La « Gamification », la solution pour faire perdurer la gratuité de la presse ?
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Le 17 avril 2013 à 14h00
8 min
Internet
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Alors que la presse en ligne continue de se chercher un modèle économique, certains semblent avoir trouvé une nouvelle parade afin d'assurer la gratuité du contenu : le chantage par le partage, caché sous une couche de « Gamification ». Faudra-t-il désormais devenir un homme-sandwich pour s'informer ?
Le modèle de l'information gratuite sur internet semble arriver à bout de souffle, surtout lorsque celle-ci se veut de qualité plutôt que de miser sur le « buzz » ou l'« infotainement ». C'est d'ailleurs une problématique qui ne date pas du numérique. La presse papier a en effet longtemps assuré sa rentabilité non pas par les abonnements ou la publicité, mais via des sources tierces telles que les petites annonces ou les aides de l'état par exemple.
Le financement de la presse : une problématique de plus en plus complexe
Si ces dernières sont toujours d'actualité (bien que la presse en ligne n'ait pas droit à la TVA à 2,1 % pour les abonnements), les petites annonces ont été siphonnées par l'arrivée d'Internet, d'eBay et autres sites tels que Le bon coin. Les abonnements existent bien, mais ne sont pas (encore) dans les habitudes des internautes et la majorité des revenus doit se faire via des services complémentaires, des partenariats ou de la publicité.
Mais comme nous l'indiquions récemment, des outils comme Adblock limitent les choses sur ce dernier point. Bien que certains médias n'hésitent pas à en remettre une couche pour compenser, d'autres alternatives voient le jour pour assurer un chiffre d'affaires décent. L'une de celles que nous avons déjà évoquées est la fin de la séparation entre l'information et la publicité, qui prend diverses formes.
Deux approches vis-à-vis de la problématique des revenus publicitaires : laquelle est la bonne ?
Récemment, nos confrères des échos évoquaient le modèle choisi par Forbes pour se relancer. Une réussite en terme d'audience, le nouvel objectif unique de toute la profession ou presque. La recette ? Une centaine de journalistes licenciés, remplacés par des centaines de contributeurs. La paie ne se fait d'ailleurs pas au clic, mais à la fidélisation de l'internaute (voir ici pour le détail) afin de s'assurer un salaire qui peut aller jusqu'à six chiffres (deux seulement en 2012). 400 à 500 contenus sont ainsi générés par jour, avec une baisse de qualité générale, mais avec une amélioration sur les 10 % qui sont considérés comme les meilleurs, selon le responsable du site ancien de chez AOL, Lewis D'Vorkin.
Les portes sont aussi ouvertes à ceux qui ont des intérêts spécifiques dans des entreprises par exemple, mais sur la question du publi-reportage, la réponse est claire : « Franchement, pensez-vous qu'un journal qui relaie la voix des entreprises soit plus noble ? Chez "Forbes", au moins, tout est transparent : on sait dans quelle entreprise travaille l'auteur et on expose les éventuels conflits d'intérêts dès le premier paragraphe » rapportent nos confrères. Un point de vue que D'Vorkin détaillait récemment dans un billet mis en ligne sur Forbes.
La publicité se mêle au contenu, alors que les marques deviennent des éditeurs
Mais cela va plus loin puisque des contenus rédigés directement par les entreprises sont aussi publiés, dans une présentation identique à celle des articles mais via une rubrique spécifique : Brand Voice. Le lecteur adepte de la consommation rapide de l'information fera-t-il la différence ? Qu'importe, le résultat est là : 15 millions de visiteurs uniques par mois, ce qui semble profiter à la version papier, et un résultat net qui connaît son plus haut historique depuis 2006.
Brand Voice, le programme de contenu sponsorisé de Forbes
Le Washington Post via BrandConnect (voir cet exemple) ou encore le Huffington Post semblent d'ailleurs suivre la tendance. Aux USA, ils permettent ainsi aux marques de rédiger directement des contenus au sein de leurs pages. Des opérations spéciales qui ne touchent pas que nos confrères outre-Atlantique. Alors que l'on voit déjà dans les documents publicitaires de certains confrères français apparaître ces pratiques : les sections sponsorisées, infographies créées à la demande et autres mini-sites accompagnés d'un bouton publicitaire plus ou moins discret commencent à se multiplier. Et ensuite ?
Certaines agences ont d'ailleurs bien saisi la tendance : le but est ainsi de prendre une forme hybride, qui génère du contenu rédactionnel afin de pouvoir y apposer par la suite la communication d'éventuels clients. Si cette approche « d'accompagnement des marques » semble de plus en plus assumée par ceux qui misent plus sur les contenus divertissants que l'information avec un traitement de fond, la frontière est encore assez mince et pas toujours clairement affichée.
