquêtes sur des vols ou des crimes ou encore la prévention d’un suicide. Apple précise cependant qu’il existe des catégories d’informations qui ne sont pas transmises aux services de renseignement, car la firme « a fait le choix de ne pas les enregistrer. Par exemple, les conversations qui prennent place sur iMessage et FaceTime sont protégées par un chiffrement de bout en bout qui ne permet une lecture que par l’expéditeur et le destinataire ».
Dans tous les cas, toutes les entreprises restent sur la ligne de défense qu’aucun accès direct n’est jamais réalisé par la NSA ou une autre agence dans les serveurs de l’entreprise.
La NSA défend l’efficacité de PRISM, les firmes américaines se justifient
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PRISM : seule la surface a été grattée
Commentaires (55)
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Abonnez-vousLe 17/06/2013 à 09h22
Cela n’a pas empêché Boston et autres….
Le 17/06/2013 à 09h26
Le 17/06/2013 à 09h28
Tout le monde sait que les terroristes préparent leurs attentats sur Facebook. " />
Le 17/06/2013 à 09h30
Ce qui m’étonne c’est l’absence de tout communiqué, toute action de la part d’Anonymous.
Ça ne serait donc que des grandes gueules avec un tout petit zizi?
Le 17/06/2013 à 09h32
« a fait le choix de ne pas les enregistrer. Par exemple, les conversations qui prennent place sur iMessage et FaceTime sont protégées par un chiffrement de bout en bout qui ne permet une lecture que par l’expéditeur et le destinataire »
MMm légalement ils ne sont pas obligé de le faire? Skype chiffre aussi, une paire de clés qui va bien et le chiffrement ne sert à rien. Je pense que c’est la même chose avec Apple.
Le seul chiffrement fonctionnel est quand vous maitriser la communication de bout en bout. Sans dépendre du chiffrement à l’intérieur du protocole qui peut inclure de belles portes à service de renseignement.
Et puis de toute façon, ils ont caché PRISM, tant qu’on leur mettra pas à nouveau face à eux des preuves irréfutables ils pourront continuer à nous berner " />
Le 17/06/2013 à 09h39
Je ne peux m’empêcher de mettre le titre du dernier article de Bluetouff :
#PRISM, #MAINWAY, #MARINA, #NUCLEON… et ce n’est que le début de la liste
Allez faire également un tour chez Reflets pour voir (j’adore où se situe Google)
On s’aperçoit surtout que Prism est une microchiure dans un océan de surveillance…..
Le 17/06/2013 à 09h41
Dans un nouveau rapport publié vendredi soir, Facebook indique avoir obtenu le droit de donner des indications un peu plus précises.
Pratiquement en même temps que Facebook, Microsoft a posté son propre rapport de transparence.
Euh, maintenant ils se rappellent vaguement de PRISM, alors qu’hier encore ils juraient n’en avoir jamais entendu parler !
A quand Apple qui avouera que en fin de compte ils ne connaissaient PRISM que sous un autre acronyme, et qu’ils n’arrivaient pas à faire un rapprochement entre les deux, mais que le résultats était le même ?!
Le 17/06/2013 à 09h46
Côté Apple, on réitère l’affirmation : jamais le mot « PRISM »
non mais et en plus ils nous prennent pour des jambons " />
Le 17/06/2013 à 11h04
Le 17/06/2013 à 11h08
Le 17/06/2013 à 11h08
Le 17/06/2013 à 11h09
Le 17/06/2013 à 11h22
Le 17/06/2013 à 11h24
Le 17/06/2013 à 11h30
Le 17/06/2013 à 11h34
Le 17/06/2013 à 11h38
Le 17/06/2013 à 11h38
Il me semble que dans la Déclaration des Droits de l’Homme (et du Citoyen " />) il est indiqué qu’on a le droit de résister à l’opression.
Je dis ça, je dis rien…" />
Le 17/06/2013 à 11h40
La NSA devrait envoyer un avion dans une tour ou un colis piégé dans le métro, histoire de remettre le peuple dans le droit chemin. Faudrait pas qu’ils recommencent à réfléchir avec leurs cerveaux ces cons-là, la peur et les tripes c’est vachement plus gérable.
Le 17/06/2013 à 11h42
Le 17/06/2013 à 11h45
La NSA défend l’efficacité de PRISM
Personnellement j’avais des mauvaises herbes dans mon jardin. J’ai essayé le napalm, j’ai plus de maison, mais je n’ai plus de mauvaises herbes. Super efficace !
Le 17/06/2013 à 11h48
Le 17/06/2013 à 11h51
Le 17/06/2013 à 12h00
Le 17/06/2013 à 12h06
Le 17/06/2013 à 12h07
Le 17/06/2013 à 12h07
Le 17/06/2013 à 12h09
Le 17/06/2013 à 12h12
Mouais, c’est bien de s’indigner “bouh, prims spa bien” entre 2 recherches google en utilisant chrome sous windows just avant de recevoir un sms sur son iphone.
