Un coq chantant un message chiffréFlock

Tabula rasa

[MàJ] Olvid : Thomas Baignères n’a pas parlé de données « cryptées […] de niveau secret défense »

Un coq chantant un message chiffréFlock

Abonnez-vous pour tout dévorer et ne rien manquer.

Déjà abonné ? Se connecter

Abonnez-vous

Mise à jour du 15 décembre 2023 à 18h00 :
Thomas Baignères n'a pas utilisé les expressions « crypter » et « chiffrement de niveau secret défense ». Il s’agit d’une erreur de l’AFP, originaire de la dépêche initiale, reprise dans les médias. Contactée, l’agence nous a confirmé la déformation de la citation. Nous avons modifié l'article en conséquence.


Le 22 novembre, le bureau de la Première ministre a publié une circulaire à destination des ministres, entre autres. L’objet : la désinstallation de toutes les solutions de messageries instantanées courantes au profit d’une seule, Olvid. Depuis, certaines critiques ont vu le jour et Matignon a relativisé son interdiction.

Coup de tonnerre chez les ministres, secrétaires d'État, ainsi que les membres et directeurs de cabinets ministériels. Selon une circulaire émise par Matignon le 22 novembre et révélée par Le Point, tout ce petit monde doit se débarrasser des applications de messageries connues pour n’en garder qu’une, la franco-française Olvid.

« Les principales applications de messagerie instantanée grand public occupent une place grandissante dans nos communications du quotidien. Toutefois, ces outils numériques ne sont pas dénués de failles de sécurité et ne permettent ainsi pas d'assurer la sécurité des conversations et des informations partagées par leur intermédiaire », annonce ainsi la circulaire, sans plus de détails sur lesdites failles.

« Afin de contrer les menaces qui découlent de l'utilisation de ces applications, la société française Olvid a développé une messagerie instantanée qui garantit la protection des données de ses utilisateurs grâce à un annuaire décentralisé et un chiffrement des messages de bout en bout, tout en conservant les mêmes fonctionnalités que les applications actuelles ».

WhatsApp, Signal et Telegram dans le même bateau

Certaines applications sont effectivement très populaires. Si l’on met de côté WhatsApp et son ubiquité (plus de deux milliards d’utilisateurs, première messagerie au monde), d’autres se sont lentement – mais sûrement – attiré les faveurs du grand public. Elles n’offrent cependant pas toutes le même niveau de sécurité et de protection de la vie privée.

Signal a ainsi son propre protocole de communication, avec chiffrement de bout en bout. La Signal Foundation ne sait pas ce qui transite par ses serveurs, qui ne sont là que pour fournir une tuyauterie, en quelque sorte. Ce protocole a été copieusement audité durant la dernière décennie, les applications sont open source et le service s’est taillé une solide réputation.

WhatsApp utilise le même protocole et applique donc le chiffrement de bout en bout sur ses communications (texte, audio et vidéo). À ce jour, Meta n’a pas été pris en flagrant délit sur ce point. En revanche, et comme indiqué plusieurs fois par le passé, la société récupère certaines informations périphériques, comme les listes de contacts. Ajoutons que si le protocole est celui de Signal, aucun élément de WhatsApp n’est open source.

La situation de Telegram est un peu différente. L’application n’a eu de cesse de gagner de nouveaux utilisateurs. Elle est particulièrement accessible, dispose d’applications légères et simples pour l’ensemble des plateformes et a souvent eu en avance des fonctions que les autres ont mis du temps à avoir. Cependant, les conversations n’ont par défaut qu’un chiffrement simple, signifiant que techniquement, la société Telegram (basée à Dubaï) peut lire les messages. Seules les conversations « secrètes » sont chiffrés de bout en bout. Côté code, celui des applications est open source, mais pas celui du protocole ni des composants serveurs.

Pourquoi Olvid ?

Olvid affirme que son application est la « plus sécurisée au monde ». Le service de messagerie dispose en effet de plusieurs éléments intéressants.

D’abord, il s’agit bien sûr d’une messagerie chiffrée de bout en bout. Comme pour Signal, Olvid ne peut voir le contenu des conversations. Ensuite, le service n’utilise pas d’annuaire centralisé. Il ne réclame même pas le numéro de téléphone pour créer un compte. Les métadonnées sont chiffrées elles aussi, créant ainsi une grande différence avec des services comme WhatsApp et Telegram.

