Le PDG d’Indexia, ex- « plus jeune milliardaire de France », condamné à 16 mois de prison ferme
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Déjà condamné par la DGCCRF puis la CNIL pour « pratiques commerciales trompeuses » Sadri Fegaier vient de nouveau de l'être, à la « peine maximale », par le tribunal judiciaire de Paris. Ses six entreprises écopent d'amendes d'un montant cumulé de 5,25 millions d'euros. Le préjudice était estimé à 29 millions d'euros. Les parties civiles sont renvoyées à une audience en avril.
Le 17 décembre à 17h25
6 min
Droit
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Sadri Fegaier, PDG du groupe Indexia (ex-SFAM) a été condamné au « maximum légal encouru » en matière de « pratiques commerciales trompeuses » : deux ans de prison, dont seize mois fermes, « mais sans exécution provisoire ».
L'AFP souligne que « la partie ferme n’est pas aménageable, et les huit mois de prison restants sont assortis du sursis probatoire pendant deux ans, au cours desquels il devra rembourser ses victimes, ainsi que le Trésor public. »
Sadri Fegaier est en outre condamné à payer 300 000 euros d'amende, ainsi qu'à une interdiction de gérer ou diriger une société commerciale pendant cinq ans. Trois de ses biens immobiliers (dont sa résidence principale) vont aussi être confisqués.
La peine prononcée a tenu compte du fait que Sadri Fegaier n'a exprimé « aucune remise en question » ni « à aucun moment démontré une quelconque volonté d'amendement » lors du procès, a souligné la magistrate, qui a lu durant deux heures la décision.
M. Fegaier bénéficie, cela dit, de dix jours pour faire appel, « ce qui suspendrait les condamnations », tempère Le Monde. Le mandat de dépôt, « pourtant requis, n'a pas été reconnu nécessaire par le tribunal », relève France Bleu.
Ses 6 entreprises condamnées à 5,25 millions d'euros d'amendes
Ses entreprises sont, elles aussi, condamnées : SFK Group, la SFAM et Foriou à 1,5 million d'euros d'amende chacune, Hubside à 500 000 euros d'amende, Cyrana et Serena à 150 000 euros chacune.
L’examen des dossiers des parties civiles fera l'objet d'une audience fixée au 10 avril 2025. L’UFC-Que choisir s'est de son côté déjà vu alloué une indemnité de 100 000 euros « en réparation de l’atteinte causée à l’intérêt collectif des consommateurs personnifié par l’association », et plus de 100 000 euros de dommages et intérêts « à raison du préjudice matériel subi par celle-ci au titre des efforts mobilisés et de son implication dans cette affaire ».
L'UFC salue « une première victoire non négligeable », et la « justesse de la décision rendue » : « Au terme de sept années d’un combat sans répit pour l’UFC-Que Choisir, et après plus de deux mois de délibéré », le tribunal « souligne le caractère exceptionnel de cette affaire, tant par la durée des pratiques jugées, que par le volume des victimes concernées et les montants en jeu ».
400 employés licenciés, après trois précédentes condamnations
La holding de l'ex- « plus jeune milliardaire de France », aujourd'hui âgé de 45 ans, avait été placée en liquidation judiciaire en mai dernier, licenciant ses 400 employés. Son entreprise avait déjà été condamnée pour « pratiques commerciales trompeuses » à une transaction pénale de 10 millions d'euros par la DGCCRF en 2019, puis à deux amendes de 310 000 et 525 000 euros par la CNIL au printemps 2024.
Des milliers de clients s'étaient en effet plaints, depuis des années, de voir prélever sur leurs comptes bancaires des frais d'assurances associés aux ordinateurs ou téléphones portables qu'ils avaient achetés, sans parvenir à faire cesser ces prélèvements issus de contrats souvent signés « à l'insu de leur plein gré ».
Un million de demandes de remboursement, 29 millions d'euros de préjudice
2 575 clients s'étaient ainsi constitués parties civiles, et « plus d'un million de demandes de remboursement ou résiliation ont été effectuées mais non prises en compte auprès des sociétés du groupe en six ans, pour 29 millions d'euros de préjudice », résume France Bleu.
Sadri Fegaier, de son côté, avait nié lors du procès, qui s'était déroulé du 23 septembre au 2 octobre 2024, avoir été tenu informé de l'existence d'un tel système frauduleux, refusant d'assumer la responsabilité des prélèvements indus. Ses avocats avaient d'ailleurs plaidé la relaxe. Des arguments balayés par le tribunal de Paris.
Le tribunal, cette fois, a condamné Sadi Fegaier pour « pratiques commerciales trompeuses, ayant consisté à ne pas prendre en compte, en dépit d’un discours contraire, les demandes de résiliation des contrats, de 2014 à 2023, et les demandes de remboursement de sommes indûment prélevées, de 2017 à 2023 », résume Le Monde.
