Des inspecteurs de l’Éducation nationale s’opposent au « permis Internet »
Des bâtons dans les roues
Le 20 mars 2014 à 13h20
4 min
Droit
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Alors que la formation aux outils numériques est déjà prévue par le Code de l’éducation, des élèves de CM2 ont l’opportunité de passer depuis quelques mois un « permis Internet pour les enfants ». Sauf que l’opération, menée en coopération entre la Gendarmerie nationale et l’assurance AXA, provoque l’ire de certains professionnels de l’Éducation nationale. Ces derniers appellent tout simplement à son boycott.
En décembre dernier, la gendarmerie nationale et AXA Prévention lançaient en grande pompe le coup d'envoi de l’opération « Permis Internet pour les enfants ». L’objectif ? Sensibiliser en trois ans un million d’élèves de CM2 (ainsi que leurs parents) vis-à-vis des règles de prudence à respecter sur Internet : rencontres virtuelles, cyberharcèlement, respect de la vie privée, achats en ligne, téléchargement illégal, etc.
Concrètement, les gendarmes commencent par venir distribuer des « kits pédagogiques »- conçus avec l’assurance - dans les écoles ayant souhaité participer à l’opération. L’instituteur prend ensuite le relais pour plusieurs leçons, avant que les gendarmes ne reviennent en classe pour faire passer le test, qu'il faut réussir pour obtenir son permis. Une remise officielle du fameux document est prévue en présence des gendarmes, des parents, des enseignants, des élus locaux ainsi que d’un représentant d’AXA.
Les visées commerciales et pédagogiques de l'opération en question
Sauf que même si le dispositif a le soutien officiel des autorités, les personnels de l’Éducation nationale n’adhèrent pas tous à cette opération. Dès le 18 décembre, le Sgen-CFDT s'est inquiété des visées et de la portée de l'initiative, et a demandé à l'exécutif des explications. Le syndicat a été suivi par le SE-Unsa, qui a lui aussi écrit à Vincent Peillon, le 24 janvier, pour l’interpeller sur ce qu’il perçoit comme une opération doublement critiquable. Sur la forme d’abord, puisqu’une entreprise privée s’immisce dans une mission de service public bien particulière : l'éducation. « L’objectif n’est pas uniquement de faire de la prévention, mais bien de proposer aussi des produits commerciaux qui dépassent largement le seul cadre de la protection des enfants » regrette à cet égard le syndicat dans sa lettre (PDF).
Sur le fond, ensuite, l’incitation à l’achat de produits commerciaux étant selon l’organisation volontairement poussée par une « pédagogie de la peur ». « Le "permis Internet AXA" réussit le tour de force de former aux dangers d’Internet sans initier aux usages (...). Éduquer à l’internet et au numérique s’inscrit dans un temps pédagogique long, attaché à une vraie éducation à la culture informationnelle dès le primaire » poursuit ainsi la lettre. Alors que Vincent Peillon a largement insisté sur le fait qu’il souhaitait faire entrer l’École dans l’ère du numérique, le syndicat lui rétorque que cette opération est « une mauvaise solution de facilité ».
Peillon temporise mais n'empêche pas l'appel au boycott
Un mois plus tard, le cabinet du ministre a répondu au syndicat qu’il ne fallait pas s’inquiéter : « Je peux vous assurer que nous sommes très vigilants à ce que l’école reste un lieu libéré de toutes pressions économiques et commerciales » peut-on ainsi lire dans ce courrier daté du 28 février (PDF). Mais si les services de Vincent Peillon promettaient que les académies apporteraient « la plus grande attention et une extrême vigilance aux opérations liées à ce "permis Internet" », aucune remise en cause du dispositif n’était faite. Il était en outre rappelé que l'initiative ne dépendait que de l’accord des écoles.
Si le SE-Unsa n’a pas caché sa déception face à la réaction du ministre de l’Éducation nationale, le syndicat a finalement préféré s’en remettre au choix des instituteurs, appelant symboliquement à « la vigilance ». Mais du côté du syndicat d’inspecteurs SI.EN UNSA, c’est un appel au boycott bien plus explicite qui a été lancé mardi. L’organisation demande en effet aux inspecteurs de l’Éducation nationale de « ne pas promouvoir le projet de "permis Internet" proposé par la Gendarmerie Nationale et de la compagnie d'assurances AXA ». Le dispositif est une fois de plus présenté comme « diamétralement opposé aux démarches préconisées dans le cadre du socle commun des compétences, des connaissances et de la culture ».
