Souveraineté numérique : une députée dézingue l’accord CISCO-France
La France doit-elle se laisser « acheter » ?
Le 03 mars 2015 à 11h00
4 min
Droit
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Le 16 février, John Chambers, numéro un de CISCO, signait avec Manuel Valls un accord visant à investir 100 millions de dollars dans plusieurs start-ups françaises. Ce rapprochement agace quelque peu la députée UMP Laure de la Raudière, qui craint que la France ne se fasse finalement « acheter » par les géants américains.
Cet accord est riche : on évoque des coopérations dans le domaine des villes intelligentes, l’éducation et la cybersécurité. Il comprend également un volet formation de 200 000 personnes en trois ans et le financement de plusieurs chaires d’excellence. Sont comprises également des expérimentations dans des zones rurales afin d’offrir pour de nouveaux modes d'accès numériques aux services publics. Bref, voilà selon le Premier ministre « une opportunité de développement et un levier de croissance, de compétitivité et d’emploi pour le Pays. »
Menace sur la souveraineté numérique française ?
Seulement cette pluie de cotillons cache difficilement les grimaces. C’est spécialement le cas de Laure de la Raudière (UMP) qui craint pour la stratégie française en matière « de souveraineté numérique ».
Il faut dire que le terreau est très fertile. Le lendemain de cette signature, rappelle l’élue d'Eure et Loir, « une société de sécurité informatique de renommée mondiale, Kaspersky, avançait que la NSA aurait placé un malware sur les disques durs des 12 plus gros constructeurs mondiaux » (notre actualité). Une nouvelle qui ne faisait que confirmer selon elle « les révélations d'Edward Snowden qui nous apprenaient en 2014 que la NSA plaçait des logiciels espions sur les composants réseaux d'équipementiers, notamment CISCO » (voir cette actualité d'Infoworld, par exemple).
L’interview de Barack Obama par le site Re/Code le 18 février 2015 n'a évidemment rien arrangé. Le président américain « s'est élevé contre les enquêtes menées par la commission européenne sur les positions anti-concurrentielles des grands fournisseurs de services internet, et a jugé qu'Internet est américain, qu'il est normal qu'il soit sous leur contrôle quasi exclusif et que l'essentiel des bénéfices tombe entre les mains de leurs champions, lesquels sont injustement harcelés par les pays membres de l'UE », résume la députée.
Les bonnes intentions des entreprises américaines
La députée s'interroge sur les vraies mobiles des entreprises américaines qui pactisent ainsi avec la France. « Rien n'indique aujourd'hui qu'elles sont toutes animées de bonnes intentions. Plusieurs désormais ont une capitalisation boursière qui égale le PIB de pays développés, qui leur donne la trésorerie les moyens de s'offrir nos talents et nos graines de champions. »
À l’Assemblée nationale, elle a ainsi questionné Axelle Lemaire pour savoir si elle avait préalablement pris conseil auprès de l’Agence nationale pour la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) avant de parapher l’accord avec CISCO. Le cas échéant, elle demande copie de l'avis.
Et 42, OVH, Atos, Orange ou Cap Gemini ?
Sur sa lancée, elle considère que le chapitre formation de cet accord constitue « un investissement rentable pour les grands constructeurs et éditeurs qui fidélisent ainsi les futurs décideurs à leurs produits ». La démarche est connue, notamment du côté de Microsoft qui, par ses multiples accords avec les administrations françaises a pu se constituer un marché de première main...
Cependant, la France est-elle si démunie ?, questionne Laure de la Raudière. Pourquoi le Premier ministre a souhaité confier ce programme de formation à une entreprise américaine « plutôt que par exemple à des partenaires français tels que l'École 42, OVH, Atos, Orange, Cap Gemini... en capitalisant sur nos laboratoires publics (CNRS, INRIA... ) » ?
La France doit elle se laisser « acheter » ?
Enfin, toujours sur la corde de la souveraineté numérique, la députée constate que « les 100 millions de financement de nos start-ups offerts en contrepartie, représentent la 20ème levée de fonds aux États-Unis du 4ème trimestre 2014 et font le même effet que les 60 millions « offerts » par Google aux éditeurs de presse en janvier 2013, à l'Élysée ».
