Netflix a eu le droit à une surprise d'assez mauvais goût la semaine dernière. Une entreprise du nom de Blackbird Tech a attaqué le géant du streaming, au motif que la mise à disposition de contenus en mode hors ligne contreviendrait à l'un de ses brevets... qui n'a en fait pas grand-chose à voir avec cela.
En règle générale les « patent trolls » (trolls de brevets) ne s'attaquent qu'à de petites entreprises en espérant obtenir rapidement le versement d'une indemnité pour l'utilisation d'un brevet quelconque, lié de près ou de loin à l'activité de la société visée. Parfois, il arrive que l'un d'eux s'attaque à un plus gros morceau en espérant toucher le gros lot. C'est par exemple le cas aujourd'hui de Blackbird Tech, qui tente de s'en prendre à Netflix. Ni plus ni moins.
Une attaque hasardeuse
Dans sa plainte, Blackbird Tech explique détenir le brevet amércain numéro US 7,174,362 (que l'on appellera brevet 362) et qu'il concerne une « méthode et un système de fourniture de produits à partir de données numériques pré-enregistrées en réponse à des demandes transmises au travers d'un réseau informatique ». Un intitulé on ne peut plus vague.
La méthode décrite dans la plainte est également assez floue. Il y est expliqué le fonctionnement d'un ordinateur dupliquant des données. Un premier module crée « une liste de tâches a effectuer à partir des requêtes entrantes », un second « est configuré pour stocker toutes les données disponibles pour duplication » et un troisième « est configuré pour rapatrier les données sur un périphérique de sortie, et lui ordonne de transférer les données sur un support ». Le tout mesure en permanence l'espace disponible sur le périphérique d'arrivée. Bref, résumé comme cela, on pourrait comprendre qu'il s'agit d'un brevet sur le téléchargement.
C'est justement ce que Blackbird Tech reproche à Netflix : sa fonctionnalité de visonnage de contenus hors-ligne violerait ce fameux brevet 362. L'application enregistrerait les requêtes de téléchargement, ferait transiter les données nécessaires entre la plateforme et le terminal de l'utilisateur, conserverait sa liste de tâche dans l'historique d'activité du client et surveillerait même l'espace disponible sur l'appareil cible. Trop c'est trop pour Blackbird Tech, qui réclame au tribunal « des dommages sous la forme, au minimum, de raisonnables royalties ».
Une interprétation créative du brevet
Seulement, si l'on regarde le brevet plus en détail et que l'on ne s'arrête pas à la seule description faite dans la plainte, on se rend compte que son sujet n'a pas grand-chose à voir avec la mise à disposition hors-ligne de contenu vidéo.
En fait, malgré son titre très générique, le brevet 362 porte sur un système automatisant la gravure de données sur CD-R et l'impression de l'étiquette correspondante. « Le serveur planifie chaque requête, télécharge les données nécessaires vers un graveur de CD-R à qui la requete est assignées et envoie un ordre d'écriture. Le graveur transfère alors les données contenues dans son cache dans les CD-R », peut-on ainsi lire dans le résumé de l'objet du brevet.
Il y a donc peu de chances que cette procédure donne lieu à des suites auprès d'un tribunal, à moins d'une surprise de taille lors de l'étude du dossier. Toutefois, Netflix pourrait être tentée d'opter pour un arrangement à l'amiable afin de s'économiser une éventuelle procédure, généralement coûteuse.
Il est à noter que Soundcloud fait l'objet des mêmes poursuites pour le même brevet, comme le notent nos confrères d'Ars Technica. Là encore, c'est une fonction de mise à disposition de contenus hors ligne qui est visée par Blackbird Tech.
Commentaires (60)
Comment on peu déposer « méthode et un système de fourniture de produits à partir de données numériques pré-enregistrées en réponse à des demandes transmises au travers d’un réseau informatique » ?
Un jour faudra vraiment faire un reset de tout ces brevet de merde…
Moi à la place de Netflix je paierai cash
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Ils ont appuyé sur le Bouton “Envoi de la plainte” avant d’avoir vérifié les prérequis ? ^^
Tant qu’il n’y aura pas grand chose à perdre en attaquant une société, les patent-trolls auraient tort de se priver.
Le jour où il y aura un précédent dans lequel la société visée se retourne contre le patent-troll pour lui avoir fait perdre du temps (et donc beaucoup d’argent), les patent-trolls réfléchiront à deux fois.
