Harcèlement : les trois anciens cadres d’Ubisoft condamnés, jusqu’à trois ans avec sursis

Accusés de harcèlement moral et sexuel et pour l'un, de tentative d'agression sexuelle, trois anciens cadres d'Ubisoft ont été condamnés mercredi par le tribunal de Bobigny à des peines allant jusqu'à trois ans de prison avec sursis et 30 000 euros d'amende. Lors de leur procès, les prévenus s'étaient retranchés derrière l'idée d'une culture d'entreprise dont ils n'auraient pas été directement responsables.
Le 02 juillet à 15h57
4 min
Droit
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Le tribunal de Bobigny a rendu mercredi son délibéré dans le procès des trois anciens cadres et dirigeants d'Ubisoft accusés de harcèlement moral et sexuel à l'encontre de plusieurs personnes de leurs équipes. Il a finalement suivi les réquisitions du parquet en ce qui concerne le principal protagoniste de l'affaire.
D'après l'AFP, qui rapporte ce verdict, c'est en effet Thomas François, vice-président du service éditorial, qui a été condamné à la peine la plus lourde, à savoir trois ans de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende, pour harcèlement moral, harcèlement sexuel et tentative d’agression sexuelle.
Des réquisitions suivies
Les faits incriminés se sont produits entre 2012 et 2020, date à laquelle l'éditeur de jeu vidéo a procédé à son licenciement pour faute grave, après que les accusations de harcèlement répété mené à l'encontre de ses équipes eurent été rendues publiques, notamment par l'intermédiaire d'une enquête de Libération. A l'époque, une vingtaine de témoins rapportaient l'ambiance délétère entretenue par Thomas François, à base de supposées blagues en forme d'humiliations.
Lors du procès, début juin, l'intéressé avait minimisé les humiliations en question, expliquant par exemple qu'il n'avait pas compris la gêne de l'intéressée lorsqu'il avait ligoté l'une de ses collaboratrices à une chaise avant de la mettre dans l'ascenseur.
Son supérieur Serge Hascoët, directeur créatif d'Ubisoft de 2000 à 2020 et donc numéro deux de l'éditeur derrière Yves Guillemot jusqu'à sa démission, a quant à lui été condamné à 18 mois de prison avec sursis et 45 000 euros d'amende pour complicité de harcèlement moral. Les nombreux témoignages apportés au procès appuyaient l'hypothèse selon laquelle il aurait laissé son protégé sévir à sa guise.
Le procès a également mis en lumière comment Hascoët profitait de sa position pour faire réaliser à ses subalternes des tâches servant ses besoins personnels et non la bonne marche de l'entreprise. « Hascoët s’est défendu en affirmant qu’il n’avait aucun souvenir de tous ces événements, qu’il n’avait rien vu des agissements de Tommy François, qu’il ne pensait pas à mal », rapporte à son sujet Libération.
Le troisième accusé, Guillaume Patrux, ancien game director du projet AGOS: A Game Of Space, a quant à lui été condamné à 12 mois de prison avec sursis et à 10 000 euros d’amende « pour son comportement violent et intimidant à l’égard de la petite équipe où il travaillait ».
« No comment » de la direction
En tant que personne morale, Ubisoft n'a fait l'objet d'aucune poursuite à ce stade, tout comme son équipe dirigeante actuelle. Une absence soulignée par la défense des trois prévenus. « Si on veut être cohérent avec l'idée que le harcèlement soit systémique, il faut que tout le monde soit présent à la barre », avait par exemple plaidé Jean-Guillaume Le Mintier, l’avocat de Serge Hascoët.
En attendant, l'éditeur fait profil bas, dans sa communication officielle, sur cette affaire. Rappelons que ce procès intervient alors que l'entreprise basée à Montreuil a lancé un plan de restructuration stratégique qui prévoit le transfert d'une partie de ses activités à une nouvelle filiale codétenue avec le géant chinois Tencent, actionnaire historique du groupe. Ubisoft, qui a fermé plusieurs studios au cours des derniers mois, affronte par ailleurs un climat social tendu depuis la fin 2024 sur fond de réduction des latitudes offertes à ses salariés en matière de télétravail.
Harcèlement : les trois anciens cadres d’Ubisoft condamnés, jusqu’à trois ans avec sursis
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Des réquisitions suivies
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« No comment » de la direction
Commentaires (20)
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Abonnez-vousLe 02/07/2025 à 16h53
D'un coté 3 ans, ça montre bien que c'est assez grave mais le sursis dit juste "oula la oula la faut pas recommancé hein...).
D'un autre coté les peines ferme inf. à 1, la prison tu ne la vois même pas ...
Le 02/07/2025 à 23h42
La prison n'est pas utile en tant que punition, sauf si on est immature : elle est là pour éloigner les personnes dangereuses de la société. La prison avec sursis me semble profondément inutile, sauf à faire semblant d'avoir prononcé une peine (donner l'apparence d'une sanction).
S'il s'agit d'agressions sexuelle, un accompagnement psychiatrique est la partie utile.
