Supprimer le compte Facebook de son employeur peut conduire au licenciement
Règlement de comptes
Le 19 février 2015 à 13h13
4 min
Droit
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Au travers d’une décision en date du 22 octobre dernier et dont nous venons de prendre connaissance, la cour d’appel de Montpellier a confirmé le licenciement pour faute lourde d’un salarié qui avait supprimé le compte Facebook de l’hôtel pour lequel il travaillait. Explications.
Si avoir un site Internet est aujourd’hui quasiment indispensable pour un hôtel, disposer de comptes sur les principaux réseaux sociaux est également devenu un plus. Bien souvent, ce rôle de « community manager » est confié à certains employés, en complément de leurs fonctions habituelles. Des problèmes peuvent toutefois survenir lorsque ceux-ci détiennent seuls les codes d’accès à ces comptes... C’est ce qui est justement arrivé à un hôtel de Perpignan, il y a plus de quatre ans.
Un de leurs réceptionnistes, engagé en 2009, avait ouvert une page Facebook et un compte Twitter au nom de l’hôtel, qu’il alimentait régulièrement en photos et en informations diverses. Sauf que quelques mois plus tard, l’employé s’est vu refuser une augmentation. Rejetant également une proposition de rupture conventionnelle de contrat, le salarié a décidé de ne plus animer ces deux comptes. Selon le responsable de l’établissement, il aurait également refusé de fournir les mots de passe permettant d’en reprendre le contrôle.
Licencié pour avoir piraté les comptes Facebook et Twitter de l’hôtel
Septembre 2010. Alors que les relations étaient manifestement délétères, le prestataire gérant le site Internet de l’hôtel a averti son responsable que la page Facebook venait d’être supprimée et que le compte Twitter avait été renommé, selon le prénom du réceptionniste.
Résultat, le salarié est licencié en octobre 2010 pour faute lourde. Le motif ? « Atteinte au traitement automatisé de données », l’expression utilisée par les juristes pour désigner un acte de piratage informatique. L’employeur est même allé jusqu’à porter plainte auprès du Procureur de la République, en se basant sur les dispositions du Code pénal qui punissent de deux ans de prison et de 30 000 euros d’amende « le fait d'accéder ou de se maintenir, frauduleusement, dans tout ou partie d'un système de traitement automatisé de données ». En cas de « modification » ou de « suppression » de ces données, la peine encourue passe même à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende.
Remercié sans indemnité ni préavis, le réceptionniste a cependant traîné l’affaire devant le conseil de prud’hommes de Perpignan. Il estimait que son licenciement était abusif puisque la plainte avait finalement été classée sans suite et qu’il n’avait aucunement détourné de données informatiques appartenant à son employeur (fichier client, etc.). Les juges ne l’ont cependant pas entendu de cette oreille, en première comme en seconde instance.
La cour d’appel confirme que le salarié a commis une faute lourde
Pour la cour d’appel de Montpellier, l’ex-salarié a bien « modifié les données correspondant aux comptes Facebook et Twitter de son employeur dans des systèmes de traitement automatisé des données, en l'espèce les systèmes gestionnaires de 'Facebook' et 'Twitter' ». Pour en arriver à cette conclusion, les magistrats se sont appuyés sur le courrier adressé par le prestataire du site Internet de l’hôtel, qui avertissait son responsable que les fameux profils avaient « été piratés » et qu’ils étaient « désormais inaccessibles ».
La cour d’appel a par ailleurs bien insisté sur le fait que la plainte parallèle de l’employeur n’ait pas abouti n’avait aucune incidence sur cette procédure.
Mais était-ce réellement une faute lourde ? Les juges ont répondu à l’affirmative. À leurs yeux, le réceptionniste a démontré sa volonté « manifeste » de nuire à son employeur « puisqu'il a supprimé les 'comptes' de l'hôtel dans deux réseaux sociaux, renvoyant l'un d'eux sur son propre site, empêchant par là même cet établissement, dans un premier temps, de maintenir le lien avec les clients potentiels qui s'étaient inscrits comme 'amis' ».
