L’arrêt du support technique de Windows XP a provoqué de nombreux remous. En France, la sénatrice Frédérique Espagnac avait demandé au gouvernement ce qui avait été prévu pour se préparer à la situation. La réponse d’Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du Numérique, tente de faire l’inventaire des actions, mais n’évite pas les écueils.
La situation continuera de se dégrader
Depuis le 8 avril dernier, Windows XP ne bénéficie plus d’aucun support technique. Lors des bulletins mensuels de sécurité, le système n’est donc plus concerné par les mises à jour. Jour après jour, les failles détectées (car il y en a nécessairement) ne sont plus colmatées, ouvrant un nombre croissant d’opportunités pour les pirates. Le danger le plus important réside dans la mise en place d’immenses parcs de machines zombies, les fameux botnets.
Les infections de masse des machines n’étant plus corrigées sont rendues possibles par l’exploitation des failles critiques. Ces dernières sont caractérisées notamment par une exploitation à distance, le plus souvent grâce à une page web spécialement conçue ou encore l’ouverture d’un document particulier. Exploitée, la brèche permet alors de faire coulisser un ou plusieurs « malwares » jusqu’à la machine, qui se chargeront à leur tour de rendre cette dernière pilotable à distance. Un botnet peut contenir ainsi des dizaines de milliers de machines zombies, utilisées alors pour générer en masse du spam ou des attaques distribuées par déni de service (DDoS).
Comment le gouvernement a-t-il préparé le terrain ?
Deux semaines après la fin de ce support, la sénatrice Frédérique Espagnac intervenait sur le sujet. Elle demandait officiellement au gouvernement « de bien vouloir lui indiquer ce qui a été fait en amont par le gouvernement pour prévenir ce changement et ce qu'il compte mettre en œuvre pour éviter les désagréments susceptibles de se produire ». La question de la situation globale de Windows XP en France, particulièrement au sein des administrations restait floue. Les ministères de l’Éducation et de la Défense nous avaient bien répondu que les migrations étaient en cours vers Windows 7, mais sans plus de détails. Celui de la Défense nous avait cependant indiqué que les opérations avaient démarré depuis trois ans et qu’elles nécessitaient de très nombreux tests.
La question de Frédérique Espagnac a reçu hier sa réponse. Axelle Lemaire a souhaité faire le point sur ce qui avait été fait. Elle résume notamment les actions de l’agence nationale de sécurité des systèmes d'information (ANSSI) :
- Publication régulière de notes d’informations et de recommandations
- Avertissement des responsables informatiques pour les sensibiliser au problème
- Préconisation de migrations vers des systèmes et logiciels dont le support était assuré
- Contact des ministères début 2013 pour anticiper le problème
La date d'arrêt de support de Windows XP est connue depuis... janvier 2007
Mais la réponse contient une curieuse information : Axelle Lemaire indique que l’arrêt du support de Windows XP, « intervenu le 8 avril 2014, avait été annoncé fin 2012 ». Dans un tel contexte, il n’est évidemment pas étonnant de voir que l’ANSSI a pris contact avec les ministères au début de l’année dernière.
Seulement voilà, la date de fin de support de Windows XP n’est pas connue depuis fin 2012, mais depuis… janvier 2007. Nous avions en effet abordé dans nos colonnes la rallonge qui serait accordée au système. Il fallait cependant installer obligatoirement le Service Pack 3, une situation que nous avions abordée une nouvelle fois en décembre 2009. La situation est donc parfaitement connue depuis plus de sept ans, et on est loin des 18 mois sous-entendus par réponse du gouvernement.
« Des solutions au problème de la migration d'XP sont aujourd'hui trouvées ou en passe de l'être dans la majorité des ministères » indique par ailleurs Axelle Lemaire. Une indication floue qui inscrit en filigrane une réalité plus crue : des ministères n’ont pas encore de solution. La secrétaire d’État rappelle cependant qu’il est possible de « contractualiser, afin de se prémunir contre de futurs risques, une extension de service support », ce que l’on savait déjà.