Du coup, « la France doit-elle se laisser « acheter » par les géants américains du numérique ou doit-elle au contraire, se transformer à partir de ses forces, notamment les grands groupes du CAC40 ? ». Là encore, elle veut des explications : « comment le partenariat avec CISCO s'inscrit dans l'objectif de transformation numérique de nos grands groupes ou dans la création de nouveaux grands groupes français de l'industrie numérique ». Nous reviendrons sur le sujet une fois les réponses obtenues.
Souveraineté numérique : une députée dézingue l’accord CISCO-France
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Menace sur la souveraineté numérique française ?
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Les bonnes intentions des entreprises américaines
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Et 42, OVH, Atos, Orange ou Cap Gemini ?
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La France doit elle se laisser « acheter » ?
Commentaires (48)
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Abonnez-vousLe 03/03/2015 à 11h19
Le 03/03/2015 à 11h20
plutôt que par exemple à des partenaires français tels que l’École 42, OVH, Atos, Orange, Cap Gemini… en capitalisant sur nos laboratoires publics (CNRS, INRIA… )
Hum combien de CCSI (ou au pire CCAI) parmi eux?
Le 03/03/2015 à 11h20
Le 03/03/2015 à 11h22
Elle donne un exemple de ce qu’une initiative privee, originale et innovante purement francaise peu donner… histoire de dire qu’il n’y a pas besoin d’une boite US comme Cisco pour ouvrir de nouvelles pistes.
Et elle a raison.
Le 03/03/2015 à 11h22
Le 03/03/2015 à 11h27
Souveraineté numérique : une députée dézingue l’accord CISCO-France
J’ai comme l’impression qu’elle confond souveraineté et protectionnisme.
On sent que les élections approchent et que l’UMP doit aller à la pêche aux voix chez les nationalistes. " />
Le 03/03/2015 à 11h43
Un premier ministre UMP aurait signé le même accord, elle l’applaudirait
Le 03/03/2015 à 11h45
Sur la photo c’est un clavier Qwerty, donc pas vraiment utilisé en France
Le 03/03/2015 à 11h45
Le 03/03/2015 à 12h05
Le 03/03/2015 à 12h16
Et le drapeau au milieu de la combinaison SDF, c’est voulu ? " />
Le 03/03/2015 à 12h22
Pour avoir côtoyé pas mal de diplômés Epitech, certes le niveau technique brut est plutôt bon, mais pour ce qui est de s’insérer dans l’entreprise, c’est pas toujours ça malheureusement…
Le 03/03/2015 à 12h32
L’avantage de l’école 42, c’est qu’elle se concentre sur l’informatique (là où les iut font de la gestion, de l’économie, de la communication, des ppp (sic), etc), et qu’elle n’infantilise pas les étudiants via des profs. Je vais essayer de m’y taper l’incruste pour voir ce que ça vaut concrètement…
Le 03/03/2015 à 12h34
Ouai enfin c’est précisé que c’est sur des genre de thématiques à base de ville connectée / autre infra réseau lourdes / wifi / etc.
Alors venir taper derrière ça me parait un chouilla hypocrite.
Le 03/03/2015 à 12h36
Faut pas confondre Alcatel-Lucent (qui a tout le panel d’équipements) et les téléphones chinois bas de gamme Alcatel One Touch (qui n’a plus rien à voir) " />
Le 03/03/2015 à 12h37
Vu la pénurie de capital en France pour les start-ups, peut-être vaudrait-il mieux ne pas faire fuir le peu de capital qui vient chez nous. SI on veut s’atteler à la question de la souveraineté je suis sûr qu’il y a bien une centaine de meilleurs moyens.
Pro tip : en France on investit dans l’immobilier, le reste c’est bien sûr de la merde. Ce qui explique notre positionnement calamiteux dans l’innovation mondiale, nos hordes de SDF et de mal logés, nos ghettos sociaux (*), et le fait que toutes nos grandes entreprises se fassent racheter à bon prix par des étrangers faute d’actionnaires français.