Une « stratégie d'entreprise » entièrement imputable à Sadri Fegaier
Cette « stratégie d'entreprise » avait parfois été déployée « avec la participation des salariés », mais parfois « à l’insu de ces derniers ». Elle a été jugée totalement « imputable » à Sadri Fegaier, au motif qu'il était le gérant « exclusif » et l’associé « unique » de SFK Group, qui dirigeait les autres sociétés.
L'UFC précise que les juges ont aussi retenu son « omniprésence » et le fait que les pratiques n’avaient « pu être décidées que par la Direction, sans qu’aucune mesure corrective n’ait jamais été prise depuis au moins 2016 ».
Ce pourquoi « il est donc le seul à voir sa responsabilité pénale engagée », conclut Le Monde. La présidente de la cour a montré dans un exposé de deux heures comment il est « impossible que le dirigeant n’ait aucune conscience des pratiques commerciales trompeuses », rapporte Le Dauphiné Libéré.
Le dirigeant du groupe aurait en outre « laissé sciemment perdurer ce système » afin « de garder les fonds dans la comptabilité de l’entreprise le plus longtemps possible ».
Indexia aurait encore « plus de 22 millions de dettes »
La juge n'a cela dit retenu mardi que 317 plaintes dans le cadre de sa condamnation, tout en relevant un « nombre très élevé de victimes ». Rien qu’entre 2014 et 2018, les enquêteurs avaient estimé que pas moins de 250 000 clients français avaient contacté le groupe pour résilier leurs contrats, souvent en vain. D'après Le Dauphiné, Indexia aurait « plus de 22 millions de dettes de remboursement sur le dos ».
Notre confrère souligne que « d'autres procédures au civil, contre les assurances adossées à ces sociétés, sont en cours ». Des faits « d’abus de confiance » et « usage de faux » ont ainsi été « pour l’instant » écartés de la procédure pénale.
Sadri Fegaier, dont la magistrate a pointé « l’absence de volonté de réparation », est pour sa part « resté stoïque lors de l’énoncé de sa peine », relève Le Dauphiné, avant de quitter la salle d'audience « au pas de course, sans dire un mot aux journalistes présents, accompagnés de ses avocats », note France Bleu, qui rappelle qu'il a 10 jours pour interjeter appel.
Le PDG d’Indexia, ex- « plus jeune milliardaire de France », condamné à 16 mois de prison ferme
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Ses 6 entreprises condamnées à 5,25 millions d'euros d'amendes
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400 employés licenciés, après trois précédentes condamnations
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Un million de demandes de remboursement, 29 millions d'euros de préjudice
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Une « stratégie d'entreprise » entièrement imputable à Sadri Fegaier
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Indexia aurait encore « plus de 22 millions de dettes »
Commentaires (45)
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Abonnez-vousLe 17/12/2024 à 17h30
Vu le personnage et ses pratiques, c'est à vie qu'il devrait être interdit...
Le 18/12/2024 à 10h13
Qui fait encore des sociétés en France ? Tu as vu l'imposition ? ;)
Le 20/12/2024 à 09h43
Le capital est mobile et va où la rentabilité est la plus forte (en considérant le rapport ROI vs risques). Le taux d'imposition des sociétés est souvent decrié car il impacte cette rentabilité du capital. Le jeu est de convaincre de l'attractivité de la France pour attirer les investisseurs afin de créer de la valeur pour éviter de vivre à crédit comme depuis 30 ans au moins. On voit les conséquences désastreuses se profiler.
Le 20/12/2024 à 10h14
Au revoir la France... Après une vingtaine de boites crées ou rachetées... Et même l’Europe puisque j'avais 2 sociétés en Pologne, 1 en Hongrie et des forets en Lituanie.
Le 17/12/2024 à 17h31
Après tout ça il lui restera combien d'argent ?
Car même s'il lui reste ne serait qu'un milion d'euro à la fin. La balance reste positif.
Suis-je trop cinique ?
Le 17/12/2024 à 17h33
Le 17/12/2024 à 17h31
Le 17/12/2024 à 17h37
Le 17/12/2024 à 18h08
Le 17/12/2024 à 17h42
Vu le nombre de personnes qu'il a arnaquées, il a de la chance de ne pas avoir une visio au Hilton de planifiée.
Le 17/12/2024 à 20h00
Le 17/12/2024 à 20h39
Et l'interdiction de gérer ou diriger un société commerciale ne doit être applicable qu'en France ou en Europe, il suffit qu'il crée une entreprise au dela de la juridiction d'applicabilité et il pourra continuer d'arnaquer des millions de gens.
Quand aux 18 mois de prison ...