De la même manière que le conseil de prud’hommes de Perpignan, la cour d’appel de Montpellier a dès lors estimé que le licenciement était parfaitement fondé. Les magistrats ont toutefois refusé d’accorder les 10 000 euros de dommages et intérêts réclamés par le responsable de l’hôtel, qui faisait notamment valoir qu’il avait dû créer un nouveau compte Facebook.
Supprimer le compte Facebook de son employeur peut conduire au licenciement
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Licencié pour avoir piraté les comptes Facebook et Twitter de l’hôtel
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La cour d’appel confirme que le salarié a commis une faute lourde
Commentaires (93)
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Abonnez-vousLe 19/02/2015 à 13h18
À l’employeur aussi de récupérer les comptes et identifiants dès la création des dits comptes en question et de n’autoriser qu’un accès administratif au salarié. Mieux vaut prévenir que guérir…
Le 19/02/2015 à 13h20
Le 19/02/2015 à 13h22
Le 19/02/2015 à 13h23
A quand des comptes root et admin distincts pour FB et consorts ? " />
Le 19/02/2015 à 13h53
Bien sur que ça fonctionne comme ça.
Sur ce je cherche une place ou garer mon A350 " />
Le 19/02/2015 à 13h56
ah les groupes de rock.
Le 19/02/2015 à 13h59
Le 19/02/2015 à 14h00
De ce que je comprends aussi.
A voir si c’était à la demande de l’employeur ou de sa propre initiative.
Le 19/02/2015 à 14h00
Le 19/02/2015 à 14h00
frimeur. Après en général tu la déplace pas trop.
Le 19/02/2015 à 14h02
Le 19/02/2015 à 14h02
Le 19/02/2015 à 14h03
Le 19/02/2015 à 14h03
Doublon, à virer SVP
Le 19/02/2015 à 14h04
Le 19/02/2015 à 14h14
Le 19/02/2015 à 14h14
Le 19/02/2015 à 14h19
Ca c’est le genre de problème qui peut arriver dans n’importe quelle boîte, l’administrateur qui décide du jour au lendemain de foutre le boxon quand on le vire.
Un ami a récemment quitté son job d’administrateur réseau, il a formé deux gars pour le remplacer, en leur expliquant tout le fonctionnement, donné les mots de passe etc. Mais il serait parti en laissant tout en plan, et bien la société se retrouvait dans la merde.
Le 19/02/2015 à 14h22
Il manque quand même pas de souffle pour aller aux prud’hommes et en appel dans ces circonstances.
Le 19/02/2015 à 14h24
Le 20/02/2015 à 08h16
Le 20/02/2015 à 08h36
oui, employeur et/ou entreprise, ca revient au même :)
Le 20/02/2015 à 08h48
Le 20/02/2015 à 09h04
Le 20/02/2015 à 09h17
Tu as dû te planter de personne à qui répondre.
Je sais bien que l’entreprise c’est le lieu où l’on torture les salariés alors que l’employeur c’est le tortionnaire.
Le 20/02/2015 à 09h24
Le 20/02/2015 à 10h06
Le 20/02/2015 à 12h52
Le 20/02/2015 à 15h17
tout ce qui relève de la propriété intellectuelle ? type brevet, tu signe sans doute des contrats pour l’utilisation, mais le droit de paternité par exemple n’est pas cédable (et encore heureux …) sinon bonjour les dérives
Le 23/02/2015 à 15h13
Le 19/02/2015 à 13h29
Etrange ce jugement c’est pas vraiment du piratage. Du vol d’outils professionnel oui mais pas du piratage.
Le 19/02/2015 à 13h30
C’est déjà l’équivalent de ce qui existe. Sur Facebook Pages tu détermines des Admins, Editeurs, Modérateurs, Annonceurs et Analystes. Le root se met en Admin, les autres comptes en Editeur.
Après, si les gens savent pas configurer leurs outils…
Le 19/02/2015 à 13h32
Après de ce que j’en comprend c’est le salarié qui a tout mis en place.
