Qu’est-ce qu’un numérique « durable, voire qui contribue à réparer le vivant » ?
Pilule verte

Dans le premier épisode d’Écosystème, le fondateur de GreenIT Frédéric Bordage détaille les enjeux environnementaux que pose le numérique.
Le 22 mai à 16h00
12 min
Société numérique
Société
109 milliards d’euros, tel était le montant des investissements dans l’intelligence artificielle annoncés par Emmanuel Macron en février dernier. En parallèle, le gouvernement indiquait avoir identifié 35 sites industriels où installer de futurs centres de données dédiés à l’IA.
Ce 19 mai, lors du Sommet Choose France, le constructeur Mistral AI et le fonds émirati MGC annonçaient la création d’un complexe d’une puissance d’1,4 gigawatt, équivalente à celle de la centrale nucléaire (EPR) de Flamanville (1,6 GW).
Le même jour, au micro de France Inter, le fondateur du Shift Project Jean-Marc Jancovici lançait : « Quand je vois 109 milliards pour l’IA, alors que pour gérer 10 % du territoire français, l’Office national des forêts a un milliard par an, alors que la forêt est en train de crever, moi ce que je me dis, c’est qu’on n’est peut-être pas en train de gérer les priorités dans le bon ordre. » Et de préciser : « Dans un monde aux ressources finies, que l’on fasse des gadgets à la place des trucs essentiels, ça m’ennuie. »
Le grand écart souligne une interrogation, qui monte à la faveur de l’explosion de l’intelligence artificielle générative comme de la multiplication des crises environnementales : quel est le rôle du numérique dans tout cela ? C’est sur ce sujet que nous allons nous pencher dans les 7 épisodes de la série audio Écosystème.
Dans le premier d’entre eux, disponible ici ou sur votre plateforme d'écoute habituelle, l’informaticien Frédéric Bordage revient sur les 20 ans d’exercice de GreenIT, association précurseur dans la prise en compte de ces questions. « En 2004, se remémore-t-il, on était tous seuls dans le monde. Vraiment, c'était Sancho Panza sur son âne avec sa lance et qui se battait contre des moulins à vent. » Au fil des années, à mesure que le collectif est rejoint par des projets de recherches et diverses autres initiatives, le nom de « Green IT » finit néanmoins par s’imposer pour évoquer certaines dimensions du numérique responsable.
Appliquer le développement durable au numérique
Mais le numérique responsable, qu’est-ce que c’est, au juste ? L’idée, explique Frédéric Bordage, est « d'appliquer la démarche de développement durable au numérique. C'est-à-dire avoir un numérique qui soit le plus respectueux possible du vivant, voire qui contribue à réparer le vivant, tout en sachant que dès lors qu'on fabrique un équipement numérique, on a des impacts environnementaux directs négatifs. On s’intéresse donc autant à la dimension environnementale qu’à la dimension sociale ou sociétale, et même sanitaire. »
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Appliquer le développement durable au numérique
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Commentaires (8)
Le 22/05/2025 à 16h17
Par contre j'ai une erreur 503 Service Unavailable concernant le lien vers https://kdog.curie.fr/.
Modifié le 22/05/2025 à 16h53
"Google a une intelligence artificielle très à la mode, pour détecter des cancers. Mais dans le projet KDog, des chiens parviennent à détecter plus tôt les cancers du sein, et avec moins de faux positifs."
Erreur de sa part ou mauvaise formulation, il parle d'un coté uniquement de cancer su sein et de l'autre de cancer au sens large... donc comparaison non valide.
Dans la même citation,
"gardons la puissance de calcul de l’IA de Google pour quelque chose qu’un être humain ou un chien ne sait pas faire, modéliser le climat par exemple."
L'un l’empêche pas l'autre, et c'est justement en travaux il me semble.
« Un français de plus de 15 ans a aujourd’hui a plus de 15 équipements numériques à sa disposition. C’est pas par foyer, c’est par Français ! »
Non, c'est une surinterprétation. "à sa disposition" ne veut pas dire pour son usage personnel uniquement. Le rapport cité précise peut-être cela, mais sans confirmation, dans les "plus de 15" il y a probablement la télévision familiale, donc du foyer (et les "équipements numériques" qui vont avec: décodeur, box, console,...).
"la box, les télévisions…" ah bah voila.
"Dans un cas, il me faut un nouveau téléphone, dans l’autre, je peux garder mon vieux Blackberry." Hélas plus pour longtemps avec la fermeture des anciennes générations de réseau.
Pour le reste, je suis preneur de toute source d'info afin de faire des efforts pour du low tech (j'ai déjà mis mon téléphone sur 3G et limité la qualité de YT et Twitch que je consomme).
Le 22/05/2025 à 17h17
Modifié le 22/05/2025 à 20h49
Mais d'un autre côté, les standards, au moins sur PC, sont un bon frein à l'obsolescence comme tout autre domaine où les éléments clés sont définis par des dimensions que toute l'industrie copie.
Il y a des contre-exemples : le Fair-phone est certainement moins jettable qu'un Iphone mais il n'y a pas 20 boîtes copiant les composants pour que chacun se fasse sa propre config Fair. Il y a seulement des OS android en plus qu'on peut installer et l'élan d'ouverture s'arrête là.
Le lowtech au départ, c'est rendre le maximum de service avec le moins de ressources matérielles transformées ou des ressources qu'on peut faire durer le triple de ce qu'en propose la logique de marché.