Enfin – et c’est sans doute l’argument le plus important –, Olvid est la seule application de messagerie en France à avoir été accréditée par l’ANSSI, en septembre 2020. Plus précisément, ce sont les versions mobiles qui ont été certifiées à deux reprises (premier niveau), à la suite notamment de tests d’intrusion. La version iOS a d’abord été certifiée en septembre 2020, puis la mouture Android en mai 2021.

Ajoutons que le code des applications pour Android et iOS est open source, mais pas celui des composants serveurs. Le protocole, lui, a fait l’objet d’une analyse formelle et indépendante en 2020. Les rapports techniques d’évaluation (RTE) pour Android et iOS, réalisés par Synacktiv, sont également publics. La version pour ordinateurs (Windows et Mac), récemment distribuée, n’est pas encore open source et n’est pas certifiée.

Mais même si Olvid a d’évidentes qualités et possède la précieuse certification ANSSI faisant toute la différence dans une administration française en recherche de souveraineté et de sécurité, l’ergonomie est à prendre en compte. Olvid ne fonctionnant pas avec un système d’annuaire classique, toutes les conversations et contacts repartent de zéro. La circulaire ne laissant que jusqu’au 8 décembre, il est probable que tout le monde ne sera pas dans les temps.

Car la création d’une conversation sur Olvid nécessite l’échange séparé de codes à quatre chiffres pour confirmer la mise en relation avec un contact. Cet échange doit se faire normalement en situation réelle, donc en direct, ou via des moyens classiques, comme le téléphone. Il n’est pas recommandé de procéder à l’échange en passant par une autre messagerie.

Il est cependant probable que le délai imparti n’ait pas été suffisant, notamment car il impliquait la perte de tous les historiques de conversation, qu’il faut compenser d’une manière ou d’une autre. Il faut en outre recréer tous les contacts, une étape particulièrement rébarbative.

La circulaire a fait grincer des dents

La circulaire aurait pu annoncer simplement la bascule obligatoire sans autre forme de procès. Ce n’est pas tout à fait le cas : la mention des failles dans les autres applications a fait réagir.

Meredith Whittaker, présidente de la fondation Signal, qui a fait part de son agacement sur Twitter : « La Première ministre français impose aux ministres l'utilisation d'une petite application de messagerie française. D'accord. Mais ce qui m'inquiète, c'est qu'elle invoque des "failles de sécurité" dans Signal (et autres) pour justifier cette décision. Cette affirmation n'est étayée par aucune preuve et est dangereusement trompeuse, surtout lorsqu'elle émane d'un gouvernement ».

Elle rappelle que « Signal fait l'objet d'un audit indépendant, son code source est ouvert et son protocole est testé depuis plus de 10 ans ». Interrogée par Benjamin Sonntag sur la différence entre Signal et Olvid au sujet de la gestion du répertoire, Whittaker pointe que Signal ne « connait pas votre réseau social » : « Nous avons développé un nouveau système pour nous en assurer ».

La présidente de la Signal Foundation était d’ailleurs l’invitée de France 24 le 1er décembre pour évoquer la situation. Elle y expliquait notamment ne pas remettre en cause le choix fait par Matignon, dans la mesure où « chaque gouvernement doit pouvoir choisir les outils qu’il veut pour communiquer ». Elle critiquait en revanche le choix des mots et l’affirmation des failles dans les autres applications, qu’elle jugeait comme « de sérieuses accusations ».

« Nous devons être très prudents, en particulier avec les affirmations officielles, qui jettent l'opprobre sur des applications comme Signal, qui constituent la référence en matière de sécurité et de protection de la vie privée dans le secteur », a-t-elle ajouté.

Matignon relativise, des critiques sur le stockage chez AWS

Dans le Canard Enchainé paru hier, le bureau de la Première ministre revenait partiellement sur ce qui avait été dit dans la circulaire. Il n’était plus question de remplacement complet des applications existantes, mais d’utilisation dans un cadre spécifique.

« Ces consignes ne concernent que les téléphones des cabinets fournis par l'État, et lorsqu'il s'agit d'une communication entre ministres et cabinets », a ainsi précisé Matignon au Canard. Et d’ajouter que les autres messageries « continuer à être utilisées pour les échanges avec les personnes extérieures au gouvernement ».

Le même journal, ainsi que L’Informé dans un article du 8 décembre, posaient en outre la question du stockage des données par Olvid, qui se fait actuellement sur AWS (Amazon Web Services). Thomas Baignères, cofondateur de l’entreprise, s’en était agacé, expliquant que les données étaient chiffrées de bout en bout (en AES-256).

