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Facture électronique : Bercy revoit les ambitions du Portail Public de Facturation

Facture électronique : Bercy revoit les ambitions du Portail Public de Facturation

Les entreprises françaises devront bien basculer à la facturation électronique à compter du 1ᵉʳ septembre 2026, mais elles ne pourront finalement pas compter sur la plateforme de dématérialisation gratuite initialement envisagée par l’État. Entre contraintes de délais et de budgets, Bercy vient en effet de revoir à la baisse les ambitions de son futur Portail Public de Facturation.

Le 24 octobre à 09h00

Développé par l’Agence pour l’informatique financière de l’État (AIFE) sous la houlette de la Direction générale des Finances publiques (DGFiP), le Portail Public de Facturation (PPF) doit devenir le pont entre l’administration fiscale et les échanges commerciaux inter-entreprises. Il représente à ce titre l'une des pierres angulaires de la bascule des entreprises vers la facturation électronique.

Ses ambitions viennent toutefois d’être revues à la baisse. Alors que le portail devait initialement intégrer un outil public et gratuit de facturation, il se contentera finalement de recenser la liste des plateformes tierces agréées.

« Le projet sera poursuivi en privilégiant la construction d’un annuaire des destinataires, indispensable aux échanges entre les plateformes, et d’un concentrateur des données permettant leur transmission à l’administration fiscale. Cette réorientation doit notamment permettre d’assurer la tenue du calendrier prévu par la loi de finances pour 2024 et le respect des moyens définis », indique ainsi Bercy dans un communiqué.

Le modèle en Y de la facture électronique

Les Finances publiques rappellent à cette occasion le calendrier associé à la facturation électronique. L’émission de factures électroniques deviendra une obligation à compter du 1ᵉʳ septembre 2026 pour toutes les entreprises de plus de 250 salariés. Elle s’étendra aux PME et aux microentreprises un an plus tard, le 1ᵉʳ septembre 2027.

Instaurée au nom de la compétitivité des entreprises, mais aussi et surtout de la lutte contre la fraude, notamment à la TVA, la facturation électronique ne se limite pas à supprimer le papier. Elle suppose que l’émission et la réception de factures se fassent par l’intermédiaire d’une plateforme centrale, le PPF, à laquelle se connectent l’émetteur de la facture, son destinataire, mais aussi l’administration, dans un modèle dit « en Y ».

Dans sa version initiale, le PPF devait donc intégrer une plateforme publique de dématérialisation, inspirée de Chorus Pro et offrant un service minimum garanti, et gratuit. C’est cette option qui disparait du projet, ne laissant plus la possibilité aux entreprises que de passer par des acteurs tiers privés. En l’occurrence, des plateformes de dématérialisation partenaires (PDP) immatriculées auprès des services de Bercy, dont les services sont payants, et qui devaient se distinguer de la brique publique gratuite en offrant des fonctionnalités additionnelles.

Environ 70 entreprises sont aujourd’hui « immatriculées sous réserve de leur raccordement ultérieur au portail public de facturation », d’après la liste disponible sur le site des impôts.

Coup dur pour les opérateurs de dématérialisation

« C'est un rôle central qui est confié aux plateformes de dématérialisation partenaires (PDP) puisque toutes les transactions inter-entreprises ou avec l’État pourront et devront être réalisées via ces dernières. Dans ce contexte, le portail public de facturation se recentrera sur les services indispensables aux entreprises et aux PDP, ainsi qu’à l’administration fiscale en vue notamment de sa mission de lutte contre la fraude à la TVA, soit les fonctions d’annuaire et de concentrateur de données », résume de son côté la DGFiP. 

Le projet informatique porté par l’AIFE se voit ainsi réduit à la portion congrue. Il existe bien toujours un PPF, mais ce dernier se limitera à offrir à l’accès à un annuaire, et à recevoir les extractions de données de facturation et de transaction.

Si les plateformes de dématérialisation partenaires ont toutes les raisons de se réjouir de cette récente évolution, la décision de Bercy risque en revanche de susciter quelques déceptions chez tous les éditeurs, souvent plus petits ou plus spécialisés, qui, plutôt que de devenir une PDP ou d’en intégrer une en marque blanche, prévoyaient de se connecter à la brique publique.