Pour les violences et l'humiliation, pareil : c'est psychiatrique, avec un suivi adapté (et donc différent de la prédation sexuelle).
Le 03/07/2025 à 09h51
Modifié le 03/07/2025 à 13h40
Tu peux commencer par là: Les couilles sur la table
Le 03/07/2025 à 22h09
Si la femme cède pour avoir la paix , ou par espoir de démarrer une relation de couple, c'est... triste.
Le 03/07/2025 à 22h48
Modifié le 04/07/2025 à 13h08
Disclaimer : les femmes savent ce qu'elles veulent, elles n'ont pas besoin qu'on insiste, qu'on soit lourd, qu'on leur fasse passer des "jeux" d’hypnose (aka Gérard Miller qui souhaitait apprendre le désir sexuel à des femmes de 15 20 ans). Imaginez que des femmes vous collent comme des sangsues ou insistent pour obtenir quelque chose de vous : c'est pareil, c'est pénible, c'est lourd, c'est chiant. Regardez comment les femmes relationnent avec d'autres femmes, vous aurez des indices de ce que sont les comportements agréables, bénéfiques, gagnant-gagnant.
Modifié le 04/07/2025 à 01h13
Et tu doses ce venin pour ne pas tuer ton espoir.
Est-ce que "conclure un jour" est plus important que mal conclure la relation avec un passage en force ?
On dirait Jean Claude Dusse, il faut mieux tout faire pour mettre kiki, on n'est pas capable de créer une symbiose entre 2 êtres sur 2 ans++ de toutes façons ?
avoir une complicité sans utiliser la domination et/ou la faiblesse n'est pas envisageable ?
Si c'est ça, tu es perdu : dans les années 80 tu devais avoir 15-20 ans; tu pouvais jouer au bluff avec ton bagou et des juvéniles.
Là en 2025 tout espoir est perdu pour toi.
T'inquiètes pas que les jeunes utilisent toujours ces techniques, mais ça reste bas du front quant à l'issue d'une relation durable.
PS: je suis sûrement aussi vieux que toi, et tous les couples que j'ai vu se créer à l'âge de 40 à 80 ans ne se sont pas basés sur la technique du perdreau de l'année.
Par contre tous les couples créés sur ce schéma se sont déchirés peu longtemps après;
Va gérer des enfants après s'il y en a; c'est infantile comme scénario et on part facilement sur 20 ans de dràmas familiaux. C'est 50% de la population environ.
Bonne chance...
Le 08/07/2025 à 12h51
Rien que cela!!! Sans tomber dans le trop, comme je le disais, cela fait partie du jeu de la séduction construite (le coup de foudre est à part) car la primo réponse naturelle d'une femme sera toujours non, même si le menu a de quoi lui plaire, contrairement à un homme.
Modifié le 04/07/2025 à 11h53
Le 03/07/2025 à 11h02
Le moindre mot de travers = 3 ans de taule, ça fait le taf.
Les envoyer en prison direct, ça fera 3 personnes à devoir réinsérer plus tard. Bref un coût supérieur à terme pour la collectivité.
Le 03/07/2025 à 13h16
Imaginons que qqun porte plainte pour exhibitionnisme, ce n'est pas la même infraction donc le sursi ne saute pas...
Le 03/07/2025 à 17h01
Après, je pense qu'il y a moyen de faire passer un exhibitionnisme en milieu professionnel comme agression sexuelle.
Après, si par exemple ils se font chopper pour un délit routier, c'est normal que le sursis ne soit pas rappelé.
Le 03/07/2025 à 17h14
Faire gaffe c'est faire gaffe à tout, non ?
Modifié le 04/07/2025 à 12h11
https://derouiche-avocat.com/quest-ce-quune-condamnation-avec-sursis/
Le sursis engage le condamné à ne pas commettre d'autres infractions pendant 5 ans. Il y a même un sursis probatoire dans lequel le condamné doit strictement respecter des obligations pour ne pas aller en détention.
Le 04/07/2025 à 13h05
Exemple sursis pour des affaires de drogues, condamnation pour recel. Le sursis ne saute pas...
Le 04/07/2025 à 13h13
Modifié le 04/07/2025 à 15h06
Et j'attends le paiement des domages et interets puis 20 ANS ! (double procédure de surendettement, malgré le fait que je me suis déplacer 2 fois à la commission (Ile de france Vendée ) pour plaider ma cause et qu'il avait réussi à faire de nouvelle dettes (ce qui est normalement pas possible...)
Mais bien sûre, je dois dire de la merde ...
Modifié le 04/07/2025 à 12h27
La prison à titre de punition, ça sert juste à rassurer la société et à indiquer une échelle de valeur morale
Pour ce qui est des aménagements de peine, c'est moins pénible que la prison, mais parfois avec des obligations de pointer au commissariat ou à la gendarmerie. On doit bien se sentir piteux, en tout cas je ne pense pas qu'on s'en vante.
Le 03/07/2025 à 11h48
En 2025, on met un stage de citoyenneté pour si peu.
Du sursis, les juges ont été très très sévères