Les étranges méthodes d’un cabinet de conseil pour aller à la pêche aux données biométriques
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Le cabinet de conseils Louis Reynaud sollicite les internautes afin de recueillir des données biométriques à partir de vidéos de leur visage. Pour ce faire, elle a contacté une épicerie solidaire étudiante en lui proposant de lui verser un don de 15 euros pour chaque bénéficiaire qui irait jusqu'au bout de la démarche. Si l'entreprise invoque des motifs légitimes – utiliser des données biométriques pour certifier des solutions de reconnaissance faciale ou vocale, le procédé interroge.
Le 24 avril à 14h26
13 min
Droit
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Aller à la pêche aux données biométriques pour tester ou entrainer des IA à la reconnaissance faciale, c'est une chose. Mais proposer à une épicerie solidaire étudiante un don de 15 euros par consentement obtenu auprès de ses bénéficiaires ? C'est en tout cas ce qu'a entrepris le cabinet de conseils marseillais Louis Reynaud auprès de La Ma'Yonnaise, une épicerie solidaire étudiante située à la Roche-sur-Yon, en Vendée.
Estomaqué par cette pratique, l'enseignant-chercheur Olivier Ertzscheid qui fait partie de l'association a publié un billet d'humeur sur le sujet sur son blog Affordance. Titré « Étudiants en situation de précarité ? Vendez-nous vos données. De la biométrie et des cabinets vautours qui tournent autour », le texte dénonçait les agissements du cabinet Louis Reynaud.
Mise en demeure et retrait du billet d'humeur
L'entreprise n'a pas apprécié. Ses avocats ont envoyé une mise en demeure à l'auteur du billet, lui demandant de « supprimer à réception de ce courrier l’article litigieux dans son intégralité de [son] blog ainsi que les post afférents sur [ses] réseaux sociaux LinkedIn et Threads » avant le 22 avril 2025. La veille de cette date, l'enseignant-chercheur a préféré se plier à cette demande, sans pour autant manquer de s'en expliquer auprès de ses lecteurs en publiant l'intégralité de la mise en demeure.
Reste que le cabinet Louis Reynaud a bel et bien proposé un partenariat sous forme de dons à une épicerie solidaire étudiante pour encourager le consentement au recueil des données biométriques. Ce cabinet se présente, sur son site, comme un « cabinet expert en identités numériques, biométries, sécurité mobile, protection des données et cybersécurité ».
Un public visé « par définition précaire »
Le public de l'épicerie solidaire étudiante est par définition précaire. « Il faut remplir deux critères pour bénéficier de l'épicerie, être étudiant et être sous le seuil de pauvreté de manière déclarative », explique Olivier Ertzscheid à Next. L'association s'est montée comme un projet tutoré au sein de l'université de Nantes en octobre 2020, alors que la précarité touchait de plein fouet les campus universitaires pendant la première année de la pandémie de Covid-19.
« Souvent ce sont des étudiants dans des formes de précarité forte, en rupture familiale, il y en a qui sont loin de chez eux, etc. Nous accueillons aussi des gens au statut administratif compliqué : des réfugiés, des gens en attente de régularisation », ajoute l'enseignant-chercheur.
« Si je n'avais pas eu la main sur la boite mail, comme ce projet est géré par des étudiants supervisés par deux enseignants, des étudiants auraient pu se dire de bonne foi "pourquoi pas, on va faire passer le message et prendre 15 euros par bénéficiaire" sans y voir "le mal" et en partant du principe que nous avons besoin de récolter de l'argent », commente-t-il.
Un démarchage présenté comme une ressource financière supplémentaire pour l'association
Le mail envoyé à l'épicerie solidaire étudiante par le cabinet affirmait chercher « des volontaires pour participer à un test simple et rapide. Celui-ci consiste à s’inscrire sur une plateforme, puis à enregistrer une série de courtes vidéos du visage sous différents angles ».
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Commentaires (41)
Le 24/04/2025 à 15h05
Le 24/04/2025 à 19h26
Et le don est déductible des impôts.
Le 25/04/2025 à 14h20
Pour avoir postulé à un test pharmaceutique, ce n'est pas 15€
Après, on peut philosopher sur la notion de juste rénumération.
Le 25/04/2025 à 16h31
Bien sûr ce n'est pas 15€, mais les risques sont différents de se faire prendre en photo pour entraîner une IA.
Le 26/04/2025 à 17h21
Modifié le 24/04/2025 à 15h26
Vous parlez d'un cabinet qui est un laboratoire accrédité par l'ANSSI pour faire des tests d'évaluation PVID. Donc travaillant sur les solutions d'identités numériques. Faut un peu fouiller! On est loin de l'officine douteuse initialement dénoncée.
