Face à Google, Édouard Philippe au chevet des éditeurs de presse
Pas de bras, mais du chocolat
Le 02 octobre 2019 à 16h07
4 min
Droit
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Hier à l’Assemblée, lors des questions au gouvernement, Édouard Philippe a été invité à se pencher sur le cas Google face aux droits voisins des éditeurs et agences de presse. Le Premier ministre a pris la défense de ces derniers assurant que la stratégie de Google était contraire à la lettre et à l'esprit de la directive Droit d'auteur
C'est Patrick Mignola, président du groupe Modem, qui l'a invité à réagir, en ces termes : « en substance, la société Google nous indique qu’elle est prête à reconnaître le droit voisin du droit d’auteur, si et seulement si la presse renonce à l’exercer. Comme si un employeur faisait signer un contrat de travail si et seulement si le salarié renonçait à sa rémunération ! »
Le Premier ministre a résumé les termes du débat : « la société Google a lancé la semaine dernière un nouvel outil de publication pour les éditeurs. Or cet outil a été configuré de telle sorte qu’il ne donne lieu à aucune rémunération des éditeurs et agences de presse. Cette position n’est pas acceptable ».
Contraire à la lettre et à l'esprit de la directive, selon le Premier ministre
Selon le numéro un du gouvernement, la position de Google est contraire « à l’esprit et à la lettre » de la directive. « La démarche retenue par la directive et la loi consiste à renvoyer à la négociation entre les acteurs la fixation des modalités de rémunération des éditeurs et des agences de presse ». Toujours d'après lui, « imposer ainsi les règles du jeu de façon unilatérale et ne laisser aucune place à la négociation est contraire à l’esprit et à la lettre de la directive. »
Google est ainsi accusé de « modifier les règles d’utilisation pour contourner une obligation légale ». Un « comportement [qui] soulève une question juridique, mais aussi une question éthique grave ». Édouard Philippe parie sur « erreur d’appréciation et non une volonté d’engager une épreuve de force avec la France et l’Europe », et espère que Google « entame une négociation avec les éditeurs et les agences de presse, comme M. le ministre de la Culture l’y a invitée aujourd’hui ».
Le Premier ministre invite l’Europe à engager un bras de fer, la presse à « s’unir pour faire reconnaître ses droits dans cette discussion » et indique que Franck Riester, ministre de la Culture, va rassembler les deux camps, éditeurs et Google. « Il doit aussi se concerter avec ses collègues au niveau européen afin de mettre en place les premiers éléments de la réplique ».
Pas d'aperçu, pas de droits voisins
Quoi qu’en dise Édouard Philippe, la position de Google n’est pas contraire à la directive sur le droit d’auteur. Si l’entreprise reprend d’elle-même de trop larges extraits, elle peut en effet être amenée à payer. Mais en ayant décidé de supprimer ces aperçus de sa page Actualités à compter du 24 octobre, elle rend impossible ce paiement, faute de reprise !
Certes, les éditeurs pourront dès cette date réactiver les extraits depuis les paramètres de leurs pages, mais cette mise en ligne sera de leur fait et donc non rémunérée.
Course aux clics, Googlodépendance
Dans un communiqué, le Syndicat de la Presse Indépendante d'Information en Ligne (SPILL), dont est membre Next INpact, redit tout le mal qu’il pense du système des droits voisins : « rien de plus qu'une nouvelle “rente” censée remplacer progressivement les aides de l'État, qui, elles, sont appelées à décroître ».
Pour le syndicat, ce système est intrinsèquement mauvais dans la mesure où il génère « une course au clic, puisque, parmi potentiellement d’autres éléments, c'est le clic qui sera rémunéré. Difficile de croire donc que le droit voisin encouragera la publication d'un reportage sur la guerre en Syrie ».
Surtout, il accentuera la dépendance de la presse à Google. Plutôt que ces solutions, « il faut exiger une vraie égalité de traitement dans la diffusion numérique de la presse, comme la loi Bichet l'a imposée depuis 1945 pour la presse imprimée ». Des règles numériques « à imaginer et à négocier par une presse unie, avec les moteurs de recherche et les réseaux sociaux » soutient le syndicat.
