Droit de lire en ligne : bientôt un DRM sur la paupière ?
La CJUE appelée à se prononcer
Le 16 juillet 2013 à 14h49
4 min
Droit
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Faudra-t-il payer pour avoir le droit de lire du texte en ligne ? C’est en substance la question qui a été soulevée devant les juridictions anglaises dans un procès mettant en cause une agence de relations publiques et la Newspaper Licensing Agency Limited (NLA), société de gestion collective représentant des éditeurs de presse.
En 1997, Richard Stallman mettait en évidence la notion de droit de lire dans un texte d'anticipation. « Dans ses cours sur les logiciels, Dan avait appris que chaque livre avait un moniteur de copyright qui rapportait quand et où il était lu, et par qui, à la Centrale des licences. (Elle utilisait ces informations pour attraper les lecteurs pirates, mais aussi pour vendre des renseignements personnels à des détaillants.) La prochaine fois que son ordinateur serait en réseau, la Centrale des licences s'en rendrait compte. Dan, comme propriétaire d'ordinateur, subirait les punitions les plus sévères — pour ne pas avoir tout tenté pour éviter le délit »(extrait du Droit de Lire, février 1997).
Quelques années plus tard, le sujet est très sérieusement posé outre-Manche, dans le cadre d’un contentieux mettant en cause la NLA. Quand l’internaute lit un texte en ligne et procède du même coup à une copie temporaire sur son ordinateur, peut-on évoquer la mise en jeu d’une exception au droit d’auteur ou est-on dans le droit exclusif ? L'alternative n'est pas sans effet puisque dans ce dernier cas, cela exigerait l’autorisation des ayants droit qui seraient du même coup en capacité de monnayer cet accès. Cela reviendrait finalement à faire payer le droit de voir, le droit de lire sur le Net.
Droit de lire et exceptions au droit d'auteur
Dans cette affaire, l’agence Meltwater utilise un robot pour explorer les différents sites de presse. Elle adresse alors une veille presse par mails à ses propres clients avec des liens vers ces articles. Problème : quid lorsque ces données sont seulement accessibles depuis le site web de l’agence ? La Cour d’appel a déjà considéré qu’aucune exception ne couvrait cet accès pas même la copie temporaire et technique qui ne vise que la copie fortuite et intermédiaire (commentaire en anglais). Selon l’article 5§1 de la directive 2001/29, en effet, un acte de reproduction n’est exempté du droit de reproduction que s’il remplit une série de conditions, notamment si « l’unique finalité de ce procédé est de permettre une transmission dans un réseau entre tiers par un intermédiaire ou une utilisation licite d’une œuvre ou d’un objet protégé. » Cette notion d’utilisation « licite » joue ici les grains de sable.
Le 17 avril dernier, la Cour Suprême du Royaume Uni a quelque peu atténué les solutions dégagées par les juges du fond en posant clairement les termes du débat : « si le simple fait de voir un contenu protégé par le droit d’auteur sans téléchargement ou impression est une contrefaçon, estime-t-elle, alors ceux qui naviguent sur internet « sont susceptibles involontairement d’engager leur responsabilité, au moins en principe » (le jugement, une présentation de cette affaire en français).
On devine sans mal les effets d’une telle jurisprudence à l’échelle européenne puisqu’il suffirait de se promener sur une page web protégée par le droit d’auteur pour être éligible à la sanction. « Cela semble être un résultat inacceptable qui conduirait à qualifier de contrefacteurs des millions d’utilisateurs ordinaires de l’Internet à travers l’Europe, ceux qui utilisent des navigateurs ou des moteurs de recherches à des fins privées ou commerciales » écrit déjà la Cour suprême.
Celle-ci a donc déposé une question préjudicielle dont on connait désormais le contenu (voir la capture ci-dessus). Elle vise à savoir si le simple fait de surfer sur des contenus protégés tombe ou non sous le coup de l’exception de copie technique. En cas de réponse négative, cela pourrait signifier un passage obligé par le tiroir-caisse et un bel et radieux avenir pour les ayants droit.
Droit de lire en ligne : bientôt un DRM sur la paupière ?
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Droit de lire et exceptions au droit d'auteur
Commentaires (52)
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Abonnez-vousLe 16/07/2013 à 14h54
Ca veut dire que les serveurs proxy sont les plus grands pirates de toute l’histoire d’Internet ?
Le 16/07/2013 à 14h55
Tas de cons, ils mériteraient une plainte pour crime contre l’humanité…
Je rêve de rejoindre Curiosity sur Mars……
Le 16/07/2013 à 14h56
Le 16/07/2013 à 14h57
En postant ici un commentaire je demande à PCI de me reverser 1€ par utilisateur qui lira mon commentaire et 5€ par personne qui en fera une citation, ceci en regard du droit de lire.