Si l'on peut accepter qu'une émission de divertissement serve de vecteur de promotion musical à travers son générique, ou que des humoristes deviennent les égéries d'un opérateur de télécommunication, qu'en est-il pour ceux qui décryptent au quotidien ce qui se passe dans la vie de leurs lecteurs ?
Car dès lors que l'information n'est plus un pouvoir ou un droit, mais un divertissement et que, pour la presse, informer n'est plus un devoir ou une responsabilité, mais un acte quotidien que l'on peut déléguer à de simples stagiaires, les choses ne peuvent avancer dans le bon sens.
Orange est partenaire du Festival de Cannes
Car cette tendance ne peut qu'aller plus loin. Que penser actuellement d'un site GeForce.com qui analyse les jeux des partenaires et les performances des produits de la société, d'un Republic of Gamers qui présente les dernières cartes mères haut de gamme d'ASUS ou même d'un Orange Live qui traite du monde de la culture et du numérique, et notamment de projets dont Orange est partenaire ? Les marques ont cet avantage sur la presse de disposer d'un budget conséquent pour ce qui n'est pour elles que de la communication. Mais quid de l'information ?
Pour assurer sa rentabilité : augmenter l'audience, quoi qu'il en coûte
L'autre solution pour assurer les revenus d'un site qui se finance par la publicité est de maximiser son audience. Une audience avide de nouvelles faciles à consommer et à digérer. Nous avons déjà évoqué les différentes solutions que certains utilisent pour multiplier le nombre de pages vues, un élément qui est une drogue pour les responsables de la publicité alors que c'est à la limite les visiteurs uniques qui devraient être le centre des préoccupations de chacun.
Certains semblent avoir trouvé une nouvelle pratique qui pourrait bien faire fureur chez ceux qui ont vu dans les « Social readers » l'avenir du journalisme : transformer les lecteurs en hommes sandwich à coup d'incitation au partage, sous peine de devoir payer pour lire le contenu. Une pratique un rien étrange qu'il est déjà prévu de noyer sous le terme de « Gamification », une tendance déjà exploitée par de nombreux services en ligne pour se faire connaître et fidéliser leur audience.
Après les Badges Foursquare : le badge du meilleur rabatteur de comptes Premium ?
Dans la pratique, qu'est-ce que cela pourrait donner ? C'est assez simple : les sites qui disposent d'un « Paywall » font souvent face au manque de volonté de l'internaute qui n'est pas habitué à payer pour lire un contenu, tout journalistique et intéressant soit-il. Dès lors, il faut trouver un moyen de lui donner un accès gratuit, mais pas sans contrepartie. Won Hee Chang, qui tente de relancer une version web du magazine Sasangge semble avoir trouvé la solution : attribuer des points aux lecteurs qui partagent un contenu sur les réseaux sociaux, ceux-ci permettant de lire gratuitement du contenu comme le rapportent nos confrères de Business Week.
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Tout le monde semble gagnant dans l'affaire : le lecteur qui ne débourse pas un centime, et le site qui voit la viralité de ses contenus démultipliée. Mais comme il semble inimaginable pour un magazine papier de demander à ses lecteurs d'aller rabattre les abonnements auprès de ses amis pour disposer d'un an de lecture gratuite, on se demande si un tel modèle pourra prouver son efficacité. D'autant que la problématique de la monétisation reste toujours posée : ces nouveaux lecteurs apporteront-ils les revenus suffisants au site qu'ils consultent ?
Quoi qu'il en soit, il sera intéressant de voir le résultat de cette expérience et de toutes celles qui pourront en découler au sein des différents médias qui font de plus en plus souvent face à la réalité du besoin d'être rentables. Ce sera dans tous les cas au lecteur de trancher : quelle information veut-il, quel financement lui convient-il ? Car au final, ce sera toujours à lui de payer la note, que ce soit en tant qu'abonné, que contribuable ou que consommateur.
La « Gamification », la solution pour faire perdurer la gratuité de la presse ?
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Le financement de la presse : une problématique de plus en plus complexe
Commentaires (48)
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Abonnez-vousLe 17/04/2013 à 14h41
attribuer des points aux lecteurs qui partagent un contenu sur les réseaux sociaux
Les seuls réseaux sociaux que j’utilise sont Viadeo et Linkedin.
Quand je partage chez eux, je suis très sélectif, c’est mon image qui est en jeu.
