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La Free Software Foundation a 40 ans : nouveau président et projet de téléphone libre

Un ADN en pleine forme

La Free Software Foundation a 40 ans : nouveau président et projet de téléphone libre

L’ONG a fêté ses 40 ans le 4 octobre. Elle a profité d’un évènement dédié pour faire plusieurs annonces, dont la nomination de son nouveau président, Ian Kelling. La FSF a également provoqué une petite surprise en annonçant un projet de téléphone libre, nommé sobrement LibrePhone.

Le 09 octobre à 17h51

La Free Software Foundation existe désormais depuis plus de 40 ans. Elle avait été fondée le 4 octobre 1985 par Richard Stallman et lutte inlassablement depuis pour promouvoir le logiciel libre, en établissant une différence très nette avec l’open source. « Le logiciel libre signifie que les utilisateurs ont la liberté d’exécuter, d’éditer, de contribuer et de partager le logiciel », indique ainsi que la fondation sur son site officiel. L’open source, qui consiste techniquement à voir les sources, n’entraine pas de lui-même ces libertés, tout dépendant de la licence accompagnant le code.

Pour fêter dignement cet anniversaire, la fondation avait organisé un évènement. De nombreux intervenants étaient présents, avec de nombreuses discussions sur le logiciel libre et des retours d’expérience sur certains projets, dont Debian, Trisquel et Emacs.

Un nouveau président et un téléphone libre

Ce 40ᵉ anniversaire était aussi l’occasion de faire quelques annonces importantes. La FSF a ainsi confirmé que Ian Kelling était le nouveau président de la structure. La fondation avait cependant annoncé la nouvelle deux jours avant dans un communiqué. Il prend ainsi la relève de Geoffrey Knauth, qui tenait la barre depuis 2020.

« Depuis qu’il a rejoint le conseil d’administration en 2021, Ian a fait preuve d’une compréhension claire de la philosophie du logiciel libre dans la technologie d’aujourd’hui, et d’une vision forte. Il reconnaît les menaces que représentent les technologies à venir, favorise la transparence, a joué un rôle important dans la conception et la mise en œuvre de nouveaux processus de recrutement du conseil d’administration, et a toujours adhéré aux principes éthiques. Il m’a également donné de précieux conseils dans des moments critiques, pour lesquels je suis très reconnaissant », a ainsi déclaré Geoffrey Knauth.

Zoë Kooyman reste la directrice exécutive de la fondation. Et c’est elle, justement, qui a fait la deuxième grande annonce : le LibrePhone. Il s’agira d’un téléphone entièrement libre, conçu depuis une page blanche. On n’en sait guère plus pour l’instant, sinon que le travail se fera notamment en partenariat avec Rob Savoye, développeur travaillant sur le logiciel libre depuis une quarantaine d’années lui aussi.

« Puisque l’informatique sur téléphone mobile est désormais si omniprésente, nous sommes très enthousiastes à propos de LibrePhone et pensons qu’il a le potentiel d’apporter la liberté du logiciel à de nombreux autres utilisateurs dans le monde », a déclaré Rob Savoye.

Pour Richard Stallman, les choses ne vont pas dans le bon sens

Dans une interview publiée ce 8 octobre par Linuxfr.org, Richard Stallman est revenu sur le cœur de sa mission et celle de la Free Software Foundation. De ce point de vue, rien n’a changé : il établit toujours un distinguo net entre open source et libre, revient sur la précision du vocabulaire à employer (« depuis vingt ans, je n’emploie plus “free” pour dire gratuit, je dis gratis »), la distinction autour du copyleft, ou encore la lutte contre les logiciels privateurs.

Cette dernière est bien sûr au centre des actions de la Free Software Foundation. La notion de logiciel privateur ne regroupe d’ailleurs pas seulement le code propriétaire. Il y inclut tout ce qui géolocalise les personnes, passe obligatoirement par des serveurs, analyse les données personnelles et ainsi de suite. Stallman insiste : « Tout programme privateur, fait toujours du mal à ses utilisateurs. Ma mission est de faire comprendre aux gens cette question ».