Quant à l'étonnement du prof d'université, elle me semble plus idéologique et en opposition avec la technologie. biometrique en elle-même. D'ailleurs quel est le rapport avec les populations précaires ? J'y vois un raccourci idéologiquement douteux.
Le 24/04/2025 à 15h37
il me semble que c'est ce que raconte cet article : on part d'une controverse liée à une modalité de recueil, et on découvre qu'elle englobe une problématique plus complexe (sujet qu'on aura sans doute l'occasion de creuser par ailleurs).
Le 24/04/2025 à 15h37
Modifié le 24/04/2025 à 16h50
Oui je m'étonne de l'étonnement... soit on est opposé clairement aux technologies biométriques (c'est possible), soit on accepte ces technologies pour peu qu'elles soient pentestées, selon des nomes et des médotologies d'évaluations sérieuses et officielles. Pour ce faire il faut des bases de données pour faire les tests... et oui ! Bases de données qui ne soient pas biaisées et dont la collecte reste respectuese des libertés fondamentales.
Alors d'aucun préfèreront déverouiller leur iphone avec des algo entrainés sur je ne sais quel modèle sino-américain, c'est un choix qui ne porte pas à grande conséquence (et encore..). Mais si on touche à l'identité numérique (cf. EUDI Wallet / eIDAS) ce qui semble être le travail de ce cabinet, il faut un échantillonage un peu plus sérieux. Et là je comprends* leur démarche.
* Comprendre ne veux pas dire forcément adhérer.
Le 24/04/2025 à 16h53
La seule donnée personnelle que nous stockons est votre email, et l'email que vous avez utilisé pour votre compte "Odnarrev" n'a jamais été utilisé chez nous avant aujourd'hui.
Modifié le 24/04/2025 à 17h12
Le 24/04/2025 à 17h13
Pouvez-vous me confirmer que le mail que vous utilisez actuellement pour votre compte "Odnarrev" est la clé que je dois utiliser pour nos recherches d'antériorité ?
Le 24/04/2025 à 17h16
Le 24/04/2025 à 17h18
Je m'appelle Ferdinand.
Merci beaucoup.
Le 24/04/2025 à 15h47
De quelle innovation on parle? Savoir mieux scanner des visages comme les télés LG pour mieux vendre de la pub? Parce que au final c'est toujours pour de l'argent que ce genre de technos arrivent.
Le 24/04/2025 à 16h52
Modifié le 24/04/2025 à 15h58
Et lancer une procédure qu’on pourrait classer comme « bâillon » n’inspire pas confiance.
Et comme indiqué par une autre personne, se créer rapido un compte sur next pour défendre la structure en question sans indiquer ses intérêts laisse songeur.
Le 24/04/2025 à 16h02
Odnarrev a raison de souligner qu'il y a deux sujets ici, qui s'entremêlent, c'est, au delà de la polémique du billet de blog retiré suite à mise en demeure, ce qui rend l'info intéressante imho !
Le 24/04/2025 à 16h10
Modifié le 25/04/2025 à 12h20
Traiter "d’authentique salopard" en public est répréhensible, parler de "procédé de double dégueulasserie" l'est tout autant. Utiliser les mots "crapule", "vautour" ainsi que faire une exagération diffamante : qui n'a rien à voir avec la réalité de la collecte de données biométriques qui doit servir à tester des technologies biométriques sont des comportements qui prêtent préjudice au cabinet visé.
L'auteur de ce billet de blog semble bien avoir pratiqué à la fois l'injure et la diffamation publiques.
Cela peut nuire fortement à ce cabinet qui s'efforce de faire son métier dans le respect du RGPD.
Certes, cette collecte n'est pas désintéressée puisque ce cabinet constitue une base de données biométriques qui lui servira à des tests de solutions biométriques qu'il vendra.
Mais cela n'est pas une raison pour diffamer et injurier la société en question de manière publique.
Le problème est plus complexe que l'auteur du blog l'a décrit Et tant mieux si Next creuse plus le sujet comme l'a indiqué @AlexandreLaurent juste au-dessus.
Le PDF émanant du cabinet pose bien le problème du test des solutions biométriques qui ne sont pas interdites par la loi.
Le 25/04/2025 à 17h34
Le 26/04/2025 à 21h02
Bon, pour éviter de trop râler et de dire plein de connerie, je m'en vais débrancher mon câble Wifi moi
Le 29/04/2025 à 16h23
Si il n'y a pas de lien entre le visage et un nom elle est bien anonyme ?
Le 29/04/2025 à 17h05
Modifié le 05/05/2025 à 11h36
Le 24/04/2025 à 16h05
Le 24/04/2025 à 16h32
Le 24/04/2025 à 19h01
D'ailleurs, ce livre n'a pas été écrit par lui mais par une tierce personne qui regrette amèrement d'avoir son nom associé à Trump.
