Déficitaire, Twitter licencie et signe l’arrêt de mort de Vine
Twitter met de l'eau dans son Vine
Le 28 octobre 2016 à 10h00
6 min
Économie
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Malgré des revenus et un nombre d'utilisateurs en hausse, Twitter affiche encore plus de 100 millions de dollars de pertes au troisième trimestre. Pour atteindre l'équilibre, la société a annoncé le départ de 9 % de ses effectifs – surtout dans les ventes – et la fermeture du service de vidéo Vine.
Twitter se lance dans un régime aux abords de l'hiver. À l'occasion de l'annonce de ses résultats du troisième trimestre, le réseau social a publié son intention de se séparer de 9 % de ses 3 910 employés et de fermer le service vidéo Vine. L'entreprise compte ainsi se concentrer sur son cœur de métier, en simplifiant ses canaux de vente de publicité. L'objectif : la rentabilité en 2017, quand bien même les pertes sont encore importantes sur ces trois mois.
Un chiffre d'affaires en hausse mais toujours des pertes
Dans les faits, Twitter a engrangé un chiffre d'affaires de 616 millions de dollars, soit une hausse de 8 % d'une année sur l'autre. Pour leur part, les pertes se sont élevées à 103 millions de dollars (contre 131 millions de dollars un an plus tôt). Les utilisateurs américains sont encore ceux qui rapportent le plus : 376 millions de dollars de chiffre d'affaires, pour 67 millions de membres. Les 250 millions de membres à l'étranger ont, eux, permis à la société de gagner 242 millions de dollars.
Le nombre d'utilisateurs a d'ailleurs crû de 7 % en un an, avant tout grâce à l'étranger (+ 21 %), alors que la base de membres outre-Atlantique reste stable (+ 1 % à peine). La société affirme tout de même que le nombre d'utilisateurs quotidiens a bien augmenté, tout comme le nombre d'impressions des tweets et le temps passé, « pour le second trimestre consécutif ». La question de l'utilisation est sensible pour Twitter, tant sa croissance est faible face à de services concurrents.
Pour attirer plus d'internautes, Twitter affirme (encore) vouloir améliorer l'expérience pour les nouveaux venus, via l'interface à la première arrivée, le flux d'actualité principal, les notifications et l'écriture de tweets. Il s'agit par exemple de diriger les nouveaux entrants vers des thématiques avec des personnes à suivre ou d'afficher un résumé des messages manqués en revenant sur le service. Celui-ci affiche aussi sa volonté de « sécuriser » sa plateforme, hautement critiquée pour sa gestion minimale du harcèlement qui y a cours.
Sur le fond, Twitter déclare vouloir renforcer sa stratégie sur les contenus, comme la couverture d'événements sportifs ou politiques (à l'image des primaires françaises). Des moments qui contribuent à augmenter le temps passé sur le service. « Notre expérience de vidéo en direct est unique, combinant la vidéo avec la conversation sur Twitter en direct » affirme-t-elle d'ailleurs, après avoir lancé plusieurs applications pour boitiers TV et consoles. L'entreprise dit aussi obtenir de bons résultats avec Periscope, tout en restant très vague sur ses performances réelles.
Licenciements, fin de Vine et rentabilité attendue en 2017
Pour se redresser rapidement, et donc atteindre l'équilibre budgétaire l'an prochain, la société a décidé de supprimer 9 % de ses effectifs. L'objectif est de réduire ses équipes de vente et de partenariats, pour passer de trois canaux commerciaux à deux. Le coût attendu est de 10 à 20 millions de dollars en numéraire, plus 5 à 10 millions de compensation en actions.
« La restructuration nous permet de continuer à financer pleinement nos priorités, tout en supprimant les investissements dans les activités annexes, donc d'être plus efficaces » résume la société dans sa lettre aux investisseurs. Le but à long terme est d'obtenir une marge d'EBITDA de 40 à 45 %, nette des coûts d'acquisition de trafic. Une marge qui est actuellement à 29 %, soit 181 millions de dollars. Elle ne se risque par contre pas à des prévisions pour le prochain trimestre, du fait de la restructuration en cours.
Du côté des services, la principale victime est Vine, qui a annoncé dans un billet de blog sa fermeture dans les prochains mois. L'application de diffusion de courtes vidéos ne donne pas de détails sur les suppressions d'emplois liées, ou encore sur la date précise de mise de clé sous la porte. Toujours est-il que les vidéos déjà en ligne devraient le rester, promet l'équipe, qui ajoute que les utilisateurs seront aussi prévenus de toute nouvelle majeure liée au service. Sur la vidéo, le cheval sur lequel mise Twitter est donc Periscope et ses diffusions en direct, avec un investissement important dans de nouvelles fonctions, notamment du côté des entreprises.