Le 16/07/2013 à 15h00
Le 16/07/2013 à 14h59
Aaaah les Anglais… Toujours prêts à redéfinir jusqu’où on peut aller trop loin " />
Le 16/07/2013 à 15h01
‘tain et dire que je bosses de temps en temps avec la NLA… " />" />" />" />" />" />" />" />" />
Le 16/07/2013 à 15h01
En fait c’est pour développer le service à la personne. Derrière chaque personne : un avocat. Un ligne de code écrite entraîne une vérification dans les différentes bases de brevets par le professionnel du droit (attention, la productivité va chuter). Pour consulter une page Web, il faut nécessairement une analyse juridique préalable.
Bienvenu au 21ème siècle " />
Le 16/07/2013 à 15h02
Et sinon si un jour cette connerie passe au niveau européen, sortez moi un addon firefox/chrome qui bloquera tous les sites où ce système sera d’application.
Pour la presse on arrive sur la page d’accueil, pas d’autre choix de que de payer pour lire le moindre article. J’en connais qui vont être content, on vient de résoudre le problème des sites web qui ne fonctionne que sur la pub…
Reste plus qu’à PCI d’appliquer la même solution, toute personne qui veut lire un article est éligible à la taxation sur le droit de lire, qui rendra donc l’abonnement obligatoire pour toute la partie du net liée au droit d’auteur.
Le 16/07/2013 à 15h04
Le 16/07/2013 à 15h05
Ce monde est de plus en plus flippant…
Le 16/07/2013 à 15h10
Le 16/07/2013 à 15h11
Le 16/07/2013 à 15h11
Le 16/07/2013 à 15h20
Le 16/07/2013 à 15h20
J’aime ^^
Eh oui, à force de vouloir à tout prix un maximum de pognon, ils finiront pas tout perdre, et j’attends ce jour-là avec impatience.
Le 16/07/2013 à 15h21
Avec leur connerie crasse, le jour où les gens se rendront vraiment compte à quel point ils se font tondre pour engraisser une petite minorité, ça risque de finir par un vote pour un bon poujadiste qui jettera le bébé avec l’eau du bain et la notion même de propriété intellectuelle ou de droits d’auteur passera à la benne. Je ne sais pas si ce sera pour le meilleur ou pour le pire, mais ils l’auront quand même salement bien cherché…
Edith: grillaide baille ayaredone, mais bon j’ai écrit plus aussi…
Le 16/07/2013 à 15h22
Le 16/07/2013 à 15h35
Je suis le seul à avoir lu
Délire en ligne ? " />
Le 16/07/2013 à 15h37
Le 16/07/2013 à 15h37
Mare des abus du droit d’auteur. Bientôt, ils vont vouloir faire payer pour la persistance rétinienne, pour les souvenirs, pour le droit d’en parler, pour …
Et soit dit en passant, c’est dingue de voir le nombre de gens qui sont complètement contaminé par la propagande sur le droit d’auteur.
Le 16/07/2013 à 15h38
Le 16/07/2013 à 15h40
Le 16/07/2013 à 15h43
Le 16/07/2013 à 18h24
Le 16/07/2013 à 18h57
What else ??? " />
Espérons seulement que la raison sera la seule voie choisie.
Un jour, ils finiront par tous s’entre-dévorer ces ayants-droits. Vivement le futur " />
Le 16/07/2013 à 20h14
NLA m’a fait voyager dans le temps. Le 1er avril 2013 ou 2014, ça je sais pas.
Le 16/07/2013 à 20h46
Ils ne comptent pas ajouter une taxe pour les droits d’auteurs dans les grandes surfaces sur le ticket de caisse pour ceux ou non qui feuillettent les livres ? " /> (ou le fait d’avoir regardé des marques non achetées) " /> (logo, tout ça)
Le 16/07/2013 à 20h51
Au délà du délire des ayant-droits sur le copyright, ca pose surtout la question de la “valeur” d’un contenu sur le web…
On a assisté a l’enrichissement des fournisseurs d’accès, puis des fournisseurs d’hébergement. On va maintenant se rendre compte que ceux qui génèrent de la “valeur”, ce sont les créateurs/fournisseurs de contenu.
Le 16/07/2013 à 20h55
si le simple fait de voir un contenu protégé par le droit d’auteur sans téléchargement…est…
…tout simplement impossible (ou alors il faut m’expliquer comment)
Le 17/07/2013 à 07h04
Le 17/07/2013 à 07h30
Le 17/07/2013 à 12h19
y a moins de soleil, les cons se mettent à voler " />
Le 17/07/2013 à 12h20
Sinon on peut les attaquer pour contenu non sécurisé ?
Le 17/07/2013 à 12h48
Moi je ferais bien une analogie : Est-ce qu’on peut condamner quelqu’un qui va lire un livre dans une bibliothèque (physique) si celle-ci a volé ce livre et n’a pas averti le lecteur de ce fait ?