Des inspecteurs de l’Éducation nationale s’opposent au « permis Internet »
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Les visées commerciales et pédagogiques de l'opération en question
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Peillon temporise mais n'empêche pas l'appel au boycott
Commentaires (54)
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Abonnez-vousLe 20/03/2014 à 13h44
Sérieusement, c’est grand-guignolesque…
Pourquoi pas un permis pour ouvrir sa gueule avec un examen surveillé par la DST tant qu’on y est.
Ou un permis pour bouffer des faillots surveillé par des membres de l’association française des victimes du syndrome du colon irritable…
Quand à l’intrusion des marques, ça crée de dangereux précédents.
A quand le prof faisant une annonce à la fin du cours, genre
“Ce cours de biologie vous a été offert par Total. Total, Notre énergie est votre énergie”
Le 20/03/2014 à 13h47
Le 20/03/2014 à 13h48
Le 20/03/2014 à 13h49
Si les profs étaient eux-mêmes bien formés à Internet et à son utilisation comme aide pédagogique dans le cadre de l’enseignement, il n’y aurait pas besoin de ces montages totalement foireux.
Enfin il me semble que, comme toujours, Internet va être présenté uniquement dans ses aspects négatifs et dangereux alors qu’il s’agit avant tout d’un fabuleux outil de connaissances.
Qui est le responsable de ce montage absurde et contraire aux valeurs de l’éducation républicaine ?
Le 20/03/2014 à 13h52
Lundi matin : cours de francais dispensés dispensés par la milice nationale en collaboration avec Air Rance
Lundi aprem : mathématiques, cours assurés par des bénévoles du CE de la SNCEF avec des supports conçus par la société géniale.
Mardi matin : sport, les masseurs pompiers officieront et effectueront une démonstration de matériel Décalthon
Mardi aprem : éducation civique, Charles Pasmoi vous fait l’honneur de partager son savoir. Un gouter exceptionnel sera servi ensuite par Pernaud Richard.
Jeudi à la sortie des cours le Lieutnant Michu vous proposera des billets qui donnent droit à une visite gratuite de la caserne la plus proche et à 15€ de réduction sur le jeu Coal of Duty 7.
Vendredi matin : histoire géo, le gaz et ses enjeux, cours assurés par Vlad Imir en partenariat avec Raserom.
Vendredi aprèm : récréation, des animateurs de PC Intact vous conteront la légende des trolls. Une distribution de T-shirt est prévue pour célébrer la fin de cette semaine chargée.
Le 20/03/2014 à 13h52
Le 20/03/2014 à 13h54
Le 20/03/2014 à 13h55
Le 20/03/2014 à 14h07
Ce qui me fait peur avec la vidéo d’intro, c’est la coupe du gars " />
Plus sérieusement, que l’on explique l’usage d’Internet aux enfants est indispensable (dans notre société). Mais pourquoi le faire de cette manière ?
Ne serait-il pas plus simple de se faire initier par les profs et les parents ?
En même temps, qd j’entends des gens d’une quarantaine d’années fustiger le net pour des raisons bidons, je comprends que certains soient complètement dépassés par la génération actuelle.
Le 20/03/2014 à 14h07
Le 20/03/2014 à 14h07
Et ils sont où les SMS pour signaler aux parents que leurs enfants sont en dangers, que l’état fournis leur temps de cerveau disponible à des entreprises privées ?
Le 20/03/2014 à 14h13
petite question que ce passe t-il si le gosse ne décroche pas le permis internet ???
J’ai toujours trouvé débile ces machins (je parle pas de l’aspect sensibilisation mais l’aspect “permis de” qui n’a aucune valeur “légale juridique …” l’avoir ou pas ne change rien) à mon époque au collège aussi on avait eut un truc de ce genre (me demande si c’était pas pour la sécurité routière)
idée business : je pars ouvrir je internet-école pour préparer les jeunes au permis de conduireau baccalauréat au permis internet
avec un peu de chance on ne pourra plus ouvrir une ligne internet (fixe ou mobile) sans avoir sont permis internet …..
