En 2024, 348 000 infractions liées au numérique, les femmes particulièrement ciblées
MECxploitations

Les infractions liées au numérique sont en hausse cette année, comme les années précédentes. Les services de police et de gendarmeries ont enregistré un peu plus de 348 000 en 2024 et en profitent pour faire le point. On y apprend, sans surprise, que les victimes d’atteintes « numériques » aux personnes sont principalement des femmes.
Le 10 mars à 12h23
5 min
Droit
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En guise de préambule, le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) rappelle que les infractions liées au numérique sont classées selon quatre grandes catégories : les atteintes aux biens, à la personne, aux institutions, et enfin celles aux législations et réglementations spécifiques au numérique.
Attardons-nous deux minutes sur les définitions. Les atteintes aux biens « désignent toutes les escroqueries, arnaques, détournements de moyens de paiement et infractions occasionnant un préjudice financier, rendues possibles par les outils numériques ».
De leur côté, les atteintes à la personne « désignent essentiellement des atteintes non-physiques comme le harcèlement, les injures, les menaces et les discriminations ». Pour les institutions, cela concerne « les troubles à l’ordre public, les atteintes à la sûreté de l’État et aux institutions », on y retrouve aussi les propos haineux, les obstructions à la justice, le terrorisme, les trafics en tout genre, etc.
Enfin, les infractions liées aux législations et réglementaires « regroupent toutes les infractions au droit d’auteur et spécifiquement à la loi Hadopi, les infractions au RGPD ainsi qu’à la loi pour la confiance dans
l’économie numérique et toutes les mesures visant au respect de la vie privée dans le traitement des données ».
Les plaintes sur le numérique sont en hausse depuis des années
Le rapport précise que, pour la première fois, il intègre les données des plaintes de la plateforme Thésée (Traitement harmonisé des enquêtes et des signalements pour les e-escroqueries) qui, comme son nom l’indique, permet de signaler des escroqueries en ligne.
Elle a pour rappel été lancée en beta en mars 2022, avant de s‘ouvrir plus largement quelques mois plus tard. La première année, elle a reçu 68 000 plaintes et 16 500 signalements.

Quoi qu’il en soit, les services de sécurité ont enregistré, selon le rapport, un peu plus de 348 000 infractions « numériques » en 2024, soit une hausse de 2 % par rapport à 2023. L’année dernière, l’augmentation était de 13 % ; elle était même de 17 à 20 % en 2019, 2020 et 2021.
Atteintes aux biens et aux personnes représentent 95 % des plaintes
Les atteintes aux biens représentent 65 % (226 300), tandis que celles aux personnes sont aux alentours de 30 % (103 300). Les institutions sont à 5 % (17 000 plaintes). Il ne reste donc que quelques miettes pour celles liées aux législations et réglementations spécifiques au numérique à moins de 1 % (1 500 plaintes).
Depuis 2016, le nombre d’infractions est en forte progression pour les quatre catégories, avec 9 à 15 % de plus en moyenne par an, comme en attestent les graphiques ci-dessous :

Les plaintes liées aux biens reculent (un peu), les autres progressent
Mais dans le détail, les tendances ne sont pas aussi homogènes. Les atteintes aux biens reculent de 1 % par rapport à l’année 2023, avec 226 300 crimes et délits enregistré par la police et la gendarmerie nationales, dont 50 800 via Thésée.
Les trois autres catégories sont en hausse :+ 7 % pour les atteintes aux personnes,+ 7 % également pour les institutions et enfin + 10 % pour celles liées aux législations et réglementations spécifiques au numérique.
Les victimes sont majoritairement des femmes majeures
Dans tous les cas, la grande majorité des victimes sont majeures. Par contre, et cela ne devrait malheureusement pas surprendre grand monde : « les profils des personnes majeures victimes d’atteintes "numériques" aux personnes sont majoritairement des femmes (66 %), et âgées de moins de 45 ans ».

« Les femmes de 18 à 44 ans représentent 49 % des victimes ce type d’atteintes "numériques" alors qu’elles ne représentent que 21 % de la population française majeure et qu’aucune différence notable n’est constatée en matière de taux d’équipement en internet selon le sexe », note le rapport.
À contrario, sur les atteintes numériques aux biens, les femmes représentent « un peu moins d’une [personne] sur deux », et 61 % des victimes mineures d'atteintes « numériques » aux biens sont des garçons, dont les deux tiers ont plus de 15 ans.

De l’autre côté de la barrière, 60 000 personnes ont été mises en cause (MEC) en 2024, dont 51 100 majeurs : 8 200 pour des atteintes aux biens (+ 3 %), 31 900 pour des atteintes aux personnes (+ 4 %). Sur l’année 2024, 8 900 mineurs ont également été mis en cause : plus de 2 sur 3 pour des atteintes aux personnes et 1 sur 4 pour des atteintes aux biens.