Face à Google, Édouard Philippe au chevet des éditeurs de presse
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Contraire à la lettre et à l'esprit de la directive, selon le Premier ministre
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Pas d'aperçu, pas de droits voisins
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Course aux clics, Googlodépendance
Commentaires (55)
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Abonnez-vousLe 03/10/2019 à 12h30
Le 03/10/2019 à 13h20
Exactement mon opinion de plus en plus
Le 03/10/2019 à 13h22
je pense, si ca devient trop complique pour eux. Ils trouveront bien un autre moyen de recuperer les habitudes de lecture des gens
Le 03/10/2019 à 13h28
Le 03/10/2019 à 13h29
Ils tomberont a coup sur sur le reste de la clique si le cas Google se regle a leur avantage
Le 03/10/2019 à 14h33
Anefe… ils ont deja tout ce qu’il leur faut.
Le 03/10/2019 à 14h38
C’est à ça qu’on les reconnais
Le 03/10/2019 à 15h47
Le 03/10/2019 à 16h08
Le 03/10/2019 à 16h43
Le 03/10/2019 à 16h51
Le 03/10/2019 à 20h03
Vote blanc pas reconnu
Donc j’ai piscine, j’ai encore ma dignité…
Bon par contre face aux cons, vote blanc ou piscine on y peut rien
Le 04/10/2019 à 13h45
Le 04/10/2019 à 15h12
.
Le 04/10/2019 à 15h21
Un parti avec ce que tu nommes la majorité relative peut très bien ne pas gouverner.
Comme à Anvers il y a quelques années lorsque le Vlaams Belang est arrivé en tête mais tous les autres partis ont fait coalition contre (on appelle ça un cordon sanitaire).
Lorsqu’un parti ne représente pas la majorité des votes, il n’est normalement pas en mesure de décider seul. Dans les pays où les gens ont une petite tête, on appelle ça la démocratie
Le 04/10/2019 à 15h26
Le 02/10/2019 à 16h57
[Nostradamus] Ils vont repartir pour quelques années de bidouillage des textes (surtout si ça repasse au niveau européen), afin d’empêcher Google d’esquiver la taxe, cette fois. Google ferme GNews en Europe, cette fois. La presse chiale, accepte les conditions de Google, fin de l’histoire. Et beaucoup d’argent public aura été perdu dans l’affaire. [/Nostradamus]
Le 02/10/2019 à 17h01
Effectivement, la phrase est étrange.
“la” se réfère peut être plutôt à “la mauvaise solution” ?
Le 02/10/2019 à 17h08
Édouard Philippe parie sur « erreur d’appréciation et non une volonté d’engager une épreuve de force
Le Premier ministre invite l’Europe à engager un bras de fer
Pourquoi on a toujours des abrutis dans les gouvernements : principe de Peter.
Selon le numéro un du gouvernement, la position de Google est contraire « à l’esprit et à la lettre » de la directive
En matière de fiscalité, les choses sont claires maintenant : si tu contournes la loi de manière à ce que l’administration pense que c’est contraire à son esprit et à sa lettre, tu es bon pour un redressement.
Le 02/10/2019 à 17h12
mais mince quoi, associez-vous et pondez donc un rival a gnews !!!
Le 02/10/2019 à 17h14
je penche plutot pour Google qui en aura marre de ce raffut et qui la fera a l’espagnole
Le 02/10/2019 à 17h37
Le gouvernement à récupérer un milliard environ de Google il n’a qu’à le refiler aux pleureuse des AD." />
Le 02/10/2019 à 17h43
Dans la tête de nos chers politiques cette loi se lit comme ceci : “Google doit donner des sous”.
Forcément quand on cause pas la même langue on se comprend pas…
Le 02/10/2019 à 17h53
Tu veux dire que Google s’en branlera de continuer à fournit Google news ? " />
Le 02/10/2019 à 18h27
Comme si un employeur faisait signer un contrat de travail si et seulement si le salarié renonçait à sa rémunération !