Pour moi ici la question de responsabilité ne se pose pas, c’est la bibliothèque qui est responsable du contenu qu’elle met à disposition du publique, le lecteur est de bonne foi.
Le 17/07/2013 à 17h23
La question fondamentale n’est pas sur le droit de lire, imposer au lecteur, mais plutot au fait de voir des sites, utiliser des robots, afin de collecter et compiler des textes, à la base uniquement accessible sur un site donné, pour les rendre publiques sur son propre site.
On a déjà actuellement le même problème avec les banques de pdf, qui proposent des regroupements de fichiers pdf, qui sont uniquement disponible sur les sites des éditeurs.
Plus que le droit d’auteurs, il est tout a fait compréhensible qu’il ne soit pas permis de prendre un texte sur un site donné, pour le mettre à disposition sur le sien, et grâce à de la publicité ou services annexes, en tirer un bénéfice pécunier.
Le responsable est et restera toujours la personne physique ou morale, qui met à disposition le texte.
Le 16/07/2013 à 15h43
C’est surtout inapplicable.
Le 16/07/2013 à 15h53
ca montre surtout la derive lente mais progressive d’internet ….
tout le monde veut une part du gateau , tout le monde veut son petit controle personnel …
ca commence a devenir une vrai plaie
Le 16/07/2013 à 16h02
Le 16/07/2013 à 16h03
Le 16/07/2013 à 16h09
Là, y a du niveau quand même et ça fait peur.
Le 16/07/2013 à 16h17
Le 16/07/2013 à 16h17
Quelques années plus tard, le sujet est très sérieusement posé outre-Manche, dans le cadre d’un contentieux mettant en cause la NLA.
Je ne sais pas qui a soulevé le problème en premier, mais il aurait mieux fait de rester coucher ce jour-là. Maintenant ça va donner des idées à ceux qui y avaient pas pensés.
Le 16/07/2013 à 16h31
Droit de lire en ligne : bientôt un DRM sur la paupière ?
mais non mais non, trop compliqué a mettre en œuvre !
Le plus simple est de stériliser les humains (afin de leur interdire de se reproduire) via des produits cachés dans la nourriture mac do et autre friandises bénie de ces humains.
Puis utiliser des imprimantes 3D pour cloner l’humain en lui rajoutant une fonction qui lui interdit de lire du contenu sous droit d’auteur duquel il n’aura pas réglé des arrhes.
Le 16/07/2013 à 16h39
Le 16/07/2013 à 16h43
Le 16/07/2013 à 16h50
Stallman a encore tout compris 15 ans avant tout le monde
Le 16/07/2013 à 17h04
Et dire qu’ils ont juste à mettre une redirection sur une page qui prévient l’utilisateur qu’il doit payer pour accéder au contenu sous droit d’auteur.
Ah oui pardon, c’est vrai que c’est plus simple encore de prendre les utilisateurs en traitre en leur disant après coup qu’ils doivent payer car ils ont été flashé à lire du contenu sous droit d’auteur.
Ces dieux qui souhaitent mettre en place une telle pratique ont décidément une grandeur d’âme sans fin (ironie).
Le 16/07/2013 à 17h37
je précise :
lorsqu’un utilisateur demande via son navigateur (en cliquant sur un lien ou en saisissant l’url) a consulter un contenu et que ce dernier est sous licence de droit d’auteur (que l’utilisateur soit ou non au courant qu’il s’agit d’un contenu sous licence de droit d’auteur), il serait plus judicieux me semble t’il que le serveur sur lequel le contenu (sous licence de droit d’auteur) est hébergé, redirige le navigateur et l’utilisateur sur une page qui prévient que l’utilisateur demande a consulter un contenu sous licence et que pour y accéder, il faut que l’utilisateur paye.
Le 16/07/2013 à 17h40
[…..]Elle vise à savoir si le simple fait de surfer sur des contenus protégés[…..]
Si tu vois(en surfant donc) du contenu protégé, c’est … qu’il n’est pas protégé
Qu’ils retirent donc tous ces “contenus” qu’ils veulent protéger, ça nous fera des vacances et de la place LIBRE sur le ouaibe pour plein de chatons orphelins " />
Je rêve aussi souvent d’un aller simple sur Mars
Le 16/07/2013 à 17h57
Je suis le seul à ne rien comprendre à cet article ?
Si l’article en question est protégé par le droit d’auteur, alors l’internaute ne doit pas pouvoir le lire à moins d’en l’acheter le droit. S’il n’en a pas acheté les droits et qu’il le lit, alors le problème n’est pas que son PC en fait une copie temporaire, mais plutôt que quelqu’un a mis cet article en ligne malgré le droit d’auteur.
Donc où se situe le point de conflit, là dedans ? " />
Le 16/07/2013 à 18h19