Il y a bien une idée à réduire la quantité d'énergie consommée mais c'est en amont qu'il faut agir : pour qui pourquoi et comment.
En se posant ces trois questions, souvent, il n'y a pas besoin de technique et encore moins d'innovation [dette].
Pour ne pas finir en Colonel O'Neill payant son Naquadah à crédit ?
Modifié le 22/05/2025 à 18h28
C'est comme l'exemple donné dans le podcast, de l'agriculteur qui peut se contenter d'une alerte météo par SMS au lieu d'avoir la météo sur un smartphone 4G encombrant qui n'aura pas forcément de réseau au milieu de la campagne pour faire fonctionner une application mobile.
L'argument est que l'essor technologique n'apporte pas toujours les solutions les plus adaptée et pérennes. C'est ce qu'il appelle la slowtech
Modifié le 23/05/2025 à 00h13
Tout d'abord dans les exemples choisis de low tech, du point de vue environnemental c'est bien, mais ce n'est pas forcément le seul critère à considérer non plus. Ok recevoir un SMS comme notification de météo c'est cool et sans effets de bords notables. Mais utiliser le SMS comme moyen de paiement ou d'authentification avec la sécurité du protocole qui est désastreuse, c'est probablement problématique. Il faut trouver un équilibre.
Concernant les matériaux, il faut en effet être vigilant mais aussi être prudent dans l'analyse. Comme souvent pour la prospection des ressources, les données évoluent au gré des besoins. Si le besoin augmente, le prix du matériau monte et on peut miner plus car des gisements deviennent rentables. Et si les prix montent, on va chercher de nouvelles mines ce qui augmentera probablement la disponibilité.
Alors il faut être prudent car ce n'est pas faisable à l'infini, mais cela s'est vérifié plein de fois par le passé. En particulier et malheureusement pour les énergies fossiles, la date de fin du pétrole est depuis les années 90 de 30 ans à consommation de l'époque. Malgré une augmentation de la consommation, la pénurie reste à la même distance temporelle car on a fait des découvertes depuis, au point que pour tenir les engagements climatiques on ne doit pas extraire tout ce qu'on peut extraire du sous sol.
Il est très probable que ce soit pareil pour la plupart des métaux du moins quelques temps. De plus, certains métaux employés dans l'industrie sont certes utiles mais peuvent être remplacées par autre chose. Potentiellement plus cher, moins efficient, mais cela ne signifie pas que si un métal n'est plus dispo toute l'électronique disparaîtra pour de bon. C'est en tout cas un sujet complexe.
Concernant le réchauffement climatique, il y a deux points qui m'ont fait tiquer dans le podcast. Oui le réchauffement climatique est la préoccupation environnementale numéro 1 en ce moment. Sans doute pour de bonnes raisons même si les autres ne doivent pas être occultées. Mais pour résoudre ce problème la plupart des solutions vont de fait améliorer les autres enjeux environnementaux car comme cela a été d'ailleurs dit ces enjeux sont liés. Peut être pas assez, mais lutter contre le réchauffement climatique aura un impact positif sur pas mal d'autres enjeux aussi.
Le second est concernant les +4°C. Déjà c'est bien de se préparer à un scénario du "pire" plutôt que de viser trop "juste" dans l'adaptation. Mais ensuite il y a aussi une confusion. La France se réchauffera de +4°C à la fin du siècle quand la planète atteindra +2°C. Car les terres émergées et en particulier l'Europe se réchauffent plus vite que les océans. Donc cela ne signifie pas que le gouvernement français considère que on fera +4°C de moyenne sur Terre à la fin du siècle et il semble d'ailleurs qu'on sera bien en dessous (et heureusement) même si les +2°C sont encore loin.
Après j'ai apprécié l'écoute, qualité du son au top, intervenants intéressants avec des exemples qui ouvrent la réflexion. Ce sujet m'intéresse donc j'espère que la suite sera dans la même veine.
Modifié le 23/05/2025 à 01h43
Notre Dieu Microsoft a bien décidé que nous devions changer nos ordinateurs, et la majorité des usagers vont obtempérer. Idem, être plus sobre dans les usages ne dépend pas forcément de nous : les mises à jour, on n'a pas le choix (genre Steam par exemple, ou tu updates ou tu ne joues pas), or elles sont parfois TRES lourdes pour presque rien (genre l'apps Photos qui pèse 200 Mo à chaque fois, comparé à Irfanview...). Si on s'amuse à multiplier par XXX(X ?) millions d'ordinateurs ça doit peser lourd en CO2 et ressources. Le problème est donc en AMONT et seules les réglementations peuvent avoir un impact. Ou alors il faudrait enfin une « année de Linux »
Idem ailleurs. J'ai encore un vieux S7 et un S7 Edge qui ont besoin de réparations pour durer, ce que je ne ferai pas du fait de la fin de la 2G/3G et du manque de support VoLTE. Et même si ce dernier était assuré alors il faudrait laisser la version originale d'Android, ce qui signifie être privé de beaucoup d'apps. Déjà que le manque d'updates joue sur la réutilisation : je voulais utiliser le S7 Edge comme GPS, mais Magic Earth requiert Android 9 ou 10 minimum. Il est en 8.0.
Honnêtement j'ai pensé bullshit... puis j'ai compté ce que j'avais. Et je n'en suis pas loin. Oups
Chacun sa vie. Je préfère rester connecté que de revenir à la vie morose que j'avais avant l'informatique et Internet. On ne vit pas tous dans un lieu disposant de nombreuses activités alternatives
Le 23/05/2025 à 09h24