Rien de neuf ici, nous en parlions déjà il y a deux mois. Olvid ne se cachait pas s’appuyer sur AWS, choisi pour des raisons pratiques et techniques. Une migration vers une solution souveraine est possible, mais n’était alors pas la priorité. Dans tous les cas, le chiffrement et déchiffrement des données se fait en local, sur les terminaux. Comme avec Signal, peu importe le serveur qui ne sert que de tuyauterie.

Sur ce point particulier, la page du site officiel sur la feuille de route précise : « Nous sommes particulièrement attentifs aux évolutions des offres PaaS labélisées SecNumCloud par l’ANSSI. Dans une optique de défense en profondeur, notre objectif est de privilégier, quand cela sera possible, des solutions labélisées SecNumCloud (ou une qualification européenne d’un niveau au moins équivalent). Si cet objectif n’est pas réalisable à ce jour (puisqu’il n’existe aucune offre PaaS qualifiée), nous n’avons aucun doute que les efforts portés par les fournisseurs de cloud européens nous permettront, à moyen terme, de proposer une offre multicloud très complète ».

Souhaitant en savoir davantage sur certains aspects de cette décision, nous avons posé plusieurs questions à Thomas Baignères, cofondateur d’Olvid et docteur en cryptographie. Vous trouverez ses réponses dans notre interview.

Commentaires (57)


Rien de neuf ici, nous en parlions déjà il y a deux mois. Olvid ne se cachait pas s’appuyer sur AWS, choisi pour des raisons pratiques et techniques. Une migration vers une solution souveraine est possible, mais n’était alors pas la priorité.


😮‍💨
Heu, et Tchap on en fait quoi alors ?
Je me pose la même question... D'autant que c'est directement un projet de la DINUM plutôt que d'un énième acteur privé qui peut placer ses intérêts avant celui de la nation...
D’après l’article source, il semble que Tchap soit également autorisé. D’a ce que j’ai compris, Olvid ne fait que de la communication personne-à-personne, alors que Tchap (et Matrix) est prévus pour une plus grande échelle.
Modifié le 15/12/2023 à 09h25
Tchap est réservé aux agents de la fonction publique. Olvid est ouvert à tous.
Tchap permet de créer des salons (il y en a beaucoup sur des sujets très divers) et il y a un annuaure pour les explorer. Olvid permet de créer des groupes mais il faut y être invité.
avec un chiffrement du niveau secret défense


Tiens, je croyais qu'il y avait des lois qui interdisait le public/privé à utiliser des chiffrements trop sécurisés (comme le RSA 8192 à une époque)
Le bon terme est très secret. ;-)
Et ça ma toujours fait marré (ou pas en fait) qu'on puisse interdire ce genre de truc.

# ssh-keygen -t rsa -b 8192
Oups merde je vais aller en taule
Modifié le 15/12/2023 à 16h38
Ça fait plus de 20 ans que ça a disparu (loi pour la confiance dans l’économie numérique).
Enlarge your bits :D
Est-ce que c'est grave que l'app utilise AWS d'un point de vu sécurité ?
D'un point de vue gouvernance, ça montre que l'Europe est nulle, ça on le sait.
Point de vue sécu, IMHO, non.

Par contre ça envoie quand même de mauvais signaux car les acteurs Cloud européens existent et sont bons.

SebGF

Point de vue sécu, IMHO, non.

Par contre ça envoie quand même de mauvais signaux car les acteurs Cloud européens existent et sont bons.
Existent oui, sont bons non.
On utilise OVH et Scaleway, non ca n'a rien à voir avec la qualité d'un cloud provider américain. OVH ont des API vraiment mal documentées et se traine le poids d'un SI historique dans sa manière de fonctionner et mes collègues qui utilisent le S3 de Scaleway passent leur temps à envoyer des messages au support car rien n'est implémenté correctement :(

maverick78

Existent oui, sont bons non.
On utilise OVH et Scaleway, non ca n'a rien à voir avec la qualité d'un cloud provider américain. OVH ont des API vraiment mal documentées et se traine le poids d'un SI historique dans sa manière de fonctionner et mes collègues qui utilisent le S3 de Scaleway passent leur temps à envoyer des messages au support car rien n'est implémenté correctement :(
C'est vrai qu'OVH se tape de grosses dettes techniques un peu partout...
Par contre sur la partie serveurs dédiés, j'ai pas trouvé meilleur rapport qualité/prix.
Et puis surtout, pourvoir attacher les adresses IP d'un serveur à l'autre, on peut vite plus s'en passer :)

