« Il n'y aura pas d'itinérance 4G. » La phrase, dite au micro d'Europe 1, est claire, nette et précise. Prononcée par Stéphane Richard, le patron d'Orange, elle vise ici Free Mobile, qui profitera tôt ou tard d'une itinérance avec un opérateur, au minimum sur la bande 800 MHz.

Lancé au début de l'année 2012, Free Mobile a pu attirer massivement des abonnés du fait de son accord d'itinérance 3G avec Orange. Il faut en effet rappeler que seul un accord concernant la 2G était à l'époque obligatoire. Rien ne forçait donc l'opérateur historique à proposer son réseau UMTS à Free Mobile. Néanmoins, Stéphane Richard craignait à l'époque que SFR ou Bouygues Telecom proposent l'itinérance en 3G à Free Mobile. Ne voulant pas manquer un contrat très lucratif d'une valeur de plusieurs centaines de millions d'euros par an, Orange a donc fait coup double et a loué sa 2G et sa 3G au nouvel arrivant.

L'itinérance en 4G, pas avant une couverture de 25 % pour Free Mobile

Concernant la 4G (LTE), la question va de nouveau se poser pour les concurrents de Free Mobile. Ce dernier, s'il a pu obtenir des fréquences dans la bande 2600 MHz, a en effet manqué le coche pour la bande 800 MHz, faute d'une mise suffisante. SFR a ainsi été le grand gagnant de ces enchères, disposant des fréquences les plus importantes. Or comme nous le savons depuis plus de deux ans, le perdant de ces enchères (ici Free Mobile) aura droit automatiquement à l'itinérance en 4G via l'un des trois autres opérateurs, et en priorité celui disposant de deux blocs.

SFR est donc naturellement cité comme potentiel candidat à accueillir Free Mobile sur une partie de son réseau, néanmoins, strictement rien n'empêche le quatrième opérateur de signer un accord avec Orange ou Bouygues Telecom, ceci dès lors que sa couverture minimale en 4G est atteinte, soit 25 % de la population. Un objectif qui devrait être atteint assez rapidement.

Sitôt cette barrière réglementaire passée, la question du partenaire devrait alors se poser. Mais dès lors qu'un accord avec Bouygues Telecom est improbable tant les deux sociétés semblent opposées, et qu'Orange ne compte pas confirmer ses actuels contrats d'itinérance et encore moins les conforter avec de la 4G, le choix semble désormais plus que restreint. Sauf surprise, Free Mobile devra donc trouver un terrain d'entente avec SFR, ce dernier ayant de toute façon l'obligation de lui faire une offre dès lors qu'il détient deux blocs en 800 MHz.

« Dans un objectif d’équilibre concurrentiel, le cumul de blocs dans la bande 800 MHz est soumis à une condition : l’opérateur qui obtient deux blocs doit offrir l’itinérance dans la bande 800 MHz à un opérateur qui serait titulaire uniquement de fréquences de la bande 2,6 GHz et qui n’aurait pas obtenu de fréquences dans le cadre de la procédure à 800 MHz » précisait ainsi déjà un membre de l’ARCEP en octobre 2011.

La question n'est plus « qui », mais « quand »

La question majeure est désormais de savoir quand Free Mobile et SFR signeront un accord. Sachant que depuis plusieurs mois, l'opérateur au carré rouge déploie massivement sur la bande 800 MHz, la filiale d'Iliad sera assurément la grande gagnante de cette course à la 4G. Grâce à ce futur accord qui fait désormais peu de doute, sa couverture ne s'en retrouvera que plus importante, lui permettant ainsi de rattraper partiellement son retard sur Orange, Bouygues Telecom et même SFR.

Il faut toutefois préciser que toutes les antennes 800 MHz de SFR ne pourront pas être louées à Free Mobile. En effet, seules celles présentes dans les zones de déploiement prioritaires, à savoir les moins peuplées du territoire, sont concernées.

Mais, pour le moment, la filiale de Vivendi cible plutôt les grandes villes et donc les zones non prioritaires. Pour que Free Mobile profite réellement de cet accord, il faudra donc encore patienter un moment. Le temps pour ses concurrents d'installer des antennes un peu partout.