La NSA enregistre la totalité des conversations téléphoniques des Bahamas
Terrorisme ? Non, la drogue, mais c'est pareil
Le 20 mai 2014 à 10h00
6 min
Internet
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Selon des documents d’Edward Snowden, la NSA collecte et enregistre la totalité des communications téléphoniques des Bahamas. Une information qui fait suite à la révélation en mars d’une action identique envers un autre pays. Cette opération de l’agence américaine, nommée SOMALGET, relance une fois encore la question de l’utilisation des pouvoirs de la NSA en dehors de la lutte antiterroriste.
De la légitimité des programmes de surveillance
Fin mars, la publication de documents d’Edward Snowden provoquait une fois encore une polémique. Selon les informations du lanceur d’alertes, la NSA collectait et stockait l’intégralité des conversations téléphoniques d’un pays tout entier. Le nom du pays n’était pas donné, pas plus que les raisons qui avaient poussé l’agence de sécurité à procéder à un tel enregistrement massif. Les mêmes documents montraient en outre que la NSA pratiquait l’espionnage direct de 122 chefs d’États, dont Angela Merkel (ce que l’on savait déjà depuis l’année dernière).
La vraie question qui se dégage maintenant de ces informations à répétition ne concerne plus vraiment la faisabilité technique de ces opérations aux proportions gargantuesques. La NSA se justifie depuis le début de l’affaire Snowden en invoquant la lutte contre le terrorisme. Plusieurs responsables s’étaient ainsi relayés devant les commissions sénatoriales pour expliquer les avantages de programmes tels que Prism. Ainsi, plusieurs dizaines d’attentats auraient été court-circuités grâce à ces activités.
Toutes les communications téléphoniques des Bahamas sont aspirées
Mais de nouveaux documents permettent d’en savoir davantage sur l’espionnage direct de pays entiers. Publiés par Glenn Greenwald, le journaliste à l’origine de la première interview de Snowden, ils montrent comment la NSA a mis en place la collecte de toutes les conversations téléphoniques des Bahamas. Le programme, nommé SOMALGET, fait partie d’un autre, plus vaste, appelé MYSTIC. Dans ce dernier, plusieurs pays tels que le Mexique, le Kenya et les Philippines, sont surveillés pour en récupérer des métadonnées. Mais pour les Bahamas et le pays dont il était question en mars, l’envergure est toute autre.
Deux questions priment : pourquoi et comment ? Mettons de côté la première pour nous concentrer d’abord sur la mise en place de ce programme. Dans les cas « classiques » de surveillance, la collecte des données peut se faire au moyen de très nombreux systèmes d’analyse et d’écoute. Mais dans celui des Bahamas, la collecte suppose que des défenses beaucoup plus nombreuses soient percées afin d'accéder, non plus simplement aux métadonnées, mais aux données elles-mêmes.
Simultanément la lutte contre les cartels...
Mais la NSA insiste également sur les fondements juridiques de ses programmes et le contexte dans lequel une opération est mise en place. Dans le cas de SOMALGET, il s’agit en fait d’un partenariat avec la DEA, la Drug Enforcement Administration, un service fédéral de police du Département de la Justice. Principale structure de lutte contre la drogue et les cartels, un lien a été établi avec la NSA pour que cette dernière puisse être en mesure de surveiller toutes les conversations. En théorie, la DEA se retrouve ainsi avec la capacité d’être avertie dès qu’une conversation relative à la drogue se met en place. Le fonctionnement est identique au cas de l’autre pays abordé en mars, NSA fournissant donc un historique sur 30 jours.
Cette connexion entre l’agence et l’administration est réalisée par l’intermédiaire d’une division spéciale de la NSA, nommée ICN, pour International Crime and Narcotics. Dans un mémo interne datant de mai 2012, l’agence se félicite du « grand succès » obtenu via cette opération et indique combien une telle base de données peut avoir de la valeur pour les analystes du renseignement. Le rapport insiste également sur la supériorité des données sur les métadonnées, qui permettent d’avoir des informations précises plutôt que de déduire des tendances via des méthodes analytiques et statistiques.
... et l'accumulation d'un matériel précieux de renseignement
Ce qui rend l’affaire des Bahamas si particulière est qu’elle illustre comment les administrations et les agences peuvent interagir. Car dans la pratique, la NSA a été appelée à la rescousse pour suppléer la DEA. À la base, il s’agit d’une mission de cette dernière, qui dispose d’accès fournis légalement pour obtenir des informations via les écoutes et autres méthodes d’espionnage. La NSA a profité de ces accès « légaux » pour mettre en place ses propres programmes. Il y a d’ailleurs des chances que le cas du pays abordé en mars soit très proche de celui des Bahamas.
