La DCRI et le Parquet désavoués par la justice face à Bluetouff
Extra Net
Le 24 avril 2013 à 09h00
5 min
Droit
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Info PC INpact : Rédacteur pour Reflets.info, Olivier Laurelli (alias « Bluetouff ») comparaissait hier devant la justice suite à la publication de documents numériques appartenant à une agence gouvernementale de santé. Accusé par le ministère public d’avoir obtenu ces informations de manière frauduleuse, il vient d’être relaxé par le tribunal correctionnel de Créteil.
Le 6 septembre 2012, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) déposait plainte auprès du commissariat de Maisons Alfort pour des faits « d’intrusion dans un système informatique et vol de données informatiques ». Trois jours plus tôt, l’institution s’était rendue compte qu’un document PowerPoint, réalisé par un de ses employés, figurait dans un article de nos confères de Reflets. Sauf que le fichier en question (relatif aux nano-substances) n’était pas censé sortir de derrière les murs de l’ANSES.
Après des investigations techniques, il s’est avéré qu’une faille de sécurité sur l’extranet de l’institution avait rendu ce fichier accessible sans identification préalable, de même que de nombreux autres documents. Au total, ce sont près de 8 Go de données qui étaient ainsi téléchargeables, sans aucune protection.
Un peu plus tard, les autorités ont découvert sur Reflets.info un second article contenant d’autres documents provenant du serveur extranet de l’ANSES. Signé par « Bluetouff », le papier en question comportait également un commentaire dans lequel l’auteur indiquait être en possession de 7,7 Go de documents traitant de santé publique.
Des fichiers en libre accès en raison d’une faille
Après avoir analysé les journaux de connexions du serveur extranet et du firewall de l’ANSES, la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur) a analysé les adresses IP à partir desquelles avaient été réalisés des téléchargements de fichiers les 27 et 28 août 2012. L’une d’entre elles renvoyait au Panama, et provenait en fait d’un serveur informatique hébergeant une solution VPN qui appartenait justement à une société dirigée par Olivier Laurelli, également connu sous le nom de Bluetouff.
S’en est suivie une perquisition ainsi qu’une garde à vue - prolongée une fois de 24 heures - au cours de laquelle l’intéressé a expliqué avoir pu accéder et télécharger ces données suite à une simple recherche Google, sans qu’il n’y ait eu quelconque notification de l’appartenance ou de la confidentialité des informations en question. Il a également signalé aux enquêteurs que l’ANSES n’avait par la suite jamais pris contact avec lui afin de réclamer la suppression des données téléchargées.
Quoi qu’il en soit, suites aux poursuites engagées par le ministère public (et non pas par l’ANSES, qui ne s'est pas portée partie civile et n’est apparue au procès qu’en tant que témoin), Olivier Laurelli devait répondre hier de plusieurs chefs d’accusation devant la 11ème chambre du tribunal correctionnel de Créteil. On lui reprochait tout d’abord d’avoir « accédé frauduleusement à tout ou partie d’un système de traitement automatisé des données » appartenant à l’ANSES (son serveur extranet) et de s’y être maintenu, toujours frauduleusement. Il s’exposait ainsi à une peine de deux ans de prison et de 30 000 euros d’amende.
Ensuite, on l’accusait d’avoir soustrait de manière frauduleuse les fameux documents qui se trouvaient sur cet extranet, puis d’avoir enregistré ces données sur différents supports. Il risquait ainsi jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende pour le prétendu « vol » de ces données.
Une relaxe illustrant un « cinglant désaveu » des méthodes de la DCRI
Sauf que le tribunal a décidé de donner raison à Olivier Laurelli, qui a ainsi été relaxé. Les juges ont effectivement retenu ses arguments, selon lesquels il avait accédé à ces données sans aucun contournement des mesures de sécurité (défaillantes) de l’extranet de l’ANSES, et donc sans causer de dommage. En outre, il considérait avoir téléchargé ces informations accessibles à tous en toute bonne foi, sans en connaître leur caractère privé.
L’avocat d’Olivier Laurelli, Maître Olivier Iteanu, nous a fait part de sa « satisfaction » et de son « soulagement » suite à ce délibéré. Pour lui, le tribunal a infligé un « cinglant désaveu » à la DCRI et à ses méthodes sur ce dossier. Ce jugement arrive d’ailleurs dans un contexte bien particulier. Les services de renseignements ont en effet été récemment mis en cause à deux reprises : tout d’abord pour avoir convoqué et menacé un membre de l’association Wikimedia France afin d’obtenir d’urgence la suppression d’une fiche Wikipedia en français, mais aussi pour avoir convoqué mardi prochain deux journalistes du site OWNI, visiblement pour un document classé « confidentiel défense » sur les interceptions judiciaires, lequel fut publié en septembre dernier (pour en savoir plus, voir cet article de Rue 89).
