La NSA a espionné les communications de 122 chefs d’État
On irait plus vite en faisant un article sur ce que n'a pas surveillé la NSA
Le 31 mars 2014 à 15h46
5 min
Logiciel
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Plusieurs documents dérobés par Edward Snowden et révélés par deux journaux, dont Der Spiegel, indiquent que la NSA a espionné de manière directe plus de 120 chefs d’État. L’information fait l’effet d’une bombe et plus particulièrement en Allemagne, déjà ébranlée par le scandale des écoutes du téléphone d’Angela Merkel.
Crédits : www.GlynLowe.com, licence Creative Commons
Nymrod, la base de données des chefs d’État
À nouveaux documents d’Edward Snowden révélés, nouveau scandale. L’information est retransmise cette fois par le journal allemand Der Spiegel, ainsi que par le site The Intercept. Le simple fait que ces deux médias retransmettent l’information n’est pas un hasard. L’article de Der Spiegel a été écrit par Laura Poitras, tandis que The Intercept a été fondé par Glenn Greenwald. Et si ces deux noms ne vous évoquent rien, il s’agit tout simplement des deux journalistes qui ont réalisé l’interview initiale de Snowden peu après son arrivée en Russie.
L’article de Der Spiegl est l’original, celui par lequel est venu le nouveau scandale. Et les documents de Snowden ont de quoi défrayer la chronique : la NSA (National Security Agency) a espionné directement pas moins de 122 chefs d’État de manière directe. Ces informations ont été rassemblées et stockées dans une base de données confidentielle et lourdement protégée. Portant le nom de code « Nymrod », elle est accompagnée de plusieurs outils automatisés pour extraire rapidement des informations pertinentes.
Des cibles évidentes, d'autres beaucoup moins
Parmi les 122 chefs d’État, on trouve des cibles évidentes, comme le président de la Libye. La NSA surveille ainsi de près l’ensemble des pays dans lesquels la situation est instable et/ou qui regorgent d’activités terroristes. Mais d’autres sont plus sujets à interrogation et c’est très notablement le cas de l’Allemagne : la chancelière Angela Merkel est encore une fois la cible de l’agence de sécurité.
La base de données Nymrod regroupe ces informations pour permettre l’exploitation de données qui pourraient avoir un impact sur la sécurité des États-Unis. Un outil permet par exemple de créer automatiquement des « citations » sur la base d’informations disséminées dans plusieurs contenus. Dans le principe, cela ressemble au fonctionnement de l’application Summly, rachetée par Yahoo pour devenir News Digest.
Tous les canaux de communications espionnés
Nymrod est constituée sur la base d’informations récupérées depuis les appels téléphoniques, les fax et globalement toutes les formes de communications capables de contenir des données intéressantes. Selon Der Spiegel, la NSA obtient ainsi des informations précises qui réclameraient sinon une traque beaucoup plus longue et probablement moins efficace. Et non seulement la collecte a été couronnée de succès, mais elle est, du moins d'un certain point de vue, parfaitement légale outre-Atlantique puisqu'elle a reçu le feu vert d'un juge via une décision top-secrète.
Mais la NSA n’est pas la seule agence de sécurité à s’être particulièrement intéressée à l’Allemagne. C’est également le cas du GCHQ, son équivalent britannique. Et l’agence anglaise est allée plus loin en infiltrant directement plusieurs grosses entreprises d’outre-Rhin : Stellar, Cetel et IABG. Les deux premières sont des fournisseurs de solutions de communications par satellite, tandis que la troisième fournit des équipements de communication et des solutions de sécurité.
Des entreprises allemandes infiltrées
Le choix de ces cibles ne dépendait pas cette fois d’un rapport quelconque à la sécurité et à l’observation des menaces. Selon The Intercept, il s’agissait d’obtenir directement des informations qui permettraient d’exploiter des failles dans les satellites. De la même manière que la NSA souhaitait des données similaires sur les routeurs et équipements Huawei, le GCHQ cherchait des portes dérobées dans les satellites afin d’en analyser le contenu qui y transitait. Cette opération, comme tant d’autres, a été réalisée conjointement avec la NSA.
Évidemment, les réactions ne se sont pas fait attendre. Du côté de l’Allemagne, un porte-parole a exprimé la colère de la chancelière : « Cela constituerait un grave abus de confiance. De telles pratiques doivent immédiatement cesser ». Côté États-Unis, la Maison Blanche a réagi de manière nette : « Le président a assuré la chancelière que les États-Unis ne surveillent pas et ne surveilleront pas les communications de la chancelière ». Ce qui évidemment ne nie pas le fait que ce fut le cas par le passé.
L'affaire n'en restera sans doute pas là. Le procureur général allemand de la république Harald Range a ainsi indiqué qu'une enquête avait été ouverte pour espionnage caractérisé. Si des preuves concluantes devaient être trouvées, il s'agirait alors d'une affaire criminelle.