Le 24 octobre à 09h00

Commentaires (14)

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donc la seule possibilité pour utiliser un outil de facturation open source comme dolibarr (ou même maison pour les entreprises) c'est de payer un prestataire qui va juste faire le passe plat ?
Le travail des lobbies a payé, comme toujours :frown:
Nan mais c'est du n'importe quoi. Déjà que cette obligation c'est un coup dur pour les petites entreprises (je côtois beaucoup de solopreneur, beaucoup en B2B, tout statut juridique confondu) et c'est une charge supplémentaire (en temps et maintenant en argent) qui nous tombe sur le dos.

Au moins, avant, on ne se posait pas de question : on allait utiliser la version "officielle". Là, il va falloir choisir, tester, et payer.

Sans compter les risques d'arnaques :
- avec des plateformes qui se prétendront PDP mais qui ne le seront pas
- les classiques escroqueries dès qu'une obligation légale pointe son nez avec des mises en conformité obligatoire et payante (l'entrée en application du RGPD avait été une aubaine inestimable pour ça),
- le risque (qui a toujours été présent lui) qu'un opérateur PDP perde son agrément dans les années à venir (chose qui aurait été inenvisageable pour la plateforme officielle).

J'espère sincèrement qu'ils reviendront sur cette décision et fourniront une version officielle, qu'elle soit gratuite ou payante (mais de préférence gratuite).
L'aspect positif que je vois dans la dématérialisation de la facturation, c'est le suivi, et surtout la détection, des retards de paiement par les entreprises. Cela pourrait ne plus être le pot de terre contre le pot de fer, mais directement l'administration qui vient toquer à la porte des entreprises aux délais non raisonnables (et certaines catégories d'entreprises sont plus ou moins coutumière du fait, comme la grande distribution).
Légalement, quand tu émet un bon de commande et reçoit une marchandise, tu est tenu de réclamer la facture si tu ne l'as pas reçu. L'argument "Ah ben j'ai pas reçu la facture : le mail ne m'est pas parvenu" ne tiens pas.

Même si c'est parfois le cas ... Dur dur de faire comprendre au fournisseur dans cette situation. Ils croient que mail envoyé = mail parvenu a destination (Alors que c'est pas garanti, je suis bien placé pour le constater, travaillant a la comptabilité fournisseur).
Oui mais non, l'administration fiscal reclamera toujours la TVA de la facture qu'elle a été réellement perçue ou non...
Ce truc c'est plus pour les boîtes qui émettaient des factures de complaissance, sans forecement les rentrer dans leur comptabilité.
Genre A emet facture à B pour la speudo vente d'un bien. A n'a bien entendu rien vendu et rien fourni. Mais B rentre cette facture dans sa compta et donc elle déduit la TVA virtuellement payé à A.
Donc A ne paye pas de TVA (officiellement dans compta. il n'a a eu aucune activité ; Mais B elle a eu des "frais" à déduire. Donc perte sêche pour le FISC. )
Je ne parlais pas de la fraude à la TVA et des fausses factures (c'est autre chose). Je parle des factures légitimes, mais qui sont payées 3 ou 6 mois après.
De ce que j'ai compris, pour ces cas là ça ne changera rien.
Comme dit pour le Fisc, la seul chose qui importe c'est la ligne taxe du moment qu'elle existe, qu'elle a été preçu ou non, la TVA elle sera toujours reclamée par le fisc.
J'avais justement compris qu'ils voulaient aussi lutter contre ce genre de démarche avec cette "initiative", pour lutter contre les abus, notamment dans certains secteurs (et la grande distribution était particulièrement visée, sans être nommée). Mais j'ai peut être mal compris (ou ça a pu changer, puisque c'était au début et que là, ils nous annonce un gros changement...).
Gros +1.
Pour les TPE qui comptaient sur Chorus Pro c'est une belle charge supplémentaire en vue.
Sans compter qu'avec le PPF, pas de problématique de conservation des factures, le PPF s'en chargeait.
Avec les PDP, quid de la conservation, et si on doit changer de PDP, API spécifique à chaque PDP .....
Donc ils revoient leurs plans à la baisse, les coûts pour les entreprises à la hausse, mais par contre pour le timing, bah on change rien... Bref, rien de bien neuf sous le soleil.
Cet abandon est vraiment une mauvaise nouvelle :(
Que va devenir mon petit logiciel de facturation qui me coûte une cinquantaine d'Euros par an ?
Ça va être pratique si chaque client d'un fournisseur (et vice versa) utilise une plateforme différente.
Sans compter les grands comptes qui imposent leur propre solution (genre Sanofi...)

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