La DCRI et le Parquet désavoués par la justice face à Bluetouff
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Des fichiers en libre accès en raison d’une faille
Commentaires (76)
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Abonnez-vousLe 24/04/2013 à 09h41
En même temps la DCRI ne fait que son boulot.
On leur donne des dossiers sensibles qui ont été divulgué… Ils font leur boulot et enquête pour savoir d’où provient la fuite. Rien de très anormal là dedans.
Le truc un peu litigieux c’est produit lors de leur compte rendu au parquet. Et encore, il n’y a pas eu de détention provisoire ou contrôle judiciaire mis en place.
Donc la DCRI n’a fait que son boulot d’enquête.
Et puis quand on entend rien ou que la DCRI réussit à faire son boulot à 100% c’est en général que leur travail silencieux est une réussite…
Encore heureux que le simple citoyen n’est pas au courant de tout, de leurs réussites comme de leurs échecs…
Le 24/04/2013 à 09h41
S’en est suivie une perquisition ainsi qu’une garde à vue - prolongée une fois de 24 heures - au cours de laquelle l’intéressé a expliqué avoir pu accéder et télécharger ces données suite à une simple recherche Google,
heu… faut 20s pour expliquer ça , pourquoi garder un type 48h ?
Le 24/04/2013 à 09h43
Le 24/04/2013 à 09h43
bien joué " /> et vive Bluetouff et Reflets " />
Le 24/04/2013 à 09h44
Le 24/04/2013 à 09h46
A noter que la solution de VPN utilisée pour être anonyme sur le net n’a servi à rien vu qu’il a été retrouvé sans problème il semblerait.
J’en déduis que soit c’est le fournisseur de service qui l’a balancé, soit c’est lui même qui s’est dénoncé, mais ça pourrait être intéressant de savoir.
Le 24/04/2013 à 09h49
Le 24/04/2013 à 09h52
Le 24/04/2013 à 09h52
Le 24/04/2013 à 09h53
Le 24/04/2013 à 09h55
Comme quoi, même en gonflant ses petits muscles pour faire “gros bras kifaitpeur” quand on est pris le slip sur les chevilles on est TOUJOURS RIDICULE.
Salutation et Bisous touff (Master Calque).
Le 24/04/2013 à 09h56
Le 24/04/2013 à 10h14
Le 24/04/2013 à 10h17
Le 24/04/2013 à 10h31
Si il suffit d’une recherche google pour y accéder… " />
Le 24/04/2013 à 10h31
Le 24/04/2013 à 10h41
Le 24/04/2013 à 10h41
Le 24/04/2013 à 10h42
Le 24/04/2013 à 10h42
Le 24/04/2013 à 10h45
Le 24/04/2013 à 10h46
Le 24/04/2013 à 10h50
Le 24/04/2013 à 10h50
Le 24/04/2013 à 11h02
Le 24/04/2013 à 11h02
…
Le 24/04/2013 à 11h05
Le 24/04/2013 à 11h07
Le 24/04/2013 à 11h10
Une remarque : Le sieur Bluetouffe a eu bien tort de parler au agents même pour leur donner l’heure. En garde à vue les recommandations de tous les avocats (payés ou commis d’office) sont de ne pas piper mot sans les conseils de son avocat.
La menace de type”si tu parles pas on te gardera 48h au lieu de 24” est du vent, de toute façon ce point est déjà décidé avant même d’avoir été évoqué.
Je vous recommande à ce sujet la lecture du blog de Maître Eolas.
Le 24/04/2013 à 11h15
oula, La DCRI nous prepare encore un nouveau gag !!!
J’ai hate de connaitre la chute.
Vais pas arriver un mettre un lien… je doit aussi etre un peu bouseux :)
Le 24/04/2013 à 11h20
Le 24/04/2013 à 11h25
Le 24/04/2013 à 12h37
Le 24/04/2013 à 12h40
Le 24/04/2013 à 12h55
Le 24/04/2013 à 13h44
Le 24/04/2013 à 14h10
Le 24/04/2013 à 14h47
Le 24/04/2013 à 19h34
Le 24/04/2013 à 21h27
Le 25/04/2013 à 08h11
J’ai un peu peur des capacités de la DCRI, je trouve que l’ont entend trop parlé d’eux en se moment et pas que en bien malheureusement.
Au lieu de chassé des sorcieres ils serais bien que l’ont revoie leur priorité et objetif principale.
