Cyberdélinquance : 67 % des victimes sont des femmes, 80 % des mis en cause sont des hommes
MECsplications
Les statistiques du ministère de l'Intérieur en matière de cyberdélinquance révèlent une montée en puissance des services d'enquête et du nombre de crimes et délits enregistrés. Elles détaillent aussi la surreprésentation des jeunes femmes du côté des victimes, et des jeunes hommes pour ce qui est des mis en cause.
Le 14 août 2024 à 15h22
14 min
Sécurité
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Le 10e rapport annuel d'Europol sur la cybercriminalité, Internet Organised Crime Threat Assessment (IOCTA) 2024, publié fin juillet, est plutôt décevant. S'il évoque « des millions de victimes exploitées quotidiennement dans l'UE », il n'en dresse pas, pour autant, de profils-type, pas plus qu'il ne se penche sur ceux des cyberdélinquants voire cybercriminels, se bornant à décrire « les principales évolutions, changements et nouvelles menaces en matière de cybercriminalité au cours de l'année écoulée ».
A contrario, le premier rapport annuel sur la cybercriminalité du nouveau commandement du ministère de l’Intérieur dans le cyberespace (COMCYBER-MI), publié fin juillet, « revient en détail sur ce phénomène qui touche les français dans leur quotidien » :
« En effet, 9 français sur 10 ont déjà été confrontés à une situation de malveillance informatique, notamment à l’hameçonnage (pour 70% d’entre eux), mais aussi de nouvelles menaces comme le "quishing", technique exploitant de faux QR codes pour subtiliser de l’argent. »
Le rapport fournit à ce titre une cartographie d'exemples de « phénomènes cybercriminels » (bien qu'il s'agisse, pour la plupart, de délits et non de crimes, ce pourquoi nous préférons parler de cyberdélinquance plutôt que de cybercriminalité) allant des escroqueries financières aux trafics et marchés noirs, rançongiciels, attaques DDoS, usurpations d'identité, harcèlements, manipulations de l'information et diffusion de contenus pédopornographiques.


Le rapport du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) sur les infractions liées au numérique enregistrées par la police et la gendarmerie de 2016 à 2023, publié en mai et sur lequel le COMCYBER-MI base ses statistiques, précise à ce titre que « tant d’un point de vue opérationnel que dans la littérature académique, il n’existe pas à ce stade de consensus autour d’une définition précise de la criminalité numérique » :
« Les outils numériques, dénominateur commun des infractions de ce champ, peuvent être considérés comme un moyen, un but ou un lieu pour commettre des infractions. Par ailleurs, la place de ces outils dans les usages quotidiens n’a cessé de croître, accentuant la diversité des usages et des opportunités délictuelles. Ainsi, la criminalité numérique est une criminalité hétérogène qui couvre presque l’intégralité du champ des crimes et délits. »
Une « modélisation d’un écosystème cybercriminel » montre cela dit l'étendue des compétences, et donc des petites mains, impliquées dans cet « écosystème criminel ». Le rapport souligne d'ailleurs que le champ de la criminalité numérique « n’a cessé de croître depuis ces dix dernières années, avec une professionnalisation significative en matière d’appropriation des outils techniques et d’industrialisation des processus cybercriminels ».
Des chiffres en trompe-l'œil
Au total, 278 770 infractions liées au numérique ont été enregistrées par les forces de sécurité intérieures en 2023, en augmentation de 40 % sur cinq ans, d'après le COMCYBER-MI.
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Cyberdélinquance : 67 % des victimes sont des femmes, 80 % des mis en cause sont des hommes
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Des chiffres en trompe-l'œil
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1,7 M de victimes, 79 600 crimes et délits enregistrés
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Les hommes de moins de 45 ans : 16 % de la population, 62 % des mis en cause
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Les filles mineures sont 2,5 fois plus attaquées que les garçons
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Les hommes majeurs représentent 80 % des mis en cause
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Une surreprésentation de la victimation cyber vs IRL
Commentaires (27)
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Abonnez-vousModifié le 14/08/2024 à 16h30
Elle mériterait de devenir virale, tellement elle est parlante.
Le 14/08/2024 à 17h59
Le 16/08/2024 à 09h32
Le 16/08/2024 à 10h21
Le 16/08/2024 à 19h08
Le 14/08/2024 à 20h22
C'est tout le problème des statistiques des forces de l'ordre, elles ignorent le sort de ceux qu'elles ont soupçonné et ne peuvent donc faire de statistiques très utile.