Le 17/06/2013 à 12h12
Le 17/06/2013 à 12h13
Le 17/06/2013 à 12h43
Juste lu le titre pour l’instant…
En même temps je ne les vois pas dire :
NSA > wé ok c’est useless pour le terrorisme, mais côté espionnage/intelligence ça roxx, on fait la nique à tout le monde, même nos concitoyens. Et c’est légal alors on vous merde.
FB, Google & Co. > bah wé, non seulement on se fait du blé sur vos données, mais en plus on viole votre intimité en fourguant le tout à nos services de renseignement. Tout a un prix les gars, surtout la gratuité! Et de toute façon on a pas le choix alors on vous merde.
" />
Le 17/06/2013 à 13h36
Tiens, c’est marrant, pourquoi les US n’ont pas demander à bloquer les paiements faits au Guardian et au Washington Post ?
Quand c’est Wikileaks qui divulgue des infos secrètes ils le font, mais la ils ont peur des répercussions de leur censure ? ^^
Le 17/06/2013 à 13h41
Le 17/06/2013 à 14h01
En formatant mon PC j’ai oublié de sauvegarder et donc perdu des historiques de conversation Skype auxquels je tenais beaucoup !
Serait-il possible, s’il vous plait, messieurs de la NSA, de m’en envoyer un backup ?
Merci d’avance ! " />
Vous savez où me contacter ;)
Le 17/06/2013 à 17h11
Le 18/06/2013 à 06h06
J’aime bien la ligne de défense du gouvernement US & Co :” Non mais on vous dit que ça a pas (vraiment) touché la vie privée des américains !”
Ouai, non mais Ok, MAIS ET LES AUTRES ?!" />" />" />" />" />
Les américains, on s’en fout un peu, ils ont des lois qui les “protègent”. Le problème c’est le reste de la population mondiale ! Il n’y a qu’a voir ce qu’ont fait les USA face à Assange pour comprendre qu’ils se contrefoutent de la vie privée des citoyens non américain ! " />" />" />
Le 18/06/2013 à 06h07
Le 20/06/2013 à 12h31
la photo me fait penser à Pink Floyd ( flotte ) !" />
Le 17/06/2013 à 09h49
Le 17/06/2013 à 09h52
Le 17/06/2013 à 09h54
Et les révélations continuent, la fournée de ce matin :
Les anglais espionnent les invités du G20, cybercafés piégés, téls Blackberry et ordinateurs sur écoute, emails volés, keyloggers,… par une équipe de 45 analystes-espions fournissant les infos en temps-réel aux représentants UK.
Ceux qui disaient “ils n’espionnent que les méchants terroristes” peuvent revoir leur copie.
Le 17/06/2013 à 09h57
Côté Apple, on réitère l’affirmation : jamais le mot « PRISM » n’avait été entendu jusqu’à ce que les médias en parlent.
Par contre, ils ont dû entendre la NSA dire : “Bon, connectez vos serveurs au nôtres, et vite fait, ok ?”
ça revient au même hein…
Le 17/06/2013 à 10h01
dooooormez…. dooôôôrmez… faites-nous cooooonfiiiiianceeeee…
Le 17/06/2013 à 10h05
Le 17/06/2013 à 10h12
Le 17/06/2013 à 10h16
Y’en a qui se reveillent enfin. Une grosse partie des séries policieres US (experts, criminal minds,…) mettent en scene des “experts” informatique qui recherchent des infos sur les vilains méchants de l’episode. Croyez vous que cela est vraiment du au hasard ou que cela permet de montrer au peuple le bien que cela lui fait de se faire espionner à longueur de journée ? Ou quand la fiction permet d’éduquer le peuple à l’acceptation de la reduction de ses libertés.
[quote:Benjamin Franklin]Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.[/quote]
Le 17/06/2013 à 10h21
" />
Comme vous dites, ils nous prennent pour des cons, comme toujours.
Le terrorisme a bon dos, comme dans les pays communistes où l’espionnage exercé sur les gens était également justifié pour des raisons de sécurité.
Après, les détournements des informations recueillies sont trop tentants pour ne pas être effectués : opposants, syndicalistes, multinationales ayant leurs complices dans les Gouvernements et pouvant utiliser ces infos à l’encontre de concurrents, usage étendus à de simples délits mineurs (contraventions), etc…
Les communistes l’ont rêvé, les capitalistes l’ont fait ! " />
Le 17/06/2013 à 10h28
Il n’y a que environ 10,000 comptes espionés : Mais bien sur …. et le datacenter géant qu’il construisent dans l’Utah pour la NSA, c’est juste faire des requêtes pour 10,000 comptes, on y crois … " />
Le 17/06/2013 à 10h29
Le 17/06/2013 à 10h32
Le 17/06/2013 à 10h39
Le 17/06/2013 à 10h41
Je note une phrase, ou plutot un détail :
Le document, transmis samedi, indique que la surveillance opérée par la NSA a permis de bloquer des menaces terroristes potentielles contre les États-Unis et vingt autres pays.
Heu… c’est pas plutôt à un truc comme l’ONU de faire ce boulot normalement ? Les USA sauveur des liberté des peuple et de la démocratie (atchoum) est plus légitime que l’ONU?
Le 17/06/2013 à 10h48
Le 17/06/2013 à 10h55