Le 24/04/2013 à 09h11
Génial les méthodes : on tape d’abord … on discute après ! " />
Remarquez, maintenant que c’est sur la place public, ils passent encore plus pour des guignols ! " />
(Ils n’auraient rien dit et fait les choses plus discrètement, il y aurait eu moins de publicité … " /> )
Le 24/04/2013 à 09h11
Je trouve le rendu de justice juste pour une fois " />
Le 24/04/2013 à 09h12
Le 24/04/2013 à 09h13
A croire que notre DCRI est pleine de Hubert Bonisseur de la Bath
“Hubert : À l’occasion, je vous mettrai un petit coup de polish !”
Le 24/04/2013 à 09h17
Le 24/04/2013 à 09h18
Le pire c’est que bluetouff prenait la défense, dans une certaine mesure, de la DCRI sur l’affaire Wikimédia sur son blog, notamment dans cet article où il explique que “la DCRI n’a pas joué les cowboys”. Il à peut-être changé d’avis à ce sujet " />
Le 24/04/2013 à 09h20
Le 24/04/2013 à 09h22
Le 24/04/2013 à 09h27
La DCRI, c’est vraiment des bouseux.
Ridicule 1 jour (affaire Merah), ridicule toujours.
En tout cas, les terroristes et autres ont de beaux jours chez nous avec des guignols pareil.
Le 24/04/2013 à 09h31
Ils font un peu trop parler d’eux en ce moment ceux là " />
Le 24/04/2013 à 09h32
Punaise, si à la DCRI ‘ils sont aussi compétents en matière de lutte antiterrorisme, il ne doit pas y avoir tant de timbrés que ça prêts à se faire sauter dans un lieu public, sans quoi ça pèterait un peu partout…
Le 24/04/2013 à 09h32
le tribunal a décidé de donner raison à Olivier Laurelli, qui a ainsi été relaxé. Les juges ont effectivement retenu ses arguments, selon lesquels il avait accédé à ces données sans aucun contournement des mesures de sécurité (défaillantes) de l’extranet de l’ANSES, et donc sans causer de dommage.
Ils sont gentils, à la place de mesures défaillantes, j’aurais plutôt mis mesures INEXISTANTES !
L’admin qui n’a pas supprimé le compte anonyme des partages SMB ou du serveur FTP, même là où je travaille, personne n’oserait se permettre ce genre d’ineptie…
En outre, il considérait avoir téléchargé ces informations accessibles à tous en toute bonne foi, sans en connaître leur caractère privé.
Du moment que les documents sont accessibles au grand public sans la moindre restriction, c’est qu’ils n’ont pas de caractère privé. Ou que celui qui a fait la manip de mise en ligne est une tanche absolue…
Le 24/04/2013 à 09h33
Et encore une fois :
Quoi qu’il en soit, suites aux poursuites engagées par le ministère public (et non pas par l’ANSES, qui ne s’est pas portée partie civile et n’est apparue au procès qu’en tant que témoin),
En gros comme pour les affaires précédentes, les premiers concernés n’ont rien fait, mais la DCRI s’est empare du dossier pour faire n’importe quoi…
Le 24/04/2013 à 09h35
Le 24/04/2013 à 09h36
Pour le système des écoutes le canard en avait parlé aussi.
Le 24/04/2013 à 09h39
Le 24/04/2013 à 09h04
DCRI : Direction Centrale des Rigolos en Informatique.
Le 24/04/2013 à 09h07
Encore heureux que ce résultat soit correct !
A partir du moment où c’est le serveur qui est mal configuré, l’intrusion n’est donc pas frauduleuse …
Logique implacable.
Bravo la justice, sur ce coup là " />
Le 24/04/2013 à 09h10
Les juges ont effectivement retenu ses arguments, selon lesquels il avait accédé à ces données sans aucun contournement des mesures de sécurité (défaillantes) de l’extranet de l’ANSES, et donc sans causer de dommage.
Encore heureux ! " />
Et pour rappel, quand ce sont des entreprises qui sont pas foutues de sécuriser leurs serveurs, elles ont obligations de prévenir leurs clients en cas de fuite de données…
Maintenant, combien réellement préviennent ?
Le 24/04/2013 à 11h28
Le 24/04/2013 à 11h29
Si les actions de la DCRI sont jugées déjà “dés-avouables” sur des sujets “simples”, alors qu’en est il sur des sujets extrêmement sensibles comme le terrorisme ?
Le 24/04/2013 à 11h30
Le 24/04/2013 à 11h42
Le 24/04/2013 à 11h44
Le 24/04/2013 à 11h46
Le 24/04/2013 à 11h49
Le 24/04/2013 à 11h51
Le 24/04/2013 à 11h53
Le 24/04/2013 à 11h53
Le 24/04/2013 à 11h55
Le 24/04/2013 à 11h58
Le 24/04/2013 à 12h15
Le 24/04/2013 à 12h20
Le 24/04/2013 à 12h28
Le 24/04/2013 à 12h33