Cloud : pour OVHcloud, il existe « une troisième voie entre les États-Unis et la Chine »
Débranche, débranche, débranche tout

OVHcloud est (presque) sur un petit nuage, avec de bons résultats dans son dernier bilan semestriel. Le groupe revendique une forte croissance aux États-Unis et en Asie-Pacifique, mais réalise toujours quasiment la moitié de son chiffre d’affaires en France. Pour Benjamin Revcolevschi, il y a une « troisième voie entre les États-Unis et la Chine », et OVHcloud veut s’en occuper.
Le 17 avril à 09h21
6 min
Droit
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OVHcloud vient de dévoiler son bilan financier pour le premier semestre de l’année, avec des hausses sur l’ensemble de ses segments. Le chiffre d’affaires passe de 486,1 millions d’euros au 1ᵉʳ semestre 2024 à 536,0 millions d’euros cette année, soit une hausse de 10,3 %. Le groupe confirme au passage ses objectifs annuels.
Des bénéfices (des pertes en 2024) et 1 milliard d’euros de dette
Le résultat net consolidé est de 7,2 millions d’euros, alors qu’il était question de pertes de 17,2 millions l’année dernière. « Le résultat net du premier semestre 2025 intègre notamment une charge d’intérêts de (24,2) millions d’euros, en hausse de 8,4 millions d’euros. Cette augmentation provient principalement des frais liés à la mise en place de la nouvelle dette et de l’augmentation des taux d'intérêts et de la dette nette sur la période », explique la société.
La dette d’OVHcloud au 28 février 2025 est de 1,03 milliard d’euros contre 667,2 millions d’euros au 31 août 2024. « Le levier d’endettement atteint 2,7x au 28 février 2025, en ligne avec la politique d’endettement du Groupe ».
« Forte demande aux États-Unis et en Asie-Pacifique »
Le cloud privé (Bare Metal et Hosted Private) représente toujours la part la plus importante avec 334,2 millions d’euros (+ 10,5 %). Les deux autres branches sont au coude à coude : cloud public à 103,8 millions d’euros (+ 17,4 %) et webcloud à 98 millions d’euros (+ 2,9 %).
L’entreprise note une « forte dynamique des noms de domaine, soutenue par la mise en place d’engagements pluriannuels dans de nouvelles géographies ». Sur le webcloud, « en excluant les sous-segments Connectivité et Téléphonie, activités historiques du Groupe, la croissance du segment atteint + 6,3 % ».
Revenons sur le cloud privé qui se taille la part du lion et affiche une croissance de 10,5 % sur un an. Deux éléments sont mis en avant : « une bonne croissance du revenu par client (ARPAC) principalement soutenue par une forte demande aux États-Unis et en Asie-Pacifique », ainsi que « des effets prix liés au changement de facturation des licences VMware par Broadcom depuis mai 2024 ».
Concernant les licences VMware, cela permet certes d’augmenter les revenus, mais OVHcloud doit ensuite reverser les sommes à Broadcom (modulo sa marge/commission). En ce début d’année 2025, Broadcom a encore resserré la vis sur les licences VMwares.
« Le seul acteur européen dans le top 10 mondial du cloud »
Lors de la conférence de presse, Next a demandé à Benjamin Revcolevschi (directeur général d’OVHcloud) d’où venait cette « forte demande aux États-Unis et en Asie-Pacifique ». Il nous a expliqué qu'aux États-Unis, la croissance se fait notamment via des entreprises « dans la tech (startup et scale-up) », sans entrer dans les détails.
Il a ajouté que « les États-Unis sont un marché fragmenté : quand vous avez la bonne solution, au bon prix et avec les bonnes performances, les clients décident de migrer. J’ai des exemples de clients qui ont migré », mais aucun n'a été donné. Pour servir directement ses clients étasuniens, OVHcloud dispose de deux datacenters sur place (côte Est et Ouest) ainsi que 10 Local Zones.