La publicité vidéo, planche de salut de Twitter
Sur les 616 millions de dollars de revenus sur le trimestre, 545 millions viennent directement de la publicité... Dont 90 % du mobile. « Comme nous nous y attendions, le chiffre d'affaires des Tweets sponsorisés traditionnels continuent de fondre, alors que les nouvelles fonctions tournées vers les marques sont de mieux en mieux adoptées » explique l'entreprise, qui devient donc de plus en plus dépendante des opérations de marques mondiales. Celles-ci afficheraient d'ailleurs leur volonté d'investir plus sur le réseau social, affirme Twitter.
Les licences de données, par exemple l'accès à la base de Twitter via des acteurs tiers, ont rapporté 71 millions de dollars sur ces trois mois, soit 26 % de mieux qu'un an plus tôt. La raison : le succès du système d'enchères sur les publicités (ad exchange) mobile de la société. Dans l'absolu, l'engagement des internautes avec les réclames a crû de 91 % en un an, même si chaque interaction est facturée 44 % de moins.
Pour la suite, Twitter dit se concentrer sur le retour sur investissement pour les annonceurs, et les outils pour le mesurer. Dans le détail, il s'agit de proposer de nouveaux indicateurs et une intégration à venir aux outils de gestion de la régie DoubleClick (Google). Sur le fond, il veut proposer du contenu en direct et des conversations avec une large audience ciblée, qui seraient les méthodes les plus efficaces pour générer des revenus publicitaires.
Twitter affirme également la force de son offre de publicité vidéo. « Pour le second trimestre consécutif, la vidéo a été le format publicitaire générant le plus de revenus » explique le service, qui dit recevoir beaucoup de demandes d'annonceurs sur la vidéo, en direct ou non. Il reste que, sur le trimestre, l'activité publicitaire en elle-même a occasionné 78 millions de dollars de pertes. Si Twitter appuie longuement une série d'indicateurs montrant du mieux, l'équilibre n'est donc clairement pas atteint pour ce qui est le cœur du chiffre d'affaires de la société.
Déficitaire, Twitter licencie et signe l’arrêt de mort de Vine
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Un chiffre d'affaires en hausse mais toujours des pertes
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Licenciements, fin de Vine et rentabilité attendue en 2017
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La publicité vidéo, planche de salut de Twitter
Commentaires (50)
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Abonnez-vousLe 28/10/2016 à 10h10
mais pornhub n’a pas proposé un rachet ?
Le 28/10/2016 à 10h13
Twitter est moribond, en plus de ça il n’y a que quels que utilisateurs d’actifs dessus : c’est une ville fantôme.
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#trolldi
De la part d’un gplussien.
Le 28/10/2016 à 10h15
Les GAFAM assistent, passivement, à l’agonie de l’oiseau. Mais peut-être attendent-ils que la bête soit morte pour racheter l’idée au meilleur prix tels des charognards.
Une charogne - Léo Ferré/Ch Baudelaire - YouTube
Le 28/10/2016 à 10h16
Le 28/10/2016 à 10h23
“La publicité vidéo, planche de salut de Twitter”
Bon et bien nous allons devoir trouver un ad-blocker à jour. Au prix du Mo dans les forfait 3/4G c’est absolument criminel.
Le 28/10/2016 à 10h25
Le 28/10/2016 à 10h27
Le 28/10/2016 à 10h58
Twitter doit être à mon avis très mal géré pour ne pas fonctionner… Ils ont un service qui fonctionne très bien, qui est connu de tous, mais n’arrivent pas à atteindre les utilisateurs. Il y a un soucis! Effectivement un rachat pourrait leur faire du bien car ça changerait probablement les dirigeants…
Il y a beaucoup d’infos sur twitter, et pas moins intéressantes que sur Facebook. Donc pas de raison que ça ne marche pas!
Le 28/10/2016 à 10h58
La valeur d’une entreprise dépend du projet d’entreprise. Par exemple, BouygTel est valorisé à 4-6 milliards d’euros et aurait été vendu à 10 milliards. Ceci-dit, MySpace a perdu presque toute sa valeur après son rachat " />
Le 28/10/2016 à 11h12
g+ est devant twitter en terme d’utilisateur actif. :)
Le 28/10/2016 à 11h14
Le 28/10/2016 à 11h15
Le 28/10/2016 à 11h21
Le 28/10/2016 à 11h26
Le 28/10/2016 à 11h29
Le 28/10/2016 à 11h31
Ce n’est pas pour rien le " /> et le hashtag :)
Sinon : Google
Le 28/10/2016 à 11h31
Aussi ^^”
Le 28/10/2016 à 11h31
Le 28/10/2016 à 11h43
Le 28/10/2016 à 11h44
Twitter affirme (encore) vouloir améliorer l’expérience pour les nouveaux venus, via l’interface à la première arrivée
C’est sûr que Kev Adams et Gad Elmaleh c’est pas très vendeur…
Sinon depuis quelques mois, il y a vraiment trop de pubs. Avant j’en voyais une ou deux par jour, maintenant c’est tous les 20 tweets.