La seule fois où un français n’investit pas dans l’immobilier, c’est dans une assurance-vie avec 80% d’obligations. L’état te file un rabais fiscal pour t’inciter à lui prêter du fric… " />
(*) Ah ! Le logement social, cette passion française qui concerne la moitié des locataires, qui après sept années d’attente sur listes ne veulent plus jamais déménager et s’enferment donc dans des immeubles sentant l’urine et sans accès au marché du travail, perpétuant donc la situation et empêchant toute rénovation urbaine, parce qu’ailleurs c’est trop cher vu que tous ces milliards consacrés au logement social font grimper les prix du marché !
Le 03/03/2015 à 11h08
42 ? LOL
Il y a d’autres écoles de télécommunications / informatique…
Le 03/03/2015 à 11h13
surtout qu’elle te donne pas un diplome reconnu, y a les écoles d’ingé ou même les Universités pour ca et tu te fais ton expérience grace a de l’alternance " />
Le 03/03/2015 à 11h17
Laure de La Raudière semble manquer de base en matière d’enseignement supérieur. Ne citer que 42 nuit à la crédibilité de son propos.
Le 03/03/2015 à 11h18
Sur le principe, elle a raison.
42, c’est l’école à la mozz.
Le 03/03/2015 à 11h18
En fait Valls il est pas de droite, c’est juste un américain….
Je n’en croit pas mes yeux, le mec ose statuer sur un sujet sensible et se disant “de toute façon on s’en fout, il faut juste plus de blanc ce serait mieux”…
OK demi troll /off
Je ne comprendrait jamais sa position en tant que premier ministre… Le mec est quand mm hyper flou entre ce qu’il dit et ce qu’il fait… Vivement la VI
Le 03/03/2015 à 13h57
En l’occurence elle est spécialiste du numérique donc pro-tips :
-Si tu lui demande de s’occuper de l’immobilier ou de logement social y’a de grande chance qu’elle fasse de la merde…
Le 03/03/2015 à 13h59
J’avoue ne rien y connaitre en école d’ingé, je n’ai assisté qu’à deux cours.
Le 03/03/2015 à 14h42
« des génies du code » bof bof, ils ont juste fait plus de programmation que des gens qui ont un cursus d’ingénieur puisqu’ils ont moins de matière non techniques (expression, management, gestion, finance, marketing, etc.). Donc ils sont un peu plus prêts à l’emploi à court terme car en connaissances techniques bruts ils ont eu le temps de voir plus de choses. Mais 10 ans après, avec les technos qui ont eu le temps de changer, ce qui compte c’est l’expérience pro.
Et puis en matière de talent, pour rentrer dans une école comme Epitech il faut le bac et de l’argent. Une école d’ingé comme Centrale, X, une UT, N7, Ensimag, un INSA ou même un Polytech’ de région, et bien il faut déjà avoir montré son potentiel au lycée + prépa/iut/fac. À mon avis c’est assez rare de voir des gens ayant le potentiel de faire une grosse école d’ingé partir à l’Epitech (ceux-là vont plutôt à l’Epita à la limite).
Mais attention, j’ai rien contre ces formations qui permettent à des gens très motivés par l’informatique mais qui ne sont pas faits pour l’éducation classique de s’en sortir. C’est très bien que ça existe et je connais des gens brillants qui sont passés par Epitech.
Le 03/03/2015 à 14h43
Le 03/03/2015 à 16h01
Le 04/03/2015 à 04h18
Le 04/03/2015 à 04h22
L’un des véritables problèmes en France est que l’on s’est volontairement laissé “polluer” par nos académiques formés par des américains profanant les langages tels le C ANSI pur et dur au profit de multiples gouffres de failles de sécurité des merdouilles tel PHP ou de son compère C#, sans parler de Java (dont les performances sur les meilleurs PC d’aujourd’hui nous replongent plus de 20 ans en arrière), tout cela dans les deux seuls et uniques buts de : 1) de satisfaire aux besoins de croissance de l’alliance Win-Tel, et 2) de laisser grandes ouvertes les portes de nos données (privées et professionnelles) pour permettre à nos “amis” de bien nous pomper notre moelle.