Y-a bien Hetzner, mais ya jamais rien stock chez eux. Pas pu tester leur support quand la machine a une panne.
Modifié le 15/12/2023 à 16h43
un des problèmes, Amazon étant américaine, il est tout à fait possible pour le gouvernement américain de s'enparrer de certaines données sur le AWS
Je n'ai pas de messagerie "sociale" comme WhatsApp, j'utilise olvid depuis plusieurs mois, et c'est parfait pour un usage quotidien. J'essaie de convaincre d'autres personnes d'y aller, mais WhatsApp a tellement vampirisé le marché que c'est difficile de changer!
Le principal problème que tu as cité est en effet la dépendance des messageries de nos destinataires. L'idéal serait une interpolarité, un standard pour pouvoir être indépendant
il s’agit de données cryptées


Ah ouais, il a l'air de bien savoir de quoi il parle le cofondateur...
Avec un doctorat en cryptographie oui, il sait de quoi il parle :)

J'en rediscuterai avec lui à l'occasion, mais c'est très probablement parce que le mot crypté a plus de sens pour une majorité de la population. Il parle bien de chiffrement juste après.

Vincent Hermann

Avec un doctorat en cryptographie oui, il sait de quoi il parle :)

J'en rediscuterai avec lui à l'occasion, mais c'est très probablement parce que le mot crypté a plus de sens pour une majorité de la population. Il parle bien de chiffrement juste après.
Alors, ça, je suis désolé, mais non. Je suis aussi docteur en informatique, et je peux te garantir qu'il existe des personnes ayant un doctorat qui peuvent être très ignares, y compris dans leur domaine, une fois sorties de leur sujet de thèse ou de recherche :aie:

Du coup, j'ai cherché un peu, et je suis tombé sur sa thèse. Techniquement, je pense qu'il tient effectivement la route.

Par contre, sortir une phrase comme "Dire que ce chiffrement pourrait un jour être percé relève du conspirationnisme, car si c’était le cas, il n’y aura plus rien de sécurisé sur internet, ni transaction financière, ni aucune autre" est un non sens. Autant je suis d'accord pour dire que l'état de l'art aujourd'hui est sécurisé vis-à-vis des moyens dont nous disposons aujourd'hui et l'état de nos connaissances.

Dire que le chiffrement pourrait un jour être percé, à moins d'avoir une boule de cristal, non. Sans aller jusqu'aux ordinateurs quantiques, il y a encore de nombreux problèmes en mathématique, qui ne sont que des conjectures, parfois non mise en défaut par la pratique, mais toujours pas prouvés. On a eu, par le passé, des algorithmes considérés comme fiables jusqu'à la découverte d'attaque à leur encontre. Des algorithmes comme AES sont éprouvés depuis longtemps, mais il est impossible de prouver qu'un jour, il n'y aura pas la découverte d'une faille qui fera tomber tout l'édifice.

Et l'argument du "si c'était le cas, alors rien ne serait sécurisé", il faut me dire en quoi cela prouve que les algorithmes actuels sont fiables à 100%. Ca montre juste que si ce chiffrement est percé un jour, c'est la merde. Rien de plus. Mais pas que c'est "imperçable".

fdorin

Alors, ça, je suis désolé, mais non. Je suis aussi docteur en informatique, et je peux te garantir qu'il existe des personnes ayant un doctorat qui peuvent être très ignares, y compris dans leur domaine, une fois sorties de leur sujet de thèse ou de recherche :aie:

Du coup, j'ai cherché un peu, et je suis tombé sur sa thèse. Techniquement, je pense qu'il tient effectivement la route.

Par contre, sortir une phrase comme "Dire que ce chiffrement pourrait un jour être percé relève du conspirationnisme, car si c’était le cas, il n’y aura plus rien de sécurisé sur internet, ni transaction financière, ni aucune autre" est un non sens. Autant je suis d'accord pour dire que l'état de l'art aujourd'hui est sécurisé vis-à-vis des moyens dont nous disposons aujourd'hui et l'état de nos connaissances.

Dire que le chiffrement pourrait un jour être percé, à moins d'avoir une boule de cristal, non. Sans aller jusqu'aux ordinateurs quantiques, il y a encore de nombreux problèmes en mathématique, qui ne sont que des conjectures, parfois non mise en défaut par la pratique, mais toujours pas prouvés. On a eu, par le passé, des algorithmes considérés comme fiables jusqu'à la découverte d'attaque à leur encontre. Des algorithmes comme AES sont éprouvés depuis longtemps, mais il est impossible de prouver qu'un jour, il n'y aura pas la découverte d'une faille qui fera tomber tout l'édifice.