Il regrette d’ailleurs que Debian ait changé son fusil d’épaule en assouplissant sa ligne de conduite, en permettant notamment une installation plus simple des pilotes propriétaires depuis son dépôt « main ». Ce n’est toutefois pas exactement le cas : on peut installer des pilotes et firmwares non-libres depuis un dépôt dédié et activé par défaut, mais il s’agit de « non-free-firmware ». Mais ce choix a quand même conduit la Free Software Foundation à ne plus recommander Debian.

Dans l’ensemble, après 40 ans de lutte, Richard Stallman se dit déçu du résultat. La situation générale se dégrade selon lui, notamment « la direction que prennent les choses ». Il encourage d'ailleurs les Français à « exiger que les services numériques de l’État respectent le logiciel libre. Spécifiquement, qu’ils cessent de transmettre des programmes privateurs à exécuter sur la machine des utilisateurs, et qu’ils respectent davantage l’anonymat des individus. Parce que les données personnelles, une fois collectées dans une base, finiront par être abusées, peut-être même par l’État ».

Commentaires (21)

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Ce n'est pas comme si il y avait déjà une douzaine de téléphones libres en commercialisation (https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_open-source_mobile_phones)
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Tu parles de téléphone libre, et tu donnes une référence qui a open source dans son titre... Tu devrais relire l'article, visiblement tu as sauté quelques lignes.
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Oui. Je suis un propriétaire déçu du PinePhone et PinePhonePro. C’est super sympa de faire joujou avec mais impossible de le faire tourner une journée sans avoir à le recharger. Trop de problèmes de réseau une fois le téléphone en veille…
J’ai testé de nombreuses distributions, j’ai fait des pauses, je suis revenu avec des distributions à jour pour voir l’évolution… c’est toujours pas ça.

Cependant je garde toujours espoir qu’un jour on y arrivera.
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J’avoue maintenir un espoir depuis longtemps qu’un jour la fondation raspberrypi nous pondra un smartphone ou à défaut une carte avec modem.

Je serai prêt à sacrifier pas mal de choses pour avoir ça genre l’épaisseur, la puissance … même pas obligé que l’objet final soit un smartphone d’ailleurs, même un téléphone classique avec un petit écran et des boutons, du moment que c’est libre, que ça tient dans une poche et que ça se bricole j’en veux un.
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le zéro phone ? il tourne avec un pi zéro
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Après "pine d'huitre (rapport à son totem) il a pas d'organe" (les jeunots n'auront pas la réf), on a logiquement "pine phone, il a pas d'autonomie".

La liberté, oui, mais avec un fil à la patte en qqsorte! :arrow:
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Je suis cependant l’heureux possesseur de deux Pine Time.
Et là c’est tout le contraire du Pine Phone.
Autonomie de 30 jours !
Compteur de pas au poil.
Capteur de fréquence cardiaque bonne.
Pong, Paint, 2048…

Et bien vu pour la ref. je l’ai moi aussi.
Un must have.
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Curieux de savoir ce qu'il en sera de ce téléphone libre, de ce que je comprend, la grosse difficulté est d'une part l'accès aux drivers spécifique nécessaire et d'autre par le manque de travail sur les interface pour téléphone sur Gnu/Linux. Du coup, c'est pas encore perein. Dommage car je rêve d'un smartphone sous Debian. Je trouve les environnement de magasin d'app comme android peut attrayante. Avoir les mêmes base qu'un linux mais avec des application capable de s'adapter serait tip top.
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Après il y a des OS dédiés téléphone, comme la proposition d'Ubuntu ou celle de Firefox.
Et sinon, tu as aussi PostMarketOS
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Exact, le gros du taf est déjà fait sur le plan software. Mais c’est pas mature du tout, il manque une communauté de développeurs et d’utilisateurs qui soit un peu solide. Et ça n’arrivera pas tant que ne sortira pas un matériel de référence qui se vende un peu bien. Comme dit plus haut je vois bien la fondation RaspberryPi avoir ce rôle de sortir un hardware solide, pas cher et bricolable.
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Il faut surtout que le hardware ne soit pas dépassé dès sa sortie. C'est souvent ce qui se produit et ça rend l'intérêt de développer dessus plutôt limité. D'autant que le gros souci ce sont les applis à mettre dessus comme celles des banques par exemples, si elles n'y sont pas ça va rester un marché de niche.
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Il faut surtout que le hardware ne soit pas dépassé dès sa sortie.
Et faut arrêter de suivre la course à l'armement. "dépassé dès sa sortie" c'est en se comparant avec Samsung/Google/Apple. En réalité, un smartphone qui sait téléphoner, checker des mails, avoir une messagerie qui marche et un navigateur, ça a pas besoin d'être une machine de guerre. Nos attentes et notre curseur de ce qui est dépassé est peut-être à revoir aussi.
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Sauf qu'aujourd'hui avoir un téléphone qui rame quand on va sur le net et qui n'arrive pas à suivre les évolutions technologiques ça sert un peu à rien.