C’est pas faux. Juste que dans ce contexte, l’employeur est l’ayant droit qui demande la reprise des extraits de ses articles, et l’employé est Google. Et à ma connaissance, on n’en est pas encore à payer pour travailler (même si certains tentent le coup).
Ça risque de faire tout drôle à certains le jour où ils auront besoin d’un taxi, plombier, serrurier, etc.
Le 02/10/2019 à 19h09
Le 02/10/2019 à 20h47
Le 02/10/2019 à 20h50
J’ai pas vraiment vu de bonne analogie concernant cette affaire.
Pour moi, ça se rapproche plutôt des magasins (les ayants droits) qui demandent à Vinci (Google) de les payer pour qu’il affiche leurs publicités sur les autoroutes et acheminent les clients vers leurs lieux de vente.
Bref, en toute logique, ce sont les éditeurs de presse qui devraient payer Google pour leur apporter des clients.
Google offre plutôt un service sans contrepartie vu qu’il n’y a pas de publicités sur G News.
Le 02/10/2019 à 21h19
exactement ce que j’ai pense en lisant ca
Le 03/10/2019 à 00h54
le temps de la presse étatique est termine. Si l’état ne veut plus payer pour elle, elle doit changer ou disparaître. Faire supporter son coût par des entreprises prives étrangères me parait un peu comme pousser mémé dans les orties.
Le 03/10/2019 à 06h41
Traduisons les : “Ouiinnnn, on a fait un mauvais texte de loi et ils n’ont pas respecté ce qu’on aurait voulu faire mais qu’on a raté. C’est des méchants.”
Allez, sérieux, quand tu fais un texte de loi et que tu ne prends pas en compte les corolaires de ton texte, es-tu armé pour faire un texte ? On devrait forcer les députés à jouer aux échecs ou au go pour apprendre à anticipé les coups des adversaires, et ne plus laisser des incompétents tenter de gouverner notre pays.
Le 03/10/2019 à 07h11
Le 03/10/2019 à 07h16
Pourquoi soutenir une presse qui par exemple nous a dit “vous allez prendre un astéroïde dans la gueule” en aout alors qu’il passait loin, des journaux comme lemonde qui vont prendre une sociologue en tant qu’expert pour parler de chimie, qui vont laisser des tribune à zemmour…
Le 03/10/2019 à 07h28
Ce que j’en comprends, c’est que la directive (et sa transposition dans la loi française) sont une mauvaise solution, puisqu’il existe une exception, utilisée ici par Google (et sous-entendu utilisable par n’importe qui qui voudrait éviter d’être ponctionné).
Le 03/10/2019 à 07h48
D’un autre côté, faire représenter des idiots par des idiots n’est pas idiot…
Le 03/10/2019 à 08h12
Yahoo news tu veux dire ? ou tous les autres agrégateurs qui existent ? :p
Le 03/10/2019 à 08h48
Le 03/10/2019 à 08h54
C’est exactement ça.
Le 03/10/2019 à 09h23
Il n’y a que moi qui voit le gouvernement faire le service minimum pour montrer sa bonne volonté aux éditeurs, tout en sachant pertinemment que google allait refuser de payer ?
Je ne peux les croire aussi idiot, ils sont plutôt bon dans la com, ça me semble logique qu’ils défendent cette posture mais le résultat final, ils s’en tapent.
Le 03/10/2019 à 09h48
Ils auraient déjà pu se mettre en association, et avec les subventions, financer leur propre agrégateur commun de contenu qui pourrait faire de l’ombre à gnews.
Ah nan, ils sont en concurrence pour attraper les clics.
Le 03/10/2019 à 09h56
Ca fait qq jours déjà qu’il n’y a plus d’extraits sur Gnews.
Ya que sur mon poste que ça fait ça ?
Le 03/10/2019 à 10h06
Un ministre qui fait pression sur une entreprise qui respecte la loi, c’est un état de droit, ou un fait du prince ?