Ces gars sont exceptionnels ^^
Toutefois, Netflix pourrait être tentée d’opter pour un arrangement un amiable afin de s’économiser une éventuelle procédure, généralement coûteuse.
Et on fera sauter le champagne dans les bureaux de Blackbird !
Je vais déposer un brevet sur “comment se gratter l’oreille efficacement”
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Avec “comment se gratter” tu toucheras plus de monde. Pourquoi être si précis ?
ah bah j’ai parié que c’était dans le Delaware, je suis allé voir sur internet, et ce n’est pas dans le Delaware.
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(machasucette [jamais su l’écrire correctement] et Illinois).
On peut même plus se fier à ses paradis fiscaux préférés…
(et vive le brevet sur le logiciel
le brevet 362 porte sur un système automatisant la gravure de données sur CD-R et l’impression de l’étiquette correspondante
Voilà donc enfin le secret du mode hors-ligne de Netflix : la gravure d’un CD-R directement sur le smartphone.
Je comprends pas que ça n’ait pas déjà été le cas.
Il me semblait que la justice américaine c’était plutot “mort au vaincu”…
Viiite, déposer un brevet sur le chiffre 1.
L’ensemble de l’informatique mondiale devra de la thune.
Oui sauf que là ils s’attaquent à gros en face.
Contre une petite boite, ça passe. Mais Netflix doit quand même avoir son armée de juriste aussi…
Je pense que je vais déposer un brevet sur les blagues sur les brevets.
je vais breveter le fait de glander au taf sur nxi
M’en fous, je suis pas au taf.
Kevin et Vincent ont déjà déposé le concept.
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Moi je dis qu’ils ont du courage, ces industriels propriétaires de brevet : Netflix louait des DVD par abonnement au début de son histoire. Et aujourd’hui Netflix grave des films dans la mémoire du terminal de ses abonnés.
(ceci n’est pas un troll, ceci est une réflexion mal dégrossie et ambigüe teintée d’un peu d’agacement)
(bon d’accord, ceci est un troll en gestation)
Vu qu’ils ont développé le concept sur leur temps de travail, il y a litige pour déposer le brevet.
Non, en vérité j’aime bien l’ergonomie du site web de Netflix (je ne sais pas si ça se brevète, un site web), mais je n’aime pas quand les NATU passent pour des défenseurs de la neutralité du net ou de leurs algorithmes-qui-ne-(se)-trompent-jamais et qui font la fierté de leur propriétaire.
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Et de toute façon, Netflix a déjà perdu face à D Trump, donc le brevet aura toujours raison face à l’ingéniosité des designers de la Silicon Valley
Bref, résumé comme cela, on pourrait comprendre qu’il s’agit d’un brevet sur le téléchargement
La question ultime : Les AD vont-ils attaqués Blackbird Tech pour promotion du téléchargement car les pirates l’utilises?
En France, on forme de très bons techniciens/ingénieurs, mais on a des ergonomistes et des journalistes politiques sans aucune efficacité dans la prise de décision finale. À croire que les experts en administration et en sciences décident en toute matière, confinant la France dans la gestion patrimoniale et l’arbitraire de la rationalité pure.
si netflix se met à payer pour ce genre de procès sans fondement, ils se feront harceler par tous les autres trolls pour brevet X ou Y n’ayant rien à voir avec eux.
Et je suis également surpris que les droits d’auteurs n’aient pas sauter à la gorge d’un groupe qui fait l’apologie du téléchargement illégal avec gravure et étiquette. Ils se sont bien attaqué au torrent
Je serais Netflix, j’attaquerai en retour pour procédure abusive.
La justice américaine devrait être plus méchante avec les patent trolls, comme c’est ridicule, ils devraient les torpiller à coups de dommages pour préjudice à l’image de la société visée pour les accusations qu’ils ont porté contre elle. Et il y a surement un truc pour plainte abusive à rajouter.
Mais non c’est “gratter” tout court qu’il faut déposer.
Jaloux
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Désolé mais on a le système judiciaire qu’on mérite…. ils ont autorisé ce type de brevets…. qu’ils se bouffent ces types de procès !
La joie du système américain, qui découle de ce que la cour suprême a un jour annoncé dans un jugement que “tout ce qui est sous le soleil” est brevetable (si si, ils ont vraiment dit ça, ils se sentent tellement con maintenant qu’ils cherchent comment revenir dessus sans trop se contredire)
Qui te dit que ce n’était pas un troll ?
Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.
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