Une récente étude réalisée par ABI Research sur le marché des smartphones a de quoi inquiéter Google. Si Android écrase toujours le secteur, les appareils n'intégrant pas les outils de Google connaissent un succès croissant.

Entre Xiaomi et Amazon

Pour la plupart des utilisateurs, acheter un appareil sous Android, c'est aussi choisir un pack d'applications Google. De Gmail à Maps en passant par la recherche de Google, tout y passe. Néanmoins, 100 % des appareils sous Android ne sont pas forcément dans ce cas de figure. L'exemple typique est le dernier Fire Phone d'Amazon. L'appareil, qui tourne sous Fire OS, un « fork » d'Android, utilise Bing pour la recherche par défaut, la cartographie est fournie par Nokia, le navigateur est Amazon Silk (basé sur Chromium), et à l'instar des précédents produits Kindle, le géant du commerce en ligne propose sa propre boutique d'applications et non le Play Store de Google. Le but du cybermarchand est simple : capter un maximum de valeur en mettant en avant ses services ou ceux de ses partenaires, ceci aux dépens de ceux de Google.

Si dans le secteur des smartphones, Amazon est encore un acteur mineur et donc sans grande importance pour le moteur de recherche, il n'est toutefois pas le seul à proposer un concept similaire. En Asie, les forks d'Android et les applications maison sont nombreuses. Xiaomi, le leader du marché chinois, a ainsi écoulé des millions d'appareils sous MIUI, système basé sur Android mais dont la plupart des applications n'ont rien à voir avec Google. Et Xiaomi est loin d'être un cas unique en Asie.

Le succès grandissant des Android non-Google

Résultat, si Android a capté 86 % du marché des smartphones au deuxième trimestre, un taux gigantesque et probablement proche d'un record, 20 % du marché a aussi et surtout été capturé par des forks du système. Un taux historique, ceci du fait d'une croissance supérieure au reste du marché. Alors que tous systèmes confondus, le secteur n'a crû que de 3 % par rapport au premier trimestre, les forks d'Android, eux, affichent une progression de 20 %, contre une croissance de 13 % pour les appareils sous Android accompagnés d'applications Google.

Selon ABI Research, les appareils sous Android OHA (Open Handset Alliance), c'est-à-dire sans modification majeure et avec les logiciels de Google, ont représenté 65 % des livraisons au deuxième trimestre, contre près de 20 % pour les produits AOSP (Android Open Source Project) vendus par Amazon et Xiaomi. Et si ces 20 % n'ont pas de valeur à vos yeux, sachez que cela représente près de 65 millions de smartphones en trois mois. C'est près de deux fois plus que le nombre d'iPhone écoulés sur la même période, et cela se rapproche des livraisons de Samsung.

L'étude précise que la croissance des appareils AOSP est principalement tirée par les fabricants chinois et indiens, « non seulement sur ​​leurs marchés domestiques, mais de plus en plus à travers l'Asie et même au-delà ». Cette domination asiatique n'a toutefois rien d'une surprise. Après tout, comme le remarque ABI Research, les Chinois et Indiens représentent désormais plus de la moitié (51 %) des livraisons de smartphones dans le monde.

Notez que derrière Android et iOS, on retrouve Microsoft et son Windows Phone, dont la part de marché (2 %) a stagné. Les PDM des BlackBerry ou encore des appareils sous Firefox OS sont pour leur part minimes.

Enfin, il est intéressant de se rappeler que fin 2013, CyanogenMod a levé 23 millions de dollars. Parmi les investisseurs, on retrouvait notamment le géant chinois Tencent. De quoi faire trembler plus encore Google ?