Modifié le 24/04/2025 à 16h43
Et après les SDF, pourquoi pas les prisonniers ?
En plus, ça aidera les algos du type "Minority Report", parce que bon, les clochards et les prisonniers, ils (et elles) ont sûrement des caractéristiques physiques particulières.
Le 26/04/2025 à 09h53
Je reste sur le ton 3e degré
Modifié le 24/04/2025 à 17h22
"Notre cabinet est très attaché au respect des valeurs fondamentales européennes et au principe de souveraineté des Etats Membres"
Il y aurait aussi dans le même genre :
"Notre cabinet est très attaché à la démocratie, au respect de l'État de droit ainsi qu'aux lois et à la Justice"
ça coûte rien de l'écrire, personne ne pourrait vous le reprocher en fait... Ça sonne bien et en plus ça meuble un peu la page...
"Son indépendance lui permet de choisir les missions en adéquation avec ces valeurs."
=
"On choisit les clients qu'on peut facturer le plus évidemment, on n'est pas con non plus"
"Nous garantissons un accompagnement sur le moyen et long terme des entreprises, associations, collectivités territoriales, l’administration centrale et les institutions européennes"
=
"bien sûr tant que les honoraires qui leurs seront facturés seront réglés et payés... On ne fait pas dans le bénévolat non plus"
Un florilège lu dans la section "A propos" du site du cabinet Louis Reynaud
Et bien sûr, aucun nom de dirigeant ou quoi que soit de précis, juste :
"Créé par un expert français en identités numériques, biométrie, cybersécurité, législation et normes européennes dans le monde numérique."
Bref, ça sent pas très bon pour resté poli...
Le 24/04/2025 à 17h31
Fait attention à tes dénigrements, ils sont inutiles et un peu ridicules. Tu travailles gratuitement ?
Modifié le 25/04/2025 à 11h10
Je poste après le taff ou pendant les pauses.
Mais si pas gratuit, alors c'est qui me donnerait une rémunération ? Vas-y, argumente un peu plus ici, car c'est léger, très léger... Pas ton style...
Ton style, c'est plutôt d'essayer de défoncer tous les commentaires qui ne conviennent pas en faisant remarquer une erreur ou lacune dans le raisonnement.
Mais toi, le retraité (ou quasi retraité) , tu as apparemment tout le temps du monde pour emmerd... pas mal de monde par ici , n'est-ce pas ? Et avec un malin plaisir quand je regarde ton historique...
Tu as raté ta vocation... Celle de prof sadique...
Ça occupe tes journées sinon d'essayer de jouer à Zorro quasi systématiquement ?
Et enfin, affirmer " tu travailles gratuitement" sans autre argument, c'est complètement à l'opposé de tous tes posts où tu essayes de faire la morale aux autres...
Le nom du dirigeant figure sur le site ??? Aucune preuve de ce que tu avances ne figure dans ton commentaire...
Et "ce qui est affirmé sans preuve peut aussi être démenti sans preuve".
Cette règle s'applique ici à ton commentaire...
Mais c'était vraiment trop trop dur ou trop long de joindre un lien sans doute ?? Et même pas en le formatant correctement comme une grande majorité ne prend même pas l'effort de le faire, non, juste un pauvre copié-collé...
Ha Ben pas là apparemment... Dommage...
Allez j'attends juste une réponse avec ce lien et rien d'autre, pas la peine d'argumenter ou contre argumenter encore et encore car ça va être sans fin et je m'excuserai alors.
(et a priori je dois avoir tord. Donc bon... pas trop difficile de me donner tord ici devant tout le monde).
Juste une URL... Et rien qu'une URL stp ...
Le 25/04/2025 à 12h28
C'était tellement facile à trouver que je ne pensais pas qu'il soit utile de fournir plus d'informations.
Quant à mon allusion au fait que tu te faisais aussi payer pour ton travail, c'était en relation avec ton : Oui, il est normal de se faire payer pour son travail.
Le 25/04/2025 à 17h44
Goodbye after 12 years, 1 month and 12 days according to Next...
Another Life maybe if I am lucky...
Thanks you all of you...
Le 25/04/2025 à 12h09
Le 25/04/2025 à 09h29
Le 26/04/2025 à 09h58
Merci d'avoir donné un peu plus de visibilité et d'avoir poussé plus loin l'analyse.
Le 26/04/2025 à 17h24
Le 27/04/2025 à 00h19
Le 27/04/2025 à 11h50
Je n'ai pas lu l'original (car retiré), mais les éléments dans le courrier de mise en demeure montre un certains parti pris qui me semble dépasser largement la simple information du public et relever également d'une intention de nuire. Une attaque en diffamation aurait donc eu de bonnes chances d'aboutir.