Et l'argument du "si c'était le cas, alors rien ne serait sécurisé", il faut me dire en quoi cela prouve que les algorithmes actuels sont fiables à 100%. Ca montre juste que si ce chiffrement est percé un jour, c'est la merde. Rien de plus. Mais pas que c'est "imperçable".
Tu oublie que ce monsieur est aussi un communicant.
Il argumente dans le but de poussez son bousin.

L'histoire a montrée que le risque 0 n'existe pas en informatique et je doute que le monsieur n'en soit pas convaincu malgré ses dires.
Modifié le 15/12/2023 à 12h14

Raikiwi

Tu oublie que ce monsieur est aussi un communicant.
Il argumente dans le but de poussez son bousin.

L'histoire a montrée que le risque 0 n'existe pas en informatique et je doute que le monsieur n'en soit pas convaincu malgré ses dires.
Communiquer c'est une chose. Utiliser des arguments fallacieux (et pour moi, justifier la robustesse sur le fait que si ce n'était pas le cas, tout la sécurité d'aujourd'hui s'effondrerait en est un) non.

On dit souvent que les banques, c'est trop gros pour faire faillite. Et pourtant on en a vu plusieurs tomber ces dernières années... L'argumentaire est ici du même acabit.

fdorin

Alors, ça, je suis désolé, mais non. Je suis aussi docteur en informatique, et je peux te garantir qu'il existe des personnes ayant un doctorat qui peuvent être très ignares, y compris dans leur domaine, une fois sorties de leur sujet de thèse ou de recherche :aie:

Du coup, j'ai cherché un peu, et je suis tombé sur sa thèse. Techniquement, je pense qu'il tient effectivement la route.

Par contre, sortir une phrase comme "Dire que ce chiffrement pourrait un jour être percé relève du conspirationnisme, car si c’était le cas, il n’y aura plus rien de sécurisé sur internet, ni transaction financière, ni aucune autre" est un non sens. Autant je suis d'accord pour dire que l'état de l'art aujourd'hui est sécurisé vis-à-vis des moyens dont nous disposons aujourd'hui et l'état de nos connaissances.

Dire que le chiffrement pourrait un jour être percé, à moins d'avoir une boule de cristal, non. Sans aller jusqu'aux ordinateurs quantiques, il y a encore de nombreux problèmes en mathématique, qui ne sont que des conjectures, parfois non mise en défaut par la pratique, mais toujours pas prouvés. On a eu, par le passé, des algorithmes considérés comme fiables jusqu'à la découverte d'attaque à leur encontre. Des algorithmes comme AES sont éprouvés depuis longtemps, mais il est impossible de prouver qu'un jour, il n'y aura pas la découverte d'une faille qui fera tomber tout l'édifice.

Et l'argument du "si c'était le cas, alors rien ne serait sécurisé", il faut me dire en quoi cela prouve que les algorithmes actuels sont fiables à 100%. Ca montre juste que si ce chiffrement est percé un jour, c'est la merde. Rien de plus. Mais pas que c'est "imperçable".
Je suis d'accord avec ce que tu avances, mais il ne s'agit pas ici d'une discussion entre experts, juste du message que l'on souhaite faire passer, d'un exercice de comm. Une réaction sur un média grand public, regardé donc par le grand public. Personne ne va s'amuser à aller expliquer ça devant les caméras.

On a un édito qui arrive sur ce point, parce c'est la vieille thématique du curseur sur le niveau de détail, avec d'un côté une vente d'absolus, et de l'autre le monde des sachants qui, eux, savent bien que rien de tout ça n'existe réellement.
Modifié le 15/12/2023 à 14h51

Vincent Hermann

Je suis d'accord avec ce que tu avances, mais il ne s'agit pas ici d'une discussion entre experts, juste du message que l'on souhaite faire passer, d'un exercice de comm. Une réaction sur un média grand public, regardé donc par le grand public. Personne ne va s'amuser à aller expliquer ça devant les caméras.

On a un édito qui arrive sur ce point, parce c'est la vieille thématique du curseur sur le niveau de détail, avec d'un côté une vente d'absolus, et de l'autre le monde des sachants qui, eux, savent bien que rien de tout ça n'existe réellement.
Bon ben voilà, j'ai l'air malin maintenant. La plupart des propos sur lesquels je réagis ne sont pas les siens et sont issus d'une déformation...

Maintenant, au delà de ça, je suis d'accord de faire preuve de tolérance lorsqu'il ne s'agit pas d'une discussion entre experts et qu'il faille parfois faire preuve de simplification et de pédagogie.