Une fois que vous aurez bien tous compris que la France a signé “l’arragement de Wassenaar” (après l’avoir lu), vous comprendrez pourquoi, PS ou UMP au pouvoir, nous nous faisons bien mettre depuis près de 40 ans par nos amis Anglo-Saxons, avec le consentement de nos gouvernants de tous poils!
Le 04/03/2015 à 04h47
Pour en revenir à l’article, la France n’est plus à vendre car elle s’est depuis très longtemps laissée achetée avec l’approbation (et surtout l’incompétence réelle ou feinte et/ou - mais très intéressée) de nos dirigeants.
Et ce ne sont certainement pas le clowns incompétents de l’ANSII qui vont nous y aider.
Le 04/03/2015 à 07h38
Oui " />.
AI c’est pour Academy Instructor. Le SI est orienté monde pro alors qu’AI est plus pour les universités, écoles d’ingé et autres.
Donc dans le cas de l’article un AI suffirait… " />
Le 04/03/2015 à 14h47
" /> La France n’est pas à vendre. D’ailleurs on n’a pas dit combien.
Le 06/03/2015 à 11h43
Le 03/03/2015 à 12h50
CCSI ? CCAI ? kesako ?
Le 03/03/2015 à 12h55
On est d’accord: Je pense aussi que ce genre d’enseignement oublie une part importante des compétences nécessaires à la vie en entreprise. Mais il y a des jobs qui requiert avant tout la technique brute, et en cela, je trouve que ces écoles sont pas mals. (Je précise que je ne suis pas un ancien d’Epitech & co)
Le 03/03/2015 à 12h59
Axelle Lemaire, née le 18 octobre 1974 à Ottawa, est une femme politique franco-canadienne
La député UMP serait-elle en train de voir une distorsion dans la matrice ? ou alors sont-ils cons à ce point ? j’en doute fortement.
Mais où sont les experts en sécurité ? … ils sont déjà dehors ?
Le 03/03/2015 à 13h02
Le 03/03/2015 à 13h04
Le 03/03/2015 à 13h05
Axelle LEMAIRE (en 2014):
http://www.lepoint.fr/politique/axelle-lemaire-une-eternelle-indignee-chargee-du…
Note : elle prépare le TAFTA avec Guigou !, les français AIMENT se prendre des quenelles, mais celle là va être au minimum épaulée !
Le 03/03/2015 à 13h07
Ah, parce que la communication c’est pas important peut-être ?
Se retrouver avec des boulets incapables d’organiser une réunion, présenter convenablement un exposé, et tout juste capable de communiquer en anglais, c’est ça que va produire 42. Alors certes ce seront des génies du code. Mais dans la vraie vie, les métiers de l’informatique, ce n’est pas que rester devant sa machine 10H par jour.
Le 03/03/2015 à 13h11
Le 03/03/2015 à 13h11
Le 03/03/2015 à 13h19
Je vois pas en quoi connaitre l’histoire de la langue française est un apport en entreprise, aussi intéressant que ça puisse être. Misent bout à bout, ces matières prennent un temps fou, grignotées sur les matières les plus importantes, au point de tout bâcler. Mieux vaut encore faire une petite formation pro dédiée à la comm si on a des lacunes en la matière, ou apprendre sur le tas comme la plupart des gens. Après faut voir si le but d’une école est de s’insérer dans une entreprise, ou d’obtenir des compétences précises. J’avoue être quelque peu blasé des filières traditionnelles, pour les avoir maintes fois fréquentées.
Le 03/03/2015 à 13h20
" />
Le 03/03/2015 à 13h22
C’est vrai que les constitutions sont toutes pareils. LOL
" />
Le 03/03/2015 à 13h38
Le 03/03/2015 à 13h44
Le 03/03/2015 à 13h54
C’est cool, laure de la raudière tient le même discours depuis des années, c’est la seul personne compétentes sur le sujet et elle rabache sur la souveraineté numérique depuis des années mais ouai c’est juste de la pèche aux voix en approche d’élection….
Le 03/03/2015 à 13h56
t’y connais à peu près rien en IUT/école d’ing avoue