La NSA a espionné les communications de 122 chefs d’État
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Nymrod, la base de données des chefs d’État
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Des cibles évidentes, d'autres beaucoup moins
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Tous les canaux de communications espionnés
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Des entreprises allemandes infiltrées
Commentaires (59)
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Abonnez-vousLe 31/03/2014 à 19h46
Pour travailler en Allemagne je peux vous dire qu’elle a l’air ridicule la Merkel.
Lors des premières révélations de Snowden sur l’espionnage massif des citoyens, elle avait déclaré qu’au final, ce n’était pas si aussi dramatique que ça en avait l’air… .
Le 31/03/2014 à 19h53
“Si des preuves concluantes devaient être trouvées, il s’agirait alors d’une affaire criminelle.”
Je ne sais pas combien de documents (de Snowden) il faudra attendre pour lancer une enquête en France …" />
Le 31/03/2014 à 19h56
Le 31/03/2014 à 21h01
C’est possible d’avoir la liste complète des personnalités écoutées qu’on rigole?
Le 31/03/2014 à 21h01
" /> pour le sous-titre.
Le 31/03/2014 à 21h28
Le 31/03/2014 à 21h31
Le 31/03/2014 à 21h33
Le 31/03/2014 à 21h43
Le 31/03/2014 à 23h15
Le 31/03/2014 à 23h17
Le 01/04/2014 à 00h34
Je me demande quand même si Snowden n’ aurait pas du balancer toutes ses infos en une fois et faire péter sa “bombe” genre explosion nucléaire une bonne fois pour toute… choquer tout le monde et faire en une fois un tollé général.
Parce que là, franchement, au fur et à mesure, d’ infos en infos et de révélations en révélations on s’ habitue, ne s’ étonne plus de rien et petit à petit fait on se fait à l’ idée que la NSA surveille tout le monde (pour tout ceux qui suivent encore ce feuilleton parce que entre l’ Ukraine et bientôt le mundial, tout le monde maintenant s’ en fout).
Le procureur général allemand de la république Harald Range a ainsi indiqué qu’une enquête avait été ouverte pour espionnage caractérisé. Si des preuves concluantes devaient être trouvées, il s’agirait alors d’une affaire criminelle.
Lol
L’ opérateur national telecom belge s’ était fait piraté (Belgacom).
Une plainte avait été déposé contre X et un procureur du Roi en charge donc de la plainte.
Snowden avait révélé l’ implication non pas des chinois mais de la NSA dans ce hack.
Obama est venu récemment en Belgique et je n’ ai pas entendu parler d’ un mandat demandant à un responsable US de s’ expliquer ou être entendu comme témoin.
Pour des affaires de crimes même hors de notre territoire (dont la Belgique s’ estime pénalement compétente) on a pourtant délivré des mandats d’ arrêt et entamer des procès sur des bases beaucoup moins solide que cela.
Bonne chance au procureur allemand ^^
Le 01/04/2014 à 02h31
Réaction de Hollande à la lecture de l’article:
“ouf, heureusement il y au moins quelqu’un qui m’écoute” " />
Le 01/04/2014 à 04h24
Le 01/04/2014 à 04h47
les autres chefs d’etats ont étés épargnés parce qu’il n’ont pas le téléphone…
Le 01/04/2014 à 06h58
Vous avez posté la news un jour trop tôt…
Ah non, c’est pas un poisson ? Ca serait drôle si ce n’était pas si triste !
Le 31/03/2014 à 16h02
Le 31/03/2014 à 16h15
Il me semblait pourtant que nos chers dirigeants étaient équipés de téléphones cryptés (gros comme le pavé du sketch des inconnus ou des nuls je ne sais plus) pour éviter ce genre de problème…
Le 31/03/2014 à 16h19
Bon, soyons clairs : aucun chef d’état n’avait besoin de Snowden pour en être informé. Les propres services de renseignement de chaque pays, a fortiori des puissances comme l’Allemagne ou la France, avaient au grand minimum des soupçons sur ces activités (et plus probablement des certitudes). Simplement parce que c’est la raison d’être de services secrets, sinon ils seraient pas appelés comme tel, et que tout le monde fait pareil à la mesure de ses moyens.
Comme les États-Unis sont de très loin le pays qui dispose du plus de leviers et qui dépense le plus en la matière, personne ne pouvait décemment douter de l’ampleur du truc. Tout au plus la surprise se fera peut-être sur la collusion avec l’espionnage industriel imbriqué et sur certaines cibles particulières. Mais bon, on n’est pas la première puissance du monde par hasard…
Mais impossible d’imaginer que les politiques jouent un minimum franc-jeu, et aillent au-delà de la posture outrée de façade tout en continuant par derrière à signer des traités et prendre des décisions qui renforcent toujours plus cet état de dépendance.
Ne reste plus qu’à espérer que dans les coulisses des états des consciences s’élèvent, et que ce déballage incessant leur donne plus de poids.
+1 pour le sous-titre sinon " />
Le 31/03/2014 à 16h23
…la NSA (National Security Agency) a espionné directement pas moins de 122 chefs d’État de manière directe…
Ca me paraît quand même un peu direct.