Cette ignorance ne permet pas non plus de s'améliorer en prenant en compte ceux qui sont au final innocents.
C'est important la présomption d'innocence.
Rappelons que pour la police, une affaire est résolue et comptée comme telle dans les statistiques même s'ils ont accusé un innocent.
Le 14/08/2024 à 21h42
Du sexisme généralisé des force de l'ordre à l'encontre des hommes ?
Le 14/08/2024 à 22h42
N'y aurait-il pas aussi une sur-représentation masculine dans les mises en cause dans le cas de la délinquance non numérique ? Quelle que soit la réponse, que cela veut-il dire ?
Le 16/08/2024 à 14h02
Et je te suis quand tu dis en filigrane qu'on ne peut pas extrapoler ces études pour en faire des conclusions définitives.
Cependant, le sexisme des services de maintien de l'ordre au déficit de la gent féminine a été documenté à de nombreuses reprises. J'ai donc tendance à penser qu'il serait incohérent qu'il y ai un sexisme au déficit de la gent masculine aussi nette, et donc qu'il y a probablement une équivalence entre les proportions de mis en cause et de coupables, permettant de penser avec de bonnes chances que ce qui est mis en évidence par ces études est globalement vrai (même si on se base sur des indices qui ne sont pas les plus fiables).
En fait, j'ai surtout l'impression que ton commentaire allait un peu trop minimiser la fiabilité de l'étude, en la montrant comme biaisée (elle l'est probablement, mais peut-être pas dans des proportions qui la rende caduque).
Le 16/08/2024 à 16h35
Les forces de l'ordre ne peuvent pas faire de statistiques sur les coupables par la nature même de leur travail qui s'arrête là où commence celui de la justice.
Si tu avais des études qui appuient ce que tu penses, je serais content de les lire, je changerais peut-être d'avis sur leurs statistiques dont je me suis toujours méfié quel que soit le sujet quand il s'agit d'affaires résolues (pour eux, pas forcément pour la justice).
En tout cas, la réponse à ma seconde question semble être oui.
Quant à mes 2 dernières, tu les as ignorées alors même qu'elles me semblent intéressantes. En cherchant rapidement, la proportion hommes/femmes mis en cause semble comparable, voire même un peu plus forte pour les hommes, mais comme j'ai trouvé des données de 2019, je pense que seul l'ordre de grandeur est à regarder et c'est le même. Si c'est bien le cas, quel intérêt faire ressortir la statistique sur les hommes mis en cause dans le titre l'article ?
La statistique sur les femmes victimes reste elle intéressante.
Le 17/08/2024 à 22h47
Effectivement, je n'ai pas répondu à toutes tes questions : la première/seconde a pris toute la place dans mon esprit à tel point que je n'ai plus pensé aux autres. Je te demande pardon si cela t'a dérangé.
Le 15/08/2024 à 09h48
Le 15/08/2024 à 13h00
Bien sûr, grâce à notre éducation, à nos lois... mais aussi à internet (hé oui), c'est à dire à notre façon de communiquer les uns avec les autres (tiens ça me rappelle un air...
Ce n'est pas (encore) le cas, les voix qui dominent (qui font le plus de bruit et de like) actuellement, les voix qui influencent le plus les jeunes et dont les mots-clé sont les plus repris sont essentiellement misogynes et homophobes.
Le résultat est un nombre de féminicides et de crimes homophobes en constante augmentation.
Le 15/08/2024 à 13h40
Le 15/08/2024 à 14h26
Parce que être le mâle dominant est souvent hyper important. De même que la femelle dominante, ou le couple alpha.
Et tous les coups sont permis.
Le 18/08/2024 à 13h33
https://www.ledevoir.com/societe/477728/idiotismes-animaliers-y-a-t-il-un-male-alpha-dans-la-meute-de-loups
Le 19/08/2024 à 16h53
On peut ajouter la protection du territoire par chaque animal. Chats, chiens, oiseaux sont prêts à tuer pour protéger au moins leurs petits.
Non, l'homme n'est pas le seul. On voit même des animaux s'acharner sur le plus faible du groupe pour montrer leur supériorité.
Le 16/08/2024 à 14h07
Regarde ce que font certains Orques aux phoques, ou la tendance à violer chez les dauphins, et tu verras que le sadisme n'est pas l'apanage de l'humanité.