Maintenant, chiffrer/crypter, les gens comprennent. Pas forcément la nuance subtile, mais ils la comprennent. Donc qu'une personne qui ne connaisse pas utilise crypter, ne me dérange pas outre mesure et je ne m’amuserai pas à la corriger. Qu'un expert du domaine le fasse, c'est plus problématique tant il n'y a pas de plus value.

Par contre, je maintiens l'autre partie de ma critique envers son argumentaire (car apparemment cette partie n'a pas été démentie). Justifier la sécurité par le cataclysme que représenterait l'existence de faille est un non-sens. Jeter le discrédit sur ceux qui ne sont pas d'accord et pensent le contraire comme relevant du conspirationnisme est une insulte.

La peur des conséquences n'est en rien une justification. Le manque de respect non plus. Et ce, que l'on fasse preuve de pédagogie ou non.
Le fait qu’il s’agisse de serveurs d’AWS n’est pas important en termes de sécurité, car il s’agit de données cryptées (sic), avec un chiffrement du niveau secret défense


Il n'y avait pas une réforme qui faisait justement disparaitre cette classification ?

Ensuite, j'admet que je suis plus calé sur les aspects techniques que sur les aspects légaux, mais cette notion de chiffrement du niveau secret défense, c'est bien la première fois que je vois ça. L'ANSSI a bien sur rédigé de nombreuses recommandations, mais vu ce qu'elles sont, je doute que le "chiffrement niveau secret défense" soit beaucoup plus robuste que les bonnes pratiques d'aujourd'hui (l'ANSSI indique par exemple que le minimum vital en guise de chiffrement est du AES 128 pour du symétrique, mais on trouve énormément de 256 aujourd'hui et il n'existe pas mieux).

Si je lie cela au mésusage du barbarisme "crypté", j'ai l'impression de lire un discours purement marketing plus qu'autre chose...
Modifié le 14/12/2023 à 21h18
Bonsoir,

En effet, la réforme de l’instruction générale interministérielle (IGI) 1300 a conduit à la suppression des trois précédents niveaux de classification (confidentiel défense, secret défense et très secret défense) pour n’en garder que deux (secret et très secret).

Je ne sais plus si l’IGI 1300 ou une annexe précise le niveau de chiffrement attendu.

Pour le barbarisme « crypté », on va dire que c’est le PDG et non le directeur technique qui parle…

Jean de Tolbiac

Bonsoir,

En effet, la réforme de l’instruction générale interministérielle (IGI) 1300 a conduit à la suppression des trois précédents niveaux de classification (confidentiel défense, secret défense et très secret défense) pour n’en garder que deux (secret et très secret).

Je ne sais plus si l’IGI 1300 ou une annexe précise le niveau de chiffrement attendu.

Pour le barbarisme « crypté », on va dire que c’est le PDG et non le directeur technique qui parle…
Il y a en fait toujours trois niveaux : secret, très secret et très secret avec mention. Cependant, les frontières ne sont pas exactement les mêmes.
Modifié le 15/12/2023 à 21h53

flan_

Il y a en fait toujours trois niveaux : secret, très secret et très secret avec mention. Cependant, les frontières ne sont pas exactement les mêmes.
Bonjour,

La mention peut s’appliquer également au niveau du secret.

Cordialement

Jean de Tolbiac

Bonjour,

La mention peut s’appliquer également au niveau du secret.

Cordialement
Non, je ne parle pas du Spécial France, je ne parle des classifications spéciales (page 105 de l’IGI1300), qui à ma connaissance correspondent aux différents domaines du très secret défense précédent. Elles n’auraient pas de sens en secret, vu que ça ferait un niveau intermédiaire entre le secret et le très secret.

flan_

Non, je ne parle pas du Spécial France, je ne parle des classifications spéciales (page 105 de l’IGI1300), qui à ma connaissance correspondent aux différents domaines du très secret défense précédent. Elles n’auraient pas de sens en secret, vu que ça ferait un niveau intermédiaire entre le secret et le très secret.
Bonjour,
Merci pour la précision, je ne connaissais pas. Par contre, en lisant le paragraphe page 105, il est bien précisé qu’il n’y a que deux niveaux de classification. Mais tout est relatif…
Cordialement
Si je lie cela au mésusage du barbarisme "crypté", j'ai l'impression de lire un discours purement marketing plus qu'autre chose...