Le 19/02/2015 à 13h32
La définition de la faute lourde n’est pas celle là
“Mais était-ce réellement une faute lourde, autrement dit un comportement
si grave qu’il ne permettait pas le maintien du salarié pendant sa
période de préavis”
Ca, c’est la définition de la faute grave.
La faute lourde est celle qui est caractérisée par l’intention de nuire à l’employeur.
Le 19/02/2015 à 13h35
Employeur et/ou entreprise non?
Le 19/02/2015 à 13h36
Le 19/02/2015 à 13h41
Ce qui me gene, c’est que c’est l’employé qui a de lui meme créé ces pages. Elles n’ont jamais été crées par l’hotel qui n’en a donc jamais été le propriétaire.
A partir de ce moment, je n’arrive pas à comprendre le raisonnement des juges …
Le 19/02/2015 à 13h46
Le 19/02/2015 à 13h47
A voir aussi si l’employé l’alimentait sur son temps de travail ou non. Si c’était bénévole j’aurai surement réagis pareil.
Le 19/02/2015 à 13h47
Pas sûr que ce soit si simple. Elles ont été créées pour l’entreprise et revêtait son identité. Par conséquent, difficile de prétendre qu’elles étaient des pages personnelles…
Si en plus il les gérait pendant son temps de travail (le contraire m’aurait étonné), alors on peut les considérer comme faisant partie intégrante de son boulot, donc appartenant à l’employeur.
Comme dit FunnyD, dans les petites boîtes, il n’est pas rare que ce genre de choses se fondent sur la confiance.
Le 19/02/2015 à 13h49
propriété intellectuelle du nom de l’hotel + page sans doute crée sur les heures de travail de l’employé donc appartenant là aussi à l’hotel; je vois mal comment le jugement aurait pu être différent
Le 19/02/2015 à 13h49
Le 19/02/2015 à 13h50
Le 19/02/2015 à 13h52
Ça me fait au cas de mon groupe pour lequel on essaie de trouver une solution pour un problème que Fb n’a visiblement pas anticipé.
Un guitariste est parti avec un accès admin sur la page du groupe, et nous as tous viré de l’administration pour nous laisser juste en édition, alors on essaie de parlementer avec lui pour éviter que ça ne se termine en le cassage de jambes…
Le 19/02/2015 à 13h52
J’avais peur de faire un peu singe savant en disant la même chose, mais +1.
Petite précision préemptive, la plainte au pénal, c’est souvent rendu nécessaire par le fait qu’en l’absence de procédure pénale, les CPH tirent la conclusion que l’employeur n’estime pas avoir subi de préjudice. donc il est souvent un peu forcé d’agir au pénal.
C’est à double tranchant, en cas de non-lieu/relaxe le dossier est affaibli, mais en cas de condamnation, “le criminel tient le civil en l’état” retrouve toute sa force.
Le 19/02/2015 à 14h45
La question que je me pose est : il (l’employé) a ouvert le compte FB et Twitter à son initiative ou à celle de son employeur ?
Je pense que vu le rendu c’est à celle de l’employeur car autrement je pense que la décision aurait été différente.
En tout cas c’est bien dommage pour l’employé car il a tout perdu. Une abandon poste aurait été plus simple pour se faire licencié…
Le 19/02/2015 à 14h56
Le 19/02/2015 à 14h59
Le 19/02/2015 à 14h59
Le 19/02/2015 à 15h11
Le 19/02/2015 à 15h12
C’est pour ça que je me suis porté vers la musique électronique : pour pas avoir à frayer avec des grateux… sale engeance :p
Le 19/02/2015 à 15h20
Le 19/02/2015 à 15h21
Mettez vous au Black Mail-tal…
Get it ?
Le 19/02/2015 à 15h27
Sauf que les employés de Porsche n’aurait aucune raison de rentrer avec une Porsche vu qu’il ne paye pas la matière première, là où pour un compte Facebook y’a pas grand chose à payer.