Je n’ai encore rien partagé de PCI là-bas.
Le 17/04/2013 à 14h51
Mais cela va plus loin puisque des contenus rédigés directement par les entreprises sont aussi publiés, dans une présentation identique à celle des articles mais via une rubrique spécifique : Brand Voice.
J’ai vu le cas sur Le Plus récemment, avec le directeur Qualité de La Poste, qui blablatait pour sa paroisse, un magnifique publi rédactionnel bien suffisant dont l’article était mêlé aux autres contributeurs..
Résultat : il s’est bien fait bouter en touche (le profil est encore présent, mais quand on clique sur l’article, il n’est plus lisible " /> )
Je n’en tiens pas rigueur au Plus parceque j’aime bien leurs articles en général.
Mais entre ça, les think tank catastrophistes à la con d’Atlantico (que je soupçonne d’entretenir le mal être français), ou encore le nouveau nouveau modèle économique de la presse qui embauche des rédacteurs tunisiens (encore un scoop @si, enfin c’est pas compliqué, suffit de compter les fautes d’orthographe….), je me dis que ce n’est pas qu’un problème d’argent mais qu’il y a bien quelque chose de pourri dans ce milieu..
Edith : auto grammar nazi " />
Le 17/04/2013 à 15h17
Le 17/04/2013 à 15h18
Quid de ceux qui n’ont pas de compte sur les réseaux sociaux? (si si ça existe). Et si ça se démocratise et que la plupart des sites de presses nous obligent à partager sur un réseaux social alors qu’on a pas de compte? plus droit à l’info parce que tu veux pas leur faire de pub? Et puis partager un article qu’on à même pas encore lu… Quand on voit la quantité d’articles bidons qu’on trouve sur le net…
Je comprend la problematique des revenus pour les sites de presses mais le problème est encore et toujours l’abus de certains. On a déjà des pubs en pagaille où on ne peut plus voir l’article. On aura bientot des “sharewall” ou il faudra retweeter et partager sur facebok et google+ chaque page qu’on voudra lire?
Certains paywall peuvent se contourner en utilisant l’user agent d’un robot google (qui lui peut lire l’article pour le référencer). Si c’est le cas pour ce système on va bien rire.
Au moins tout ça aura l’avantage de promouvoir les abonnements sur les vrais sites d’info… enfin j’espere.
Le 17/04/2013 à 15h23
Le 17/04/2013 à 15h26
Que penser actuellement d’un site GeForce.com qui analyse les jeux des partenaires et les performances des produits de la société, d’un Republic of Gamers qui présente les dernières cartes mères haut de gamme d’ASUS
C’est comme les magazines papier officiels “nintendo”, “playstation magazine”, s’ils existent encore. Il faut prendre une partie de l’information, tout en sachant que l’analyse critique est mise de côté.
Le 17/04/2013 à 15h31
Le 17/04/2013 à 15h36
Le 17/04/2013 à 15h41
Le 17/04/2013 à 15h49
Le 17/04/2013 à 15h51
On point de vue que D’Vorkin détaillait récemment dans un billet mis en ligne sur Forbes.
Elle point de vue ? " />
Le 17/04/2013 à 15h57
Le 17/04/2013 à 16h00
Le 17/04/2013 à 16h00
Le 17/04/2013 à 16h02
moi j’ai désactivé Adblock
Le 17/04/2013 à 16h02
Le 17/04/2013 à 14h13
Ce sera dans tous les cas au lecteur de trancher : quelle information veut-il, quel financement lui convient-il ? Car au final, ce sera toujours à lui de payer la note, que ce soit en tant qu’abonné, que contribuable ou que consommateur.
Tout est dit…
Mais je pense que l’indigestion de pubs ou de contenus sponsorisés risque d’arriver bien plus tot que prévu (enfin ce n’est que mon avis).
Enfin quand on voit que la seule presse qui se porte bien en France est la presse people " />
Le 17/04/2013 à 14h15
Le 17/04/2013 à 14h17
A supposer que ces pratiques deviennent répandues en France, le principal problème, que ce soit la pub ou autre, c’est l’excès.
Les premiers (les plus gros) lanceront le truc, et tout le monde va s’engouffrer dans la brèche, et au final la massification de l’usage de ces méthodes nuira à leur efficacité. Exactement comme pour la pub, où les éditeurs et régies ont empilé les couches pour qu’au final on se retrouve avec grosso modo la moitié des utilisateurs avec AdBlock.
