Chiffrement : Telegram interpelle directement ses utilisateurs français
On n'est jamais mieux servi que par soi-même

Telegram a adressé un message direct à de nombreux utilisateurs de sa messagerie en France. L'entreprise y rappelle les récentes discussions parlementaires liées à l'amendement visant à affaiblir le chiffrement des messageries sécurisée, et redit son opposition à toute porte dérobée.
Le 30 avril à 09h19
4 min
Société numérique
Société
La prise à témoin est inédite : de nombreux utilisateurs français de la messagerie Telegram ont reçu lundi soir un message direct de l'entreprise. Il intervient quelques heures seulement après que l'Assemblée nationale a adopté mardi le projet de loi contre le narcotrafic, expurgé d'un amendement qui proposait l'introduction de portes dérobées réservées aux forces de l'ordre dans les messageries sécurisées.
Une porte ouverte est une porte ouverte
« Le mois dernier, la France a failli interdire le chiffrement des applications de messagerie », commence le message, qui salue la « sagesse » des députés et rappelle que « même des régimes autoritaires n’ont jamais interdit le chiffrement ».
Dans sa communication, Telegram reprend l'argument principal des défenseurs du chiffrement : il n'est pas possible de garantir que seules les forces de l'ordre puissent emprunter une porte dérobée. L'affaiblissement de la protection apportée par le chiffrement reviendrait donc à menacer la confidentialité des messages de l'ensemble des utilisateurs.


« Si les principales messageries chiffrées devenaient vulnérables, les criminels se tourneraient simplement vers des dizaines d’autres applications, plus petites et plus opaques — tout en utilisant des VPN pour brouiller les pistes », fait encore valoir Telegram, qui comme l'a déjà fait Signal, se dit prête à quitter un pays plutôt qu'à céder à l'installation de portes dérobées.
« Nous ne troquons pas la vie privée contre des parts de marché », écrit la messagerie, avec un certain sens de la formule. Rappelons tout de même que si Telegram offre de nombreuses options de communication, le chiffrement de bout en bout n’existe que lorsqu’une conversation est déclarée « secrète » et ne peut pas s’appliquer aux groupes, ni aux appels.
Une pression à l'échelle française et européenne
Bien qu'évincée du projet de loi contre le narcotrafic, la question des portes dérobées n'a pas disparu du débat public, et le fondateur de Telegram, Pavel Durov, avait d'ailleurs déjà publié sur son compte X, le 21 avril dernier, une version en anglais du texte diffusé cette semaine aux utilisateurs de sa messagerie.
Il expliquait alors répondre au préfet de Paris, Laurent Nuñez, qui avait qualifié Telegram de « mode de communication privilégié des narcotrafiquants ». Il réagissait alors à l'affaire des attaques contre les centres pénitentiaires, dont le pilotage aurait été assuré par un groupe baptisé DDPF - Défense des prisonniers français, qui opèrerait notamment au travers de boucles Telegram.
« Ce mois-ci, la Commission européenne a présenté une nouvelle proposition visant à affaiblir le chiffrement à l’échelle du continent », écrivent encore Pavel Durov et Telegram.
Dans le cadre de son plan ProtectEU, la Commission travaille en effet à une « feuille de route technologique sur le chiffrement et une analyse d’impact dans le but d’actualiser les règles de l’UE en matière de conservation de données ».
Face aux critiques liées à l'utilisation de sa messagerie pour des usages illicites, Telegram prend toutefois soin de rappeler qu'elle ne se situe pas au-dessus des lois territoriales. « Conformément au Digital Services Act de l’UE, Telegram ne transmet que les adresses IP et numéros de téléphone des suspects — jamais les messages — et uniquement sur présentation d’une décision judiciaire valide. », indique l'entreprise basée à Dubaï.
Chiffrement : Telegram interpelle directement ses utilisateurs français
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Une pression à l'échelle française et européenne
Commentaires (11)
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Abonnez-vousLe 30/04/2025 à 09h43
Le 30/04/2025 à 09h57
Z'ont rien compris, çà passera pas. On a pas les bons mots clefs dans le prompt.
Le 30/04/2025 à 11h19
Le 30/04/2025 à 11h49
Hmm... c'est faux, mais c'est de bonne guerre.
La proposition de loi voulait interdire le chiffrement de bout en bout.
Le 30/04/2025 à 12h32
Modifié le 30/04/2025 à 12h10
Telegram ne réponds que très peu au demande de la justice.
La russie a bloqué telegram pendant 2 ans parce qu'ils avaient pas accès au clef de chiffrement puis l'a débloqué.
Le 30/04/2025 à 12h42
Perso j'ai tiqué sur ce point avec un vague souvenir que le chiffrement était interdit il y a quelques années.
Modifié le 30/04/2025 à 13h52
Selon la position des tribunaux russes sur la base de la « Loi Iarovaïa », Telegram est tenue de stocker les clés de chiffrement de toute la correspondance de l'utilisateur et de les fournir à la demande du FSB
Et telegram est bloqué en chine.
D'ailleurs vu que le fondateur de telegram est toujours vivant et que telegram est très utilisé en russie et pendant la guerre en Ukraine. La possibilité que le FSB ai les clefs est loin d'être nulle.
Modifié le 30/04/2025 à 13h55
Le 30/04/2025 à 13h21
Le 30/04/2025 à 16h13
J’ai signalé mais rien n’a été supprimé.
Ajouté à cela l’ambiguïté sur le chiffrement des messages alors qu’il faut activer l’option _secret_, ils me font bien rire à monter sur leur grand chevaux.