Nous avons contacté l’ANSSI pour obtenir de plus amples détails.
Commentaires (85)
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Honte à notre pays. En plus une migration vers Windows 7 c’est irresponsable, l’OS est déjà dépassé.
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Les politiques sont presque tous les mêmes…
Pas un ayant une vision sur le long terme. On se retrouve devant le fait accompli c’est vraiment désespérant… " />
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Bah, ils vont bien écrire une loi pour obliger Microsoft à continuer les updates d’XP sous peine d’amende. " />
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Ils n’ont que 7 ans de retard…
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Ils sont plutôt fairplay, ils auraient pu foutre ça sur le dos du précédant gouvernement en les chargeant lourdement…
Mais en clair, dans leurs réponses ils annonces qu’ils ne font pas grand chose, absolument rien d’efficace ni de rapide.
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Je vois que les rieurs sont de sortie.
Avant de se gausser une fois de plus de l’administration qui aurait découvert avec effroi le 8 avril que Windows XP était mortel, il faudrait peut-être s’interroger sur ce que ça implique de migrer un tel parc de machines.
L’administration ce n’est pas une PME. Ce sont des milliers de postes et des milliers d’applications “maison” qu’on ne peut pas acheter sur étagère. Autant dire qu’il faut un minimum de travail et d’investissement pour préparer le terrain et qu’il impensable de migrer de système d’exploitation en croisant les doigts pour ne pas bloquer tout le service public du jour au lendemain.
Je fais partie d’un ministère qui a 80 000 postes et qui est bien plus avancé dans sa migration que maintes grosses boîtes privées que vous connaissez tous qui ont, elles, payé du support étendu à Microsoft pour repousser l’échéance de la migration. Que penser de la grosse chaîne d’hypermarchés qui a complètement négligé sa migration et qui aujourd’hui répercute le prix du support étendu sur les produits que vous achetez tous les jours ? (exemple véridique)
Quant à “l’annonce de fin 2012”, c’est dans la communication du gouvernement qu’il a un bug. Les DSI des ministères savent eux aussi lire les communiqués de microsoft et PC Inpact.
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Du côté de la Justice c’est en cours, mais selon les régions c’est un peu chaotique.
C’est le problème de l’administration, y’a des mecs près à tout mettre en place, mais ça traine en procédures, en tests, etc.
Ils ont tous des vieilles applications métiers minables, qu’ils sont obligés de bidouiller pour les rendre compatibles.
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La question de Frédérique Espagnac a reçu hier sa réponse. Axelle Lemaire a souhaité faire le point sur ce qui avait été fait. Elle résume notamment les actions de l’agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) :
Et on s’étonne d’être à la ramasse. " />
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Et pendant ce temps là, chez nos Pandores …
http://fr.wikipedia.org/wiki/GendBuntu
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Pour les logiciels maison je me demande si il y en a en java, pour la migration ça facilite pas mal ! C’est pas forcement ce qu’il y a de plus performant mais largement suffisant pour la plus part des travaux de saisie/traitement des dossiers.
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encore un article sur feu windows XP! " />
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Au point ou on en est autant passé directement a Windows 9 en 2015 histoire d’etre ok jusqu’en 2025 " />
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je vois ça plutôt comme le responsable de la maintenance informatique du gouvernement qui était jusqu’à maintenant payer à rien foutre (ou du moins pour lancer les mise à jours de l’OS).
Sauf que maintenant, il va devoir vraiment se bouger le cul et bosser !
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On est tous d’accord pour dire que le gouvernement doit arrêter de gémir sur Microsoft, et publier un échéancier de migration vers Linux.
Et dans les marchés publics, un critère de sélection doit être l’OS libre.