« sans exécution provisoire »
« avant de quitter la salle d'audience au pas de course »
... Il est déjà loin
Le 17/12/2024 à 20h46
Après, pas dit du tout qu'il soit réellement milliardaire : il avait probablement une VALORISATION de milliardaire, mais j'imagine que ses possessions ne valent plus grand chose et qu'il est sûrement criblé de dettes et qu'il ne pourra pas créer de nouveau business car personne ne voudra lui prêter, avec un actif comme le sien.
Le 17/12/2024 à 21h20
Modifié le 18/12/2024 à 07h39
Il peut très bien posséder un patrimoine valorisé ainsi qui fait de lui un milliardaire, mais il ne le serait qu'en le vendant (ou via saisies). Un peu comme la fortune de la plupart des milliardaires de la Tech. En réalité on parle des parts de leurs entreprises valorisées à X milliards.
Un gros PEA quoi.
Le 18/12/2024 à 08h34
Si demain Zuckerberg (ou autre) lâchait 10% de ses parts, probablement il déséquilibrerait l'offre et la demande, mais en plus il créerait le doute chez les investisseurs = baisse des actions.
Le 18/12/2024 à 08h46
Le 18/12/2024 à 09h00
Dans le premier cas, c'est plus ou moins prévu, et on sait pourquoi. Les marchés ne "s'inquiètent" pas, même si une baisse momentanée du cours de l'action est à prévoir.
Dans le second cas, la question qui se pose, c'est pourquoi ? Pourquoi il fait ça ? Pourquoi maintenant ? Est-ce qu'il sait des informations que nous ne savons pas ? Est-ce que l'action va baisser dans les prochains jours ? Est-ce que les résultats sont mauvais ? Etc.
De nombreux investisseurs peuvent alors vendre à leur tour leur part "par crainte", venant déstabiliser le court de l'action. En déstabilisant le court de l'action, certains vont voir dans la baisse qui en résulte le "pressentiment" justifiant l'opération du PDG et vont donc vendre à leur tour pour limiter la perte, alimentant de facto la baisse et alimentant ainsi la spirale.
Modifié le 18/12/2024 à 15h53
Modifié le 18/12/2024 à 16h01
Et quand on pense qu'ils en sont à mesurer la longueur des câbles réseaux à l'échelle du cm dans les salles de marché et éviter au maximum tout ce qui est coude ou détour de câble afin de minimiser le temps de propagation des signaux dans ces fameux câbles.
Du grand n'importe quoi... mais pognon, pognon, pognon...
Le 18/12/2024 à 23h39
Dans le monde du HFT, la communication entre les serveurs se fait via des cartes PCIe interconnectées qui écrivent directement dans la RAM des autres machines du cluster.
Modifié le 20/12/2024 à 10h49
Quel gâchis de technologie et tout ça pour faire du fric avec ZÉRO de création de valeur au final.
Le 18/12/2024 à 13h25
Le 18/12/2024 à 12h42
Aujourd'hui ça doit être bien différent. Mais compte tenu du palmarès du garçon, il ne serait pas étonnant qu'il y ait quelques fonds cachés dans des paradis fiscaux et autres montages financiers.
Le 17/12/2024 à 17h52
Bah pourquoi n'avoir retenu qu'une portion de plaignants ? S'ils sont reconnus comme victime c'est étrange de les débouter.
Modifié le 17/12/2024 à 18h10
Le 17/12/2024 à 18h02
Le 17/12/2024 à 18h31
Le 17/12/2024 à 21h22
Le 18/12/2024 à 11h18
Modifié le 18/12/2024 à 11h35
Le 18/12/2024 à 23h33
Le 17/12/2024 à 18h11
Le 17/12/2024 à 20h41
Le 18/12/2024 à 00h50
La non mise en mandat de dépôt est bien un pari risqué à mon sens
Un dealer y serait dèjà, quand t'as un col blanc on te laisse libre de prendre un vol vers un pays sans extraditions puis avec tes avoirs off-shore à portée
Si le gars fait sa peine je m'engage à avoir le respect de ne pas l'oublier parmis le tréfond des sous-merdes de l'humanité
Le 18/12/2024 à 02h11
Modifié le 18/12/2024 à 03h18
Le 18/12/2024 à 12h54
Le 18/12/2024 à 08h24
Le 18/12/2024 à 10h22
Il n'avait qu'à investir 500 balles il y a 15 ans.
En bitcoin.
Geek or not geek, il faut choisir
Le 18/12/2024 à 10h27
Le 18/12/2024 à 10h33
Mes deux cyber cafés minaient la nuit... lorsque l'algo était "simple" ;)
Le 18/12/2024 à 23h43
- Soit perdu
- Soit vendu quand la valeur a dépassée $1
Le 19/12/2024 à 00h55
Le 18/12/2024 à 13h27