Le 19/02/2015 à 15h27
Le 19/02/2015 à 15h35
Le 19/02/2015 à 15h58
Le 19/02/2015 à 15h59
Le 19/02/2015 à 16h03
On parle de comtpe ou de page Facebook ?
Car vu les derniers articles de NXI, il semble que les deux soient séparés
Quoi que j’ai vu certaines boites utiliser des comptes persos pour la comm de leur boite…
Le 19/02/2015 à 16h03
Le 19/02/2015 à 16h06
Le 19/02/2015 à 16h13
Le 19/02/2015 à 16h19
Le 19/02/2015 à 16h23
Le 19/02/2015 à 16h27
Le 19/02/2015 à 16h28
Oui enfin si tu bosses à Porsche et que tu construis une 911 en allumettes je doute que ce soit la propriété de l’entreprise hein. Tu pourras même la ramener chez toi je doute que quelqu’un ait quelque chose à y redire.
Le 19/02/2015 à 16h30
Le 19/02/2015 à 16h32
J’ai pas dit que c’était intelligent hein, c’était un exemple bête.
C’est comme de dire que la page FB au nom de l’hôtel est un “outil de travail”… WTF ? Ce monde part en cacahuète.
Le 19/02/2015 à 16h51
Le 19/02/2015 à 17h06
Le 19/02/2015 à 17h15
Est-ce que supprimer son employeur peut supprimer Facebook ? " />
Le 19/02/2015 à 17h18
Le 19/02/2015 à 17h22
Il y a des gens plus doués que moi…
ça fait 3 fois que je tente de supprimer mon facebook et des gens me disent qu’il est toujours actif… Pourtant, je suis les consignes, je ne m’y connecte pas… j’ai du mal à suivre.
Le 19/02/2015 à 17h24
Le 19/02/2015 à 17h48
Le 19/02/2015 à 17h52
Le 19/02/2015 à 17h53
Pour les grosses entreprises, c’est logique.
Mais pour les pme où tout est basé sur la confiance, c’est plus difficile voire impossible à mettre en oeuvre (temps, argent, etc…).
Par contre, dans notre cas, c’est bien l’employé qui refuse de donner les identifiants. Sa faute est claire et nette.
Le 19/02/2015 à 18h00
Le 19/02/2015 à 18h01
Le 19/02/2015 à 18h04
Le 19/02/2015 à 18h06
Le 19/02/2015 à 18h07
Le 19/02/2015 à 18h09
Le 19/02/2015 à 18h13
Le 19/02/2015 à 18h15
Le 19/02/2015 à 18h20
Le 19/02/2015 à 18h21
Le 19/02/2015 à 18h28
Le 19/02/2015 à 18h29
Le 19/02/2015 à 19h07
Eh bin :
http://actualite.portail.free.fr/high-tech/19-02-2015/attention-votre-employeur-…" />
Le 19/02/2015 à 19h21
Le 20/02/2015 à 02h03
je cite : Donc un employé, même si il crée ça de son coté (avec visiblement
l’accord de sa société à la base) ne peut pas décider de clôturer du
jour au lendemain un compte (1) et encore moins les renommer pour récupérer
les “clients” à titre perso (2).
Euh alors ca dépend, si il fait ca gratos, et que c’est pas dans son contrat, il peut fermer le compte, avec de préférence (et ne pas être perçu nuisible, CAR les responsables avait accepté cette ‘pub’, et donc leur enlever sans rien derrière c’est débile) un lien vers une autre page dont les droits sont détenus par les responsables de l’hotel, par contre je pense que c’est juste le (2) qui a mis les juges contre lui.
Quand je lis que ce que l’on fait dans le cadre de son travail ne nous appartient pas, je rigole, c’est pas parce que vous avez signez des contrats dans ce sens, que 1. tout le monde signe la même chose, et que 2. ces contrats sont légaux.
De façon il a abusé sur le (2).
Le 20/02/2015 à 08h05
poue ce qui est du piratage, ca été classé sans suite.
EDIT: j’ai un retard de fou, comment on fait pour retirer un commentaire?