Si on y ajoute les blocs “Vous pouriez aimer” et “Pendant votre absence”, au final ça devient difficile de suivre un fil sans être noyé de messages inutiles.
J’avais essayer une appli alternative, qui n’affichait pas ces bêtises, mais en term d’UX et de fonctionnalité elle avait vraiment trop de retard par rapport au client officiel.
Le 28/10/2016 à 12h02
Bonne nouvelle.
Le 28/10/2016 à 12h22
J’ai jamais accroché, mais alors du tout. Je n’arrive pas à comprendre le concept. D’un autre côté, j’étais un grand fan des RSS. Et puis toujours ces histoires de pubs et de comptes de personnes célèbres à la noix ou de journaux (à la noix aussi), c’est vraiment naze. Sans parler du temps qu’on passe dessus à voir et revoir les mêmes news. Je sais que certains s’amusent bien dessus, mais j’ai vraiment autre chose à faire…
Le 28/10/2016 à 12h23
Le 28/10/2016 à 12h25
Ca m’a longtemps servi de flux RSS, puis j’ai arrêté pour d’autres app vraiment dédiées aux news de mes sites préférés (Feedly actuellement). Le côté réseau social n’avait aucun intérêt pour moi.
Le 28/10/2016 à 12h28
Le 28/10/2016 à 12h32
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Le 31/10/2016 à 13h37
Les GAFAM, une marge d’EBITDA… Euh, vous parler la France, non ? Moi pas trop comprendre intelligent les mots.
Le 31/10/2016 à 14h35
Le 31/10/2016 à 20h08
Au niveau des gros studios de production et des plateformes de streaming (Youporn, Pornhub…), tout ça c’est la même boîte : MindGeek.
Ils ont la diffusion et la production de contenu : Brazzers, DigitalPlayground, etc.
Le modèle le plus en vogue reste bien entendu les clips d’une seule scène. La production de films complets est un peu moins fréquente, et souvent devenue une compilation de scènes sans cohérence, juste dans un thème.
Néanmoins, la production “scénarisée” existe encore, mais elle répond à un besoin différent par rapport à la demande primaire du secteur.
C’est quand même difficile de dire que la production moyenne détourne le public… Il répond au besoin de base, mais depuis s’est diversifié dans des genres qui savent mêler l’explicite et la représentation humaine de l’acte. Pas juste deux culs qui valsent accompagnés de hurlements de gorets.
Le 01/11/2016 à 08h16
GAFAM : Google Apple Facebook Amazon Microsoft
Le 01/11/2016 à 17h07
Je ne suis jamais allé sur twitter, ni instagram, ni snapshat ni je sais pas quoi, je n’ai qu’un compte Facebook et encore je suis pas super actif. Faut croire que tous les réseaux sociaux, à part maintenant FB, sont des effets de mode, bref si ça disparaît je m’en tape et je pense qu’il y a un paquet de gens qui s’en tapent aussi " />
Le 01/11/2016 à 18h37
Le 01/11/2016 à 18h38
Ça ressemble beaucoup au marché de la presse en ligne : que le groupe Figaro et Webedia et SFR Media tirent leur épingle du jeu dans la presse en ligne ne veut pas dire que les groupes de presse soit en bonne santé financière dans leur globalité. Youporn, Pornhube, etc, c’est bien pour faire la publicité d’un service pornographique, mais ça ne correspond pas franchement à une qualité optimale (qualité de l’image, qualité artistique, qualité pornographique,etc). C’est comme dire que Numerama ou 20minutes, c’est la même chose que LeMonde ou Mediapart : publier des dépêches AFP ou des informations tirées de Twitter n’a jamais fait un bon journalisme (même si ça reste de l’information de presse).
Ceci-dit je suis d’accord avec ton idée de départ : l’industrie du sexe aura toujours une longueur d’avance dans l’adoption des nouvelles technologies (diversité des moyens de paiement, diversité des contenus, ergonomie des sites web, etc) par rapport aux autres industries du divertissement (“l’exception culturelle française” entre autres).