Pour Benjamin Revcolevschi, « les clients recherchent un cadre de confiance » et veulent « limiter la dépendance à des acteurs non européens ». Il revendique être « le seul acteur européen dans le top 10 mondial du cloud » et « le seul à ne pas être soumis aux lois extraterritoriales ». Il y a une « place pour une troisième voie entre les États-Unis et la Chine », ajoute-t-il.
Mais OVHcloud dépend toujours fortement de la France (à 48 %)
La France représente quasiment 50 % de son chiffre d’affaires avec 256,7 millions d’euros sur six mois (+ 8,1 %), suivie par l’Europe à 156,2 millions (+ 10,6 %) et le reste du monde (qui représente 23 % de ses revenus) à 123,1 millions d’euros (+ 14,7 %). En France, la locomotive est le cloud public avec 18,6 % de hausse en un an.
En bourse, OVHcloud affiche + 47 % depuis fin mars, avec une forte hausse entre les 2 et 4 avril, après l’annonce sur les droits de douane par Donald Trump. L’action est aujourd’hui à 11 euros, mais cela reste largement en dessous des 18,50 euros lors de l’introduction fin 2021 et des 25 euros dans les semaines suivantes.
En avril 2024, l’entreprise dévissait toutefois de près de 30 % après l’annonce de ses résultats. Entre le 5 avril 2024 (avant les résultats) et aujourd'hui, le cours de l’action est quasiment stable.

23 Local Zones, Bare Metal Pod passe SecNumCloud
OVHcloud revendique « 23 grandes villes disponibles à fin février 2025 » pour ses Local Zones. Fin 2024, Benjamin Revcolevschi nous expliquait que la société est « militaire dans le déploiement de ces Local Zones : toutes les deux ou trois semaines, on en déploie une ». Les premières remontent à février 2024 et avaient été annoncés au Summit fin 2023.
OVHcloud prévoyait « jusqu’à 150 Local Zones ouvertes d’ici à 2026 ». Des ambitions revues à la baisse, nous confiait le directeur général lors de son arrivée : « on n'aura pas 150 Local Zones en 2026 […] On les déploie activement, mais on veut faire ça bien ».

OVHcloud rappelle aussi avoir obtenu la qualification SecNumCloud pour son offre Bare Metal Pod. Il s’agit de proposer un minimum de huit serveurs dans une demi-baie, et jusqu’à 480 serveurs dans 10 baies, « l’ensemble clé en main, le hardware et le software ».
Les « datacenters déconnectés » sont là
2024 était aussi l’occasion de lancer On-Prem Cloud Platform : « une plateforme cloud intégrée (matérielle et logicielle) qui sera, en mode déconnecté, hébergée et opérée de façon autonome ». Pour simplifier, il s’agit d’un ensemble prêt à être installé chez des clients et qui n’a pas besoin d’être connecté à Internet. Octave Klaba en parlait déjà en 2022 avec ses « datacenters déconnectés » lors de la conférence EcoEx.

Cloud : pour OVHcloud, il existe « une troisième voie entre les États-Unis et la Chine »
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Des bénéfices (des pertes en 2024) et 1 milliard d’euros de dette
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« Forte demande aux États-Unis et en Asie-Pacifique »
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« Le seul acteur européen dans le top 10 mondial du cloud »
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Mais OVHcloud dépend toujours fortement de la France (à 48 %)
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23 Local Zones, Bare Metal Pod passe SecNumCloud
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Les « datacenters déconnectés » sont là
Commentaires (16)
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Abonnez-vousLe 17/04/2025 à 09h28
Modifié le 17/04/2025 à 09h47
OVH est constamment en retard parce qu'elle ne cherche à mettre en place et en avant QUE des solutions logicielles maison alors que ce n'est pas son sujet d’expertise, et prend un retard considérable de ce fait.