Le problème est que des faits particulièrement bien établis cadrent désormais mal entre eux. D’un côté, la NSA enregistre des conversations téléphoniques à l’échelle d’un pays tout entier, avec la capacité de stocker un imposant historique d’un mois. De l’autre, la même agence justifie ses programmes devant le Sénat américain en invoquant la lutte contre le terrorisme. Mais ici, il n’y a pas de terrorisme : les Bahamas sont décrits comme une « démocratie stable qui partage des principes démocratiques, des libertés individuelles et une application de la loi avec les États-Unis ». Un rapport publié l’année dernière par le State Department mentionnait même explicitement que le pays n’était pas un danger car la menace terroriste aux Bahamas était faible « faible, voire inexistante ».
« C’est surprenant cette vision à court-terme du gouvernement »
Dans l’article de Glenn Greenwald, l’ancien agent du FBI Michael German donne un avis qui résume toute la problématique actuelle : « C’est surprenant cette vision à court-terme du gouvernement. Qu’ils ne puissent pas voir que l’exploitation d’un mécanisme juridique à un tel degré que vous pourriez en perdre la justification de ces accès – c’est là que la communauté du renseignement agit d’une manière qui court-circuite ses intérêts à long terme, et clairement [ceux] de la sécurité nationale des États-Unis ».
Évidemment, la NSA n’a pas souhaité commenter l’affaire. Sa déclaration sur le sujet est parfaitement alignée avec les autres, soulignant que « la suggestion que la collecte de renseignements étrangers de la NSA est arbitraire et sans limite est fausse ». Elle rebondit également sur la question classique des données de citoyens américains qui pourraient être prises dans les filets en indiquant que des procédures sont mises pour « protéger la vie privée des américains ». Ce qui ne répond bien entendu pas à la question de la légitimité de l’enregistrement de toutes les conversations téléphoniques d’un pays.
La NSA enregistre la totalité des conversations téléphoniques des Bahamas
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De la légitimité des programmes de surveillance
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Toutes les communications téléphoniques des Bahamas sont aspirées
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Simultanément la lutte contre les cartels...
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... et l'accumulation d'un matériel précieux de renseignement
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« C’est surprenant cette vision à court-terme du gouvernement »
Commentaires (73)
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Abonnez-vousLe 20/05/2014 à 11h03
Le 20/05/2014 à 11h07
Le 20/05/2014 à 11h08
Le 20/05/2014 à 11h09
comme dirait Risoli : c’est cuitas les bahamas " />
Le 20/05/2014 à 11h15
Le 20/05/2014 à 11h17
Le 20/05/2014 à 11h20
Le 20/05/2014 à 11h24
Le 20/05/2014 à 11h30
Le 20/05/2014 à 11h32
Le 20/05/2014 à 11h33
Le 20/05/2014 à 11h34
Le 20/05/2014 à 11h38
Le 20/05/2014 à 11h39
Le fonctionnement est identique au cas de l’autre pays abordé en mars, NSA fournissant donc un historique sur 30 jours.
Il est raisonnable de penser que cette limite des 30 jours n’est plus en vigueur : bon nombre de durées limitées avaient été établies pour des raisons techniques dans l’attente d’un nouveau centre de données qui a ouvert ses portes il y a quelques mois.
Le 20/05/2014 à 11h47
Comme ça la NSA enregistre toutes les conversations des Bahamas ?
Çà ne m’étonne en aucune manière et ça ne me choque presque pas…
C’est l’ensemble de ce qu’ils font en matière d’espionnage global et sans scrupule qui me gêne et qui contribue à faire verser ce grand (?) pays qu’est les états -unis du coté obscur de la force (mais ça a commencé avec le Patriot act) !
Ce qui m’étonne par contre c’est que quelqu’un puisse croire que les agents de la NSA peuvent se faire filmer en train d’intercepter du matériel (des routeurs cisco je crois) pour les modifier genre backdoor incorporée ! Il est bien clair que c’est une mise en scène destinée à dédouaner les constructeurs américains du fait qu’ils sont contrains de faire cette manip directement à la fabrication (et d’une manière plus globale peut-être)
Le 20/05/2014 à 11h48
Le 20/05/2014 à 14h59
Le 20/05/2014 à 15h42
Le 20/05/2014 à 16h18
Le 20/05/2014 à 16h57
” Dans le cas de SOMALGET, il s’agit en fait d’un partenariat avec la DEA, la Drug Enforcement Administration, un service fédéral de police du Département de la Justice. Principale structure de lutte contre la drogue et les cartels, un lien a été établi avec la NSA pour que cette dernière puisse être en mesure de surveiller toutes les conversation”
Alors il devrait mettre sur écoute la C.I.A. qui se finance depuis des lustres grâce au trafic de drogue.
Le 20/05/2014 à 18h50
Le 20/05/2014 à 19h09
Le 20/05/2014 à 21h43
Le pb, ce sont les lois qui autorisent ce genre de systèmes à être mis en œuvre:
“Les méchants se cachent parmi nous”–>“surveillons les communication de tous le monde”–>”… au passage si on faisait de l’intelligence économique avec, retournait ces systèmes contre ceux dont les opinions “me” dérangent, etc etc”
Le 21/05/2014 à 05h41
Le 21/05/2014 à 06h54
Le 21/05/2014 à 17h34
Le 22/05/2014 à 04h38
Le 20/05/2014 à 10h11
ouais mais là vous chipotez aussi. Ca reste de l’intérêt des USA. C’est comme quand ils espionnent pour le compte de grands groupes, c’est pour le bien de l’économie US et donc au final pour le bien des citoyens US, donc wtf?