Le 20/03/2014 à 14h22
Le 20/03/2014 à 14h32
Le 20/03/2014 à 14h37
Le 20/03/2014 à 14h39
On peut avoir un exemplaire de ce kit ?
histoire de se faire un avis…
Le 20/03/2014 à 13h21
La sensibilisation est nécessaire ,je pense après le reste c’est du marketing ou de la feature " />.
Sinon je suis dispo pour 3k net par mois pour l’enseigner perso " />
Le 20/03/2014 à 13h23
Rien de nouveau sous le soleil ( malheureusement …) " />
C’est pareil pour la semaine du gout, et pour tout un tas d’évènements …. ce sont juste de gros chevaux de troie pensés par les industriels pour vendre leur " /> ( aussi bien en bouffe qu’en produits, services; … )
Le 20/03/2014 à 13h23
Vivendi-Universal-BMG dans l’assemblée nationale a distribuer des bon d’achat,
maintenant AXA vend des produits d’assurance dans les ecoles.
Quoi d’autre ?
Le 20/03/2014 à 13h26
Ca choque que moi que la gendarmerie nationale vienne dans les écoles pour faire passer des examens ?
Le 20/03/2014 à 13h29
« pédagogie de la peur »
C’est pas ça qui est utilisée pour promouvoir l’éducation sexuelle et former les jeunes à consommer des capotes vendues par des entreprises privées? Je doute qu’en jeune de CM2 souscrive à une assurance AXA.
J’ai souvenir de pratique équivalente où en primaire j’assistais à des conférences écologiques (certainement d’autres?) et en rentrant chez moi je disais à mes parents qu’il fallait adhérer ou acheter tel et tel truc.
Si on bannit le mot “attention” du discours alors ça n’est plus la « pédagogie de la peur »?
C’est plutôt bien de diversifier les sources d’éducation, puis ça permet d’en discuter entre parents et enfants. Les enseignants ont-ils peur de perdre le monopôle de l’endoctrinement?
Le 20/03/2014 à 13h31
Le 20/03/2014 à 13h32
En plus d’avoir une entreprise qui s’immisce dans une école (elle ne devrait avoir aucun droit de parole dans l’éducation), je reste dubitatif sur les sujets abordés et notamment le téléchargement illégal : c’est clairement un choix politique, qui pose des questions de société et ça ne devrait pas entrer dans le cadre de l’enseignement scolaire.
Le 20/03/2014 à 13h34
Le 20/03/2014 à 13h36
Le 20/03/2014 à 17h06
Le 20/03/2014 à 17h42
Le 20/03/2014 à 18h26
Il faudrait aussi voir quel est le contenu du CD/DVD dans le “kit”.
Est-ce qu’il s’agit uniquement de films / pages web, machins portables… ou est-ce que ce sont des exécutables obligeant les écoles à avoir certains Système d’Exploitation propriétaire.
… ce qui serait une deuxième entorse avec “obligation d’acheter” pour les écoles.
Le 21/03/2014 à 08h35
Le 21/03/2014 à 10h17
Le 21/03/2014 à 10h19
Le 21/03/2014 à 10h38
Le 21/03/2014 à 11h11
Le 21/03/2014 à 11h16
Le 21/03/2014 à 11h28
Le 21/03/2014 à 12h26
Le 21/03/2014 à 13h04
Le 22/03/2014 à 15h44
Le 20/03/2014 à 14h54
Le 20/03/2014 à 14h57
Le 20/03/2014 à 15h05
Le 20/03/2014 à 15h12
Le 20/03/2014 à 15h17
Le 20/03/2014 à 15h18
Le 20/03/2014 à 15h29
Le 20/03/2014 à 15h40
Le 20/03/2014 à 15h56
Le 20/03/2014 à 16h04
Le 20/03/2014 à 16h04
Le 20/03/2014 à 16h05
Le 20/03/2014 à 16h06
Le 20/03/2014 à 16h24
La démolition du service public et en particulier de l’éducation continue encore et encore. Le but: remplacer les citoyens par des CONsommateurs.
Le 20/03/2014 à 17h02
Le 20/03/2014 à 17h05