OVH ne peut pas rivaliser avec la multitude de services des grands acteurs du cloud US tant qu'elle se bornera à rester sur cette politique. Seul on ne peut pas tout, il faut qu'ils apprennent à faire des compromis et partager les compétences et gains.
Mais c'est plus largement un problème typiquement français dans la tech' que de vouloir constamment réinventer la roue plutôt que dépendre des autres et faire converger des forces.
Le 17/04/2025 à 11h08
Le 17/04/2025 à 13h54
Le 17/04/2025 à 11h29
Au contraire, javai plutôt l'impression qu'OVH exploite (et parfois contribue) des solutions existantes (openstack, vmware...) comparé aux leaders américain (AWS, Azure, GCP...) qui semble développer beaucoup plus de technos internes.
Le 17/04/2025 à 13h04
Le 17/04/2025 à 22h14
Perso un cloud provider qui ne peut pas me proposer un caas basique (ce qui doit représenter 70% des demandes de mes clients) c'est juste pas possible et hors cible en 2025.
Modifié le 18/04/2025 à 15h03
OVHcloud déploie ses outils, mais de ce que je peux en suivre, ils essaient surtout de faire des outils qui facilitent l'utilisation de solutions OpenSource pour inciter à les utiliser.
Mais bon quand on voit que les solutions US ont des dérogations pour ne pas respecter les exigences de la CNIL ou que les appels d'offres sont potentiellement biaisés ou sans cahier des charges clair
Le 17/04/2025 à 09h43
Les raisons sont rarement valables : méconnaissance (tous les fournisseurs vendent du AWS/Azure/GCP), facilité, etc. En dehors de fonctions que je trouve vraiment absentes dans leur offre telles qu'un gestionnaire de secret ou des méthodes d'authentification avancées entre les composants ou pour les utilisateurs, 90% des exigences non fonctionnelles sont répondues par OVHCloud à mon expérience.
Surtout quand le contexte dit "ouais mais on est très compliqué, on a des besoins spécifiques, ils sauront pas y répondre alors que AWS/MS/Google peuvent", tout ça pour à la fin voir pop trois pauv' VM hein.
Le 17/04/2025 à 13h07
Modifié le 17/04/2025 à 13h54
D'ailleurs, d'un point de vue amusant, on va trouver que l'IAM de GCP ou l'Entra ID d'Azure sont super, mais derrière le projet va utiliser la méthode la moins sécurisée du panel d'options "parce que c'est trop compliqué" (et en gros utiliser du token / password / private key en lieu et place d'OIDC ou d'une authent passwordless avec des tokens de courte durée).
Je pense que le gros souci d'OVHCloud, c'est qu'ils ne sont pas aussi bons commercialement que les autres CSP. Rien qu'entre les trois gros, c'est à la limite du lavage de cerveau, au point où j'en ai vu qui ont gobé les propos de Google disant que Azure "c'est que du IaaS" (alors que l'offre de composants SaaS / PaaS est aussi très bien développée là-bas, et celle d'OVHCloud se renforce aussi même si elle accuse du retard).
Le 17/04/2025 à 22h17
Modifié le 18/04/2025 à 08h23
Ils n'ont peut-être pas d'hébergement container standalone comme un CloudRun, mais on ne peut pas dire qu'ils ne proposent rien.
Accessoirement, Scaleway propose le nécessaire pour du container et répond au case d'usage du serverless (un point en plus sur OVHCloud).
Ton message confirme mon impression : les entreprises ne cherchent même pas à savoir si le fournisseur répondra aux besoins, elles ont un biais qui leur faire dire "non" par défaut. Dommage.
J'ai trouvé l'info chez les deux en une minute.
Le 18/04/2025 à 12h11
Modifié le 17/04/2025 à 11h06
Le 17/04/2025 à 12h12
Sauf erreur de ma part, c’est aujourd’hui le seul acteur cloud européen avec une vraie présence mondiale à proposer une offre certifiée SecNumCloud. C’est une alternative souveraine sérieuse, qu’on le veuille ou non
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