La capacité de ce gouvernement à ignorer l’état de droit me fait vraiment penser aux nationalistes flamands qui considèrent la constitution comme un chiffon de papier, c’est incroyable.
Le 03/10/2019 à 10h10
où ils découvrent qu’on ne peut pas contraindre une boite privée à donner des sioux sans contrepartie (chose qui n’est pas forcément vérifiée quand il s’agit du contribuable, lol).
c’est le souci d’avoir un melon tellement énorme qu’on en vient à penser qu’une boîte comme Google va lâcher du blé pour reprendre 3 lignes d’articles de presse parce que… parce que quoi en fait? ils dépendent de ça pour vivre? Google? " />
combien de kilos de MD il faut s’enfiler pour en arriver croire une chose pareille?
Le 03/10/2019 à 10h13
non mais pour ça il faut faire des efforts. ^^
par contre pour placer un bon mot au ministre entre 2 petits fours, c’est que du plaisir.
le pire c’est que c’est l’Etat français qui a défendu cette débilité au niveau européen, et qu’on passe encore une fois pour des cons.
bravo. et merci.
Le 03/10/2019 à 10h33
Le problème c’est qu’avec la loi qui a été votée, il n’est plus envisageable de créer un rival à gnews. Soit il faudrait qu’il paie chaque extrait et mourrait avant d’avoir débuté sont existence ; soit il faudrait lui accorder une forme de gratuité pour les reprises et il faudrait dire adieu aux mirobolants bénéfices attendues de la bête usine à gaz qui occupe l’actualité.
Le 03/10/2019 à 11h23
Le 03/10/2019 à 12h13
Le 03/10/2019 à 12h26
Le 04/10/2019 à 15h55
Quand on voit les problèmes de la proportionnelle, par exemple en Belgique pour parler d’un pays que tu connais et où il y a eu des crises politiques telles que la Belgique n’avait plus qu’un gouvernement qui gérait les affaires courantes ou Israël où il faut s’allier aux partis extrêmes pour avoir une majorité, on se dit que le vote majoritaire a aussi ses avantages.
Après, tu critiques tellement la France dans tous tes messages que je me demande ce que tu y fais encore.
Le 04/10/2019 à 20h12
Le 05/10/2019 à 07h44
Il y a des coalitions en place aux Pays-Bas, en Allemagne, en Espagne, en Italie, et pour ce qui concerne la Belgique la Flandre et la Wallonie.
Problèmes ? Non. Donc il faut arrêter de se cacher derrière des faux-semblants.
Le système de détruire la représentativité au profit du parti arrivé en tête est exactement celui qui a mené à la guerre civile espagnole.
Et sacrifier la démocratie sur l’autel de l’efficacité est une concession lourde que je ne m’attendrais pas normalement de la part de quelqu’un se revendiquant de la démocratie. Ce genre de réflexion est effrayant, le système actuel revient à donner un chèque en blanc au président pour une durée de 5 ans.
Le 02/10/2019 à 16h26
Après les aberrations de Riester, le premier ministre s’y met aussi. Décidément, ils osent tout." />
Le 02/10/2019 à 16h29
« Google est ainsi accusé de « modifier les règles d’utilisation pour contourner une obligation légale ». »
Ah ? Depuis quand le fait de reprendre des extraits d’articles de presse est-il une obligation légale, surtout pour Google ?
« Comme si un employeur faisait signer un contrat de travail si et seulement si le salarié renonçait à sa rémunération ! »
Mauvaise comparaison : ici, c’est plutôt le client (les éditeurs de presse) qui veut acheter de l’espace publicitaire, mais qui veut se faire payer par le vendeur (Google) pour ça. Ça n’a rien à voir !
Le 02/10/2019 à 16h46
Le 02/10/2019 à 16h49
Je viens de lire le communiqué du SPILL:
Juridiquement, la directive européenne et sa transposition dans la loi française semblent inefficaces. Google, qui en était présenté comme la cible principale, vient de prendre une décision lui permettant de la contourner facilement.
WTF ????? Google ne contourne pas la loi. Il l’applique à la lettre justement.