Moi pour le coup mon bullshit-meter s'est excité dès la lecture de : « plus sécurisée au monde ». Ce genre de discours n'a ni sens, ni valeur, ni crédibilité.
Modifié le 15/12/2023 à 07h20
Moi ce qui me fait peur c’est de savoir que le gouvernement pousse pour des backdoors dans les apps de com et celui-ci est poussée justement par le gouvernement…
Olvid est poussée pour remplacer les communications internes qui passaient par des applications grand public. Ça n’aurait aucun sens de mettre des portes dérobées pour surveiller ses propres communications.
Vallait il mieux que notre gouvernement reste sous Whatsapp ?
Les conspis et autres adeptes du french bashing sont de sortie.
« Les principales applications de messagerie instantanée grand public occupent une place grandissante dans nos communications du quotidien. Toutefois, ces outils numériques ne sont pas dénués de failles de sécurité et ne permettent ainsi pas d'assurer la sécurité des conversations et des informations partagées par leur intermédiaire »


Parce que Olvid est garanti sans failles ? :mdr:
La souveraineté française... non mais quelle blague !

On s'appuie sur des outils étrangers dont on devient dépendant (AWS), et ca ne pose pas de soucis ? Pourtant, le premier soucis que je vois, c'est qu'Amazon (et les US derrière), peuvent donc à tout instant interrompre des communications essentielles au bon fonctionnement de notre état. On est juste "débiles", ou on le fait exprès ?
J'espère que tu te rends compte qu'avant que les US n'interrompent l'utilisation d'AWS par certains pays il y aura quelques signes avant coureur permettant d'anticiper la chose.

Mais si tu veux aller jusqu'à cette extrémité, il faut être sur que l'ensemble des composants de la chaine de production soit franco française.
Parceque quitte à être parano, autant aller jusqu'au bout du raisonnement.

carbier

J'espère que tu te rends compte qu'avant que les US n'interrompent l'utilisation d'AWS par certains pays il y aura quelques signes avant coureur permettant d'anticiper la chose.

Mais si tu veux aller jusqu'à cette extrémité, il faut être sur que l'ensemble des composants de la chaine de production soit franco française.
Parceque quitte à être parano, autant aller jusqu'au bout du raisonnement.
Ce n'est pas de la parano. Je suis d'accord, ce n'est pas demain (a priori), qu'on devrait avoir un soucis avec les USA.

Ceci étant, on est souverain, ou on ne l'est pas. Là, on n'est pas souverain, c'est tout.
Bonjour,

Pour compléter la réponse de carbier, il y a des moyens dégradés de communiquer. L’interruption est donc toute relative.

D’ailleurs, le caractère essentiel de ces communications est lui aussi relatif…

Cordialement
C'est dans les projets de Olvid de trouver des serveurs européens si tu regardes dans leur roadmap : https://olvid.io/faq/roadmap-bientot/
Au moins avec Olvid, il y a des chances alors qu'avec Whatsapp ou Signal, cela aurait été peine perdu
Thomas Baignères n’a pas utilisé les expressions « crypter » et « chiffrement de niveau secret défense ». Il s’agit d’une erreur de l’AFP, originaire de la dépêche initiale. Contactée, l’agence nous a confirmé la déformation de la citation. Nous avons donc modifié l’article en conséquence.
Merci d'être allé vérifier :)
Je vais répéter ce que j'ai dis dans le précédent fil sur le même sujet.

La faille n'est pas technique. La faille est juridique. Le simple fait que les communications passent par un service US fait que en raison de son extraterritorialité du droit US, le droit applicable aux communications, outre le droit français et européen, est aussi le droit américain. Peu importe la géolocalisation des serveurs d'AWS ou de n'importe quel autre hébergeur US, même en France ou en Irlande. Pour des conversations banales : peu importe. Mais si vous êtes dans un "business" plus critique.... fait que si je devais conseiller un client, je ne recommanderais pas Olvid pas plus que Signal ou WhatsApp. Et le tout combien même Olvid chiffre de bout en bout y compris les métadonnées, même avec une qualité militaire: les communications passent par un service US. Il n'y a donc plus aucune souveraineté sur l'application, sauf à changer d'hébergeur (sans lien capitalistique avec une ou des entreprises US).

C'est mon analyse et je peux me tromper. Noyb serait certainement plus qualifié pour valider ou infirmer cet avis. En tous cas, cela nécessite une analyse juridique plus poussée que simplement de valider la très haute qualité du chiffrement.