Le 31/03/2014 à 16h25
Le 31/03/2014 à 16h28
la NSA a espionné de manière directe plus de 120 chefs d’État.
122-120 = 2 Juste par curiosité qu’elle manière indirecte à été utiliser pour ces 2 là? " />
Le 31/03/2014 à 16h31
La réaction de Poutine : “122? Bande de petits joueurs d’Américains.” " />
Le 31/03/2014 à 16h31
Le 31/03/2014 à 16h36
Euu…. Ca étonne qui que la NSA espionne les chefs d’Etat d’autres pays ?
Parce que à la base le gouvernement américain est censé agir dans l’intérêt du peuple américain. Et quand bien même il s’y prend assez bizarrement des fois faire confiance aux pays “alliés” sans essayer de voir s’ils préparent pas un sale coup, c’est un raisonnement de bisounours !
Je serais réellement déçu (mais pas étonné) si la France ne fait pas la même chose !
Le 31/03/2014 à 16h39
Le 31/03/2014 à 16h42
La NSA a espionné les communications de 122 chefs d’État
Ils ont bien du se marrer les petits analystes de la NSA " />
Le 31/03/2014 à 16h47
Le 31/03/2014 à 16h49
Il sont pas surveillés, ils sont protégés.
Le 31/03/2014 à 16h51
la NSA a espionné de manière directe plus de 120 chefs d’État.
Le 31/03/2014 à 16h53
Le 31/03/2014 à 16h55
Le 31/03/2014 à 16h56
Le 31/03/2014 à 16h58
On irait plus vite en faisant un article sur ce que n’a pas surveillé la NSA
Tout à fait, d’ailleurs la voici(attention elle est courte)
liste:
Voilà, je vous avait prévenu que c’était court…" />" />
Le 31/03/2014 à 17h01
Le 31/03/2014 à 17h02
Le 31/03/2014 à 17h09
Je n’ai pas encore lu les commentaires, mais il va bien y en avoir pour préciser que ça ne vise pas le quidam donc c’est pas grave ou bien que nos services secrets font pareil.
Le 31/03/2014 à 17h11
Le 31/03/2014 à 17h31
Je serais une entreprise piratée par la NSA (Stellar, Cetel et IABG), je porterais plainte pour atteinte à l’image et préjudice commercial.
Le 31/03/2014 à 17h31
Le 31/03/2014 à 17h35
Le 31/03/2014 à 17h40
On irait plus vite en faisant un article sur ce que n’a pas surveillé la NSA
Je ne sais pas si il y a des INpactiens qui s’en souviennent mais quand Bush Jr. a lancé le Patriot Act (octobre 2001), une information sortie à l’occasion était que la NSA avait comme mission de constituer une base de données avec une fiche pour et sur chaque adulte de la planète. " />
L’idée m’avait parue totalement barrée à l’époque (euh… en fait elle ne l’est pas moins aujourd’hui " /> ) mais, connaissant les Américains, jamais je n’ai douté qu’ils se lancent dans ce projet, avec les moyens financiers et humains à leur dé-mesure.
Il y a juste que certains ont été un peu plus fichés que d’autres " />
Outre le gros délire parano-orwellien derrière tout ça, le problème tient essentiellement à certains procédés mis en œuvre par la NSA pour parvenir à ses fins, procédés qui ont affaibli globalement et pour longtemps la sécurité du web.
Le 31/03/2014 à 18h06
Le 31/03/2014 à 18h19
Le genre de procédés auquel je faisais allusion : NSA infiltrated RSA security more deeply than thought (info du jour, Reuters).
Le 31/03/2014 à 18h20
On irait plus vite en faisant un article sur ce que n’a pas surveillé la NSA
" />
" />
Le 31/03/2014 à 19h08
Je ne serais même pas étonné que pendant que la CIA galérait à essayer d’obtenir de l’info, la NSA avait déjà tout ça sous le coude (sans la partager bien sûr) " />
Le 31/03/2014 à 19h42
Le 31/03/2014 à 19h42
On ne se lassera jamais de nourrir les naïfs de promesses. " />
Le 31/03/2014 à 15h48
" />
Le 31/03/2014 à 15h53
C’est pas faux pour le sous-titre. " />
Le 31/03/2014 à 15h57
Si seulement toutes ces révélations pouvaient permettre l’émergence de solutions européennes (développement, hardware, production, hébergement, etc.)
Le 01/04/2014 à 07h02
Le 01/04/2014 à 10h47
Le 01/04/2014 à 13h12
Je suppose que ces semi-journalistes vont dévoiler un par un toutes les personnalités ; histoire de se faire des scoops pas cher pendant un an … au risque de ne pas avoir une réaction forte du monde entier, mais plutôt quelques petites crises diplomatiques bilatérales…
Le 01/04/2014 à 13h22
Le 01/04/2014 à 15h39
Le 01/04/2014 à 16h28
Le 02/04/2014 à 06h29
Le 03/04/2014 à 22h23
Oh mon dieu ! Ils savaient avant nous pour Julie Gayet !