Le 22/08/2024 à 13h10
Et malheureusement, j'ai l'impression que plus l'espèce a une intelligence (sociale) qui se rapproche de la nôtre, plus ces comportements s'observent.
Mais il est difficile de savoir si ce ne sont que des comportements marginaux qui ont été observés ou si c'est récurrent.
Nous on va quand-même jusqu'à inventer des religions pour légitimiser la violence ou le meurtre (sacrifices)...
Le 22/08/2024 à 15h31
Regardes les fourmis qui réduisent en esclavage les pucerons capturés : c'est pas si "joli joli" que ça.
Et on ne sait pas comment "pensent" les autres animaux : il n'est pas interdit de penser que d'autres espèces aient des concepts approchant la religion.
Le 16/08/2024 à 14h04
Le 16/08/2024 à 14h27
Aucune étude n'a mis en avant une cause évidente et il n'y en a probablement pas une seule, mais l'écart de comportement est largement documenté.
Un bon début est ma méta analyse de Noel Card et son équipe
"Direct and Indirect Aggression During Childhood and Adolescence: A Meta-Analytic Review of Gender Differences, Intercorrelations, and Relations to Maladjustment"
Le 15/08/2024 à 07h13
Modifié le 18/08/2024 à 14h03
l'article explique des conséquences possibles et des pistes de solutions (revenir à la règle de proximité des accords, utilisée au Canada dans le langage courant selon l'article, pronom iel, etc).
Ya aussi tout le coté éducation différenciée, garçon = viril, s'imposer, ne pas montrer ses émotions, pleurer comme une fille, femmelette, cour de l'école avec au milieu le terrain de foot réservé aux garçons, les filles en périphérie, jupes/vêtements empêchant les mouvements, sports de grâce danse/équitation = féminin alors que sports de contacts et force foot/boxe masculins etc ; je pense que ça peut jouer dans l'agressivité.
je me demande dans quelle proportion la faiblesse» des femmes en sport est due à la mysoginie. Après tout, pour venir d'Afrique en Europe, ou se déplacer avant la sédentarisation, tout le monde devait marcher et/ou courir. Les JO «modernes» (comme les antiques) étaient interdits de participation aux femmes à leur création.
Le 15/08/2024 à 14h24
Le 15/08/2024 à 17h11
Le 15/08/2024 à 21h11
La chance, l'immense chance des extrémistes de tous bords est qu'ils ont su, bien avant les autres, saisir et profiter à fond du potentiel de ce nouveau média, ce haut-parleur de dix millions de watts (au moins) pour séduire, appâter, offrir des endroits communautaires où se défouler de toutes ses frustrations (réelles ou imaginaires), cracher sur "les autres" - on est toujours "l'autre" de quelqu'un, mais ça bien sûr ils en ont RAF - et enfin hurler à loisir, comme une bande de loups dégénérés, nostalgiques d'un "Reich" imaginaire qu'ils n'ont jamais connu et dont ils ne comprennent rien à rien (il faudrait pour cela qu'ils arrivent à lire de vrais livres d'Histoire).
Parallèlement, les modérés, les Raisonnables et les Érudits sont longtemps restés dans leur tour d'ivoire à regarder tout cela de haut ("Internet ? Tellement vulgaire !"), sans comprendre l'urgence qu'il y avait à se sortir les doigts et à proposer des alternatives à ces amas de complotistes du mercredi, ces soi-disant"religieux" ultra-sectaires du jeudi, ces tas de masculinistes homophobes et anti-féministes du vendredi, et à ces hordes de racistes et antisémites du dimanche.
Et malheureusement pour nous, et surtout pour nos plus jeunes, ces gens se sont professionnalisés, ils ont repéré ce qui marche et ce qui ne marche pas, ce qui sème la zizanie, le doute, la division et le chaos.
Ils savent très bien faire, à tel point que je repère leur mots-clés, leurs tics de langage du moment, leurs obsessions... jusqu'ici, dans ce forum.
Je ne sais pas quoi faire d'autre que de proposer, quand je peux - maladroitement, je sais, mais je n'ai pas eu la chance, comme certains ici, de faire des études supérieures - un regard alternatif.
Je suis père de deux grandes personnes, mais je suis déjà bien vieux, et je sais que je mourrais inquiet du monde en guerre et en division permanente au sein duquel ils tentent, tant bien que mal, de se frayer un chemin.
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