D’ailleurs, à ce sujet :
#14h42 : Porn studies, l’étude de la pornographie et de son évolution face au numérique
Vous ne verrez plus jamais JMM de la même manière - Next inpact - 11/11/2014
“Youporn, c’est le Monsanto du porno !”
Un alter-porno est-il possible ? Ovidie répond - (accès abonnés) arretsurimages.net - 26/06/2015
Le 01/11/2016 à 20h53
Le 28/10/2016 à 12h36
en relisant la page wikipedia de vine, je vois que Twitter l a acheté en octobre 2012, seulement qques mois après la création de l entreprise par 3 gars de NY pour 30 millions de USD.
Eh bien au moins ces 3 là ont gagné leur 10 millions chacun en qques mois, ils restent les vrais gagnant du périple de vine.
Et je ne comprends tjs pas ces millions ds les startup. Le potentiel estimé est sans commune mesure avec les sommes engagées…
Le 28/10/2016 à 12h37
En effet pornhub est chaud de Vine.
Le 28/10/2016 à 12h48
Twitter ne sait absolument pas monétiser son activité c’est fou
j’ai vu un résumé du prix moyen payé pour un tweet sponsorisé : je ne parle pas des tweet officiels mais de ce que paye une entreprise pour qu’une celebrité fasse une annonce pour son compte (ca rapporte surtout pour les comptes a plus d’1M de followers hein)
A ma connaissance twitter prend 0% de commission la dessus, par exemple, ce qui est un peu stupide
C’est très dur à tracer mais ils devraient se pencher sur ce genre de cas
ils disposent d’un des outils les plus rentrés dans les moeurs de ces dernières années, faut quand même pas etre doué pour en tirer si peu de revenu " />
Le 28/10/2016 à 12h51
mais 4000 personnes pour ce genre de boite, ça parait pas un peu démesuré?
Elles sont réparties comment?
Le 28/10/2016 à 13h13
Pareil que bad10, twitter engrange un bon CA, mais a pleins de pertes, il depensent beaucoup sur quoi?
Le 28/10/2016 à 13h30
Le 28/10/2016 à 14h51
Je ne connais personne sur Google+." />
Le 28/10/2016 à 16h33
Le 28/10/2016 à 17h14
Le 28/10/2016 à 18h31
Je remercie twitter d’avoir inventé (ou démocratisé) deux choses:
Pour le reste, ca ne me fait ni chaud ni froid que ce service ferme. Je vivrais très bien sans les “petites phrases” des peoples, des haters, des communicants, etc.
Le 28/10/2016 à 18h48
Et pourtant, autre exemple : Altice a acheté une société (SFR) au moins 3 fois plus grosse qu’elle (et je ne parle pas de valorisation boursière, je parle d’actifs/infrastructures). Et oui, un investisseur, il faut le convaincre avec un projet industriel.
Toi, tu me parles de création d’entreprise. Mois je te parle d’une entreprise existante qu’une autre entreprise achète en sachant ce qu’elle va en faire avec les avantages qu’elle va en tirer.
Le 29/10/2016 à 08h26
Le problème de la valorisation des société en forte croissance, c’est que c’est un pari. Parfois il réussi (facebook), parfois il échoue…
Le 29/10/2016 à 12h52
Le 30/10/2016 à 04h58
Quelques calculs d’un type lambda se prenant pour analyste financier…
En supposant que le coût des 352 salariés licenciés est de \(150 K annuels par salarié (qui semble être la fourchette haute dans la Silicon Valley), cela fait une économie de \)53 M par an. Mais coûtera donc entre \(10 M et \)20 M, voire même \(15 M à \)30 M si l’on compte les actions (étonnant de récompenser les départs par des actions de la boîte dont on se fait licencier). Soit un gain, la première année, de \(23 M à \)38 M.
Si Twitter continue la progression de son chiffre d’affaires de 8 %, cela rapporterait \(49 M. Mais cela suppose que la suppression d'un canal de commercialisation — Vine, donc — n'aura pas d'impact sur le chiffre d'affaires.
Aussi, dans le meilleur des cas, Twitter doit encore trouver \)11 à $26 M pour en finir avec le déficit. Soit en coupant dans les dépenses, soit en augmentant son chiffre d’affaires.
Ou alors quelque chose m’échappe ?
Le 30/10/2016 à 07h57
Le 31/10/2016 à 08h33
Si on parle de cyber-sexe, effectivement, il sait innové avec des multinationales du sexe qui font un beau chiffre d’affaire.
Si on parle spécifiquement de cinéma pornographique, les “tube” ou “hub” et le peer-to-peer, qui diffusent des mini-séquences pornographiques, nuisent profondément à ce genre cinématographique en détournant un large public des productions cinématographiques scénarisées.