Les filles mineures sont 2,5 fois plus attaquées que les garçons
L'an passé, le SSMSI avait déjà documenté que les atteintes numériques à la personne (harcèlement, injures, menaces et discriminations) « visent pour leur part majoritairement les femmes, qui représentent 67 % du total des plaintes déposées », et que les filles mineures sont 2,5 fois plus attaquées que les garçons :
« Les femmes âgées de 18 à 44 ans ont représenté 50 % des victimes d’une atteinte numérique à la personne en 2023, alors que cette catégorie ne constituait que 16 % de la population française au 1er janvier 2024 ».
A contrario, 62 % des personnes mises en cause pour des atteintes aux biens en 2023 étaient des hommes majeurs de moins de 45 ans, alors qu'ils ne représentent, eux aussi, que 16 % de la population française.
En 2024, 348 000 infractions liées au numérique, les femmes particulièrement ciblées
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Les plaintes sur le numérique sont en hausse depuis des années
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Atteintes aux biens et aux personnes représentent 95 % des plaintes
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Les plaintes liées aux biens reculent (un peu), les autres progressent
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Les victimes sont majoritairement des femmes majeures
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Les filles mineures sont 2,5 fois plus attaquées que les garçons
Commentaires (13)
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Abonnez-vousLe 10/03/2025 à 15h25
Du piratage ? de l'usurpation d'identité sur du paiement?
Le 10/03/2025 à 16h03
Le 13/03/2025 à 15h35
Modifié le 10/03/2025 à 16h59
Non, je ne voit pas ce qu'est ce 70%.
Ok, j'ai compris, mais leur affichage est peu clair. c'est en discret qu'on peut voir les mots "aux personnes" ou "aux biens".
Modifié le 10/03/2025 à 20h00
Les hommes mineurs se font plus arnaquer, mais chez les majeurs c'est 50/50.
En gros.
Le 11/03/2025 à 10h47
Dans le dernier paragraphe on parle de "mise en cause ", ce qui corrpespond dans ma compréhention de la langue aux personnes déclanchant l'acte malveillant. (en plus en parle des biens dans ce cas)
Ce qui ammène à mon incompréhention, c'est le "a contrario " qui indique un lien alors que le paragraphe précedent parle de victimes d'atteinte à la personne.
Pour moi ce sont deux faits distincts indépendant.
Je n'y vois même pas de correlation entre les deux.
Qu'ai-je loupé ?
Le 11/03/2025 à 11h26
Picorer quelques données n'a que peu d'utilité.
Non, il n'y a pas de corrélation entre les 2.
Le a contrario veut à mon avis opposer les victimes (majoritairement femmes) aux mis en cause (majoritairement hommes). Mais comme on a des statistiques qui concernent 2 atteintes distinctes, on ne peut même pas dire à partir de ces statistiques que les hommes attaquent les femmes. C'est probablement le cas pour les atteintes à la personne, mais ce n'est pas ce paragraphe qui peut le démontrer.
Modifié le 11/03/2025 à 19h32
Le 11/03/2025 à 23h17
=> Des chiffres qui illustrent bien les pb de discrimination envers les femmes.
N'en déplaise à ceux que le sujet agace, il est malheureusement bien réel.
Même s'il peut y avoir des désaccord sur les méthodes , il est légitime de chercher à rééquilibrer les choses.
Modifié le 12/03/2025 à 11h01
Le 12/03/2025 à 12h42
Ce qui était le cas dans la ciation prise ou il y avait lien sémantique fait alors qu'il n'y avait pas de lien réél.
Exemple à la C.
J'aime les femmes à contratio les femmes aimes la vanille.
Vous voyez bien dans mon exemple à la C. j'ammene en oposition de fait alors qu'en realité rien n'opose (ou pas) les deux.
Indépedement, je pense qu'on se trompe de cible, ne pas au niveau de la violence faite au femme, qu'il faut mettre le curseur mais bien au niveau de la violence tout court.
Car pour comme dit plus bas, c'est quoi le but ? arrivée à 50 50 ?
C'est bien le nombre de cas de violence( sans filtre) qui est important pas nécésserement sa repartition.
Modifié le 12/03/2025 à 13h07
C'est de comprendre le fonctionnement de la société et de viser juste quand on veut résoudre un problème de société. C'est trop facile de dire « mettre le curseur ... au niveau de la violence tout court » C'est un peu comme dire que c'est la vie (avec un haussement d'épaules). Et puis, raisonner comme ça, c'est un peu un syllogisme : l'apparence de la logique dans le but d'évacuer un sujet dont on se fiche éperdument
Le 12/03/2025 à 13h30
Car pour comme dit plus bas, c'est quoi le but ? arrivée à 50 50 ?"
(en faisant référence @ serpolet
"il est légitime de chercher à rééquilibrer les choses."
Faut-il atteindre 50% d'hommes chez les harcelés et 50% de femmes chez les mis en causes
]
"N'étant pas ni biologiste ni sociologue" je n'ai pas la réponse à savoir sur l'homme (au sens vir du terme) est "naturellement" plus violent qu'une femme. (Je pense au taux de testosterone)
https://www.vidal.fr/medicaments/substances/testosterone-5706.html
section Effets indésirables -PSYCHIATRIE.
Ce qui n'est pas une excuse, juste une possible origine à ce déséquilibre entre les violents et les violentés.
Mais en définitif c'est bien le nombre de violentés qui est important de prendre en compte.