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Ça se saurait si les marchés publics étaient là pour la qualité " /> Au final, c’est quasi tjrs le moins cher qui remporte la bataille et qui livre une bouse sans nom dont on hérite bien évidemment de la maintenance dès la fin du contrat initial dont il est couru d’avance qu’il ne sera pas renouvelé.
Hé oué… elle est trop belle l’informatique d’Etat " />
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de toute façon, une application pour Windows , si elle est de qualité, devrait être assez facilement portable sur n’importe quel OS et/ou toolkit graphique.
Un développeur compétent sépare la gestion de l’interface et le traitement des données (model/view programming).
Dans le domaine médical, pour la carte vitale, on a vu comment l’administration avait laissé s’instaurer des logiciels de piètre qualité (par ex: AxiAM) codé avec les pieds avec un prologiciel des années 90 dont je ne me rappelle plus le nom, limité à Windows et même plus édité !! " />
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Dans ma municipalité on a environ 2000 machines et des utilisateurs influents qui ne veulent pas passer sous Win7.
En plus ça représente un coup non négligeable et du temps.
En plus on est obligé d’utiliser des applications métiers de 15 ans d’age qui n’ont parfois plus de support, souvent faute de mieux (on a déjà eu des marchés sur lesquels il n’y avait pas d’alternative à un produit m’a-t-on dit, oui oui).
Sans compter les spécificités demandées par certains utilisateurs qui ne fonctionnent plus sous Win7 et les sociétés qui ont fait faillite et tu finis en 2014 avec une dizaine de serveurs en Windows 2000 et 40% du parc en Windows XP un an après les premiers déploiements.
Du coup je troll souvent mon boss en lui demandant quand on fera passer les utilisateurs et les serveurs sous Linux. " />
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Une association du coin vient de faire migrer sous 7 des PC qui arborent un certificat de licence pour Windows ME XD
Le ventilo hurlait tellement fort pendant la MÀJ que j’ai crû à des travaux dehors.
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Zont plus qu’à migrer sous macos.
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La seule chose responsable à faire est de migrer toutes administrations vers un système d’exploitation Unix. Ça coutera cher sur le court terme mais ça fera des économies considérables sur le long terme.
Mais c’est surtout une question de souveraineté, car nous ne pouvons plus dépendre d’un système d’exploitation qui collecte des données pour le gouvernement des États-Unis.
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ça aurait été l’occasion de basculer certaines machines sous linux
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J’ai lu (rapidementà) les commentaires de cette “news” et j’ai quelques commentaires à faire.
Tout d’abord, je suis fonctionnaire, au sein du MEDDE (Ecologie Développement Durable et Energie). Cela fait des années que je travaille au sein d’une unité local en sous-effectif chronique (et qui va en s’aggravant). De plus, nos moyens tant humains que financiers sont réduits de jour en jour (non, je n’exagère pas).
Question postes de travail, nous sommes arrivés au 08/04/2014 à avoir 99,5% de nos postes de travail sous Windows 7 Pro. Pourtant nous avons masse d’applis “à problèmes” :
En fait, nous nous sommes tellement bien débrouillés que nous avons pu tenir les délais (et aidés en cela par la direction locale qui a pu réaffecter des crédits). Mais nous n’avons pas compté nos heures, voire perdu des jours de congés / RTT. Je précise à tout hasard que nos heures supplémentaires ne sont jamais payées (question motivation, ça se pose la).
Question serveur, nous sommes sous EOLE, basé sur Linux. Nous n’avons en théorie pas le droit d’utiliser de serveurs sous Windows (et en vérité, sauf une ou deux applis serveur, aucun besoin). Si nous voulions le faire, on n’aurai droit à aucun support, ce qui est normal.
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Il faudrait un DSI de l’administration, venant par exemple de la gendarmerie. Ils ont migré intelligemment, en une dizaine d’années, 99,9% de leur informatique sur du libre (Ubuntu, Thunderbird, LibreOffice…).
Economie de licences énorme.
Mais ça ne se fait pas en 6 mois, clairement.
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