Modifié le 15/12/2023 à 19h05
"Quand bien même" pas "combien même" ^^

"sans lien capitalistique avec une ou des entreprises US" : C'est possible ça ? Et quelle utilité dans un scenario dans lequel l'adversaire serait prêt user de tel ressort légaux ? Ne peut on pas imaginer qu'il serait aussi prêt a déployer d'autres moyens pour arriver a ses fins ? Car trouver un hébergement 100% FR ça doit pouvoir se faire, par contre en trouver un ou le matériel dans la boucle est 100% FR... bon courage... y'aura toujours un routeur Cisco qui traine si tu vois ce que je veux dire.
Et l'appli tourne sur quel OS déjà, et se télécharge où ? Voilà voilà, il y a d'autres problèmes que juste où transitent les données chiffrées, même si moi aussi de lire "souverain hébergé sur AWS" ça me fait mal occulte.
Drôle d'idée de se baser sur l'AFP pour écrire un article sans vérifier la source.
C'est quoi le métier de l'AFP déjà ?

fred42

C'est quoi le métier de l'AFP déjà ?
Agence Fausse Presse :transpi:

spidermoon

Agence Fausse Presse :transpi:
:mdr:ça reste plus fiable que X (Twitter). :D

fred42

:mdr:ça reste plus fiable que X (Twitter). :D
D'après X, c'est faux, la Vérité est dessus. 😝

SebGF

D'après X, c'est faux, la Vérité est dessus. 😝
Moi, dans mon enfance, on m'a rétorqué sans cesse que "la vérité est ailleurs"... Mais maintenant que Twitter s'appelle X, est-ce que chercher dans ses archives correspond à ouvrir les X-files ? (tuu tuu tuuu tuuu tuuuuu tuuuuuuuuuuuuu)

fdorin

Moi, dans mon enfance, on m'a rétorqué sans cesse que "la vérité est ailleurs"... Mais maintenant que Twitter s'appelle X, est-ce que chercher dans ses archives correspond à ouvrir les X-files ? (tuu tuu tuuu tuuu tuuuuu tuuuuuuuuuuuuu)
Fun fact : je suis en train de me refaire la série actuellement. Ca a certes un peu vieilli, mais c'est fou comme parfois j'ai l'impression de voir le contenu des rubriques "vrai ou faux" des actualités.

SebGF

Fun fact : je suis en train de me refaire la série actuellement. Ca a certes un peu vieilli, mais c'est fou comme parfois j'ai l'impression de voir le contenu des rubriques "vrai ou faux" des actualités.
Héhé, je comprends. Je me suis fais l'intégrale il y a 2 ou 3 ans. J'étais tombé sur le coffret complet.

Ce que j'aimais bien, c'était le côté sans lien entre les épisodes (en tout cas, au début). On pouvait rater un épisode ou deux, cela ne changeait pas grand chose à l'histoire (puisqu'il n'y en avait pas).

Puis après est venu se greffer la théorie du complot, et là, hors de question de rater un épisode si on veut être sur de tout comprendre... Du coup, se sont les premières saisons mes préférées :)

fdorin

Héhé, je comprends. Je me suis fais l'intégrale il y a 2 ou 3 ans. J'étais tombé sur le coffret complet.

Ce que j'aimais bien, c'était le côté sans lien entre les épisodes (en tout cas, au début). On pouvait rater un épisode ou deux, cela ne changeait pas grand chose à l'histoire (puisqu'il n'y en avait pas).

Puis après est venu se greffer la théorie du complot, et là, hors de question de rater un épisode si on veut être sur de tout comprendre... Du coup, se sont les premières saisons mes préférées :)
Pour ma part j'ai vu que ce qui était passé à M6 à l'époque, donc c'est un peu de la redécouverte aussi :D

Mais ça change de voir une série pour laquelle un épisode en raconte quasi autant qu'une saison de 10 de nos jours.
Modifié le 17/12/2023 à 20h04
2 mois après l'article de Next, l'application desktop linux n'est toujours pas disponible.
notre objectif est de privilégier, quand cela sera possible, des solutions labélisées SecNumCloud (ou une qualification européenne d’un niveau au moins équivalent). Si cet objectif n’est pas réalisable à ce jour (puisqu’il n’existe aucune offre PaaS qualifiée)


SecNumCloud ne pourra jamais qualifier une plateforme PaaS, la certif doit valider l'ensemble incluant l'applicatif donc, une plateforme PaaS SecNumCloud le serait tant qu'on n'installe rien dessus ; Un logiciel "SecNumCloud" perdrait son status dès qu'il serait installé qqpart (y compris sur une "plateforme PaaS SecNumCloud")

Bref le SecNumCloud c'est que sur du SaaS ou cas particulier, dès que tu installes un truc, il faut re-certifier la chaîne.
Fermer