Ou alors il faut une abstraction matérielle, comme le fait Androïd dans une certaine mesure.
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Heureux possesseur d'un Galaxy S8, j'ai remarqué des éloges quand je sors mon téléphone : "mais il est tout fin ton tel et tout petit (je ne trouve pas perso), c'est super"

ouep il a 7 ans c'était ça un gros téléphone à l'époque...

Franchement j'en suis ravis il ne rame pas du tout, la batterie d'origine tient toujours 2 ou 3j, et j'ai tout le confort moderne (tel étanche, wifi 6, recharge induction, USB-C...)

côté OS je suis sous Android 14 (LineageOS) et tout fonctionne dessus (appli banques, france identité, paiement NFC...)
Je viens de voir que LineageOS 22 (Android 15) est sorti cet été https://xdaforums.com/t/rom-15-8895-lineageos-22-2-with-kernelsu-next.4755752/ ça par contre c'est un peu lourd les mises à jour majeures
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Je suis curieux de voir ce que cela donne, mais assez pessimiste quand même, de grands noms s'y sont cassé les dents (Mozilla, Ubuntu,...).
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Oui curieux de voir aussi. D'autant qu'il ne me semble que les protocoles récents de base pour la simple fonction de téléphoner, comme VoLTE (voix en 4G) sont visiblement non documentés.
Référence : https://ubports.com/blog/ubports-news-1/first-steps-in-volte-support-for-ubuntu-touch-3768
Si on suit le lien en bas de l'article, le travail a commencé il y a 4 ans seulement pour un truc aussi essentiel ! Visiblement ils sont obligés de faire de l'analyse de trafic à coup de tcpdump et wireshark pour essayer de deviner comment ça marche !..
Or avec la fin de la 2G/3G qui approche, et est déjà du passé dans certains pays, VoLTE va devenir indispensable si on veut que le téléphone puisse... téléphoner !...

Et à mon avis, ça ne va pas dans le sens de s'arranger en 5G.

Donc si on refuse les blobs propriétaires comme le fait la FSF en dénigrant Debian (qui est juste réaliste), ils ont un long chemin de croix devant eux.

Je leur souhaite bien du courage ! :D
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À quels "programmes privateurs à exécuter sur la machine des utilisateurs" fait-il référence ?
Des clients type Zoom ou Teams ?
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oui par exemple.
tout ce qui n'est pas sous une licence libre (GPL, MIT, Apache, ...)
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100% pour un téléphone libre, mais faut qu'il puisse faire tourner le applis incontournable. Aujourd’hui plein d'applis notamment bancaire comme Revolut sont bloquées si le téléphone et OS ne sont pas entièrement validé et signé par google. Même avec un LineageOS c'est devenu inutilisable au quotidien sans être un ermite numérique.
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Et c'est bien quelque chose contre lequel il faut se battre, y compris peut-être via une campagne de "protestation" à l'échelle européenne comme celle contre chatcontrol.
(Et il me semble qu'il y a déjà des actions sur le sujet, comme sur celui du libre choix des routeurs)
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Le site officiel de la Free Software Fondation sur le LibrePhone est accessible à cette adresse (site en anglais/américain) :
https://librephone.fsf.org/site/

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