Ne dit-on pas que la fin justifie les moyens?
S’ils respectaient les autres pays ça se saurait… enfin d’abord, en dehors des USA, il existe quelque chose ? Enfin je veux dire de valable quoi.
Les USA, un ami qui vous veut du bien…. " />
Le 20/05/2014 à 10h11
Les Etats-Unis sont un état fasciste.
Le 20/05/2014 à 10h11
30 jours d’audio téléphonique sur l’échelle de tout un pays ? Dire que je pensais avoir tout vu. " />
Rien que pour le stockage, j’arrive même pas a concevoir la place nécessaire.
Le 20/05/2014 à 10h11
C’est bien beau d’enregistrer mais encore faudrait-t-il savoir exploiter ses données. Ce qui ne semble pas être le cas " />
C’est comme donner une arme à feu à un manchot. On ne risque finalement pas grand chose.
Après si ça peut les rassurer…
Le 20/05/2014 à 10h15
La lutte contre les cartels de drogue n’est pas totalement délié du terrorisme, il y a des chances qu’une partie de l’argent sale serve au financement de groupes terroristes.
Après, il reste à savoir dans quelles proportions..
Le 20/05/2014 à 10h16
Le 20/05/2014 à 10h18
Le 20/05/2014 à 10h19
Le 20/05/2014 à 10h20
Le 20/05/2014 à 10h21
Je suis étonnés que NXI ne parle pas du scandale du moment entre les états Unis et la chine.
Le 20/05/2014 à 10h26
Le 20/05/2014 à 10h26
Le 20/05/2014 à 10h30
Cyberespionnage : les Etats-Unis attaquent la Chine en justice
Le 20/05/2014 à 10h31
Le 20/05/2014 à 10h33
Le 20/05/2014 à 10h35
Le 20/05/2014 à 10h37
Le 20/05/2014 à 10h37
Le 20/05/2014 à 10h40
Le 20/05/2014 à 10h41
Il utilise probablement une calculette.. chinoise " />
Le 20/05/2014 à 10h41
La drogue ?
Ouf… j’ai cru un instant qu’ils combattaient l’évasion fiscale…
Le 20/05/2014 à 10h42
Est-ce que c’est du FLAC, au moins?
La NSA devrait se lancer dans le streaming-audio.
Le 20/05/2014 à 10h44
La NSA doit avoir des alliés un peu partout pour être arrivé à un tel degrés d’espionnage non?
Mon avis, encore une fois, est que tous les pays font pareils. " />" />
Le 20/05/2014 à 10h47
Somalget comme Somalie ? " />
Le 20/05/2014 à 10h48
Je sais pas pour vous, mais je la sens bien venir la 3ieme guerre mondiale:
Le 20/05/2014 à 10h49
Le 20/05/2014 à 10h57
Dans ce dernier, plusieurs pays tels que le Mexique, le Kenya et les Philippines, sont surveillés pour en récupérer des métadonnées. Mais pour les Bahamas et le pays dont il était question en mars, l’envergure est toute autre.
Les métadonnées, c’est déjà suffisant pour cet état nazi." />
Le 20/05/2014 à 10h57
Le 20/05/2014 à 10h59
Le 20/05/2014 à 11h00
Le 20/05/2014 à 11h51
Le 20/05/2014 à 11h57
Le 20/05/2014 à 11h59
Le 20/05/2014 à 12h00
Le 20/05/2014 à 12h03
Ca me parait légitime. On le voit dans les James Bond, les méchants ont souvent des pieds à terre dans les Caraïbes.
Le 20/05/2014 à 12h12
Le 20/05/2014 à 12h13
Le 20/05/2014 à 12h29
Dans le cas de SOMALGET, il s’agit en fait d’un partenariat avec la DEA, la Drug Enforcement Administration, un service fédéral de police du Département de la Justice. Principale structure de lutte contre la drogue et les cartels, un lien a été établi avec la NSA pour que cette dernière puisse être en mesure de surveiller toutes les conversations.
ça et le fait que les Bahamas aient un amour sacré pour la confidentialité des comptes en banque " />
Le 20/05/2014 à 12h39
Le 20/05/2014 à 12h46
Attendons le la NSA avoue avoir une backdoor dans le noyau de Linux… là on va moins rire.
Le 20/05/2014 à 13h09
Ils sont fan de Rihanna en fait à la NSA et comme ils ont pas réussi à pécho son numéro de téléphone ils cherchent. " />
Le 20/05/2014 à 13h27
Le 20/05/2014 à 13h49
Le 20/05/2014 à 13h54
Le 20/05/2014 à 14h06
Le 20/05/2014 à 14h38