Bah là ce sera pareil: à force de se faire pourrir sur FB/Twitter/le truc plus ou moins “hype” du moment, les utilisateurs mettront en place leur “riposte graduée”.
D’abord, on zappe le contenu inintéressant, chez beaucoup c’est devenu presque instinctif. Ensuite, on vire les gens qui font chier (c’est déjà le cas pour les invites de jeux et autres trucs à la con). Enfin, on se casse pour voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs.
D’ailleurs, sauf à n’avoir qu’une vision (très) court-termiste, je ne suis pas sûr que FB&consorts soient super chauds pour voir leur plateforme polluée par une myriade de contenu majoritairement inutiles. Enfin, c’est déjà largement le cas, mais augmenter le rythme genre x10, je demande à voir leurs réactions…
Le 17/04/2013 à 14h19
Le gros monstre de la gamification c’est StackExchange. Eux ils ont atomisé les sites de questions/réponses propriétaires (du type forums MSDN) grâce à ça.
Je pense qu’ils essaient aussi de rentrer dans un modèle financier en rapport avec les petites annonces, vu que si on est programmeur c’est plutôt pas mal d’avoir un profil plutôt bon chez eux, ils font le lien avec les employeurs directement.
Le 17/04/2013 à 14h19
Car au final, ce sera toujours à lui de payer la note, que ce soit en tant qu’abonné, que contribuable ou que consommateur.
tiens pas mal ça " />
Le 17/04/2013 à 14h20
Je déteste cette “Gamification”. Dès que je suis obligé de partager pour avoir quelque chose de gratuit (qui n’est donc pas gratuit), je passe mon chemin. Mon partage a bien trop de valeur pour le donner à l’aveugle.
Je suis pas pour non plus, je partage pas. Ca fait très pyramidal comme structure et j’ai pas envie que mes “amis” payent pour moi.
Enfin ce “gratuit” il est déjà pas gratuit, c’est juste payé autrement, pub, etc.
Le 17/04/2013 à 14h21
Le 17/04/2013 à 14h22
Bah au final moi je suis revenu du modèle tout gratuit… a part quelques sites fait par des passionnées je m’informe sur
Mediapart ( payant)
Arrêt sur images ( payant)
PC Inpact ( pas payant, mais je me suis abonné :p )
et Nolife Online ( payant) ( mais la c’est plus le plaisir que l’info :p )
Et juste le bonheur d’être sans pub tout en permettant d’avoir un contenu de qualité et Indépendant… parce que oui la pub c’est vraiment problématique pour l’indépendance d’une plateforme
Le 17/04/2013 à 14h23
@ David_L :
Moi, je dis, on ne parle pas assez (jamais sur PCI) de ceux qui prennent souvent la peine d’utiliser le bouton “Signaler” pour une faute d’écriture ou une erreur de frappe, et qui participent à la qualité de l’article et du canard en ligne sur la durée (très faible INpact certes, mais INpact tout de même).
Hein, hein, c’est qui le top user du bouton Signaler sur PCI ? " />
“Tu veux me lire ? Améliore ma qualité !” " />
Le 17/04/2013 à 14h26
Bon article, qui lance le débat. Mais j’ai un léger sentiment… La presse va se transformer (si pas déjà fait) en infotainment, car c’est ce que les gens aiment.
Les masses ne méritent que ça.
Le 17/04/2013 à 14h26
Le 17/04/2013 à 14h28
Le 17/04/2013 à 14h29
Le 17/04/2013 à 14h31
EDIT: j’ai rien dis
Le 17/04/2013 à 14h34
Le 17/04/2013 à 14h39
Le 17/04/2013 à 16h04
Le 17/04/2013 à 16h07
Le 17/04/2013 à 16h19
Je pense que ça peu marcher, les adeptes de réseaux sociaux en tous genres sont nombreux.
Mais perso je préfère la formule de l’abonnement premium.
Le 17/04/2013 à 17h23
Le 17/04/2013 à 17h30
Le 17/04/2013 à 17h38
Le 17/04/2013 à 17h52
Le 17/04/2013 à 18h00
Le 17/04/2013 à 18h12
Le 17/04/2013 à 18h40
Le 17/04/2013 à 18h58
Le 17/04/2013 à 19h18
Le 17/04/2013 à 20h54
Le 17/04/2013 à 21h26
Le 18/04/2013 à 12h17
Le 17/04/2013 à 14h09
Je déteste cette “Gamification”. Dès que je suis obligé de partager pour avoir quelque chose de gratuit (qui n’est donc pas gratuit), je passe mon chemin. Mon partage a bien trop de valeur pour le donner à l’aveugle.